« C’est encore pire que ce que vous imaginez ! », le 8 octobre 2020 – Retranscription

Retranscription de « C’est encore pire que ce que vous imaginez ! », le 8 octobre 2020.

Bonjour, nous sommes le jeudi 8 octobre 2020 et aujourd’hui, j’espère en vitesse, une petite vidéo sur le sujet : « C’est encore pire que ce que vous imaginez ! ».

Alors, pourquoi ça ? Parce que j’ai des conversations, et une pas plus tard qu’il y a 10 minutes, avec des gens qui me disent par exemple : « Vous avez vu Trump et les mafias, la mafia russe et la mafia italienne, etc. ? » Et je réponds : « Dans la plupart des cas, il y a très très peu de choses illégales qui sont faites et par Trump, et par les autres », et c’est un peu la manière dont j’avais réagi quand la presse, le New York Times avait épluché la déclaration fiscale, déclaration d’impôts de M. Trump. J’avais appelé ça, ma vidéo, c’était il y a une semaine : « Capitalisme : un acte d’accusation implacable ».

« Capitalisme ! », je n’ai pas dit « Trump » à ce moment-là, je n’ai pas dit « Trump », je n’ai pas dit « les mafias », je n’ai pas dit « ceci, cela ». Pourquoi ? Parce que ce qui apparaissait, l’analyse de ses déclarations d’impôts, c’est qu’il n’y avait pas d’escroquerie. Il n’y avait pas de tricherie. Tout ça était fait, et là, je l’avais souligné, tout ça était fait avec l’aide de comptables et de juristes dans le cadre de lois qui ont été passées par nos représentants pour permettre que toutes ces opérations qui permettent à M. Trump de ne payer que 750 € ou $ par an, que ce soit fait de manière licite.

Est-ce que je fais passer le message ou bien est-ce qu’il ne passe pas du tout ?

Un exemple, un exemple. Quand Trump se trouve dans une terrible faillite sur un  de ses casinos à Atlantic City dans le New Jersey, bon, alors les journalistes d’investigation se lancent là-dessus. Qu’est-ce qui s’est passé ? Est-ce que c’est de l’argent sale russe sale ceci ? Est-ce que c’est cela ou autre chose ? Qui faut-il soupçonner ? Quelle est la tricherie monumentale qui a eu lieu ?

Il n’y a pas eu de tricherie. Le père est venu avec un chèque. Il a acheté pour trois millions de dollars de jetons dans le casino. Pas besoin de tricher !

Quand M. Denis Robert s’en prend à Clearstream et qu’il dit : « Voilà, c’est scandaleux ceci ou cela », il a raison : c’est scandaleux mais ce qui est scandaleux, ce n’est pas le comportement de Clearstream parce que Cleartstream n’en-freint au-cu-ne loi. Le cadre est fait pour que Clearstream puisse faire ce que fait Clearstream [chambre de compensation].

Alors, il ne faut pas prendre le doigt qui montre la lune pour la chose qu’il faut regarder. Il ne faut pas dire : « Clearstream triche ! ». Il ne faut pas dire : « Trump triche ! ». Il faut dire : « Ces gens profitent, bénéficient d’un système qui, entièrement, par les lois, par les règles comptables, par le système fiscal, qui leur permet – et j’avais souligné – qui leur permet de faire ce qu’ils font ». On est bien au-delà !

Si on dit : « C’est la mafia ! », non, ce n’est pas la mafia : c’est les comptables et c’est les juristes. Bon. Et si on dit : « Oui, mais ce n’est peut-être pas les comptables et les juristes », alors, c’est les gens qui votent les lois qui permettent ça. Bon, et pourquoi est-ce qu’ils laissent passer des lois comme ça ? La plupart du temps, c’est par naïveté, c’est parce qu’ils ne comprennent rien au problème et il y a un lobby quelconque qui écrit le texte et ça a l’air bien et on le passe. C’est au point que, voilà, quand on passe une loi, en général, elle est en contradiction avec 15 000 lois qui existaientavant et c’est au Conseil Constitutionnel d’essayer de débrouiller ça.

C’est pire que ce que vous imaginez ! Pas besoin pour tous ces gens de tricher. Ils sont sur un tapis roulant. Il n’y a pas besoin d’aller chercher de l’argent sale.

Quand on pose la question de l’argent de la mafia russe, qu’est-ce qu’il dit M. Michael Cohen qui a été pendant 25 ans ou davantage l’avocat de Trump ? Il dit : « Ce  n’était pas nécessaire. On faisait des opérations financières et ils ajoutaient aux chiffres, ils ajoutaient 15 millions de dollars ». Et ça, ça se passait devant notaire !

Ça se passe devant notaire ! On gonfle le chiffre et alors, quand Trump revient d’avoir signé le contrat, il dit à Michael Cohen : « C’est formidable le cadeau que m’a fait Poutine  puisque vous savez bien que les oligarques, en fait, c’est des prête-noms pour Poutine, l’homme le plus riche du monde ».

Voilà ce qu’on trouve dans le livre de Cohen. Messieurs, Craig Unger, et Isikoff &t Corn, les deux équipes qui ont fait des livres sur l’argent de la mafia russe en 2018 aux Etats-Unis, ils nous montrent des tas de trucs mais il n’y a rien de fumant, il n’y a rien qu’on puisse vraiment mettre sous les yeux.

Pourquoi ? Parce que Trump peut demander cet argent-là à Deutsche Bank et Deutsche Bank va le lui prêter. Et les chiffres qu’il montre pour obtenir un prêt : le montant du collatéral, il est gonflé. Mais Deutsche Bank le sait, tout le monde est au courant.

Même chose pour l’argent de la drogue, l’argent de la prostitution, l’argent de la corruption, l’argent du trafic d’armes. Le jour où on a besoin de ces sommes, en septembre 2008, on ouvre le robinet parce qu’on sait où est le robinet et on sait exactement le volume qui va couler.

Tout ça est, je le répète encore une fois, c’est bien pire que ce que vous imaginez ! Ne vous obnubilez pas sur des crimes, des délits faits par un individu ici ou là, c’est le système tout entier qui leur permet de le faire sans même courir un risque quelconque.

Bon, il se fait que M. Trump, il se trompe parfois. Il y a peut-être un de ses avocats, l’autre jour, qui a dû se tromper et on avait dit : « Il va pouvoir obtenir ce chèque de 72 millions de dollars parce qu’il n’a plus aucun intérêt dans la firme : il s’en est débarrassé entièrement ». Et puis quelqu’un s’aperçoit que, voilà, en petits caractères, il était mis qu’il gardait quand même 5 % des actions de la firme. Voilà : les comptables et les juristes peuvent se tromper. C’est alors ça qui se passe.

Ils n’ont pas besoin de faire des choses en se cachant : ils peuvent le faire en surface parce que le système tout entier leur permet de le faire et, comme je le disais dans la vidéo d’il y a une semaine mais c’est toujours vrai, pourquoi est-ce que c’est possible ? Parce que c’est un système qui redistribue des miettes pour que les gens ne meurent pas de faim parce qu’on a besoin qu’il y ait un pouvoir d’achat dans la population pour qu’on puisse continuer à consommer, que les entreprises puissent encore produire mais à part ce petit tuyau, ce petit tuyau qui permet de saupoudrer quelque peu ici et là – et en culpabilisant les gens en plus à qui cet argent arrive – le système en fait, c’est qu’il y a un gros tuyau qui fait venir l’argent des pauvres vers le haut.

C’est ça ! Et c’est ça qu’il faut critiquer et à ça qu’il faut s’en prendre. C’est plus difficile parce que ce sont des structures, c’est parce que c’est une combinaison de lois avec des règles comptables, avec des règles fiscales, etc. On ne peut pas dire : « C’est Untel ! ». On ne peut pas dire : « C’est Untel » et on ne peut pas dire : « C’est machin qui a triché ». On ne peut pas dire : « C’est Clearstream qui a triché ». On ne peut pas dire : « C’est Trump qui a triché ». Ce sont des structures dont nous sommes complices essentiellement par naïveté, parce que nous n’osons pas même imaginer que ce soit aussi pire que c’est, voilà.

Bon, j’y reviendrai sûrement parce que je vois que, là, le franc n’arrive pas à tomber quand je dis ça. On préfère dire : « C’est des trucs cachés avec des gangsters ! ». Ce n’est pas avec des gangsters. C’est avec les gens que nous élisons que ces choses là se passent.

Désolé pour le message mais essayez aussi de le diffuser, qu’on comprenne que c’est de ça qu’il s’agit. Et ce n’est pas même une question de « Tous pourris ! » : ce sont les structures !

Ce sont les structures que nous acceptons et parfois depuis des dizaines d’années et qu’il faut remettre en cause, qu’il faut remettre en question. Bon, là, un message « à la Cantona » : il n’est pas nécessaire de descendre dans la rue pour le faire. Il suffit de changer une règle comptable ici, une loi là, etc., mais il faut le faire comme une opération chirurgicale comme disent les militaires. Il faut aller droit à l’endroit où on nous arnaque, voilà.

Allez, à bientôt !

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