L’Espagne : maillon faible ou victime d’un transfert de dette et de la conduite scandaleuse des marchés ?, par Sébastien Bano

Billet invité : SPAIN: A WEAK LINK, OR A VICTIM OF DEBT TRANSFER AND OUTRAGEOUS CONDUCT ON THE MARKETS, par Sébastien Bano

Une longue réflexion sur la « crise espagnole », sur le blog en anglais : ses causes et ses responsables.

« L’Espagne : maillon faible ou victime d’un transfert de dette et de la conduite scandaleuse des marchés ?

(Merci aux traducteurs bénévoles !)

Contacté par un ami Néo-Zélandais, préoccupé par les mauvaises nouvelles qui touchent l’Europe et en particulier l’Espagne où je me trouve actuellement, j’ai répondu à deux questions qu’il m’avait posées, en essayant de lui décrire ce qui me semble être le principal problème de cette nation (et de bien d’autres, mais l’Espagne est un exemple flagrant), loin des références faciles aux fameux pays « Club Med » et autres nauséabondes rumeurs. Lecteur régulier du blog, j’ai demandé à Paul Jorion s’il aurait la gentillesse de le lire et de me donner un avis. M’ayant invité à le publier, voici le contenu de cet échange.

Première question : « Il serait très intéressant d’entendre votre point de vue sur la situation économique en Espagne. »

Réponse : Et bien, en réalité, il s’agit de faire le tri dans ce qui nous est présenté dans les médias. Pour parler directement du sujet le plus médiatisé, l’emploi, on doit prendre en compte qu’il y a toujours eu beaucoup de travail « au noir » dans les pays de l’Europe du Sud, mais ce n’est pas ceci qui peut conduire le déficit public à un niveau critique. Bien entendu, cela réduit les revenus fiscaux, mais ça n’a pas empêché l’Espagne d’avoir un budget positif avant la crise, à savoir aucun déficit! Bien au contraire, ce marché noir signifie que les autorités ont encore un peu de marge de manoeuvre. Malgré ce dernier point, beaucoup d’analystes critiquent cette situation, sous le prétexte qu’un taux de 20 % de chômage est insupportable. Devrais-je leur rappeler que le taux de chômage aux USA est officiellement supérieur à 9%, mais que si l’ on y ajoute les emplois à temps partiel, de quelques heures par mois, alors le taux atteint… 20% La seule différence est qu’en Espagne ces emplois à temps partiel sont souvent non-déclarés. C’est une telle « tradition » dans les pays méditerranéens que, si les discours des medias étaient vrais, alors l’Espagne et ses voisins auraient du déjà s’écrouler au moins dix fois au cours des 50 dernières années!

Non: le problème principal n’est pas le sous-emploi. Le vrai problème, qui menace les finances publiques, c’est qu’il y a une monstrueuse spéculation et que des spéculateurs, qui n’investissent dans aucune dette espagnole ni dans celle d’aucun état du sud, font de l’argent sur le risque de défaut (CDS) [Credit Default Swaps]. D’ailleurs (et c’est lié), les taux d’intérêts grimpent et explosent, il devient donc horriblement cher pour ces gouvernements d’emprunter de l’argent. Et les chanceux (les banques et les spéculateurs) qui prêtent cet argent ont trouvé ainsi le moyen d’obtenir un des rendements (rémunération, retour sur investissement) les plus élevés en ces périodes de crise. Voici le véritable boulet pour l’Espagne. Auquel il faudrait ajouter le choc causé par l’effondrement soudain, colossal et insolite de la construction (BTP) et du marché immobilier, qui sont parmi les principaux piliers de l’économie du pays. Ceci est la conséquence d’années de croissance aberrante de ce marché, causée par un investissement au delà du raisonnable. C’est la définition même d’une bulle, et non des moindres ! Depuis ces dernières années, la finance a en effet acquis ce pouvoir d’exacerber les tendances vers des seuils critiques.

Je ne sous-entends pas que le chômage n’est pas un problème, nous sommes en présence d’une crise très sérieuse et c’est un moment très dur pour les personnes sans emploi. Mais l’Espagne a déjà traversé de telles crises de l’emploi par le passé et eut la capacité de le traiter sur le long terme.. D’autre part, il faut admettre qu’il existe un problème concernant la dette des ménages et des entreprises, qui ont atteint des niveaux particulièrement élevés (respectivement 130 et 90 % du PIB en 2007) et cela limite la consommation. Cet endettement est à peu près le double de ce qui existe en France, mais heureusement, ces chiffres ont baissé de façon significative durant ces quatre dernières années. Les entreprises et les ménages espagnols sont un bon exemple du risque que fait courir un recours excessif au crédit et que celui-ci peut rapidement devenir trop risqué. Et dire qu’il y a seulement quelques années, (en fait pas plus tard qu’en 2007) nombreux étaient nos dirigeants qui étaient d’avis que nous n’empruntions pas assez, que nous ne devrions pas être aussi timorés vis à vis du crédit, car il nous aiderait à stimuler notre économie !

Bien évidemment, nous constatons maintenant où nous a menés cette approche, en Espagne particulièrement. (N.B. : et que dire des USA et GB?)

Quoi qu’il en soit, ce que firent les spéculateurs (la bulle) et ce qu’ils font maintenant (le croche-pied) est tout simplement honteux et répugnant. En fait, l’Espage possédait une dette publique très faible avant que la crise ne l’atteigne (35 % de son PIB!) et même désormais, elle est bien plus faible que celle de n’importe quel autre grand pays européen, 62% contre les 90 % de la France ou de l’Allemagne, sans mentionner l’Italie, ni la Grande Bretagne où s’ajoute à la dette l’écroulement de la livre sterling.

Certains analystes tirent à vue contre ce qu’ils appellent « les imprudentes politiques keynésiennes » qui ont conduit la dette publique là où elle est. Ils tentent probablement de se décharger de leur responsabilité dans cette pagaille, qui en fait provient de leur théories de dérégulation (voir ci-après pour démonstration). Alors que, malheureusement, les dépenses publiques ne furent pas guidées par les principes keynésiens. C’est dommage, car, L’Espagne (pour ne parler que ce cet important secteur) aurait pu être ainsi en position d’améliorer sa balance commerciale. Par conséquent, quel est donc l’élément clé dans le déséquilibre actuel de la comptabilité nationale ? Eh bien, c’est simple. L’Espagne est un exemple typique d’un vaste transfer de la dette privée vers la dette publique. Les prudents et les économes devront payer pour les dépensiers et les joueurs. Pour quel résultat ?

Et maintenant, l’Espagne est en fait en train de se démener face à une incroyable augmentation des taux d’intérêts (de la part des créanciers qui ont bénéficié de ce transfert qui a garanti leur dette privée!). L’attaque de la première semaine d’août contre l’Italie et l’Espagne en est une nouvelle démonstration. Maintenant que la Grèce, l’Irlande et le Portugal sont quasiment hors d’atteinte (parce que désormais ils ont directement affaire avec le FMI et le font de la zone Euro), les spéculateurs se rabattent sur ces appétissants steaks saignants. Ils sont insatiables. La surenchère est leur voie, leur credo. Bien entendu, je suis conscient du fait que les marchés financiers ont de tous temps été passablement frénétiques, mais jamais jusqu’ici ils n’avaient pu exacerber les tendances économiques (à la hausse ou à la baisse) à ce point, et tout ceci a pris des proportions bien trop dangereuses. Les dommages occasionnés sont sans bornes. Je ne parviens pas à croire que nos dirigeants soient à ce point naïfs au sujet des millions, des milliards, des milliers de milliards de $, de £ et d’€ qu’ils ont dépensés pour tenter de « sauver » ceci ou de « sauver » cela (et je ne sais -hum- pas ce que « ceci » ou « cela » signifie, mais ce ne sont pas des emplois!), alors que la spéculation ne va pas s’en contenter et s’arrêter là. Pauvre Espagne… Voici ce dont elle souffre, en premier lieu, actuellement.

Deuxième question : « Et au sujet des manifestations d’ampleur qui ont paralysé le pays? »

Réponse : Et bien le pays n’a pas du tout été paralysé, nous n’étions pas sur le point de vivre une révolution. Mais des émeutes peuvent se produire n’importe quand, n’importe où, comme c’est arrivé au Royaume-Uni… Cependant, nous étions très content de voir que les « indignados », les grévistes espagnols, parlaient juste et avaient des revendications justifiées. Ils n’ont pas seulement attaqué le gouvernement, mais ils ont relevé que l’opposition était tout autant discréditée et qu’il ne fallait pas attendre d’amélioration avec elle. Par-dessus tout, ils ont régulièrement mentionné la responsabilité du secteur bancaire et de leurs alliés (les hypermarchés, la grande distribution, les grandes marques, qui paient de moins en moins les paysans et les producteurs, et facturent de plus en plus aux consommateurs). Mais il est à déplorer que le PP (le parti de droite de l’opposition, et quand je dis de façon déplorable, ce n’est pas tant parce qu’ils soient de droite, mais c’est l’attitude opportuniste que je dénonce) a réussi à se réapproprier une part de la grogne pour leur propre compte, et maintenant que les élections régionales et municipales sont passées (et ont été gagnées par les PP), une part importante de l’énergie (des « Indignados ») a été perdue… Alors qu’en réalité aucun des projets proposés par le PP ne répondent aux demandes formulées.
Cependant, ce fut un grand mouvement, bien meilleur que les manifestations françaises de l’année passée, où les gens (N.B.: surtout les syndicats et partis en tête de défilé) s’étaient limités à attaquer Sarkozy et donnaient l’impression que la gauche française représentait le salut, alors qu’en fait les socialistes français ont toujours été les meilleurs amis de la grande distribution, des multinationales, des banques et, bien sûr, du FMI contrôlé depuis des décennies par les économistes de « l’école de Washington ». J’espère que la philosophie et l’énergie lucide derrière les « Indignados » espagnols ne s’évanouira pas.

J’espère fortement que les Européens vont diminuer (ou interdire?) les spéculations et proposer un système plus durable, au sein de l’UE (ce qui impliquera des changements du traité de Maastricht) mais aussi hors UE, ce qui requiert qu’autant de dirigeants que possible acceptent de suivre un autre système (N.B.: voire les propositions de Paul et bien d’autres sur le blog, il n’y a rien de délirant dans tout cela, simplement un peu d’ordre et de justice, dans le cadre d’un accord type Bretton Woods) assez radical mais salutaire, et arrêter de perdre du temps (et de l’argent) à essayer de trouver un impossible compromis. Mais ce qu’il s’est passé durant le week-end des 6 et 7 Août montre que beaucoup de nos dirigeants n’ont encore rien appris. Durant ce moment critique, le Groupe des 7 (G7) disait qu’ils étaient « prêt à faire une action pour assurer la stabilité et les liquidités des marchés financiers ».

Ils jettent en pâture aux pyromanes tout le bois avec lequel la maison est construite, petit à petit… Pensant éviter qu’ils ne mettent le feu à la maison elle même alors qu’il ne s’agit en fait que d’un différé, le résultat sera le même au final. Des centaines de millions et des milliards et milliards. Est-ce le prix à payer pour un insignifiant répit ? Et maintenant que la BCE a entamé des rachats directs de dette publique italienne et espagnole, nous avons, à l’instar des USA, atteint la dernière limite, le geste désespéré. Le serpent se mord la queue. Ça ne va pas durer, nous jouons avec le feu. Trichet a résisté autant qu’il le pouvait (alors que depuis longtemps de déraisonnables dirigeants tels que Barroso, lui mettaient la pression), mais les politiciens ont été tellement incapables de prendre les décisions qui s’imposaient que Trichet n’a pas eu le choix lors de ce mois d’août noir. Pauvre Barroso. Il a même demandé, récemment, un élargissement du Fond Social Européen. Comment peut-il être aussi incompétent?

Je me fais aussi du souci parce que je ne suis pas certain de pouvoir faire confiance à Mario Draghi, qui a été élu prochain Président de la Banque centrale européenne (BCE). Je suis inquiet parce que Draghi a travaillé pour Goldman Sachs en tant que vice-président et directeur général, responsable des « deals » financiers pour les états européens. Ce n’est pas un CV idéal pour une tel poste, je crois… De plus, il y eut quelques soupçons à savoir si Draghi fut impliqué dans une sale affaire : GS prêta un somme énorme à la Grèce avant la crise !

Il plaida qu’il n’en savait rien, disant qu’il était arrivé juste après cela se soit passé. Devons-nous le croire? Ce qui est sûr, c’est que GS et ses amis ont vigoureusement encouragé Athènes à emprunter une somme colossale, se souciant peu de vérifier si elle pourrait la rembourser. Ceci est criminel. Mais ce qui est peut-être pire, c’est qu’une des plus grandes banques du monde (laquelle ?) a clairement aidé le gouvernement grec à tricher dans sa comptabilité nationale. Et, par conséquent, le chaos arriva en Grèce, parce que d’une part sa dette apparaissait plus forte que prévue, mais surtout parce que la Grèce ne semblait plus digne de confiance, car ses comptes avaient été trafiqués. L’avalanche s’est alors déclenchée. L’Espagne et ses voisins étant juste en dessous… bon boulot !

L’autre côté intéressant de cette histoire réside dans le fait que, en attaquant si sauvagement la zone Euro, certains des spéculateurs et de leurs bons alliés, les agences de notations (spécialement les trois suivantes: S&P, Fitch et Moody’s, dont il est majoritairement question dans les médias), semblent avoir quelque chose derrière la tête :

1) Soit obtenir de l’argent facile, à l’aide de l’effet de « falaise » (impliquant des CDS profitables et des rumeurs!). Le fait que les intérêts puissent grimper de manière excessive et créer une instabilité mondiale ne semble pas les inquiéter autant que cela.

2) Ou alors tenter de limiter la casse sur le dollars US et les obligations américaines. En d’autres termes, sauvegarder le système actuel centré sur le dollars US (qui prend sa source dans les années 70). Ce n’est certainement pas une question de nationalisme ou de chauvinisme étant donné que non seulement les Américains, mais également bon nombre de Français, d’Allemands, d’Asiatiques, de Moyen-Orientaux et d’autres du monde entier y prennent part. De plus, nous sommes dans un monde globalisé désormais : les considérations de ce type font désormais partie d’un passé révolu. Il s’agit, comme je l’ai dit, bien plus une question de maintenir le système (instable) actuel. S’ils n’avaient pas frappé si fort sur la zone Euro, le dollars US aurait probalement chuté en dessous de 0,60€ depuis déjà un moment et aurait de facto perdu son statut de monnaie de d’échange et de référence mondiale. Tout leur système aurait pu se briser (mais il est vraisemblablement en train de se casser de toute manière). De plus, si les obligations de la zone Euro perdent leur valeur, alors les obligations US paraissent automatiquement plus intéressantes. Cela pourrait même compenser en partie, voire de manière plus forte si l’attaque est sévère, la perte de la note AAA de la dette américaine. Je ne suis pas spécialement pour l’Euro (ni contre l’Euro d’ailleurs, l’argent c’est de l’argent), il s’agit simplement d’un fait. Ils préfèrent entrainer la zone Euro dans leur chute, plutôt que de monter au monde entier la faillite totale de leur chère idéologie du laissez-faire et d’un système monétaire mondial centré sur le dollars US.

La meilleure manière de le voir clairement est d’observer les notations d’une agence moins célèbre, mais souvent plus efficace, parce que les agences mentionnées plus haut se sont tellement trompées alors que la crise de 2007/2008 approchait, qu’il est révoltant de voir à quel point les médias ont mis en avant leurs avis peu judicieux et ont fait d’elles les institutions parmi les plus puissantes du monde. Mais, encore une fois, il doit y avoir une raison à cela. Cette agence moins connue est l’agence chinoise « Dagong ». Lors de la première semaine d’août, alors que seule Standard & Poor’s a daigné baisser la note des USA de AAA à AA+, Dagong, qui avait déjà baissé la note des USA dans le passé, l’a baissé à nouveau, passant de A+ à A. S&P devait faire quelque chose à ce moment-là, parce que conserver le AAA alors que le pays était sur le point de faire défaut (!!!) commençait à sembler bizarre, même pour le téléspectateur moyen; et ça faisait déjà pas mal de temps que quelques journalistes sérieux trouvaient cela manifestement erroné. Ou alors était-ce parce que S&P’s s’était résignée à admettre la nécessité d’un changement du système monétaire?

Le temps est un élément central dans cette bataille. Si l’économie au Etats-Unis n’arrive pas à se remettre en route toute seule au cours des prochains mois, nous pourrions tous être confrontés à un problème insoluble, non seulement aux Etats-Unis mais dans le monde entier, par effet domino. Alors que le gouvernement américain a demandé de permettre à la dette fédérale d’excéder sa limite officielle, ce qui devrait avoir donné un coup de poignard douloureux au $ et aux obligations américains, les « investisseurs » et les agences de notation ont à nouveau attaqué les PIIGS ( nom usuel du Portugal, Italie, Irlande, Grèce et Espagne !) pour le compenser. Et, aussi incroyable que cela puisse paraître, cela a plutôt bien marché. Il est tellement plus confortable de désigner une victime tels que les PIIGS que vous pouvez montrer du doigt lorsque tous les regards sont portés sur vous. Une fois encore, cette considération n’a rien à voir avec une position « pro-Européenne » ( et certainement pas non plus avec de l’anti-américanisme)). Je pourrais être Hawaïen, Coréen, ou Argentin, ce serait exactement pareil pour moi. C’est simplement mathématique… et sans merci, je dois dire.

Les titres provocants des journaux nous demandent régulièrement si « les PIIGS pourraient faire exploser l’Eurozone? » Mais, les PIIGS sont-ils vraiment responsables de tout ce désordre? A mon avis, nous devrions regarder ailleurs. Même si la zone Euro n’était pas correctement finalisée, il est incroyable de voir comment certain ont profité de la moindre faille pour y concentrer leurs attaques (insérer leur coin) et ainsi spéculer. Nous ne devrions jamais oublier ce qui se passe sous nos yeux en Europe : le transfert massif de la dette du secteur privé dans le budget public et les attaques spéculatives brutales.

La spéculation est les attitudes irresponsables ont gangrené les marchés financiers depuis que la dérégulation s’est développée durant les 40 dernières années. Ils sont maintenant en mesure de provoquer une crise systémique et la ruine. L’économie a bien fonctionné depuis 1945 jusqu’au début des années 70. Après cette période, la crise du pétrole a néanmoins rapidement imposé une limite abrupte à ce nouveau système qui était basé sur une utilisation excessive du crédit. Cependant, l’économie était encore suffisamment robuste à ce moment pour encaisser le choc, et depuis, ce système bancal penche chaque fois un peu plus et nous avons désormais atteint le point de rupture. Personne ne devrait prétendre que la croissance qui a débuté en 1945 a eu lieu grâce à la guerre. La Première Guerre Mondiale a aussi été synonyme de progrès technologiques considérables, mais n’a pas pour autant produit trois décennies de croissance constante. Bien au contraire. Seuls des accords sensés, tels que ceux signés à Bretton Woods en juillet 1944, ont pu réaliser cela. Et au sujet de la compétition inégale (souvent citée et considérée comme « déloyale » par de nombreuses personnes), un protectionnisme borné ne serait pas la bonne réponse.

Nous devons établir des règles équitables. Nous avons à repenser les problèmes et le contrôle de nos monnaies, que nous avons perdu depuis 1913 aux USA et depuis 1973 en France (mais cela ne signifie pas que la France ou n’importe quel autre État membre devrait quitter ses partenaires européens, l’idéal serait que tous décident le même changement raisonné). Et nous devons urgemment éviter l’anarchie actuelle causée par la dérégulation.
Je précise que je préfère de loin la liberté à un étatisme excessif et que je ne suis pas du tout favorable à un système de type soviétique. Cependant, je ne crois pas que l’absence de lois et le désordre soient non plus ce dont le monde ait besoin. La dérégulation, acclamée par tant de think-tanks aveuglés et de personnes influentes peut se comparer à un réseau routier pour lequel n’existerait aucun code de la route. Peut-on imaginer un tel réseau sans stops, sans lignes blanches, sans feux rouges ni limites de vitesse ? Et bien, c’est à peu près de cette façon que fonctionne le système financier mondial aujourd’hui.

Si nous ne prenons pas des décisions concrètes à l’échelle mondiale très rapidement, et que nous laissons tous ces flux d’argent dans les mains des spéculateurs, nous réaliserons probablement trop tard qu’ils ne changeront pas leurs habitudes et pourraient bien provoquer un chaos mondial. Chaque fluctuation est sur-exagérée désormais, et ils ne se moraliseront pas. Imposer des limites, des interdictions, bref un cadre légal international strict est une nécessité. Pour le bien de tous.

Après le crash de 2008, nos dirigeants ne sont pas parvenus à un accord sur l’idée d’un nouveau Bretton Woods, ni furent capables d’établir une base commune pour séparer les banques commerciales (les dépôts) des banques d’investissement (la spéculation). A propos de ce qui a suivi, j’aimerais citer un paragraphe de François Leclerc, traduit à partir de sa contribution sur le blog de Paul Jorion, le 11 août : « L’actualité de la crise : Les marchés ne s’en laissent pas compter » : « Il s’agissait de donner du temps aux établissements financiers pour se refaire, en espérant qu’ils contribueraient ensuite à la relance économique. Quitte à leur laisser la bride sur le cou et à fermer les yeux sur leurs bilans, puis à parallèlement s’engager dans une véritable opération de diversion à propos de la dette publique, empruntant le discours de la rigueur pour les uns tout en en exonérant les autres. Précipitant, au bout du compte, l’économie vers une récession généralisée à tout le monde occidental, qui se précise, détruisant par là même toute perspective réaliste de réduire les déficits comme prévu. Le plan A a vécu. Empiler les plans de rigueur est une aventure dont on voit en Grande-Bretagne ce qu’elle peut susciter. Ce qui ne signifie pas qu’elle ne doit pas être tentée, faute d’alternative. »
[copié-collé du texte de François Leclerc]
Depuis, la confusion et la division ont conduit la planète dans une fuite en avant désespérée [en français dans le texte] (une expression difficile à traduire pour les anglophones […]). Il est facile de critiquer, bien sûr. Je comprends que nos dirigeants ne pouvaient pas prendre des décisions globales séparément… Ils ont besoin d’un large consensus, et manifestement certains n’y sont pas prêts. Mais désormais nous avons joué nos dernières cartes et il ne reste plus de place pour l’hésitation, alors que nous sommes témoins d’une offensive dangereuse contre ce qui n’est pas un simple mur de bois, mais bien la coque du bateau qui, dois-je le rappeler, nous transporte tous. (en français, on dirait plutôt « les spéculateurs ont eux-même coupé la branche sur laquelle ils étaient assis, le problème, c’est que nous sommes tous sur cette même branche).

Pour démontrer que nous parlons d’une réelle guerre (économique), voici comment le système économique a essayé d’étouffer son rôle, en menaçant de chaos le pays ou la zone qui mettraient officiellement en cause sa responsabilité dans ce cataclysme. Vous remarquerez que personne n’a voulu prendre le risque de tomber le premier. En effet, tandis que beaucoup de députés européens commençaient à parler haut et fort des vices de la finance et de ses responsabilités, en pointant beaucoup de banques (Goldman Sachs étant un nom récurrent), et tandis qu’ils ont inclus la possibilité que ces entités financières puissent avoir à répondre aux énormes conséquences de leurs « jeux », quelques figures influentes ont mis en place une réelle riposte, remarquablement couverte par les médias, en menaçant concrètement (tandis que les européens ont seulement parlé, comme d’habitude), d’agir légalement contre les responsabilités de la Deutsche Bank dans toute ce bourbier. C’était une douche froide avec effet immédiat. Seul le fait de démarrer une procédure judiciaire contre la DB aurait été suffisant pour la faire tomber. Les marchés boursiers sont ainsi, impitoyables.

Bien sûr, je n’ai jamais voulu insinuer que les banques américaines, tel que GS, étaient exclusivement responsables. Je n’ai pas voulu dire non plus que Deutsche Bank était « sympa » et gentille (et européenne, comme moi) et que ce qui est arrivé là serait déloyal. Je suis certain que vous comprenez. Les banques du monde entier ont pris part au jeu, et la Deutsche Bank bien qu’elle n’ait qu’un tiers du volume de responsabilité de GS, reste toujours un poids lourd. Elles me choquent toutes, même si j’ai bien peur que chacun d’entre-nous puisse devenir un « golden boy », spéculant tout au long de la journée, si nous en avions l’opportunité. C’est pourquoi une régulation à l’échelle mondiale et des garde-fous doivent être introduit le plus rapidement possible. Tout ce grabuge entre de grandes « régions » du monde est lamentable. Encore une fois : nous sommes tous sur le même bateau.

De plus, la Chine et beaucoup d’autres partenaires majeurs n’accepteront pas d’être tournés en bourrique ainsi encore très longtemps. Le fait qu’ils soient piégés par nos dettes peut permettre au système de continuer un moment. Mais cette machinerie malade ne peut pas durer et la maintenir, telle quelle, rendra l’issue de plus en plus explosive. Le temps est venu pour un changement d’ampleur qui, je le répète, pourrait être inspiré par les accords de Bretton Woods. Mais cette fois, pas centré sur l’or et/ou une unique monnaie nationale comme devise mondiale. Alors que la deuxième moitié du 20e siècle était bipolaire et que nous ayons ensuite expérimenté une situation avec une unique superpuissance, les USA, les prochaines décennies confirmeront de manière définitive que nous sommes dans un monde multipolaire. La création d’une monnaie internationale est certainement une décision difficile à prendre pour les USA, mais entre les deux solutions qui s’offrent à nous, je souhaite que les Américains choisissent la moins malencontreuse, et c’est celle-ci. Ceci ne veut pas dire que nos monnaies nationales disparaîtront et je suis certain que si nous pouvons éviter un crash généralisé en garantissant un nouveau système viable, alors les USA (et l’Europe) se redresseront et auront un futur prometteur.

Lorsque je mentionne Bretton Woods, je ne veux pas dire que nous devrions simplement faire un copier-coller. De plus, même si la Banque Centrale et le Fonds Monétaire International ont survécu (quoi que profondément réformés, pour ne pas dire dénaturés), les meilleurs parties du système de Bretton Woods ont été perdues entre le « le choc Nixon » de 1971 et les « accords de la Jamaïque » de 1976. Seul un nouveau mécanisme, impliquant toutes les économies majeures et non centré vers une seule (ne mettons pas tous les œufs dans le même panier), pourrait permettre au monde de démarrer sur une base nouvelle et durable. Nous devons arrêter ce système basé sur la dette. Nous parlons simplement de bon sens.

Pendant ce temps, la population doit payer pour les « erreurs » : lorsque les spéculateurs gagnent à leur « jeu de casino », l’argent leur revient, à eux seuls. Aucune taxe minable, aucune interférence de la puissance publique, et tout va dans un compte bancaire dans un paradis fiscal. Mais, punaise, s’ils perdent, alors là, c’est trop déloyal… (Devons nous pleurer?) Ce n’est pas possible qu’ils puissent perdre autant… Aussi, ils peuvent toujours faire porter le coût gigantesque de leurs dégâts sur le dos des populations (américaines, européennes, mais aussi chinoises via la dette que détient la Chine) si indulgentes et mal-informées. Et s’ils peuvent bénéficier d’argent frais de la part du gouvernement, grâce aux injections des fonds (vous savez, pour « sauver » « ceci » et « cela »), alors ils peuvent l’utiliser pour spéculer sur la crise et faire beaucoup de profits! Et les Espagnols (et les Italiens, etc) sont en ce moment sous cette pression spéciale et sans scrupule.

Vous vouliez mon opinion? Vous l’avez.

NB : Je n’ai pas évoqué la dette des collectivités locales, souvent mentionnée comme l’un des critères justifiant l’abaissement de notre note nationale espagnole. Pourquoi ? me demanderez-vous, puisque les conséquences sont apparemment si importantes pour la capacité de financement de cette nation. Probablement parce que c’est encore la même chanson. Durant les élections municipales et régionales du printemps dernier en Espagne (qui on vu la débâcle du parti socialiste au pouvoir), il y eut d’innombrables articles se référant à d’hypothétiques factures au noir, qui pourraient doubler le montant de la dette locale; dette des collectivités locales qui pourrait même être plus importante encore si les nouvelles autorités devaient découvrir que les bilans ont été truqués! Il semble que certains ont trouver un moyen de tirer un avantage maximum du cas grec, pour distiller partout une panique par leurs tactiques d’insinuations vagues et de buzz sans fondements, qui produisent les plus beaux profits pour les spéculateurs. De plus, ces allégations distraient les européens du Nord, qui se plaignent alors de la « paresse et de la magouille des peuples méditerranéen ». Ne pourrait-on réfléchir autrement et plus profondément que sur ces rumeurs ?
Même si je ne dénie pas l’existence d’un travail au noir et n’irai jamais prétendre que les autorités locales, en Espagne, ont été gérées d’une manière exemplaire, ces rumeurs et ces extrapolations semblent plutôt suspectes. Particulièrement quand on réalise que les écueils auxquels sont confrontés les communes et les régions autonomes sont toujours les mêmes : des projets d’investissement et de financement illusoires (mais qui les a promu et si mal organisé ?) et, encore et toujours, des taux d’intérêt galopants à cause de l’abaissement de la note des crédits régionaux (les agences de notations n’y sont pas allées de main morte!), en prévision de nouvelles difficultés de financement… dues à des taux d’intérêt toujours plus élevés, conséquence de l’abaissement de la note ! »

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119 réponses à “L’Espagne : maillon faible ou victime d’un transfert de dette et de la conduite scandaleuse des marchés ?, par Sébastien Bano”

  1. Avatar de anita
    anita

    1. La croissance indéfinie = contre les lois de la « Physique » !
    2. Pour avancer il faut s’endetter = Piège.
    3. Dette impayable = 65 % du PIB sont produits dérives = « bits » à machine.

    Espagne a logements vides (physique) et (hélas!) un chômage structurel = Subsides de survie seront nécessaires et donner une fonction social aux logements dévalués.

    1. Avatar de José
      José

      Une part non négligeable des logements issue du boom immobilier en Espagne a été construite pour certaines catégories (voire uniquement pour spéculer) et son adaptation au logement social peut s’avérer très coûteuse. Par exemple, des zones urbaines entières sont sorties de terre pour être vendues comme résidences secondaires aux CSP+ et aux touristes. Donc, pas d’écoles prévues, services publics minimaux. Et pour la même raison, réseaux de transport inadaptés à l’usage quotidien.

      1. Avatar de anita
        anita

        Le temps fera son œuvre = Dégradation.
        Voulez-vous acheter la maison … fantôme ?
        …, sans voisins ?
        … payer tous les coûts de la communauté ?
        … payer la surveillance (squatters, voleurs portes, matériaux …)
        … payer la dégradation des bâtiments avec le temps ?

        Et louer la moitié en échange d’un travail gardien ?

    2. Avatar de Pablo75
      Pablo75

      J’ai déjà cité ici des études qui montrent qu’il faudra 17 ans au moins pour vendre les millions d’appartements vides ou à moitié construits qu’il y a en Espagne (certains experts parlent de 5 millions).

      1. Avatar de anita
        anita

        Dégradation
        23 % chômage-sans toit.

  2. Avatar de Enrique
    Enrique

    Ah, si tout le monde pouvait être « allemand »…

    1. Avatar de anita
      anita

      Équité dans l’accès aux richesses: Le PIB par habitant en Uruguay. Il est à la moyenne du monde.

    2. Avatar de Ulla
      Ulla

      la bulle immobiliaire espagnole a été encouragée par des taux très bas de la BCE (jusqu’à 100%, que les gouvernements en place ne contrôlent pas. De fait si on regarde les chiffres, on se rend compte que le marché immobilier a commencé un expension raisonnable à patir de la fin des années 90, quand le pays entamait une période de croissance et de forte immigration (d’où construction de logements), c’est quand l’euro a été introduit que les taux d’intérêts auparavant élevés ont fortement baissé faisant exploser les prix des logements, la spéculation inutilement, et bien cela encourager les ménages à s’endetter. Dire que le caractère peu sérieux des espagnols est responsable de la crise est tout simplement simpliste. D’ailleurs je vois bien que beaucoup le regrettent.

      1. Avatar de Pablo75
        Pablo75

        @ Ulla

        Lis ce que je viens de répondre plus bas à Sébastien. J’ajouterai que penser que le délire immobilier ibérique c’est la faute de la BCE et l’euro c’est aussi bête que de croire que l’épidémie d’obésité qui sévit en Occident est due au prix bas du sucre.

        Je ne sais pas si tu es au courant, mais il y a un organe dans la boîte crânienne qui s’appelle le cerveau et qui sert à réfléchir. Tout le monde (Banco de España, entreprises immobilières, banques, politiciens, économistes, presse) savait en Espagne que la bulle immobilière allait éclater à la g,… du pays un jour, mais on a fait semblant de ne pas le voir, parce que, encore une fois, les Espagnols ne sont pas des gens sérieux. Si tu lisais les articles dont je laisse ici souvent les liens tu serais au courant des folies économiques espagnoles encore aujourd’hui, pendant que le bateau est en train de couler. Un seul exemple: le système politique des Autonomies, totalement inutile du point de vue économique, coûte entre 30 et 50 Mds € chaque année à l’Espagne (entre 40 et 60 % de son déficit annuel) et il est donc non-viable à moyen terme. Va dire aux Espagnols qu’il faudrait le supprimer et tu verras leur réaction. Une preuve de plus de leur lucidité économique.

      2. Avatar de chris06
        chris06

        @ulla,

        1. pourquoi la quasi intégralité des crédits hypothécaires espagnols ont ils été concédé par les banques espagnoles à taux variables et non pas à taux fixes?

        2. pourquoi les entreprises d’expertises immobilières espagnoles sur-valorisaient elles systématiquement les prix des propriétés à hauteur de 120% voir même jusqu’à 140%!

        3. pourquoi l’Espagne (pop. 45 millions) construisait elle plus de logements neufs que la France, l’Allemagne et l’Italie réunis (pop. 180 millions)?

        4. pourquoi le gouvernement Espagnol, les collectivités locales, les mairies, les médias, les agences immobilières et les banques ont ils tous opéré, et de manière systématique et quasi quotidienne, un tel bourrage de crâne : « el ladrillo nunca baja! » (les prix de l’immobilier ne peuvent jamais baisser), endettez vous, louer c’est foutre de l’argent par la fenêtre, etc…
        J’ai vécu et travaillé 5 ans en Espagne pendant ces années là, je peux vous dire que je ne connaissait pas un seul Espagnol sur lequel le bourrage de crâne n’avait pas opéré, ou alors ils faisaient semblant de ne pas vouloir comprendre!
        Ce n’est qu’à partir de 2006-2007, principalement grâce au portail internet idealista.com que des voix de plus en plus nombreuses ont commencé à s’élever contre cette machination et dénnoncer la burbuja!

        Non, ce n’est pas le caractère peu sérieux des Espagnols qui est responsable de cette crise (encore que croire à toutes ses balivernes et s’endetter à taux variable sur 40 ans quand on a que 25 ans et qu’on est milleurista n’est pas à proprement parler sérieux), mais une véritable collusion entre les autorités espagnoles et le secteur immobilier-construction-banque qui n’a eu de cesse de dilapider (et profiter très largement), des capitaux bon marchés dans quelque chose qui n’était qu’une illusion sans aucune appréciation des risques qu’il faisaient courir à ce pays!

      3. Avatar de Philippe MEONI
        Philippe MEONI

        @chris06
        Bonjour,
        Vous qui êtes capable de voir l’arnaque de cette propagande, et avez pu y échapper pour y avoir pensé, vous sous-entendez que les Espagnols sont moins intelligents pour s’y être laissé embobiner ?
        Détrompez vous, cher ami… ils n’avaient simplement pas envie de penser à aucune des conséquences,malgré les sages avertissements de part et d’autre…
        Au contraire, ils sont loin d’être idiots et ont profité de cette manne financière pour s’offrir des palais et tout le niveau de vie tronqué qui va avec… Et tant que la source n’est pas tarie, ils continueront à profiter du système sans penser au lendemain…
        Cela s’explique par le simple fait que ce peuple, considéré, depuis la chute de leur empire colonial, comme pauvre, quasi tiers-mondiste, avait une revanche viscérale à prendre sur les autres peuples de l’europe du nord, quoi qu’il en coûte, et donner cette apparence en possédant les belles villas-piscine, 4×4 et autres résidences secondaires juste pour donner l’image d’une certaine richesse…
        Sauf que cette pseudo richesse a été sciemment dérobée et aujourd’hui, les Ibères crient tous, trop facilement, « être victimes du système » alors qu’au lieu de bosser, ils passent leur temps au stade ou devant « salvame deluxe » diffusé sur telecinco…
        Trève de mauvaise foi, les Espagnols savaient bien où ils allaient…

      4. Avatar de Pablo75
        Pablo75

        @ Chris06

        Vous vous contredisez. D’un côté vous écrivez: « Non, ce n’est pas le caractère peu sérieux des Espagnols qui est responsable de cette crise ». Et de l’autre, que le responsable c’est « une véritable collusion entre les autorités ESPAGNOLES et le secteur immobilier-construction-banque qui n’a eu de cesse de dilapider (et profiter très largement), des capitaux bon marchés ». Ce « secteur immobilier-construction-banque » en question c’était des Martiens débarqués dans les années 2000 en Espagne? Ou des Espagnols « de pura cepa »? Pourquoi la même folie immobilière n’est pas arrivée ailleurs en Europe? Vous pouvez me l’expliquer?

        Et vous oubliez un petit détail: il n’y a pas que la crise immobilière en Espagne. Les Espagnols ont dilapidé des fortunes pour des conneries, notamment dans les Autonomies. Si vous lisiez les articles de la presse espagnole dont je donne souvent ici les liens, vous verriez jusqu’où arrive la folie ibérique dans ce domaine (aéroports et lignes de trains à haute vitesse sans clients, de milliers d’entreprises publiques bidons, des « ambassades » à l’étranger des régions qui ne servent à rien, des TV en langues régionales sans spectateurs, etc, etc, etc).

        Un dernier conseil: avant de parler de l’Espagne et des Espagnols, lisez une bonne Historia de España, plus Cervantes, Quevedo, Gracián, Blanco White, Larra, Unamuno, Américo Castro, Pla et Baroja. Et je vous assure que vous allez très bien comprendre ce qui se passe aujourd’hui en Espagne.

      5. Avatar de chris06
        chris06

        @Philippe MEONI,

        non, pas moins intelligent, il se trouve qu’en France nous avons connu une baisse très significative des prix de l’immobilier entre 90 et 95 et que je n’ai donc jamais cru que les prix du ladrillo ne pouvaient que monter. En Espagne durant la même période, les prix ont tout juste stagné et je pense qu’une très grande majorité d’espagnols ont vraiment cru qu’el ladrillo nunca baja et que louer c’était jeter l’argent par les fenêtres. Vous ne pouvez pas vous imaginer en cinq ans le nombre de discussions que j’ai eu à ce sujet avec collègues, amis, voisins, et … mon banquier! Ce n’était pas facile de confronter les idées reçues. Aujourd’hui chaque fois que je retourne à Barcelone, je passe boire une verre avec mon banquier de l’époque (le directeur d’une petite agence de caixa terrassa). Mais comment avait tu pu prévoir ce qui nous arrive me dit il? Je lui rappelle que je lui avait bien expliqué mais qu’il n’a jamais voulu me croire!
        Le brainwashing, ou bourrage de crâne, ça marche vraiment!

        @Pablo75,

        je suis plutôt d’accord avec ce que vous dites, mais je pense aussi qu’il faut éviter les généralisations du genre « le caractère peu sérieux des espagnols ».

        PS: je n’ai malheureusement lu que deux des auteurs que vous avez cité, el quijote bien sûr et trois textes d’unamuno. Pour l’histoire, un ami professeur à l’UAB m’avait recommandé de lire préférentiellement les hispanistas britanniques. J’ai lu Imperial Spain et the revolt of the catalans de John Elliott.

      6. Avatar de Pablo75
        Pablo75

        @ Chris06

        Ce qu’il faut éviter surtout c’est de parler de quelque chose qu’on ne connaît pas bien.

      7. Avatar de Moi
        Moi

        Les Espagnols ont voulu vivre comme des Allemands, avec des salaires de Grecs. Donc à crédit.
        Et y’a là rien d’un supposé caractère national. Les Américains et les Anglais ont fait la même chose. On bourre le crâne aux pauvres qu’il faut consommer pour être quelqu’un, on leur donne un salaire minable et des crédits faciles. Voilà le résultat. Le capitalisme ne peut plus cacher ses contradictions. Et ça va être dur pour nos élites de sevrer les pauvres et de leur dire que le capitalisme leur donne le même niveau de vie que dans un pays du bloc de l’Est à l’époque Brejnev…

        Ce qui m’intéresse c’est pas comment les Espagnols en sont là, c’est comment les Allemands n’y sont pas (si tant est qu’ils n’y soient pas). Et aussi de savoir où sont passées les richesses de la croissance (si tant est qu’il y en ait réellement eu depuis 30 ans).

      8. Avatar de chris06
        chris06

        @Pablo75,

        je parle de ce que j’ai vécu de l’année 2003 au début 2009, durant lesquelles j’ai monté à Barcelone une petite entreprise de développement et de vente de licences dans le secteur de l’électronique grand public employant vingt personnes dont quinze espagnols.

        Tout ce dont Phillippe MEONI parle je l’ai vécu aussi, je pourrait en rajouter des tartines sur le je m’en foutisme ambiant (c’est d’ailleurs bien pour cela que j’ai mis un terme à cette aventure), mais cela ne changera pas le fait qu’il faut éviter les généralisations sur le caractère des espagnols (comme sur celui des français, des allemands, des belges ou des anglais) et que j’ai aussi rencontré des espagnols très sérieux et pas laxistes d’un poil..

        Vous dites que vous avez quitté l’Espagne à l’age de 22 ans, cela fait combien de temps? Peut être qu’un petit retour en Espagne d’une année ou deux vous conduirait à nuancer vos propos?

      9. Avatar de Enrique
        Enrique

        @ Pablo

        « Les Espagnols ne sont pas sérieux »
        Voilà une belle généralité sans fondement. Les catalans en disent autant des andalous. On trouve toujours moins sérieux que soit. Les Allemands parlent de pays « club Med ». Ca inclut tout le Sud de l’Europe. Sans parler de l’arrogance des anglo-saxons avec leur désignation PIIGS.
        Je me disais bien que des gens qui ne pensent qu’à faire la fête, à sortir, rigoler, à boire (cerveza por favor !), à acheter tout et n’importe quoi à crédit, ne pouvaient pas être sérieux. A côté de ça, un secteur BTP hypertrophié sans que l’inventivité des Espagnols soit reconnue. Combien de brevets ont déposés dans ce domaine par les entreprises espagnoles du BTP ? La qualité des immeubles en Espagne est plus que passable ; pourvu qu’il n’y ait pas trop de tremblements de terre.

        Mais on y rigole, on y cultive le carpe diem. Où est-on le plus déprimé en Espagne ou en Allemagne ?

      10. Avatar de argeles39
        argeles39

        L’Espagne! Mais laquelle? Il y en a au moins 17! Et dans certaines le castillan est occulté, voir prohibé……
        C’est en fait la source de tous les problèmes, le pays est très divisé et compte plusieurs niveaux de pouvoirs (redondants et souvent antagonistes) ; cette nébuleuse est gangrénée à tous les étages par la corruption et la gabegie, par sa structure il ne peut pas en être autrement.
        La corruption a largement favorisé la bulle immobilière, mais aussi, et c’est plus grave, elle a générée la destruction du littoral méditerranéen. On ne compte plus les projets immobiliers dans des parcs naturels où construire est en principe interdit.
        http://www.neo-planete.com/2010/07/05/espagne%C2%A0-polemique-autour-d%E2%80%99un-hotel-edifie-dans-un-parc-naturel/
        On reproche parfois à la France son caractère jacobin, quand on voit l’Espagne on se dit que ce n’est pas si mal d’être jacobin.
        Je ne suis pas très optimiste sur l’avenir de l’Espagne (mon pays d’origine), pas tellement à cause de la crise, elle peut être surmontée car de l’argent et du potentiel il y en a encore beaucoup en Espagne, mais plutôt à cause de cette division qui ronge le pays et qui le fera éclater si les Espagnols restent dans cet état d’esprit.

      11. Avatar de Marlowe
        Marlowe

        C’est le style de vie des USA qui s’est imposé en Espagne après la disparition de Franco, ou dit autrement une accélération démentielle de l’histoire qui a détruit le peu qui restait d’un pays longtemps après qu’il ait connu ses dernières heures de gloire.

  3. Avatar de Sébastien
    Sébastien

    @Edith :
    Il me semble que le sens de la phrase serait :
    « Nous ne devrions jamais oublier ce qui doit vraiment renverser l’Europe ….. »
    J’aimerais bien savoir, car cette traduction étant plus forte que celle du texte en billet, l’opinion de Sébastien serait beaucoup plus pessimiste

    En fait, je en voulais pas dire renverser, mais plutôt toucher, frapper, etc.

    @Pablo75
    Je en suis pas tout à fait d’accord avec vous, ceux qui jouent au casino, ce sont les spéculateurs. Quand vous dites « parce que les espagnols, tout simplement, ne sont pas des gens sérieux. Le problème de fond en Espagne c’est celui-là. », c’est un peu facile (et revanchard?). Peut on mettre 40 millions de personnes dans le même sac ? Se comportent-ils tous exactement de la même manière et ont-ils tous la même mentalité ? C’est tout bonnement illusoire. De plus, certaines régions sont peu endettées, d’autres (parfois les mêmes) ont un faible taux d’endettement des ménages… Enfin, n’oublions pas que la France vient juste derrière et que les marchés nous attendent au tournant ! La dette privée moindre en France et vite rattrapée par la dette publique supérieure à celle d’Espagne, alors franchement, évitons de jeter la première pierre…
    Plutôt qu’à des flambeurs de casino, les espagnols me font plutôt penser à des personnes qui se font arnaquer par des gars qui frappent à votre porte en promettant monts et merveilles. Internet regorge de ces plans douteux. Le problème, c’est que normalement, quand on se fait rouler, la justice est là pour condamner. Or, c’est le contraire qui a lieu. Gardons-nous bien de nous croire plus malins que nos voisins, les marchés parient déjà à plein régime, depuis juillet, contre la France. La prime de risque contre la France grimpe en flèche, c’est pas bon… Seuls les allemands, pour l’instant, sont à peu près épargnés. En outre, il y a beaucoup de nos collectivités, ici, en France, qui se sont faites roulées et qui sont dans une situation catastrophique. Faut il en conclure que tout le monde est idiot et que c’est bien fait pour nous ? Évitons de jouer le jeu qui consiste à semer la division au milieu des victimes…
    Pour conclure au sujet de l’endettement privé des pays du sud, mais pas seulement (car, encore une fois, de grâce, ne mordons pas à l’hameçon, cette image de méridionaux qui méritent leur sentence est nauséabonde, et on pourrait finir par moins rigoler nous même si ça continue à se propager) car la situation est elle-aussi plus que mauvaise sur ce point dans les îles britanniques et dans plusieurs pays de l’Est également. Non, encore une fois, ayons la sagesse de regarder plus loin. J’aime beaucoup le personnage de Kirikou, car après chaque question qu’il a posé, il ne se contente pas de la réponse mais pose une nouvelle question. Ici, c’est Isabelle qui nous met sur le bon chemin : « j’ai une assez bonne idée de leur niveau de salaire pour constater une inadéquation avec ce qu’elles ont pu acquérir ». Nous sommes au cœur même du vice inhérent au système que je dénonce. Je crois que nous sommes d’accord, donc. On a prêté à ces gens des sommes que l’on n’aurait jamais du leur prêter. Je le répète, quitte à donner l’impression que je radote : On a prêté à ces gens des sommes que l’on n’aurait jamais du leur prêter. Et ce ne sont pas ceux qui se sont fait enrouler derrière des promesses si alléchantes, qu’il faut accuser, mais ceux qui les ont embobiné, fait preuve de faute grave et, surtout, ne pas oublier qu’il est incroyable que de telles pratiques aient pu être tolérées au sein même de la zone Euro (comment espérer un pacte de stabilité viable si l’on tolère ainsi une exposition dangereuse de l’économie toute entière ?).
    Pablo75, concernant le deuxième commentaire, qui fait référence à de la magouille et des dépenses publiques inutiles, je ne peux qu’être d’accord. Il faut et il faudra encore faire le ménage. Et la encore, en France, bien des collectivités mériteraient vraisemblablement qu’on y jette un œil… Mais ne nous écartons pas du sujet fondamental, évitons ces batailles stériles qui font les délices des médias et des responsables de la catastrophe économique actuelle. Ne perdons pas du regard ce qui risque de faire sombrer la planète toute entière, l’occident en particulier, vers un avenir peu glorieux. Car comme pour le chômage, en aucun cas je ne prend le sujet des magouilles à la légère, mais il faut savoir mettre un ordre dans les urgences.
    Imaginons, nous sommes dans une pièce, enfermés, sans possibilité de sortir. Il y a trois bombes : une bombe de 10 kg de plastique qui va exploser dans 5 mn (c’est le système économique actuel), une autre de 2 kg de plastique qui va sauter dans 20 mn (c’est le chômage) et donc une troisième, d’un kg de plastique qui va sauter dans 30 mn (les magouilles). Paulo75, je vous en prie, aidez moi d’abord à désamorcer la première bombe, car avec votre aide, nous y arriverons bien plus facilement. D’autant qu’Hououji Fuu passe son temps à m’insulter, à me faire la leçon me signifiant que je suis un idiot « d’ignorer » la deuxième bombe sur laquelle il a l’air de me dire que je devrais me poster tout de suite (je ne l’ignore nullement, je procède dans l’ordre, c’est tout).

    1. Avatar de Pablo75
      Pablo75

      @ Sébastien

      Tu es bien gentil, pour ne pas dire un peu trop naïf. Ecrire: « les espagnols me font plutôt penser à des personnes qui se font arnaquer par des gars qui frappent à votre porte en promettant monts et merveilles », c’est mal connaître l’Espagne. J’ai un frère qui travaille (encore) dans l’immobilier (son entreprise avait plus de 400 salariés il y a 4 ans, aujourd’hui ils sont moins de 40). Il me racontait l’autre jour au tél. qu’avant la crise il voyait souvent des ouvriers non qualifiés de 20 ans, touchant 700-800 € par mois et vivant avec une copine sans boulot, venir s’acheter un appartement meilleur que le sien, avec le prêt de la banque en poche.

      Un conseil: si tu veux comprendre les Espagnols d’aujourd’hui et la crise dans laquelle ils se sont fourrés tous seuls, lis Don Quichotte.

      1. Avatar de Philippe MEONI
        Philippe MEONI

        Bonjour Pablo75, je vous suis totalement dans votre raisonnement, vivant encore sur place (depuis 2005), je suis témoin de cette mentalité irresponsable à l’extrème…
        Dans le strict cadre de mon job, (export de véhicules d’occasion Espagnols), je suis confronté quotidiennement au « j’men foutisme » ambiant de mes fournisseurs auxquels je ne peux accorder aucune confiance après moult tristes expériences passées…
        Tout est fait à la « va comme j’te pousse », ici… J’attends depuis près d’un an, malgré mes relances hebdomadaires, un devis de réparation des persiennes de mon appartement…
        Une majorité semble bien plus préoccupés par l’avenir du Real Zaragoza que de voir que le maire a entrepris une très coûteuse extension du tamway, pendant que la police municipale est obligée de faire le plein de ses véhicules chez les pompiers parceque les factures des gasolineras sont en souffrance permanente…
        J’en passe et des meilleures… Ce qui arrive à l’Espagne aujourd’hui est mérité, et de sa seule culpabilité…
        Bien à vous, Pablo75

      2. Avatar de Pablo75
        Pablo75

        @ Philippe Meoni

        Voilà un bon résumé de l’Espagne (l’actuelle et celle de toujours). Du vrai, du vécu, du « palpable », quelques uns de ces FAITS quotidiens que les Français ont tant de mal à comprendre… C’est pour cette seule raison que je suis parti de mon pays à 22 ans. J’ai toute mon enfance et jeunesse entendu mon père se plaindre du bordel ibérique, lui qui devait tous les jours « lidiar » avec une Administration coutelinesque (si bien décrite par Larra au début du XIXe siècle) et qui a cru qu’avec la démocratie l’Espagne allait enfin changer. Tu parles !! C’est devenu bien plus fou qu’avant, la corruption et l’irresponsabilité se développant à une vitesse dingue. S’il avait vu que le nombre de fonctionnaires était passé de 600 000 en 1976 à 3’2 millions aujourd’hui (alors que la population n’a augmenté que de 10 millions de personnes) lui, si anti-franquiste (son père, maître d’école même pas de gauche, à été fusillé par des sauvages de la Falange dans les premiers jours de la guerre civile), il aurait presque regretté Franco.

      3. Avatar de Philippe MEONI
        Philippe MEONI

        @Pablo75
        D’ailleurs, combien de fois ai-je entendu le terme de « libertinaje » dans la bouche même de certains anciens… C’est dire même qu’une partie de la population Espagnole serait consciente et d’accord avec vos propos…
        Plaindre l’Espagne aujourd’hui, c’est plaindre le smicard Français, surrendetté pour avoir voulu s’offrir une Ferrari… On ne s’achète pas une Ferrari quand on gagne le smic… ça tombe sous le sens pour beaucoup d’entre nous, sauf dans l’esprit des Espagnols qui se foutent totalement des conséquences du moment que l’apparence reste sauve…

      4. Avatar de Ulla
        Ulla

        Non, d’autres pays ont aussi connu des bulles immobiliaires, comme c’est le cas de l’ Irlande, et les Etats-Unis et se retrouvent dans la même situation lamentable aujourd’hui, faut-il en déduire, qu’eux aussi sont peu sérieux?, je n’en sais rien mais ce que je sais c’est que le point commun de ses pays c’est que la Fed et la BCE ont maintenu pendant trop longtemps des taux d’intérêts trop bas pour la croissance de ses pays et que cela a fait exploser les prix et la spéculation, et dans tous les cas les banques ont été laxistes el les emprunteurs trop naïfs ou imprudents, mais encore plus en Irlande et aux Etats-Unis (voir subprimes). Alors l’eclatement de la bulle immobiliaire a provoqué une crise plus grave que dans les autres pays et la consommation s’est effondre, maintenant les médias préfèrent donner des conseils pour économiser.

      5. Avatar de yvan
        yvan

        Très juste, 3615.

        Peut-être faut-il voir par là le bétonnage de la Costa Brava et général à l’Espagne, pays de Bâtisseurs. Les Portugais ont aussi ce penchant, mon beau-fils portugais discute bâtiment en permanence avec moi. On s’ennuie en vacance…

        Maintenant, la comparaison est-elle vraiment fondée….???

        L’espagne, contrairement aux Anglo-saxons dont l’Irlande, n’a JAMAIS vraiment fait de politique du « tous proprio », que je sache…
        De plus, sa « croissance » ne s’est pas emballée autant que les autres cités…

        A priori, à moins que quelqu’un ait des arguments factuels, RIEN ne permet de dire que le phénomène de bulle immobilière ait les MEMES racines chez eux qu’en anglo-saxonnerie.
        (Ha que je vais ouvrir, dit jauni qui vient de se faire virer de Suisse….)

      6. Avatar de chris06
        chris06

        @Philippe MEONI,

        sur le laxisme ambiant, le cotilleo, le perder el tiempo, etc, je suis d’accord. J’ai vécu des expériences similaires.
        Mais tout de même :

        cette mentalité irresponsable à l’extrème…
        Ce qui arrive à l’Espagne aujourd’hui est mérité, et de sa seule culpabilité…

        Cela vous avance à quoi, ce genre de généralisations et d’affirmations péremptoires?
        Cela ne vous vient pas à l’esprit de nuancer votre propos pour qu’il gagne en exactitude?

        Plaindre l’Espagne aujourd’hui, c’est plaindre le smicard Français, surrendetté pour avoir voulu s’offrir une Ferrari…

        vous en connaissez beaucoup des smicards qui s’offrent une Ferrari? (mis à part ceux qui auraient eu la chance de gagner gros au loto, ceux qui ont des parents fortunés ou qui ont touché un héritage)

        @Pablo75,

        J’ai toute mon enfance et jeunesse entendu mon père se plaindre du bordel ibérique, lui qui devait tous les jours « lidiar » avec une Administration coutelinesque (si bien décrite par Larra au début du XIXe siècle)

        Je comprends mieux d’où sortent vos généralisations et votre jugement si peu nuancé sur l’Espagne actuelle

        S’il avait vu que le nombre de fonctionnaires était passé de 600 000 en 1976 à 3’2 millions aujourd’hui

        Et alors? c’est mauvais d’avoir 3,2 millions de fonctionnaires pour 45 millions d’habitants (7%)?
        NB : En France c’est 7 millions pour 60 millions (12%).

      7. Avatar de Pablo75
        Pablo75

        @ chris06

        Il y a un proverbe espagnol qui dit: « Tu ne vas pas apprendre à ton père à faire des gosses ». C’est pourtant ça que tu fais: tu essaies de m’apprendre à moi ce qu’est l’Espagne. Tu deviens ridicule et je commence à comprendre l’exaspération de Vigneron à ton égard. J’ai vécu 22 ans en Espagne, j’ai toute ma famille là-bas, dont 4 frères et soeurs avec qui je parle souvent (et qui travaillent dans l’immobilier, les assurances et la fiscalité des entreprises). Je travaille avec l’Espagne (il faudrait dire « je lutte contre ») depuis 30 ans (dans le milieu de l’édition), j’écris sur l’Espagne depuis 25 ans, je connais la littérature espagnole à fond (c’est une partie de mon métier), je lis la presse espagnole tous les jours, j’écoute la radio espagnole souvent, je vois même la TV espagnole de temps en temps. Et c’est toi qui va m’apprendre comment ils sont les Espagnols.

        Quant aux fonctionnaires ibériques, oui c’est mauvais d’avoir 3,2 millions de fonctionnaires qui ne travaillent pas ou travaillent au ralenti. La preuve? Tu connais, j’espère, l’existence des Gestorías, qui sont ces intermédiaires entre l’Administration et « le peuple » qui n’existent qu’en Espagne. Moi quand je suis arrivé en France et j’ai vu que si on écrivait à un organisme officiel il vous répondait, j’ai été effaré. Je n’avais jamais vu ça de ma vie.

        Évidemment je ne crois pas du tout que tu aies travaillé en Espagne 6 ans en créant « une petite entreprise de développement et de vente de licences dans le secteur de l’électronique grand public employant 20 personnes dont 15 espagnols ». Si c’était le cas tu serais aussi virulent sinon plus que Philippe Meoni (qui sait, lui, de quoi il parle). J’ai un beau-frère français qui, contre mon avis, il y a 3 ans il a installé dans la belle région de Valencia l’entreprise de cosmétiques bio qu’il avait en Bretagne. Aujourd’hui il se mord les doigts et n’en peut plus des Espagnols. Au départ il était comme toi, il croyait que j’exagérais sur l’Espagne. Maintenant, à moitié ruiné, il a compris.

    2. Avatar de edith
      edith

      A Sébastien

      Merci pour le sens à donner à votre phrase.

      Par ailleurs, je suis totalement d’accord avec vous : il n’y a aucune raison de critiquer la volonté des Espagnols de devenir propriétaires.

      La première des raisons étant que les mesures prises depuis 1996 ont fait chuter la dette publique, mettant ainsi l’Espagne au premier plan des pays prêts à répondre au défit Européen, et que depuis 2007, les voyants de l’économie étaient tous au vert.

      Dans ces conditions, pourquoi les Espagnols après s’être privés pendant tant d’années, auraient ils dû refuser de s’endetter comme l’ont fait les Français pendant les années 70, 80, 90.
      En effet, la force de vente des crédits immobiliers était basée sur ce concept : vous avez des emplois stables au regard de la situation économique, et les remboursements représentent le prix d’un loyer.

      Beaucoup de familles Françaises ont acquis leur logement dans ces conditions, malheureusement pour les Espagnols la crise financière est arrivée au moment le plus critique.

      A Pablo75

      Il serait sage de ne pas faire de quelques cas, une généralité.
      Vous donnez l’impression de vous en prendre à quelqu’un à terre 🙂

      1. Avatar de Pablo75
        Pablo75

        @ Edith

        Lisez mes réponses à Chris06 et à Philippe Meoni.

    3. Avatar de chris06
      chris06

      @Sebastien,

      La dette privée moindre en France et vite rattrapée par la dette publique supérieure à celle d’Espagne, alors franchement, évitons de jeter la première pierre…

      Non, l’Espagne bât, et de loin, le record de la zone euro pour son niveau d’endettement public+privé. Elle est deuxième en Europe, derrière le Royaume Uni.
      Lisez mes petites questions plus haut.

      Je pense qu’il faut des deux pour fabriquer un merdier si extraordinaire, beaucoup d’espagnols vraiment pas très sérieux, et des autorités politiques en collusion avec un secteur immobilier-construction-banque qui s’en sont mis plein les poches pendant les années de bonanza et se sont comportés comme de vrais irresponsables.

      En France on a les mêmes ingrédients bien sûr, mais à des doses moindres, d’où un merdier moins extraordinaire… Et en Allemagne à des doses homéopathiques!

  4. Avatar de anita
    anita

    700.000 maisons neuves (vides et fermés à clé pour touristes) = pour spéculer. C’est la bulle !

    « M. tout le monde » = constructeurs et banques. Les spéculateurs enrichis (et la municipalité avec les licences et la possible corruption incluse).

    Le système (capitaliste) fait « bulles dette » partout ! Elles éclatent toujours.
    Le problème le plus gros vient si le pays (ou une grand partie) n’a rien de plus que la bulle et si les jeunes sont pris au piège et n’ont d’autres connaissances … Toutefois, le pays est plein d’universitaires merci au travail de ces ouvriers endettés sans trop de tête et plus de bras.

    Je suis plutôt d’accord avec Sébastien

  5. Avatar de maman bobo

    Il parait que la bourse remonte, que le « tyran » de Tripoli a été chassé, que DSK a été blanchi, hourrah, le monde est sauvé!!!!

  6. Avatar de Pablo75
    Pablo75

    Pour ceux qui discutent sur le sérieux des Espagnols, une petite louche encore:

    L’aéroport de Huesca, ouvert il y a 4 ans et dans lequel travaillent 20 personnes, a été utilisé en Juillet par… 15 voyageurs !!!!

    http://www.lavanguardia.com/economia/20110823/54205630450/aena-mantiene-el-aeropuerto-de-huesca-pese-a-que-solo-acogio-a-15-viajeros-en-julio.html

    1. Avatar de hema
      hema

      Et il parait qu’il y a un projet d’aéroport international à Rodellar (Sierra de Guara) 🙂

      Ca, c’est de la décentralisation, c’est vrai qu’on est des rigolos à coté.

      Sans rire, je reviens de Rodellar justement et c’est magnifique, il y a bien (depuis 4 ans) une petite inflation de logements pour touristes en dur sans que je sois bien sur qu’il soient rempli plus de 10 jours par an, mais bon sang la nature est splendide et les espagnols trés trés sympas et inconsciemment décontractés loin de Madrid et de Barcelone.

      1. Avatar de Pablo75
        Pablo75

        « il parait qu’il y a un projet d’aéroport international à Rodellar »

        Je ne sais pas si tu blagues… parce qu’en Espagne tout est possible…

      2. Avatar de hema
        hema

        @pablo
        non c’est très sérieux , ils veulent combler les canyons avec du béton pour occuper les entreprises de travaux public en chômage technique, et à Rodellar, des canyons il y en a, ils ont du boulot pour au moins 20 ans. 🙂

    2. Avatar de Philippe MEONI
      Philippe MEONI

      Rebonjour Pablo75…
      Il serait dommage de ne pas citer le cas de l’AVE (le TGV Espagnol) dont voici ce qu’on dit de sa rentabilité :
      « Le gouvernement (Español) a investi 50 milliards en projets qui n’auront pas suffisament de passager pour l’entretien des lignes – Pendant que la France possède 113 millions de passagers, l’Espagne n’en compte que 16 millions. L’Espagne, avec un réseau de 2600 km, se convertit en le pays qui a le plus de kilomètres de voies ferrées grandes vitesse, devançant la France. »

      http://www.intereconomia.com/noticias-gaceta/economia/rentabilidad-del-ave-entredicho-20110130

      Et pendant ce temps, la liaison ferroviaire entre Zaragoza et Canfranc (Frontière française) compte un délai de plus de 4h pour effectuer un trajet de 178 km sur des voies non entretenues qui ne supportent pas une vitesse moyenne de plus de 40 km/h ! :

      http://www.heraldo.es/noticias/aragon/un_ferrocarril_via_lenta_anticuada.html

      J’espère que vos contradicteurs, par ce nouvel exemple, comprendront à quel point vous avez raison en parlant de l’absence de sérieux des Espagnols…

      Cordialement

      1. Avatar de Pablo75
        Pablo75

        @ Philippe Meoni

        J’ai déjà parlé ici plusieurs fois de la folie des infrastructures espagnoles (au moins 8 Mds € jetés à la poubelle). Le mois dernier j’avais donné quelques exemples:

        Dans la région de la Galice il y a une ligne de train utilisée par 250 voyageurs par an. La ligne de l’AVE entre Tolède, Albacete et Cuenca a été fermée le premier juillet parce qu’elle n’était utilisée que par 15 passagers par jour. À Huelva il y a un pont vers le Portugal que personne n’emprunte. L’aéroport de Ciudad Real (ville de 74 000 habitants située à 185 kms de Madrid), dont le coût de construction a été de 1,1 Mds €, est utilisé par 65 passagers par jour et le nombre baisse chaque mois – en 2010 la chute a été de 37 % par rapport à 2009. À Castellón de la Plana, ville située à 50 minutes des aéroports de Reus et de Valence, on a inauguré en mars dernier un autre aéroport, dont le fonctionnement coûtera entre 6 et 8 millions d’euros par an et pour lequel on n’a toujours pas sollicité les autorisations de vol.

        Etc, etc, etc

  7. Avatar de Fred
    Fred

    « l’Espage possédait une dette publique très faible avant que la crise ne l’atteigne (35 % de son PIB!) et même désormais, elle est bien plus faible que celle de n’importe quel autre grand pays européen, 62% contre les 90 % de la France ou de l’Allemagne, sans mentionner l’Italie, ni la Grande Bretagne où s’ajoute à la dette l’écroulement de la livre sterling »

    Si la livre sterling s’écroule, la dette devrait être plus facile à rembourser non ?
    D’ailleurs c’est la méthode de remboursement vers laquelle on s’oriente, la FED et la BCE monétisent les dettes US et européennes faute de croissance.

    1. Avatar de Pablo75
      Pablo75

      Je l’ai déjà dit ici plein de fois: les chiffres de la dette publique espagnole sont faux. Il y a des milliards de € de factures cachées sous les tapis ibériques. Les économistes les plus fiables parlent d’une dette qui serait entre 90 et 100 % du PIB. Et si on ajoute la privée, elle se situerait aux alentours de 400 %.

    2. Avatar de Sébastien
      Sébastien

      Désolé si ma phrase n’était pas claire.
      Je voulais dire qu’en plus d’une dette très élevée (que l’affaiblissement de la Livre a à peine allégé), la GB a vu sa devise s’effondrer, et donc sa richesse fondre. Deux choses différentes. Dire que sa dette est plus facile à rembourser désormais, grâce à cette livre très faible? Encore une fois, ça ne fait que décaler le problème, mais certainement pas le résoudre. On nous disait que ce serait bon pour les exportations britanniques, ce le fut durant un cours laps de temps, mais ça n’a pas duré.
      Je vous en prie Fred, j’imagine que vous lisez ce blog. Comprenez donc que toutes ces « bonnes vieilles méthodes », telle que la dévaluation pour rembourser la dette n’ont plus la moindre pertinence face à l’ampleur de l’implosion en cours.
      Relisez Paul, François Leclerc et les autres formidables contributeurs e ce blog. Les causes de cette crises et les pistes à emprunter sont pourtant assez claires. Mais certainement pas dans les bidouillages (tel le cas de la livre) qui ne font que déplacer, retarder le problème. Mais ne peuvent plus le résoudre, bien au contraire (ça ne fait que s’aggraver). La « méthode de remboursement » que vous évoquez « vers laquelle on s’oriente, la FED et la BCE » est tout aussi pertinente que les dires des « économistes les plus fiables » qu’évoque Pablo75 et qui remplissent les colonnes des principaux médias. La solution est ailleurs, mais elle requiert un tel courage politique que les relais sont rares chez nos dirigeants. Quoi que l’interview dans FO Hebdo et les autres interventions de ces derniers temps montrent que la coquille commence à se briser.

  8. Avatar de Fred
    Fred

    Cher Pablo,

    Je ne parle pas de la dette ibérique, je relève surtout le passage : « sans mentionner l’Italie, ni la Grande Bretagne où s’ajoute à la dette l’écroulement de la livre sterling»

    et je ne comprends pas le fait que l’on dise que la dette est élevée mais qu’en plus s’ajoute l’affaiblissement de la monnaie ce qui est plutôt une bonne chose pour rembourser une dette.

    Maintenant puisque vous en parlez, je suis intéressé de lire les commentaires et analyses des économistes dont vous parlez, avez vous des liens ?

    1. Avatar de Pablo75
      Pablo75

      J’en ai mis ici des centaines de liens sur la situation de l’Espagne, depuis deux ans…

  9. Avatar de Sébastien
    Sébastien

    Bien, maintenant que la tension est retombée, je peux apporter une dernière série de remarques.
    Tout le monde aura compris que Pablo75 considère, et c’est son droit, que les Espagnols sont d’indécrottables dépensiers. Des cigales, à l’opposé des vertueuses fourmis françaises. C’est dans leurs gènes, dans leur culture, dans l’essence même de leur mode de vie : il n’y a rien à faire. Étant donné que le problème des Américains, des Irlandais et des Britanniques est exactement le même, à savoir une surexposition des particuliers à des emprunts excessifs, doit-on en conclure que les Espagnols et les Anglo-Américains, c’est la même culture, le même comportement, la même façon d’être et de penser? Cela mérite des nuances. Certes, nous sommes tous des occidentaux avilis par le consumérisme. Mais bon, le « fossé » culturel séparant Français et Espagnols ne pourrait être plus grand que celui qui sépare les Français des Anglais…
    Il y a du vrai dans ce que dit Pablo75, le contraste était flagrant déjà au XVIIe siècle entre la noblesse Espagnole couverte de vêtements plus somptueux les uns que les autres, entourée de bijoux et décorations d’intérieur, alors qu’elle vivait dans la misère. À l’opposé des Pays-bas où les intérieurs étaient simples, les vêtements tout aussi sobres, mais où le niveau de vie était considérablement plus élevé. Malheureusement, c’est tous les occidentaux qui sont devenus « Espagnols » aujourd’hui. À différents degrés, certes, mais combien de Français modestes se sont endettés pour avoir un écran géant ou une superbe voiture? Le soucis, c’est que l’on a laissé se généraliser le vice matérialiste et consumériste, par emprunt interposé, plutôt que la vertu et la précaution. Tout l’occident est plus ou moins « Espagnol ». La question, c’est donc « La faute à qui? » La question qui suit doit être « Que faire pour y remédier? »
    Et encore une fois, je n’ai jamais dit que l’Espagne était un exemple en matière de gestion des collectivités et autres dysfonctionnements. J’ai même pris le soin de l’écrire noir sur blanc dans l’interview, mais ce n’était visiblement pas suffisant. Pablo75 doit se trainer une vieille rancœur contre laquelle aucun propos ne semble efficace. Comme pour le chômage, qui m’afflige, je ne nie pas le problème de la gestion des collectivité et l’ampleur des incohérences des structures locales (qui ont trop de pouvoir) en Espagne, mais je procède par ordre de gravité et par ordre de priorité. Or la priorité absolue, c’est de mettre un terme au holdup. Les sommes en jeu n’ont rien à voir. Nier cette évidence revient à dire que le problème d’un marchant qui se serait fait dévaliser sa caisse en fin de journée (laquelle était pleine à craquer) ce n’est pas le criminel qui vient de s’enfuir avec un copieux butin, mais le gamin qui avait volé une pomme dans la matinée. Enfin, il ne faut pas non plus oublier les scandales qui se multiplient en France au sujet de l’endettement des collectivités françaises et l’arnaque des emprunts et autres « lacements » pourris:
    http://alpes.france3.fr/info/region–dettes-toxiques-en-stock–70507624.html
    http://www.liberation.fr/politiques/01022361242-emprunts-toxiques-dexia-juge-inacceptable-l-article-de-liberation
    http://www.letelegramme.com/ig/generales/regions/bretagne/emprunts-toxiques-les-collectivites-locales-piegees-a-grande-echelle-22-09-2011-1438437.php
    http://www.ouest-france.fr/ofdernmin_-Emprunts-toxiques-un-casse-tete-pour-les-communes-du-Morbihan_40771-1991824-pere-bre_filDMA.Htm
    http://www.20minutes.fr/article/792078/les-banques-principales-responsables
    Si l’on suit un raisonnement basé sur les faits et non sur leur causes, on aura vite déduit que c’est la faute aux communes, départements, régions, etc, et qui ont mis en danger leurs comptes publics (c’est à dire notre argent). Mais, je préfère les liens de cause à effet pour expliquer le fonctionnement du monde (aussi bien la nature que les sciences humaines). C’est sincèrement plus efficace. Or, là, il est clair qu’il y a eu arnaque.
    Comme pour ces pauvres Espagnols. C’est une règle universelle : L’humain étant faillible (qu’il soit Irlandais, Espagnol ou maire d’une ville française), il est facile de lui faire croire qu’il pourra s’acheter ceci ou cela. Combien de foyers modestes ont fini ruinés aux USA et ailleurs car on leur avait fait miroiter une maison de rêve, soit disant à leur portée? Je me rappelle de ces affiches que bien des banques mettaient en valeur il y a quelques années vous promettant la Lune contre un emprunt. Comment cette opération suicide a-t-elle pu être tolérée? Comment est-il possible qu’aujourd’hui, ce soit aux Nations de payer pour cette aberration, dans un véritable holdup généralisé. La piste du Glass-Steagall doit nous amener à aller au-delà, comme le décrit très clairement Paul Jorion dans son interview pour FO Hebdo :
    FOH : « Pour solutionner la crise autour des dettes publiques, vous être plutôt partisan de solutions fortes ? »

    PJ : « Il faut nationaliser tout le secteur bancaire et supprimer au sein de ce secteur toute la partie qui pompe simplement l’énergie du système dans son ensemble. Il y a des gens qui parlent de réintroduire le Glass-Steagall Act (NDR : promu en 1933, suite à la crise de 29, il a été supprimé en 1999) qui se contentait de séparer les activités de pari sur les fluctuations de prix des autres activités plus traditionnelles comme l’intermédiation, c’est-à-dire la mise en présence des emprunteurs et des prêteurs, l’activité assurantielle, etc. Pour moi c’est une mesure toute à fait insuffisante, il faut interdire la spéculation comme au XIX ème siècle. Séparer les deux activités n’interdit absolument pas toute cette activité délétère qui est extrêmement dangereuse pour l’ensemble du système puisque par définition elle introduit du risque systémique, c’est-à-dire de la fragilité à l’intérieur du système tout entier. »

    Tirer sur les Grecs, les Espagnols, les Américains (ou les Français comme le font désormais bien des médias de la planète) ne fait que dévier le débat.

    1. Avatar de Sébastien
      Sébastien

      Désolé, mais j’ai très mal tourné les phrases d’un paragraphe qui, par conséquent, est très confus.
      Il s’agit du paragraphe situé après les liens Internet. Le voici après correction:
      « Si l’on devait suivre un raisonnement basé sur les simples faits et non sur leur causes, on en déduirait que c’est la faute aux communes, départements, régions, etc, qui ont mis en danger leurs comptes publics (c’est à dire notre argent). Mais personnellement, je préfère les liens de cause à effet pour expliquer le fonctionnement du monde (aussi bien les sciences humaines que la nature). C’est sincèrement plus efficace. Or là, il est clair qu’il y a eu arnaque. Les collectivités (comme les Espagnols et des millions de personnes à travers le monde, en particuliers dans nos pays) se sont fait rouler. »

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