Grand entretien avec Thibault Fajal (III) La rébellion devant l’extinction

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TF : Que pensez-vous des mobilisations pour le climat et en particulier, d’Extinction Rebellion ?

PJ : Ce qui m’a paru le plus révélateur ces jours derniers c’est le fait qu’aux États-Unis et au Royaume-Uni, le mouvement XR a été classé comme mouvement terroriste en très mauvaise compagnie à côté de mouvements néo-nazis, djihadistes etc. Il ne s’agit pas là de l’évaluation du danger réel qu’il représente mais d’une évaluation du fait que les gouvernements savent que ce type d’opposition va se développer  en raison de leur propre incurie, de leur incapacité à faire que les problèmes qui se posent, ceux sur lesquels met l’accent un mouvement comme XR, soient pris en considération.

Dans une situation où nos gouvernements se posent en « gens raisonnables » – bien qu’ils soient campés dans une inaction crasse,  confrontés à des « gens déraisonnables », il ne reste plus qu’une stratégie possible : celle de la désobéissance civile. Elle fait exploser le cadre de l’inaction gouvernementale.

Le danger, on l’a vu récemment, ne vient pas du côté des rebelles, mais des gouvernements de plus en plus apeurés, recourant à une répression de plus en plus dure. Il y a là un baromètre.

De quoi nos gouvernements ont-ils peur ? De mouvements ayant abandonné les formes classiques de protestation, comme la manifestation que l’on peut disperser, gazer, piéger dans des nasses, pour des interventions de type ponctuel, spectaculaires, comme le flash-mob, etc. Le mouvement de contestation de la réforme des retraites commence d’ailleurs à s’inspirer de tactiques du type de celles de XR.

TF : Que pensez-vous de Roger Hallam, que certains cherchent à discréditer ?

PJ : Il y a une spontanéité dans ces mouvements qui minimise la nécessité de leaders charismatiques. Ceux qui se joignent à ces mouvements, c’est par une réaction viscérale comme ce fut le cas pour Greta Thunberg : une indignation tout à fait spontanée. C’est ce qui fait que ce type de mouvement débordera à tout instant ses dirigeants. C’est une chose évidente et cela a déjà existé, voyez les jeunes nihilistes russes à la fin du XIXe siècle. Et plus tard, le mouvement « Flower Power » né à San Francisco dans les années 1965. Et en remontant plus haut encore, du côté de la désobéissance civile, il y a les Quakers anglais puis américains. Et les Transcendantalistes, dont Thoreau, théoricien de la désobéissance civile. Il y a une longue tradition de mouvements de type XR  dans le monde anglo-saxon, née dans des groupes de Protestants radicaux.

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  1. @GmM, Qu’est-ce que vous appelez confusionnisme? Quant à vos « élucubrations » je me disais que ça sonnait comme une réflexion sur…

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