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Le risque existentiel le plus menaçant et le plus imminent est le phénomène de changement climatique dont la responsabilité humaine ne fait aujourd’hui plus de doute. La Terre se réchauffe à un rythme sans précédent dans son histoire. Le phénomène est maintenant bien connu. Certains gaz sont dits à « effet de serre » : l’énergie émise par le soleil, au lieu d’être « réfléchie » par la Terre et renvoyée vers l’espace, est capturée par l’épaisse « couverture » atmosphérique. Les gaz à effet de serre (GES) comprennent la vapeur d’eau, le dioxyde de carbone, le méthane, l’oxyde d’azote et l’ozone. C’est là un phénomène naturel : sans les gaz à effet de serre, la température moyenne de la surface de la Terre serait de -18°C, et non de 15°C comme c’est le cas actuellement. Mais l’évolution actuelle de l’état-de-choses, elle, n’est pas dans les normes de ce que nous avons pu observer ces dernières centaines de milliers d’années.
L’activité humaine émet des quantités considérables de dioxyde de carbone, mais aussi de méthane : ces gaz se retrouvent dans l’atmosphère dans des proportions anormalement élevées. Depuis des centaines de milliers d’années, la concentration de CO2 dans l’atmosphère était naturellement stable et oscillait entre 180 parties par million (ppm) dans les périodes glaciaires et 290 ppm dans les périodes interglaciaires comme actuellement. Ces variations ont toujours été très lentes. Mais en l’espace d’un siècle, cette concentration a doublé, dépassant les 400 ppm en 2013, un niveau jamais atteint depuis un million d’années. Alors que la concentration en méthane semble se stabiliser, celle du CO2 augmente à un rythme moyen de 2 ppm par an.
Selon le Rapport spécial, réchauffement à 1,5°C (octobre 2018) du Groupe Intergouvernemental d’expert du climat (GIEC), jusqu’à aujourd’hui, les émissions générées par les activités humaines depuis la révolution industrielle ont entraîné un réchauffement de 1,0°C. Si ces émissions continuent à la vitesse actuelle, nous atteindrons certainement 1,5°C de réchauffement vers 2040 et 2°C vers 2060.
L’émission de CO2 provient principalement de la combustion des énergies fossiles qui nous servent dans tous les aspects de notre vie : fournir de l’électricité pour nos appareils électroniques, se chauffer, se déplacer, s’alimenter,… nous sommes dépendants à titre individuel aux énergies fossiles. Mais elles ne sont pas la seule cause d’émission de CO2, la déforestation de l’Amazonie par exemple, pour en faire des champs cultivables ou élever du bétail en est une autre source importante. Mais aussi, le dégel dû au réchauffement climatique de certaines régions du monde, relâche du CO2 et du méthane. Et tous les organismes vivants, les animaux comme les plantes, émettent du CO2.
On pourrait dire qu’une augmentation de la température à la surface de la Terre de 1°C est quasiment imperceptible au jour le jour : il semble faire toujours froid en hivers et chaud en été. Mais une augmentation moyenne de la température du globe de 1°C ne signifie pas que la température ait augmenté partout et en toutes circonstances de 1°C.
Les variations climatiques ne se répartissent pas de manière égale à la surface du globe : alors que certaines régions se réchauffent en moyenne de plus de 2,5°C comme certaines zones polaires, d’autres observent des chutes de température de l’ordre de -0,6°C comme près du Labrador dans l’Atlantique Nord. Ces différences conduisent à aggraver les nécessités de « rééquilibrage » de la température et favorisent d’autant plus les événements climatiques violents. Les catastrophes dites « naturelles » se multiplient et leur coût va en augmentant. Selon J.-M. Valantin (Géopolitique d’une planète déréglée, Seuil, 2017), aux États-Unis, le coût moyen est passé de 3 milliards de dollars par an durant les années 1980 à 20 Mds pendant la première décennie de XXIe siècle, puis à plus de 40 Mds à partir de 2011-2012 . On note qu’en 2017, le cyclone Harvey a fait plus de 200 Mds de dégâts matériels sans compter le nombre de morts et de disparus.
D’autre part, le dérèglement climatique se manifeste avant tout par la multiplication des vagues de chaleurs. Le 25 juillet 2019, Paris a battu son record absolu de chaleur avec 42,6°C relevé à Paris-Montsouris dans l’après-midi, du jamais vu tous mois confondus depuis le début des relevés météorologiques. Pour ce qui est du cercle polaire, c’est d’autant plus inquiétant : le mercure a atteint 21°C en juillet 2019 à Alert, dans l’Arctique canadien à moins de 900 km du pôle Nord.
Liée en partie au dérèglement climatique, la perte en biodiversité ces dernières années est phénoménale. On estime que, depuis 1970, les populations de vertébrés sauvages ont perdu 58% de leurs effectifs. Pour ce qui est des insectes volants, 75% de ces populations ont disparu en moins de trente ans. D’après le rapport publié en mai 2019 de la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), le « GIEC de la biodiversité », parmi les 8 millions d’espèces animales répertoriées, jusqu’à 1 million seraient menacées d’extinction, dont 40% des amphibiens, 33% des mammifères marins, 19% des reptiles et 13,5% des oiseaux. Le taux actuel de disparition des espèces est des dizaines ou des centaines de fois supérieure à la moyenne des 10 derniers millions d’années, faisant de la période actuelle la sixième extinction de masse de l’histoire du vivant.
Le rapport précise que plus d’un demi-million d’espèce terrestres peuvent déjà être considérées comme des « espèces mortes ambulantes » si leurs habitats ne sont pas restaurés. Cela dénote bien que la cause principale de cet effondrement est la dégradation des milieux de vie de ces espèces : 75% des milieux terrestres sont « altérés de façon significative », 66% des milieux marins subissent « de plus en plus d’impacts cumulatifs », et plus de 85% des zones humides « ont été perdues ».
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