Le temps qu’il fait le 14 août 2020 – Retranscription

Retranscription de Le temps qu’il fait le 14 août 2020.

Bonjour, nous sommes le vendredi 14 août 2020. Comme je vais parler de différentes choses, je vais donner à cette vidéo le titre que je leur donnais autrefois, « Le temps qu’il fait », « Le temps qu’il fait le 14 août 2020 ». D’ailleurs, je les faisais le vendredi donc, ça tombe très bien.

Je vais parler de 3 choses. Je vais parler de la mort de Stiegler. Je vais parler du coronavirus et je vais parler des Etats-Unis.

J’ai appris la mort de Bernard Stiegler, c’était il y a exactement une semaine. C’était le 7, mort qui avait eu lieu le jour d’avant. Et vous avez réagi avec émotion. Il y a de très beaux messages de votre part. Il y en a aussi de très beaux que j’ai reçus par mail avec des choses, je dirais, comment dire, trop intimes, trop liées à des expériences personnelles de l’avoir connu et, voilà, des incidents dans lesquels on s’est trouvés et où il est toujours apparu, je dirais, sous son meilleur jour. Il y a eu aussi quelques notes discordantes. J’ai eu deux messages de gens qui m’ont écrit : « Comment osez-vous ? », l’un prétendant parler au nom de la famille, l’autre prétendant parler au nom des « vrais » amis de Bernard Stiegler. On peut toujours trouver assez facilement qui sont les gens qui vous écrivent de nos jours, surtout quand on a fait un peu d’informatique. Voilà, ce sont des gens que Bernard connaissait très vaguement. Je suppose que ce genre de réaction est lié au fait que ce sont des gens qui auraient préféré, qui auraient aimé être reconnus davantage par Bernard Stiegler et qui, du coup, parlent « au nom de sa famille » – je suis en contact avec sa famille, il n’y a pas de souci, au contraire. J’ai reçu des lettres, justement, très aimables de certains de ses amis. Il n’y a pas de malentendu.

Ceci dit, le fait est que je n’ai pas réfléchi. Je ne me suis pas dit : « Tiens, je vais faire une vidéo tout à l’heure et je parlerai de ceci ou ça », vous avez dû le voir, c’est comme je fais souvent : j’ai dit ce que j’avais sur le cœur et je l’ai dit immédiatement. J’avais dit, un jour : « Dans une ou deux semaines, je rassemblerai les témoignages ». Je ferai ça. Je ferai un blog, un blog avec les témoignages. J’avais fait ça pour un ami autrefois, à moi. Je suis revenu des Etats-Unis et on m’a dit qu’il était mort, voilà. Personne n’avait pris la peine de me le dire parmi les gens qui ont connu sa mort et, du coup, j’ai reconstitué la date de sa mor, j’ai mis ensemble des photos, des photos de lui, Georges Miedzianagora, et puis, et puis les gens sont venus. A ce moment-là, les gens sont venus donc il y a des témoignages qui couvrent peut-être une dizaine d’années. On va faire ça, on va faire pareil avec Bernard. Voilà.

Coronavirus. Coronavirus. Eh bien, vous vous en souvenez, je n’ai pas fait de prophétie sur le coronavirus. Ce n’est pas mon domaine du tout. Quand j’ai parlé des subprimes et que j’ai dit qu’il allait y avoir une catastrophe liée à ça, je pouvais vous donner tous les chiffres. J’avais des copains qui travaillaient dans d’autres établissements subprimes que celui où je me suis retrouvé et ainsi de suite. Je pouvais documenter ça. Alors, quand j’ai dit, à la fin du confinement, quand j’ai dit : « Moi, j’ai l’impression qu’on va avoir quelque chose du côté du 15 août », je vais vous le dire, c’était au pifomètre en combinant simplement deux choses : ce qu’on avait pu voir de la première vague, c’est-à-dire comment ça se répand, quel est le mécanisme, R0, enfin bon tous ces petits machins-là et puis le fait qu’on allait interrompre le confinement et que, non seulement, on allait l’interrompre mais on allait laisser les gens partir sur les routes et dans des lieux de vacances, etc., etc. Donc, quand j’ai dit 15 août, c’était, voilà, c’était intuitif comme on dit, c’était intuitif. Comme toujours, ça peut être intuitif à partir de rien, c’est-à-dire que les gens disent : « C’est mon intuition » et ils n’ont aucune information sur le sujet. C’est le cas d’un certain M. Trump aux Etats-Unis. Et puis, il peut y avoir une intuition plus ou moins, quand même, informée mais ceci dit, je ne suis pas biologiste. Je ne suis pas virologue. J’ai pas fait de calculs. C’est vraiment deux impressions combinées à partir, quand même, d’une expérience d’avoir été un mathématicien appliqué toute ma vie donc c’est pas tout à fait à partir de zéro.

Donc, j’avais dit vers le 15 août, ça paraissait, voilà, raisonnable. Ça ne paraissait pas raisonnable pour ceux qui, à partir de leur science infuse, disaient, disent toujours peut-être si ça se trouve, qu’il n’y aura pas de seconde vague. Et là, quand j’ai commencé à dire : « Vers le 15 août » en commençant ma phrase en disant : « Sachant que les mêmes causes produisent les mêmes effets ». Mais alors, les gens qui, voilà, veulent disqualifier ça disent : « Oui, mais le virus a sans doute muté » comme si un virus qui mutait ne pouvait pas muter aussi en devenant plus virulent qu’il ne l’était déjà.

Alors, ça ne va pas être génial d’une certaine manière. On a vu dans le pays. Dans le pays, les gens se sont dits : « Bon, allez, on prend sa respiration. On va le faire. On nous demande de le faire. C’est une bonne chose et on le fait » mais l’idée, c’était quand même que ça allait être un truc exceptionnel. On le faisait parce que, faire ça une fois, c’est pas très très grave. Quand on va voir qu’il faut le faire une seconde fois, on le fera probablement, parce qu’on attendra trop longtemps cette fois-ci et aussi qu’on s’est mis en situation où, quand ça démarrera, ça risque de démarrer de manière explosive tellement il y a eu de contacts entre les gens, ça risque d’aller très vite et on risque de se retrouver très rapidement avec les hôpitaux encombrés, pas assez de lits, etc.

Quand j’ai vu au mois de juin, au mois de juillet : « Ah oui, mais ça va être dur parce qu’on a déjà démonté tous les dispositifs provisoires. On a déjà abattu les cloisons en plâtre. On a déjà démonté tous les lits, etc. » On a déconfiné un jour et vous pouvez être sûr, le lendemain, le jour du déconfinement, on a commencé à démonter tout le matériel de campagne qu’on avait mis s’il y avait des cas en surplus, si ça débordait et s’il fallait organiser quelque chose. On l’a démonté tout de suite alors que tout le monde a dit : « Ce n’est pas une grippette, c’est une super-grippe ». Et comme toute grippe ou super-grippe, ça va revenir à l’automne.

Alors qu’au mois de mai, on ne pense pas au fait que l’automne, c’est au mois de septembre… (ça fait quoi ? juin, juillet, août, septembre), que c’est 4 mois plus tard ? Bon, parfois, c’était dans des gymnases alors, on s’est dit : « On va rouvrir le gymnase ». En fait, on n’a pas rouvert le gymnase bien entendu parce qu’on n’est pas complètement débiles.

Donc, on va être encore moins bien préparés que la première fois parce que, la première fois, on a dit : « Oui, on n’a pas réagi comme il fallait », mais on a quand même entendu à partir de janvier qu’il se passait des choses en Chine. On savait que ça pouvait déborder, etc.

Cette fois-ci, à l’automne, ça risque… L’expérience de la grippe espagnole, je crois, va se produire. J’avais dit ça tout de suite. J’avais regardé la courbe de la grippe espagnole et j’ai vu tout de suite qu’il y avait eu une première vague qui était déjà solide et puis que la deuxième, c’était quoi, c’était deux fois plus haute, trois fois plus haute ? Il faudrait regarder de nouveau le graphique.

Les gens ont dû raisonner de la même manière ou alors, ils ont dû se dire : « Comme on vient d’avoir la guerre, on ne va pas quand même avoir une catastrophe, une deuxième catastrophe tout de suite ? » avec tous ces raisonnements que j’ai appelés le fameux « principe du Père Noël » de Lacan. Evidemment, il fallait évidemment un psychanalyste qui vous rappelle ça, qu’on croit toujours que tout va s’arranger et que ça va s’arranger tout de suite, et que ça va s’arranger toujours pour le mieux. C’est formidable ! Je suis sûr qu’on ne serait pas là (notre espèce), en ce moment, si on avait été beaucoup plus lucides que ça autrefois. On peut se payer le luxe d’être lucides maintenant parce qu’on gère quand même pas mal de difficultés autour de nous mais, autrefois, il valait mieux effectivement – ça, j’en ai parlé hier – faire une procession en espérant que ça marche.

J’en ai parlé hier parce que j’ai été invité donc pour la Toussaint, le 1er novembre, dans une vieille organisation, Le Secours Mutuel Saint Roch. J’ai expliqué, je trouve ça formidable quand ce sont des organisations comme ça qui m’invitent, une des premières mutuelles au sens le plus ancien de caisse commune pour aider au sein des communautés. Celle-là date de 1860 quelque chose et donc, se trouve dans l’Aude, pas très loin de Carcassonne.

Donc, ça, c’est pour le Covid. Il va falloir attacher sa ceinture. Ça ne va pas être facile. C’était déjà pas facile la première fois. Ça va être encore plus dur la seconde d’abord parce qu’on sait ce que c’est et que, l’autre fois, on découvrait un petit peu en cours de route comment ça marchait ce truc et que c’était pas sympa du tout. Et là, il va y avoir la déprime en plus. Au début, il y a des gens qui ont déprimé parce qu’ils étaient claustrophobes, ou parce que ça durait, parce qu’ils étaient coupés de tout lien avec l’extérieur, voilà, parce qu’ils avaient souvent une relation amoureuse avec quelqu’un qui n’était pas là. Cette fois-ci, quand ça va se passer, d’abord, ce n’était pas la première fois et puis, surtout, on se souviendra, on sait à quoi on s’expose. Et au printemps, c’était encore une chose mais à l’automne, ça va en être une autre. Et à l’hiver, ça va encore en être une autre surtout qu’on est dans un climat dont on commence à admettre qu’il est en train de se dérégler complètement. En principe, je vais chez une cousine à la fin du mois. Voilà, ça va être ma petite sortie. Je vais avec ma sœur chez une cousine et elle a envoyé des vidéos hier de l’orage qu’il y avait eu. Et il ne reste plus rien. Alors, ça va être quand même sympa de voir la cousine et le cousin mais pour ce qui est d’être assis dans un beau jardin, là, on peut repasser. C’est la dévastation. Elle a envoyé des photos où tout est couvert de 2 cm, 3 cm de grêlons et la terre était sèche. L’herbe était brûlée aussi. Et là où c’était en pente dans le jardin, c’est parti. C’est parti avec l’eau qui venait. Ouais, c’est la Somme en 1915. Il ne faut pas rire de la guerre de 14 mais je veux dire, c’est un paysage de dévastation, et ça, donc, ça aussi on va avoir. On a déjà des surprises. Je l’ai déjà dit l’année dernière : quand on aura 3 canicules sur un été, on va commencer à trouver qu’il fait vraiment très chaud. Plus les endroits où il y a des températures qu’on n’a jamais vues. Chaque année, on bat des records, maintenant, de températures : 30°C au-dessus du cercle arctique et des machins comme ça.

Bon, allez, je passe à un truc maintenant qui va nous remettre de bonne humeur, à l’Amérique sous Trump, qui se prépare à des élections. Alors là, c’est-à-dire que, en plus, on va avoir un climat international qui va être complètement déboussolé par le fait que ce type perd les pédales et il perd ses pédales à très juste titre. Quand je dis à très juste titre je suis en train de terminer le manuscrit du deuxième volume de mes aventures de M. Trump, le tome 2. Le premier tome, il se terminait à la fin, à peu près, de sa première année de règne mais celui-ci, ça va être de là jusqu’à maintenant et ce qu’on voit surtout, c’est ce type accumuler en cours de route… Et là, je dirais, c’est peut-être un peu ma valeur ajoutée parce qu’on fait le décompte au fur et à mesure, et ça j’étais à peu près le seul à le faire. Maintenant, les Américains commencent à faire ça depuis une semaine ou deux. Tous les trucs qui passaient. Quand on a inculpé des gens qui travaillent à l’espionnage et au contre-espionnage en Russie en disant qu’ils avaient fait des ingérences dans la politique américaine et que je dis : « Il est écrit, là, en filigrane ‘M. Trump, haute trahison’ », personne n’en parle. Bon, évidemment, c’est en filigrane. C’est avec des trucs comme « Suspect n° 1 », « Individu n° 3 » et tout ça. Il faut lire qu’il s’agit de M. Trump et on accumule des trucs sur les infractions aux lois sur les campagnes électorales, etc. Ça s’accumule. Quand il aura atteint l’arrivée : les élections de novembre, il y a des dossiers qui sont prêts avec des centaines d’années de prison pour lui. Aussi, ceux qui voudraient encore, disons, pousser sur le bouton du siège éjectable tant qu’il en est encore temps, il faut qu’ils le fassent maintenant.

C’était ça, d’une certaine manière, l’avertissement donné dans les mémoires de John Bolton dont j’ai dit que le but, essentiellement, c’était deux choses : 1° dire : « Il existe un courant qui constitue une alternative dans le Parti républicain à celui que représente Trump, c’est celui que je représente, moi Bolton, les néoconservateurs », 2° l’autre, c’est dire : « Ecoutez, je vide mon sac parce que, moi, j’ai pas envie de faire de la prison ». Et là, je l’ai dit, il donne des noms, Bolton, dans son bouquin. Il dit : « Ceux-là, écoutez, ils ont fait de leur mieux, etc. et ceux-là, on ne peut vraiment pas dire qu’ils aient fait de leur mieux et ceux-là, ils sont mouillés jusqu’au cou ». Et là, bon, qu’est-ce qu’il dit ? Rudy Giuliani, l’avocat de Trump, ancien maire de New York, William Barr, son ministre de la Justice et Mike Pompeo, son ministre des Affaires Etrangères, encore que, pour Pompeo, parfois, il lui donne des circonstances atténuantes sur ceci ou sur cela.

Et le bouquin de Michaël Cohen de l’avocat de Trump. Il a publié la préface du livre et, là, dans la préface, il dit : « Vous savez, c’est encore pire. Vous allez voir, c’est encore bien pire que ce qu’on peut imaginer » et il dit : « Il n’y a plus de squelette dans les placards parce que les squelettes, c’était moi qui allait les enterrer dans le jardin », l’air de dire : « Je suis bien placé pour vous parler des squelettes, c’était moi l’homme de main ». Alors, lui aussi, il a été condamné à de la prison mais il voudrait que ça cesse pour commencer et il voudrait qu’à l’arrivée – et je l’ai dit tout de suite, ça a été la tactique de son avocat, ça, c’était clair, son avocat qui le faisait rencontrer le Révérend Al Sharpton une figure d’extrême-gauche dans le mouvement des Afro-américains. Bon, ce gars-là, il essaye, voilà, de dire qu’il y a eu une rédemption et qu’il est passé du bon côté. C’était déjà clair au moment de son procès.

Ce sera dans mon bouquin, deuxième volume, sa déclaration préliminaire et sa déclaration finale, à Michael Cohen. Et c’est pas parce qu’il va faire un bouquin qui sort demain, c’est dans le manuscrit depuis très longtemps et il y a des billets là-dessus sur le blog.

Qu’est-ce que ça veut dire, le fait qu’il y ait des dossiers hauts comme ça sur Trump ? C’est que le gars, même s’il voulait quitter le pouvoir, il ne peut pas, donc il va faire tout ce qu’il pourra pour ne pas devoir quitter le pouvoir.

Il y a des choses très curieuses, par exemple que, dès le départ de sa présidence, il s’en prend au service postal. Ça paraissait très très bizarre qu’il attaque le service postal dès le premier jour. Mais maintenant, on comprend le but de la manoeuvre : cela visait à remettre en question tous les votes qui viendraient par courrier. Et là, il ne pouvait pas savoir d’avance le coronavirus à moins que, bien entendu, ce soit lui qui… dans le fameux laboratoire secret en Chine, etc. (je ne dois pas dire ça parce que je ne peux pas mettre des émojis quand je dis ça dans une vidéo : je peux juste rigoler au moment où je le dis). Non, il ne pouvait pas le savoir mais ce qu’il savait dès le départ, c’est que c’est en général des Démocrates ou dans les états Démocrates qu’on vote par correspondance. Pourquoi ? Parce que ce sont des états très urbanisés. C’est dans les villes qu’on est plutôt de gauche et pas dans les campagnes. Et ça, là, il n’est pas assez malin, Trump, pour y avoir pensé 4 ans à l’avance mais son conseiller spécial, M. Steve Bannon, le fédérateur de toutes les extrêmes-droites dans le monde – ce n’est pas une insulte que je lui adresse : c’est ce qu’il essaye de faire et il en est très fier – M. Steve Bannon, lui, est assez malin pour avoir pensé à ça. C’est un joueur d’échecs avec 14 coups d’avance et l’idée est probablement de lui, de Steve Bannon. On entendra encore parler de ce type parce que, même si Trump finissait par disparaître, M. Bannon, c’est un type très intelligent. Michael Wolff l’avait compris en en faisant, dans le premier livre qui essayait de descendre Trump, Fire and Fury, Michael Wolff l’avait compris et avait pris Steve Bannon comme son principal informateur. Et ce qu’on avait vu là, c’est que Bannon se disait assez rapidement que Trump n’était pas assez malin pour être la personne qui mettrait en acte le coup d’État suprémaciste blanc qui est son truc à lui. Donc, même si Trump disparait de l’horizon, Steve Bannon risque d’être toujours là et d’être aussi machiavélique et dangereux.

Alors voilà, donc, il reste quoi, 90 jours ? Durant ces 90 jours, il faudra faire attention et j’espère – il y a des allusions qui y sont faites – qu’il y a quand même des militaires qui se réunissent en ce moment et qui doivent se coordonner. C’est un type qui ne partira pas de lui-même : il faudra le sortir de la Maison Blanche. Il ne voudra pas en partir. Il essayera tout. Il fera appel à ses milices privées. Il essayera d’utiliser tous les pouvoirs dont il dispose au niveau de l’État, comme il l’a déjà fait en constituant des espèces de brigades improvisées de CRS avec des gens à lui qu’il envoyait en particulier dans l’État d’Oregon, à Portland. Il va absolument tout essayer. Il va pas se cacher comme il l’a fait, c’était quoi, avant-hier, les Démocrates demandent de l’argent pour qu’on colmate un peu le système postal, les choses qui empêcheraient qu’on vote.  Il a dit : « Vous voyez bien ce qu’ils font, les Démocrates : c’est pour permettre à des gens de voter ! ».

Ce qui veut dire que ça ne le dérange pas du tout de dire : « Je bloque ça parce que ça permettrait aux gens de voter ». Il ne s’est jamais adressé à la nation toute entière. Il s’est toujours adressé à sa base, aux 30 à 40 % de gens qui trouvent qu’il est un président formidable. Ça, c’est peut-être aussi un truc qui lui a été soufflé par Bannon : « Tu ne disposeras jamais d’une majorité dans le pays, aussi,  adresse-toi à ta base. Cultive-la. Ce sont des gens surarmés. On aura peut-être besoin d’eux un jour et on n’aura peut-être pas besoin qu’ils constituent une majorité d’une manière ou d’une autre », c’est-à-dire dans une perspective séditieuse de coup d’État, organisée depuis le départ.

Donc, ce ne sera pas beau à voir, les 90 jours qui restent.

Qu’est-ce qu’il va encore essayer de sortir de son chapeau ? Il est quand même un peu sur la défensive. Il commence à attaquer Fox News, la chaîne d’information qui a toujours été de son côté, mais Fox News observe ce qui est en train de se passer et comme ils ont envie de garder des téléspectateurs quoi qu’il arrive, ils prennent leurs distances. Hier, il a commencé à s’en prendre à son ministre de la Justice, William Barr. Il suspecte sans doute que Barr fasse peut-être comme Bolton, à savoir dire, dans les derniers jours : « Écoutez, moi, je suis quand même un démocrate dans l’âme… ». Est-on dans une phase où, lui Trump, va recourir de plus en plus systématiquement à ses prérogatives comme des executive orders, procéder par décret, et où les rats vont eux commencer à quitter le navire ? C’est difficile à dire et là, je ne ferai aucun pronostic : là, on est vraiment dans l’une de ces zones de bifurcation de l’Histoire.

Si vous connaissez un peu la mécanique quantique, vous savez aussi que dans les mondes parallèles, tous les scénarios vont se dispatcher et notre problème à nous, c’est simplement de savoir dans quel monde on va se retrouver à l’arrivée. C’est des choses dont j’ai déjà parlé en rigolant mais le fait est – là, je dis quelque chose de sérieux – que parmi les théories d’interprétation de la mécanique quantique – et là, c’est pas un truc que je ne connais pas du tout, c’est un truc que j’ai vraiment bien étudié pendant des années, l’histoire de la mécanique quantique en particulier et je suis reconnaissant à Michel Bitbol qui, lui, est un vrai spécialiste de considérer que je n’ai pas dit de bêtises de ce côté-là jusqu’ici – parmi les théories des interprétations de la mécanique quantique, la plus vraisemblable, je vais dire, d’un point de vue physique, on ne peut pas la tester bien entendu, mais du point de vue, je dirais, du moins d’incohérences dans le modèle, c’est quand même celle des mondes parallèles, c’est-à-dire de mondes qui divergent en permanence et où le problème est simplement de savoir qu’il y a des coexistants, des gens qui vivent ensemble et qui vont continuer à être embarqués dans un monde particulier qui est le nôtre. Voilà, dans l’ensemble des mondes co-possibles comme dit Leibniz, c’est le seul, à mon avis, qui ait vraiment déjà conceptualisé cette histoire de mondes parallèles avant même qu’on parle de physique de ce côté-là. Bon, c’était un grand physicien mais avant qu’on parle de ça, il avait déjà vu qu’on pouvait réfléchir comme ça et c’est ça qui l’avait conduit à dire qu’on vivait dans « le meilleur des mondes possible » : c’était à partir d’une représentation de mondes parallèles éventuellement contradictoires et à envisager du coup les choses qui sont compatibles entre elles : les compossibles.

Bon, allez, je termine là-dessus. En fait, voilà, je parle de métaphysique et donc, je suis quand même tombé sur quelque chose de plus optimiste, peut-être pas optimiste par rapport à la vie de tous les jours mais qui met les choses en perspective. Nous sommes dans un très grand univers. On ne comprend pas encore grand-chose de comment ça marche et il y a des tas de possibilités, des tas de choses qui peuvent se produire. Il faut qu’on essaye d’être actifs dans le monde parce que, là, on peut quand même pousser chacun dans la bonne direction, d’un monde où c’est vivable.

Allez, à bientôt !

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