La transition (I) – Le calcul du bonheur et du malheur

Ce texte est un « article presslib’ » (*)

Quand on pense à la transition d’un type de société vers un autre, on peut le faire de deux manières différentes : on peut soit envisager le phénomène « à vol d’oiseau », de manière globale, holiste : en extériorité, soit du point de vue d’un acteur de la transition, quelqu’un qui la fait ou qui est emporté par elle : en intériorité. Ces deux points de vue sont très différents.

Dans la perspective « à vol d’oiseau », qui serait celle par exemple d’un physicien, on observe une succession de différentes phases : d’abord un système social qui était plus ou moins stable, et qui entre ensuite dans une phase « métastable », et qui, après une période de chaos plus ou moins prononcé, retrouve ensuite une certaine stabilité. Une telle manière d’examiner les choses ignore bien entendu complètement le vécu des acteurs : la transition a pu aussi bien être la fin d’un servage, ressentie comme une libération par les intéressés, ou l’instauration d’une dictature bornée, ressentie par la plupart comme un asservissement brutal.

L’acteur d’une transition vit la situation et pour lui, l’affect est aux commandes. Il se révolte contre des circonstances qui lui sont devenues intolérables et il aspire à créer un monde nouveau, en vue d’une libération. Mais l’acteur n’est jamais seul et aucun système ne peut satisfaire tout le monde. Certains sont les bénéficiaires de ces systèmes qui sont devenus intolérables à la plupart, et même au sein des systèmes les plus répressifs, on trouve des gens qui s’y sentent comme des poissons dans l’eau. Et c’est cela qui conduit certains philosophes politiques, à la suite de Jeremy Bentham au tournant des XVIIIe et XIXe siècles, à mettre au point des systèmes subtils d’évaluation des régimes politiques en termes de maximisation du bonheur, où on s’interroge par exemple s’il s’agit de maximiser la somme absolue des bonheurs individuels ou de faire que la moyenne soit la plus élevée possible. Ce type de littérature débouche rapidement sur des casuistiques ennuyeuses où l’on se perd dans des arguties sur des exemples théoriques comme le droit du premier qui découvre un puits dans le désert de l’enclore et le prix qu’il a le droit d’exiger pour un verre d’eau à ceux qui y parviennent ensuite, etc. Les excès de ces auteurs ne suffisent cependant pas à ce que l’on disqualifie ce type de problématique dans son ensemble car elle est parvenue à mettre en évidence, même si c’est essentiellement par contraste par rapport à elle, que si le calcul des bonheurs est effectivement très compliqué, celui des malheurs est lui beaucoup plus simple parce que le bonheur est une notion en réalité très floue mais le malheur a lui la limpidité du cristal.

Partons de trois grands principes dont la réputation n’est plus à faire : « Liberté », « Égalité » et « Fraternité ». Maximisons la Liberté : laissons chacun faire absolument comme il l’entend. On verra bientôt se créer des noyaux de pouvoir dominant des zones entières d’asservissement. Et la jouissance associée au pouvoir sans limite peut être à ce point grande chez certains qu’il s’agisse là effectivement du meilleur moyen de maximiser le bonheur global. C’est par exemple une logique de ce type qui a conduit les disciples de von Hayek, dont les anarcho-capitalistes, à admirer et à aider de leurs conseils la dictature militaire du général Pinochet au Chili.

Si l’on fait entrer le malheur en ligne de compte, comme susceptible de neutraliser une quantité équivalente de bonheur, les choses sont très différentes : alors la liberté des maîtres du monde ne compte plus pour grand-chose par rapport à la souffrance et au ressentiment de leurs victimes. La Liberté passe alors à l’arrière-plan et c’est le principe d’Égalité qui apparaît comme le plus susceptible d’assurer le bonheur moyen le plus élevé.

Ce qu’apporte le principe de Fraternité, c’est qu’il nous permet de trancher aisément entre la première et la seconde approche : la Fraternité en mettant l’accent sur les interactions entre les hommes fait intervenir la solidarité dans les réseaux qui les connectent et requiert que la Liberté soit limitée par les contraintes de l’Égalité.

Quand la Révolution française met ces trois principes conjointement au fronton des édifices de la République, elle découvre bientôt les difficultés qui résultent du fait de vouloir les appliquer simultanément et avec la même force. On pourrait affirmer sans raccourci excessif que l’histoire de cette révolution fut celle des hésitations dans l’accent mis sur l’un ou l’autre de ces trois principes ou dans la combinaison privilégiée de deux d’entre eux par rapport au troisième.

(… à suivre)

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

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180 réponses à “La transition (I) – Le calcul du bonheur et du malheur”

  1. Avatar de Le Yéti

    On entre donc avec cet article dans cette « phase constructive » dont vous parliez précédemment.

    Très belle entrée en matière. La problématique : quelle dose de chaque ingrédients (liberté, égalité, fraternité) pour obtenir un plat digeste et suffisamment alléchant pour les papilles de TOUS les convives ?

    Ça tombe bien, j’adore la cuisine [rires].

  2. Avatar de fujisan

    « Les familles heureuses se ressemblent toutes; les familles malheureuses sont malheureuses chacune à leur façon. » Léon Tolstoï, Anna Karénine

    « la force de la communauté se mesure au bien-être du plus faible de ses membres » préambule de la Constitution fédérale de la Confédération suisse du 18 avril 1999.

    1. Avatar de iGor milhit

      oui. il arrive trop souvent qu’on inscrive dans les constitutions des choses tout à fait contraire à ce que l’on fait, histoire de bien se convaincre de sa supériorité morale.

      la suisse persécute de préférence le faible. voir l’observatoire romand du droit d’asile et des étrangers

    2. Avatar de fujisan

      Oui, mais voyons, les «estrangères» ne font pas partie de «ses membres» !

      Sans oublier que l’idée même de mesurer le bien-être est un travers plus que discutable.

    1. Avatar de L'enfoiré

      Fugisan,
      Je ne connaissais pas cette chanson de Souchon.
      Excellente de finesse.

  3. Avatar de L'enfoiré

    Bonjour Paul,
    Sujet qui a mérité beaucoup d’analyses.
    Stiglitz s’est même payé, tous frais payés par Sarkozy, une étude sur ce qui pourrait remplacé le PIB.
    J’ai fait un résumé de son rapport.
    Je l’ai appelé le BIB (Le Bonheur Intérieur Brut).
    Comme le PIB était brut, le BIB l’était aussi.
    Mettre la population mondiale au même niveau et en donner des conclusions relève de la haute voltige.
    Bonne journée

    1. Avatar de Brian Jacob
      Brian Jacob

      Le roi du Bhoutan, Jigme Singye Wangchuck, avait préconisé un nouvel indice, le Bonheur National Brut, dans le but de bâtir une économie servant la culture de son pays, sous les valeurs bouddhistes.

      Quant à moi j’aime bien l’indice de Développement Humain…

      Je ne voulais pas parler de lui, mais il me semble de circonstance :
      John Maynard Keynes – comme d’autres – rêvait d’une société oisive à la grec (encore et toujours eux !) à l’orée technologique, postulant que l’industrialisation pousserait les Hommes à beaucoup moins travailler, reléguant aux machines nos labeurs, jusqu’à ne plus travailler du tout… On en est loin, hélas !

    2. Avatar de L'enfoiré

      Brian,

      « Le roi du Bhoutan, Jigme Singye Wangchuck, avait préconisé un nouvel indice, le Bonheur National Brut, dans le but de bâtir une économie servant la culture de son pays, sous les valeurs bouddhistes. »

      Exact. J’avais effectivement connu cela et pris en compte. L’exposé de Stiglitz, la mienne, se voulaient plus cartésienne, plus terre à terre, platonique même.

      « … l’indice de Développement Humain… »
      Ouais. Peut-être à condition que l’on garde toujours le développement dans la ligne de mire. Il est clair qu’aujourd’hui, une croissance exponentielle n’est pas viable à terme?
      Ecoutez cela vous comprendrez où je veux en venir.

      « John Maynard Keynes – comme d’autres – rêvait d’une société oisive à la grec (encore et toujours eux !) à l’orée technologique, postulant que l’industrialisation pousserait les Hommes à beaucoup moins travailler, reléguant aux machines nos labeurs, jusqu’à ne plus travailler du tout… On en est loin, hélas ! »

      Croyez-vous vraiment?
      L’homme est-il vraiment fait pour travailler?
      Cette question n’est pas anodine.
      J’ai toujours hurlé quand j’entendais ‘faut travailler plus, pour gagner plus »
      Quelle connerie. Faut travailler mieux et pas plus.
      Avec efficacité, sans redondance.
      Et, ça on en est loin, je confirme….
      🙂

    3. Avatar de hachere
      hachere

      @ L’enfoiré : « Faut travailler mieux et pas plus. Avec efficacité, sans redondance. » Mais non : ni plus, ni mieux ! Vous trouvez que le stress dû au travail n’est pas encore suffisant ? Qu’il faut encore un nouveau petit effort pour « mieux » travailler, plus d’efficacité, plus de motivation, plus de soumission, plus de plus ?

      Un bouquin est sorti dans les années ’70 : « travailler 2 heures par jour ». Douce utopie des années 70 qui n’a évidemment pas résisté à la capture par une minorité des fabuleux gains de productivité réalisés. Capture qui a donné naissance une décennie plus tard aux stocks option, 2 décennies plus tard aux parachutes dorés, 3 décennies plus tard, ben, à ce qu’on connait maintenant…

      A mon avis, on n’en sortira pas sans une nouvelle répartition des richesses produites. Condition nécessaire mais malheureusement pas suffisante, ce serait trop simple.

    4. Avatar de L'enfoiré

      Hachere,

      « Vous trouvez que le stress dû au travail n’est pas encore suffisant ? Qu’il faut encore un nouveau petit effort pour « mieux » travailler, plus d’efficacité, plus de motivation, plus de soumission, plus de plus ? »

      Vous n’avez pas lu mes autres commentaires. Je posais une question bien plus stratégique « L’homme est-il fait pour travailler? »
      Si l’évolution nous avait voulu tel quel, elle nous aurait donner beaucoup plus de bras.
      Ce qu’elle a « inventé » pour nous, ce sont nos neurones en plus.
      J’ai travaillé avec gens qui ne prenaient aucune initiative par eux mêmes, qui faisaient semblant de comprendre ce qu’on leur demandaient et puis s’en retournaient « travailler » dans leur coin pour produire ce qui n’était pas demandé. Pouvez-vous déceler ce que veut dire « mieux » et « efficace »?
      Il ne s’agit pas de bouloter idiot, il faut réfléchir avant et trouver la meilleure technique, le meilleur procédé pour arriver à ses fins. Cela ne demande pas d’effort, seulement de la réflexion.
      Croyez-vous qu’on s’intéresse en haut lieu au temps qu’il a fallu pour réaliser ou plutôt le point final, le résultat?
      Nos heures de travail, je peux vous le dire que vu l’arrivée des robots de toutes sortes, vont être réduites. Pas de travail pour tout le monde. Le travail, ce sera « inventer » et pousser le mot eureka, cela peut se faire n’importe où, même dans son bain.

      « A mon avis, on n’en sortira pas sans une nouvelle répartition des richesses produites. Condition nécessaire mais malheureusement pas suffisante, ce serait trop simple. »

      Exact.
      La richesse vient du cerveau.
      😉

    5. Avatar de L'enfoiré

      Thomas More écrivait
      « En utopie, le jour solairz est divisé en 24 h d’égale durée, dont 6 sont consacré au travail: 3 avant le repas de midi, suivi de 2 he de repos, puis de 3 autres h de travail terminées par le repos du soir »
      Chacun est libre d’occuper à sa guise les heures comprises entre le travail, le sommeil et les repas. La plupart consacrent ces heures de loisir à l’étude. Chaque jour, des leçons accessibles à tous ont lieu avant le début du jour. Mais, venus de toutes professions, hommes et femmes affluent librement, chacun choisissant la forme d’enseignement qui convient le mieux à son esprit »

      Nous étions en 1516.
      Ne trouvez-vous pas qu’on est assez rétrograde et qu’on a perdu beaucoup d’utopies?
      😉

    6. Avatar de Papimam
      Papimam

      @l’enfoiré
      Super, vérifié n et n fois sur le terrain, la richesse vient des neurones.
      Aussi de la mise en commun, on dirait à ce jour en réseau, de notre intelligence, au service du groupe, du projet, du résultat.
      Il y a des jobs où la productivité brute n’est pas un vain mot mais ils sont en régression au profit de ceux où la réflexion préalable, la recherche de la solution optimum prime et il ne s’agit pas d’inventer à chaque fois le fil à couper le beurre.

  4. Avatar de coco
    coco

    J’attends la suite avec impatience.

    En attendant
    Voici les définitions de « liberté, égalité, fraternité » du petit « Google ». Comme je n’ai pas de dictionnaire sous la main, je me demande si elles sont équivalentes. Car j’avoue que je suis assez surpris, voir désappointé.

    * La liberté est la faculté d’agir selon sa volonté en fonction des moyens dont on dispose sans être entravé par le pouvoir d’autrui
    (commentaire:En fonction des moyens dont on dispose, ce qui sous entend pas mal de choses. Les riches aurait-ils le droit d’avoir par définition plus de liberté que les autres?)

    * Egalité: Qualité de ce qui est égal; Uniformité. (Egal: Qui est semblable, soit en nature, soit en quantité, soit en qualité; Toujours le même, invariant, uniforme; Indifférent, sans importance)

    * La fraternité est l’expression du lien moral qui unit une fratrie
    (commentaire: le lien moral est bien mal en point en ce moment… vue toutes les divisions…)

    1. Avatar de Senec
      Senec

      J’aime bien que Paul trouve que « Fraternité rattrape le laxisme éventuel de « Liberté » ! Mais, malgré tout, je pense qu’il serait utile de se remémorer que tout le monde ne se réfère pas de la même façon à ce « slogan ». Certains sont très forts pour exploiter toutes les lacunes de ces bonnes intentions. Je voulais demander aussi si quelqu’un a trouvé s’il y avait des devoirs qui soient mentionnés dans la « Déclaration des droits de l’homme » ? Toujours, pour moi, dans le but de ne pas laisser trop de liberté de pouvoir abuser de sa force (financière, par exemple).
      Apparemment, tout cela n’a pas changé grand-chose sauf qu’on a changé de maîtres. La Loi et la manipulation de la loi ont remplacé la naissance ou le titre de noblesse.

  5. Avatar de taotaquin
    taotaquin

    Nous sommes dans un système où les classes dirigeantes sont de plus en plus bornées et où règne un manque d’imagination absolu quant à une quelconque vision d’avenir. Ce n’est pas une dictature, mais on sent monter la surveillance à tous les niveaux…

    Quant au bonheur, selon moi, il ressemble à un état, « le plus stable possible », assez proche du détachement de la plupart des possessions matérielles. Mais quand on interroge ses voisins sur ce qu’ils considèrent comme pouvant les rendre « heureux », chacun y va de son désir de posséder:

    « Une tourniquette
    Pour fair’ la vinaigrette
    Un bel aérateur
    Pour bouffer les odeurs

    Des draps qui chauffent
    Un pistolet à gaufres
    Un avion pour deux
    Et nous serons heureux »


    La complainte du progres
    envoyé par tontonfredo. – Regardez plus de vidéos comiques.

    La plupart confondent plaisir (principalement celui de posséder) et bonheur. Mais le plaisir retombe aussi vite qu’il est atteint, et sa quête effrénée en répétitions incessantes est épuisante, génératrice d’amères déceptions et sans issue.

    Le véritable bonheur est durable, difficile à atteindre.

    La possession engendrant rapidement la frustration, c’est par l’éducation et la mise en lumière d’exemples que l’on peut espérer changer de civilisation.

    Nous en sommes loin: la glorification à outrance de la niaise « réussite sociale » selon Pognon, partout prônée, est hallucinante: Une Rollex, un Hummer, un hippodrome de Compiègne et un cercueil 24 carats pour couronner le tableau.

    Ah, Gudule, aime-moi où je reprends tout ça…

  6. Avatar de L'enfoiré

    Une question: pourquoi associez-vous et réduisez-vous votre analyse à la Révolution française?
    Où est la référence avec le monde?
    La plupart des pays ont eu leur révolution.
    Pourquoi réduire cela à une devise?
    En définitive, avec l’effet de recul, il n’y jamais eu de révolution mais une seule évolution avec des changements de mains du pouvoir.
    Je ne vais pas vous rappeler les révolutions en Russie, à Cuba, la Sécession américaine… et j’en passe.
    Passe-t-on réellement d’un régime à un autre?
    La démocratie, les droits de l’homme ont-ils changé les choses en profondeur?
    Nous sommes toujours sous la relation parents-enfants avec la hiérarchie que cela comporte.

  7. […] This post was mentioned on Twitter by gribouille, Denis Fruneau. Denis Fruneau said: #BlogPaulJorion La transition (I) – Le calcul du bonheur et du malheur: Ce texte est un « article presslib’ » (*) … http://bit.ly/aypu1A […]

  8. Avatar de monmon
    monmon

    Le dilemme entre la vue d’avion, la réalité des faits observables ou bien la position de l’observateur impliqué et la vérité de ses décisions de ses actions. Voilà bien le penseur grec Aristote J.
    Et derrière le tableau au contour rationel, les croyances indéfinies de chacun et les actions insidieuses qui en découlent. Quelle part de pensée magique « déraisonable » et d’activisme tortueux derrière la conviction du monde financier d’une cohérence mathématique des marchés financier?
    Dénicher cette part d’irrationel porté par des affects puissants est sans doute l’enjeu principal de laction à mener.
    La chance de Robespierre ou le retour de Lénine?

    1. Avatar de JeanNimes
      JeanNimes

      Déjà beaucoup de questions !

      1/ Oui pourquoi considérer que la devise française peut être le point de départ d’une telle réflexion ? Parce que, sauf erreur de ma part, elle est issue de la révolution qui s’est produite dans le pays le plus évolué du monde à cette époque, avec les élites ayant produit les travaux théoriques les plus profonds sur les rapports entre personne, état, bonheur, citoyenneté, justice, droits et devoirs, etc. Cette Révolution est allée au bout du renversement de la féodalité et de la royauté. C’est l’ensemble de ces caractéristiques, entre autres, qui la place comme un jalon décisif et qui a fait que toutes les transitions suivantes l’ont peu ou prou eue comme référence.

      2/ Les rapports entre les termes de la devise sont complexes et dialectiques : ne pas en tenir compte conduit à des points de vue limitatifs et erronés. Par exemple, la liberté est certes contrainte par l’égalité, mais réciproquement l’égalité est contrainte par la liberté : sinon, on tombe dans l’égalitarisme le plus bête.
      Liberté et égalité forment un couple bien sec si l’on ne prend pas en compte la fraternité qui appelle une idée de la liberté qui ne peut s’exercer ni dans la lettre ni dans l’esprit au détriment du « frère » ou de la « sœur » et donc de l’égalité de droits (certains veulent encore confondre les inégalités naturelles avec les inégalités de droits et justifier celles-ci par celles-là !)… Ou encore certains veulent donner « l’égalité des chances » en lieu et place de l’égalité des droits : ainsi, si les droits sont inégaux c’est de la faute de ceux qui n’ont pas « su profiter des chances qui leur étaient offertes » !
      Inversement une fraternité qui ne s’appuie pas sur la liberté et l’égalité est un communautarisme ou une fraternité formelle…
      Etc., etc.

      3/ Ne pas oublier enfin (si l’on peut dire !) que la devise est un idéal nulle part atteint que la Révolution n’a pas su ou pu mener jusqu’au bout : son efficace cependant est tel qu’elle relance sans cesse la réflexion entre l’idéal et la réalité. Nous en sommes là de nouveau et toujours !

    2. Avatar de scaringella
      scaringella

      La révolution française est en france la fin d’un processus commencé à la renaissance. Les républiques comme venise existaient avant la notre. La révolution 1789 a surtout remplacé la majesté par la majorité comme legitimité du pouvoir.
      Ce système valable à l’époque est le coeur de la crise de civilisation actuelle. La majorité, l’opinion est manipulée car manipulable et est élu celui qui à les moyens les plus énormes de propagande. Les sondages donnent tjrs à l’avance les résultats avec peu d’erreur. Le système majoritaire est donc devenu immoral car ne pouvant plus selectionner le plus apte, mis selectionnant le plus retord.
      Le système bourgeois (pouvoir détenu par l’argent) de ce fait arrive à son terme. Le probleme de legitimité des élites (les affaires) est au coeur du basculement de civilisation actuel. La question centrale est celui de la legitimité du pouvoir et de son exercice. Les élites sont immorales et donc illégitimes. Légitimité et moralité sont liées car seul celui qui sait s’auto-limiter dans ses désirs peut être légitime. Et faire le bien. Car ne pensant pas seulement à son intérêt particulier il ne tournera pas la société vers l’intérêt général même en organisant la gestion de l’intérêt général (ce qu’est l’économie, le systeme de gestion de nos societés actuelles).
      Une société où l’intérêt général est la loi, se donne des dirigeants immoraux, tournés vers leur intérêt particulier. Les dirigeants n’étant pas libres de leur désirs, souffrent d’addiction. Et celà est le problème de tous les dirigeants politiques. Un dirigeant politique doit l’être sur sa vertu pas sur ses connaissances, son expérience, son cv, son nom, sa famille, sa fortune etc…
      Par exemple, il est apparu que la loi limitant les dons aux partis, chaque responsable politique a créé le sien, reversant ensuite tout ou partie au grand parti dont il sont. Ces gens manifestement ne peuvent plus etre aux commandes. Chercher la faille dans la loi pour leur propre intérêt, par ceux-la-même qui doivent les faire.
      Tant que les dirigeants sont esclaves de leurs pulsions, la société ne peut être que celle que nous avons.
      C’est la mise en forme dans les lois, de la légitimité du pouvoir basée sur la vertu qui est la grande affaire de ce siècle.

    3. Avatar de L'enfoiré

      Monmon,

      « La chance de Robespierre ou le retour de Lénine? »
      Vous connaissez la phrase qui vient d’une Bible (que je n’ai jamais consulté… 🙂 )
      « Celui qui joue avec l’épée, périra par l’épée ».
      Vous voulez voir un état de révolution permanente?
      Allez à Cuba. L’esprit de Révolution existe toujours depuis près de 60 ans.
      Pour quel résultat?
      « Un cuba libre por favor »

    4. Avatar de monmon
      monmon

      @l’enfoiré
      « La chance de Robespierre ou le retour de Lénine? »

      Juste un clin d’oeuil à P.J. qui enquète sur le beau Maximilien.
      Pour ma part je crois que la ligne qu’il faut garder est de traquer inlassablement les fausses raisons dérrière lesquelles se cachent des lambeaux de pensées violement magiques parfois dérrière de lentes belles mathématiques.

  9. Avatar de EOLE
    EOLE

    @ Paul Jorion

    Votre propos m’interpelle comme une réponse à mon commentaire du billet: « Est-il encore temps de monter dans l’ascenseur social? ».

     » EOLE dit :
    26 juillet 2010 à 10:58
    Encore un billet qui spirale autour de la notion d’égalité, pourtant pas si mal définie par la déclaration de 1789 reprise par le préambule de la dernière constitution.

    La devise de la République Française est: « Liberté, égalité, fraternité ». Comme nous le savons tous, elle résume les deux lectures courantes qu’en font les français, celle de gauche: « égalité, fraternité, liberté »; celle de droite: « liberté, fraternité, égalité ». La plupart d’entre nous peuvent lire de droite à gauche ou de gauche à droite, selon son humeur (ou son intérêt) du moment.

    Il est vrai qu’aujourd’hui on assiste à une certaine dérive vers la formule: « individualisme, égalitarisme, communautarisme »… »

    Peut-être allez-vous nous en faire d’autres lectures. A noter que la notion de fraternité dernière du tryptique est toujours médiane dans chaque lecture…

  10. Avatar de philippe
    philippe

    Vu que nous entrons dans une phase où l’humanité rencontre les limites de sa planète, le salut viendra soit de la science (la maitrise d’une source d’énergie illimitée et non polluante) soit de la décroissance.

    Il faut donc un système qui soit résiliant à la décroissance et qui l’encourage. Garder une croissance exponentielle dans un monde linéaire c’est courir à un crash majeur.
    Pour que la décroissance soit durable et humaine elle doit se planifier sur de longue périodes et tendre à réduire le nombre d’humain sur la planète en réduisant le nombre des naissances tout en douceur pour ne pas trop déformer la pyramide des âges (on voit le problème du baby boom – Crunch sur les retraites).
    A ma connaissance les seuls moyens d’agir sur les naissances sont le confort et l’éducation des pays occidentaux (avec l’accès aux moyens contraceptifs) ou la coercition d’un régime fort avec la stérilisation et des interdictions comme en Chine.
    Vu que la terre ne pourra pas amener toute l’humanité au niveau de confort-éducation de l’occident (avec sa population actuelle) et qu’un régime coercitif de type chinois à grande échelle n’est pas souhaitable, existe-t-il une troisième voie ? Est-il possible de concevoir un système d’organisation sociale qui autorégulerait la population mondiale sans passer par des famines-épidémie-guerre ?
    Peut être avons-nous besoin d’une nouvelle « religion » qui ne prône pas la croissance et la multiplication 🙂 Un nouveau Sauveur 🙂 Paul 😉

    1. Avatar de Paul Jorion

      « Est-il possible de concevoir un système d’organisation sociale qui autorégulerait la population mondiale sans passer par des famines-épidémie-guerre ? »

      C’est l’une des rares qualités du système actuel, de faire ça très bien. Et c’est là le danger de ces interprétations malthusiennes reposant sur une phobie des courbes exponentielles, c’est qu’une fois qu’on montre à l’aide de chiffres que la nature (laissée à elle-même) a horreur des courbes exponentielles, les Malthusiens disent : « Ah ben alors, tout ne va pas si mal ». Exactement comme cet économiste marxiste que j’évoquais hier, à qui Husson montre qu’il n’y a pas baisse tendancielle du taux de profit comme l’avait prédit Marx, mais au contraire une hausse, et qui répond : « Ah ben, alors le capitalisme n’est pas en danger ! »

    2. Avatar de JeanNimes
      JeanNimes

      Je viens de regarder le texte de Michel Husson qui analyse les rapports salaires/profits/investissements (http://hussonet.free.fr/psalires.pdf, page 24 particulièrement).
      Il montre en effet que depuis les années 1980, sous l’effet des politiques néolibérales, le taux de profit augmente dans les pays occidentaux. Ce que nous constatons effectivement qualitativement par les plus grandes difficultés de vie et de développement des réponses aux besoins sociaux, corrélativement à l’augmentation exponentielle des masses financières stérilisées dans les bourses et les paradis fiscaux… puisque ces profits, il le montre, ne sont pas utilisés pour augmenter les salaires ou les investissements productifs.

      Mais ceci ne contrevient en rien à la « baisse tendancielle du taux de profit » puisque Marx montre comment les capitalistes s’organisent pour lutter contre cette baisse qui met en danger les profits (effet mécanique de l’accumulation du capital mort qui réduit d’autant l’efficacité du capital variable dans le rapport qui les lie).

      Nous constatons aujourd’hui que depuis 30 ans les capitalistes grâce à la combinaison du chômage, de la baisse des salaires, à l’augmentation de la productivité, à la délocalisation, à la réduction des impôts sur les bénéfices et les patrimoines, etc. ont réussi non seulement à maintenir le taux de profit mais à l’augmenter !

      Mais dès qu’ils relâcheront la pression sur un des points ou sur une combinaison de quelques uns de ces points devant le refus des salariés de continuer à supporter les coûts directs de l’exploitation du travail et les remboursements des dettes induites par la financiarisation de la société, alors le taux de profit reprendra sa baisse tendancielle. Ce mot signifiant que la baisse est bien la tendance lourde sur la longue période, mais qu’il peut se faire que dans des circonstances historiques particulières le taux va à contre tendance… parce que les capitalistes ont fait ce qu’il fallait pour.

      Il n’est pas possible d’invalider l’analyse marxienne sur cet argument par une analyse en période courte en occultant en particulier les effets des colonisations, du néocolonialisme et de l’appauvrissement généralisé de peuples entiers qui contribuent à cette remontée locale (pays occidentaux) du taux de profit alors que si l’on considère la planète entière, il baisse… si c’était le contraire on le saurait et on le verrait (en tout cas les statistiques générales de l’ONU sur l’évolution du bien être général démontrent qu’il y a bien une baisse de taux de profit).

    3. Avatar de L'enfoiré

      JeanNimes,
      « depuis les années 1980, sous l’effet des politiques néolibérales, le taux de profit augmente dans les pays occidentaux.  »
      Je crois qu’il faut remonter bien plus haut dans le temps et cela n’a rien à voir avec l’occident non plus.
      Vous ne connaissez pas Dou Yousheng très certainement.
      Ca a le goût d’Al Capone, sans être Al Capone. En plus, ce n’était pas à Chicago, mais à Shanghai. Vous voulez l’histoire?
      Le goût du profit s’exporte et s’importe dans l’histoire entière. Il n’a pas fallu attendre au capitalisme.

      « depuis 30 ans les capitalistes grâce à la combinaison du chômage, de la baisse des salaires, à l’augmentation de la productivité, à la délocalisation, à la réduction des impôts sur les bénéfices et les patrimoines, etc. ont réussi non seulement à maintenir le taux de profit mais à l’augmenter !  »

      Encore une fois, ce n’est pas depuis 30 ans, l’histoire des usuriers lombards devrait vous faire reculer un peu plus. Eux, c’était les rois qu’ils « alimentaient » en richesses pour aller faire la guerre.
      Le capitalisme est loin d’être récent.
      Il a permis, aussi, de pouvoir assoir contraint et forcé, c’est évident, à plus de socialisme.
      Il fut un temps, où l’idée même de pouvoir posséder un capital, n’effleurait même pas les esprits.
      On est sorti des Temps Modernes, montré par Charlot, dans l’immédiat après guerre.
      Ce n’est que ces dix dernières années que nous retrouvons dans la phase inverse.

    4. Avatar de monmon
      monmon

      Bravo P.J.
      Eviter que dérrière le langage murmurant de la foule qui cherche à se rassembler et à se rassurer par de fausses raisons, ne se déclenche la panique dévastatrice.
      Voilà une réponse importante sur la tentation malthusienne!
      Ils ont toujours eu tort et sont toujours là.

    5. Avatar de karluss

      les taux de fécondité sont en baisse partout, hormis deux ou trois nations au contexte particulier, il y aura bien décroissance de la natalité avec impact sur l’économie.

  11. Avatar de Vincent P.
    Vincent P.

    C’est une erreur, à mon avis, que de voir des concepts différents entre Liberté, Egalité et Fraternité. Pour ma part, je préfère y voir des modalités d’un seul et même concept fondamental, celui de Libre Arbitre. Dans cette optique, Liberté est l’affirmation de sa propre capacité à réaliser des choix (et la revendication qu’ils soient reconnus). Fraternité est la reconnaissance de la capacité d’autrui à choisir (et sa propre revendication que ses choix soient reconnus). Egalité n’est que le constat d’une absence de hiérarchie entre Liberté et Fraternité. Liberté ne prime pas Fraternité, et vice versa.

    Le bonheur devient alors aussi limpide que son contraire. Le bonheur, ce n’est rien d’autre que la pleine capacité à user de son libre arbitre. Le malheur survient lorsque, d’une manière ou d’une autre, cette capacité est diminuée, ou à tout le moins ressentie comme telle.

    « L’argent ne fait pas le bonheur, mais il y contribue ». Cet adage bien connu illustre bien mon propos en ce que, dans notre société, l’argent permet d’accroître la capacité de choisir, et son absence la diminue.

    Le capitalisme est un échec parce qu’il a tenté de faire primer Liberté sur Fraternité. Le communisme est un échec parce qu’il a tenté de faire primer Fraternité sur Liberté. La solution, aussi simple en principe que compliquée en pratique, se trouve dans l’Egalité, dans l’équilibre entre Liberté et Fraternité.

    Je suis loin d’avoir une idée précise de l’articulation effective du Libre Arbitre à l’échelle de la société, mais il y a un concept économique que j’aime beaucoup : les optima de Pareto. Une société est un optimum de Pareto lorsqu’on ne peut accroître le bien-être d’un individu sans détériorer celui d’un autre. En couplant cette idée avec la fiction de l’Etat de nature, il pourrait être possible d’imaginer un développement équilibré de société.

    Ce n’est qu’une ébauche de raisonnement, et un rapide passage par la page wikipédia consacrée à L’Etat de nature me fait comprendre qu’un détour par la lecture d’auteurs classiques tels que Hobbes, Locke ou Rousseau semble indispensable.

    1. Avatar de vigneron
      vigneron

      La lois de Pareto a été de multiples fois critiquée et contredite. Les critiques venant des thèses nouvelles de l’éconophysique, nouvelle discipline scientifique qui repense l’économie sur des bases physiques en oubliant les axiomes mathématiques, me paraissent particulièrement pertinentes dans les perspectives actuelles.

      Extrait Wapédia:

      1. Hypothèses

      * Le hasard est le maître de l’économie.
      * Plus on a d’argent, plus on en consomme.
      * Les échanges de richesse entre individus ne sont pas symétriques (car les agents économiques ne sont pas identiques et rationnels).

      2. Conclusions

      Les modèles simplifiés proposés par Jean-Philippe Bouchaud et Marc Mézard ont calculé que l’augmentation des échanges et la diminution du risque financier des investissements font conjointement baisser les inégalités. L’impact sur la distribution de richesse par les impôts est mesuré : l’impôt sur le revenu tend d’autant plus à baisser les inégalités qu’il est redistribué vers le plus grand nombre ; si une partie insuffisante de l’impôt sur le revenu est redistribuée, l’impôt sur le capital ne remplit plus son rôle social, mais augmente les inégalités de répartition de la richesse.

      Dès 1969, Konrad Lorenz observait que la sélection avantage les plus grandes super-familles qui s’assistent mutuellement pour combattre les étrangers. À l’université hébraïque de Jérusalem, Moshe Lévy et Sorin Salomon ont également montré que le coefficient de Pareto dépend de la taille moyenne des familles dans la population.

      Suite à la crise financière de 2008, Jean-Philippe Bouchaud souligne:

      * la primauté des données de magnitude sur les axiomes et théorèmes ;
      * le risque endogène dynamique que génère le marché ;
      * les modèles métaphoriques observés en physique sur les interactions et l’hétérogénéité ;
      * la nécessité d’identifier les cercles vicieux pour éviter l’instabilité rétroactive.

      Voir aussi une conférence de Bouchaud sur les modèles (courbe de Gauss, répartition de Pareto, mouvement brownien de Bachelier-Einstein, scholes & brown…)

      http://www.canal-u.tv/canalu/producteurs/universite_de_tous_les_savoirs/dossier_programmes/les_conferences_de_l_annee_2000/questions_de_sciences/les_caprices_de_marches_financiers_regularite_et_turbulences

    2. Avatar de L'enfoiré

      Vigneron,

      « Plus on a d’argent, plus on en consomme. »
      Ce n’est plus vrai en temps de crise.
      Je l’avais déjà signalé ici, en disant que les comptes à terme en Belgique n’avaient jamais été autant chargé pour atteindre des sommets.
      J’ai appris la même chose, hier, sur une de vos chaînes françaises.
      Le problème actuellement c’est de redonner la confiance à consommer, à prendre des risques.
      Mais chat échaudé, craint l’eau froide….

    3. Avatar de vigneron
      vigneron

      @l’enfoiré
      Ça reste vrai en temps de crise, puisque le plus riche, même en réduisant éventuellement son train de vie et en épargnant plus, consommera toujours plus qu’un plus pauvre. Pauvre qui dans le pire, et le plus courant, des cas ne pourra diminuer sa consommation déjà minimale, ou, s’il le peut, épargnera plus et donc consommera toujours moins que le plus riche au dessus. Élémentaire.

    4. Avatar de Germanicus
      Germanicus

      « L’argent ne fait pas le bonheur… »
      Sophisme des bien-portants

    5. Avatar de L'enfoiré

      Vigneron,

      C’est évident. Là on enfonce des portes ouvertes. Plus on a de potentiel, statistiquement, le pouvoir d’achat d’un riche restera toujours plus élevé.
      Je ne sais si vous contrôler ce qui se passe dans l’industrie. Mais les grandes fusions, les grands melting pots de production comme Procter & Gamble par exemple, sont occupés à se recentrer.
      Les banques vont mieux, je ne fais que l’entendre, parce que « la grenouille qui voulait se faire plus grosse que le boeuf » est en train de mourir dans l’oeuf. On se recentre aussi.
      Si vous ne connaissez pas l’histoire de Fortis, je peux vous en donner quelques explications.
      A une action qui a mal tournée, il y a toujours un retour de flamme. On ne se brûle pas deux fois de la même manière.
      Élémentaire, mon cher Einstein.

    6. Avatar de Souvarine
      Souvarine

      @Vigneron

      On a guère besoin de l’éconophysique ( quel nom ! ) pour voir l’inanité de la loi de Pareto. Si j’ai bonne mémoire, c’est à la fin des années 1890 que Pareto – qui vient d’ailleurs d’hériter d’un membre de sa famille ( il est donc pété de tunes, ça a son importance ) – étudie la répartition des revenus en Suisse, pays où il réside alors. Il découvre que 20% de la population dispose de 80% des richesses. Etendant son étude à d’autres pays, il constate une répartition sensiblement identique.
      Là où un esprit normalement constitué aurait conclu que cette inégalité découle d’un certain état des rapports de force dans la société, Pareto, partisan de l’inégalité, va s’efforcer de démontrer, notamment à l’aide de calculs mathématiques fumeux, que cette répartition découle d’un ordre naturel valable en tout tout temps et en tout lieu et qu’il serait vain de vouloir la modifier en quoi que ce soit.
      La loi de Pareto est née, connue également comme loi des 80/20. On l’utilise de nos jours dans de nombreux domaines, en marketing par exemple, pour faire je ne sais quelles bêtises.
      A ne pas confondre néanmoins avec l’optimum de Pareto qui est autre chose. Même si à mon avis l’un ne va pas sans l’autre.

      @Vincent P

      Evoquer l’optimum de Pareto pour ce qui nous préoccupe n’a guère de sens. Cela désigne, pour une société, une économie donnée, une allocation des ressources telle qu’il est impossible de donner plus à un individu sans détériorer la situation d’un autre individu.
      D’où on peut conclure qu’il existe pour une société donnée une infinité d’allocations optimales. Il est par ailleurs impossible de hiérarchiser entre les différents optimums possibles, au sens de Pareto une répartition n’est pas préférable à une autre parce qu’elle serait plus juste. Ainsi, une société où un seul individu disposerait de toutes les richesses et le restant de la population d’aucune est, stricto sensu, en situation d’optimum. En effet, il est impossible de donner une partie des richesses à la partie de la population qui n’a rien sans léser l’omnipossédant.
      Pour Pareto, l’inégalité est un état de nature, la liberté est celle du plus fort, quant à la fraternité, allez faire un tour du côté de son travail de sociologue pour voir ce qu’il en pense.

      Pour les têtes creuses des mathématiciens fous de la microéconomie, l’optimum de Pareto fait figure d’idéal d’équilibre vers lequel il faut tendre dans le cadre de la concurrence pure et parfaite. C’est du délire pur et parfait.

      Pour le démontage raisonné des fariboles de la microéconomie (pas seulement d’elle d’ailleurs) je ne saurais que trop vous conseiller la lecture des ouvrages de Bernard Guerrien. Il existe au format poche une petit livre consacré à la micro ainsi qu’une somme impressionnante aux éditions repères, le ‘dictionnaire d’analyse économique’.

      Il a également un site internet : http://www.bernardguerrien.com/index.htm/

    7. Avatar de Souvarine
      Souvarine

      Pendant que je suis là et pour aller dans le sens des propos de Paul Jorion d’il y a quelques jours sur l’économie comme religion, un texte de Bernard Guerrien sur la pseudo-scientificité de l’économie.

      http://bernardguerrien.com/Scienceoupseudoscience.pdf

    8. Avatar de vigneron
      vigneron

      @l’enfoiré

      Heureux de constater, pour l’intégrité de votre front comme de votre appendice nasal, que vous daignez enfoncer, même en grommelant, les portes qu’on vous ouvre; plutôt que de vous efforcer à les franchir après les avoir refermées. 😉

  12. Avatar de vigneron
    vigneron

    Les excès de ces auteurs (utilitaristes) ne suffisent cependant pas à ce que l’on disqualifie ce type de problématique dans son ensemble car elle est parvenue à mettre en évidence, même si c’est essentiellement par contraste par rapport à elle, que si le calcul des bonheurs est effectivement très compliqué, celui des malheurs est lui beaucoup plus simple parce que le bonheur est une notion en réalité très floue mais le malheur a lui la limpidité du cristal.

    L’avis d’un éminent disciple de Bentham commençant à nuancer son utilitarisme. John Stuart MILL, Sur la liberté ~ Chapitre I. propos introductif:

    Je considère l’utilité comme l’ultime recours pour toutes les questions éthiques, mais cela doit être l’utilité dans le sens le plus large, fondé sur les intérêts permanents de l’homme, en tant qu’être de progrès. Les intérêts qui sont ceux que je soutiens, légitiment l’assujettissement de la spontanéité individuelle au contrôle extérieur, seulement eu égard aux actions de chacun, où l’intérêt d’autres gens est en jeu.

    1. Avatar de scaringella
      scaringella

      –>>Les intérêts qui sont ceux que je soutiens,
      légitiment l’assujettissement de la spontanéité individuelle
      au contrôle extérieur, seulement eu égard aux actions de chacun,
      où l’intérêt d’autres gens est en jeu.

      Voila exactement ce qui fait que la société actuelle est finie. le contrôle est donc social, mais qui contrôle les controleurs, eux qui manipulent avec l’argent la majorité? La loi? Ben non puisque la loi c’est eux qui la font.

      Le contrôle ne peut être que intérieur, c’est l’auto-contrôle, la vertu. Et seuls ceux vertueux et libres donc de leurs pulsions peuvent légitimement accéder au pouvoir.
      Tous ces vieux textes ont eu leur valeur en leur temps, plus maintenant.

    2. Avatar de fujisan

      Votez pour scaringella, le « philosophe-roi » platonicien, seul capable d’être « vertueux » !

      En effet, tous ces très vieux textes ont eu leur valeur en leur temps, plus maintenant…

      Que cette soit-disant élite auto-instituée, auto-reproduite et cooptée arrête de prendre la population pour des imbéciles, des ignares inaptes qui conviendrait de guider. Et si, pour changer, on osait la démocratie ?

  13. Avatar de écodouble
    écodouble

    Il faut donc changer la devise « Liberté, Egalité, Fraternité » par « Egalité, Fraternité, Bonheur ».

    1. Avatar de Génissel Samuel
      Génissel Samuel

      Tu garde les deux absolus et enlève la fraternité pour le bonheur, qui restera flou, car propre à chacun, la perfection n’est pas ce monde.
      l’utopie c’est de rendre les deux absolus la liberté et l’égalité plus réel par d’autres concepts, comme l’équité ou l’épanouissement

  14. Avatar de lechat
    lechat

    Il y a les paradigmes et ce qu’on met dessous ( les sous-entendus) Je signale à ce propos un lien vers une étude historique des ambiguïtés, dés l’origine entre liberté et égalité, pour les protagonistes de la Révolution française( en quelle fraternité on peut comprendre selon les sous-entendus):
    http://revolution-francaise.net/2008/12/27/275-sieyes-origines-science-naturelle-etat-social
    Je me permets de penser que lire ou relire ce texte est utile en liaison avec le billet d’aujourd’hui?

  15. Avatar de scaringella
    scaringella

    Je fais comme avec zebu ….
    Des fénitions claires de ce que sont liberté,égalité, fraternité
    et faites pascomme zébu, à remplacer un mot par un autre.

    Parceque j’ai l’impression que vous mélanger chèvres et choux.

    1. Avatar de zébu
      zébu

      Puisque vous me faîtes l’honneur de me citer, j’attends toujours vos réactions sur les définitions données concernant le sujet abordé.

      Sans compter qu’on attend les vôtres, de définition, histoire de voir si vous remplacer un mot par un autre …

    2. Avatar de zébu
      zébu

      Sans compter que si on veut couper les cheveux en quatre comme vous (et à ce rythme là, on serait toujours à chercher à tenter de définir ce qu’est un ‘blog’ avant que d’avoir pu commencer à écrire), va aussi falloir améliorer l’orthographe, la grammaire, la conjugaison, etc.

      Serviteur.

  16. Avatar de svenmarq
    svenmarq

    Liberté + Egalité + Fraternité ? Que ça?

    La grille de lecture de la Révolution à venir ne devrait s’établir que sur une axiologie redéfinie.
    Comme je pense l’avoir évoqué précédemment sur le blog, la nouvelle approche ne pourrait s’établir qu’en base quaternaire (la double dualité) et non ternaire (une impasse, selon Abélio et sa structure absolue).
    Liberté/ égalité/fraternité sont issues des lumières. à l’époque les droits sociaux, culturels, et
    à fortiori environnementaux étaient encore dans les lymbes, ou du moins à l’état embrionnaires…
    Bien-sûr, il faut préserver les paramètres fondamentaux, LIB/EGAL et secondaires qui en découlent
    (la Fraternité par ex. ne se décrète pas, c’est l’intersection de la Liberté inscrite dans une Identité)

    J’ai peu de temps ici, mais je propose la grille suivante: 4 paramètres fondamentaux
    (IDENT.)-> LIBERTE -> GALITE -> RESPONSABILITE -> IDENTITE ->
    -> FRATERNITE -> EQUITE -> SOLIDARITE -> PERRENITE ->(FRATER.)
    En circulaire, on obtient les paramêtres civilisationnels secondaires qui en découlent…

    A méditer, à approfondir rapidement.
    Bonne journée à tous.

  17. Avatar de Francisco
    Francisco

    Bonjour
    « ….les membres de la société sont unis par un commun accord sur l’organisation et les buts sociaux ; les relations
    individuelles et politiques sont stables et acceptées, la disposition du pouvoir révèle diverses possibilités de
    contribuer au bien-être de la société. Par opposition les périodes « critiques » sont marquées par l’écroulement
    du consensus et par la désintégration de la société en fragments dissidents et hostiles les uns vis à vis des autres.
    Le statut est remis en question, les relations s’enveniment et, dans la lutte qui s’ensuit pour le pouvoir, les
    qualités respectives des classes en conflit et des individus sont oubliés…….une civilisation qui se désintègre est le
    théâtre de deux intrigues différentes qui se jouent côte à côte. Tandis que la minorité dominante répète sans
    changement et inlassablement sa propre défaite, de nouveaux défis appellent inlassablement de nouvelles
    réponses créatrices de la part des minorités ….-A. TOYNBEE « a study of History »

    Voilà (rien de nouveau en quelque sorte), vous et moi sommes en plein dedans et compte tenu des « challenges »
    (écologiques, économiques, sociaux etc…) qui demandent des réponses créatrices de la part des minorités « qui
    n’acceptent pas la désintégration de leur société et ne tentent pas de s’y opposer par des substituts artificiels de
    la créativité, mais relèvent le défi avec lucidité et courage… » (Toynbee toujours), nous pouvons mesurer le
    problème……en gros rien à attendre des vieilles recettes [ » Ne méprisez rien mais n’imitez rien de ce qui est passé
    avant nous….  » St Just (rapport à la convention, sur la police générale, 26 germinal an II -15 avril 1794).] compte
    tenu du challenge novateur qui se présente à l’espèce humaine…et qu’elle doit résoudre sous peine de disparition
    (problème du réchauffement climatique par exemple) !!!

    Si on se rapporte aux analyses historiques de Toynbee (qui datent certes), je dirais que, compte tenu de
    l’évolution actuelle du patient, le pronostic est plus que réservé !!!!
    Chris

  18. Avatar de Médiactoeur
    Médiactoeur

    D’un point de vue méthodologique, il peut sembler plus efficace pour s’orienter de partir des conditions du malheur, ou à un degré moindre du mal-être — prélude au malheur.

    Si il est un élément usant, déprimant à la longue, c’est la précarité subie qui morcelle l’existence, empêche de se projeter dans l’avenir et donc de se construire sur la durée. Précarité du revenu, de l’emploi, de la situation géographique et donc socio-environnementale. Autrement dit, ce seul constat, tiré de ma propre expérience, milite largement en faveur de la mise en place dans un premier temps d’une forme de REvenu Minimum pour une Existence DEcente (aspect individuel de l’acceptabilité) couplé à une Activité Socialement Utile (acceptabilité sociale de la mesure et intérêt pour les individus d’être en situation de faire oeuvre utile). Ces deux données ne garantissent pas l’accès à une existence heureuse ; toutefois ils en constituent un préalable incontournable dans la quasi totalité des cas.

    Seconde condition : cesser d’imposer des modèles de réussite existentielle inatteignable pour la plupart d’entre-nous, si tant est qu’ils aient un quelconque intérêt ! A la place, on valorisera sans les survaloriser différentes sortes d’expériences sur la base de témoignage authentiques et non pas mis en scène à des fins marketing !

    Bien sûr ce qui précède ne constitue que des prémices.

    1. Avatar de Lisztfr
      Lisztfr

      Bien dit…

      Céline :

      « Cauchemar d’avoir à présenter toujours comme un petit idéal universel, sur-homme du matin au soir, le sous-homme claudiquant qu’on nous a donné. »

      Et c’est vrai…

    2. Avatar de vigneron
      vigneron

      @Liszt
      Le problème étant avec le bon docteur Destouches, malgré toute mon amour pour son oeuvre, voire sa personnalité, que ce constat l’avait amené hélas et pourtant à considérer qu’il existait en plus des sous sous hommes, plus estropiés sans doute. Ou pas assez, allez savoir!
      Et de s’en donner quittus pour les maltraiter, au moins de sa plume virtuose, de la façon quen l’on sait…

  19. Avatar de logique
    logique

    De toute façon, il semble que le bonheur ne puisse se définir qu’a condition qu’il y ait eu du malheur. D’ailleurs je pense que la notion même de bonheur et de malheur ne sont que des dérivés de la notion de plaisir et de déplaisir, joie et tristesse. Les notions de liberté, d’égalité et de fraternité sont a la joie se que la dictature et le féodalisme sont a la tristesse.

    Ont a souvent enttendu que le bonheur des uns faisait le malheur des autres. C’est surement a se momment que la notion d’équilibre intervient. il faudrait donc en conclure que la notion d’équilibre que défini l’égalité soit un état entre la liberté et la fraternité.

  20. Avatar de Lisztfr
    Lisztfr

    L’Agent Smith, parlant de la Matrice à Morpheus:

    « Ne l’avez-vous jamais contemplé, Morpheus ? N’avez-vous jamais été ébloui par sa beauté, son ingéniosité ? Des milliards de gens vivant leurs petites vies anonymes sans même y penser. Saviez-vous que la première Matrice avait pour dessein de créer un monde parfait, où personne ne souffrirait. Le bonheur parfait pour chaque être humain ! Ce fut un désastre, une catastrophe pour les récoltes.

    Certains pensaient que nous devrions reprogrammer l’algorithme du concept de monde parfait. Mais je crois que votre espèce, les humains, définissez la réalité comme une sorte de purgatoire, une souffrance. Le monde parfait était un rêve auquel vous ne pouviez accéder qu’en mourant. C’est pour cela que la Matrice fut remaniée en ceci, l’apogée de votre civilisation. Je dis bien votre civilisation car depuis que nous pensons à votre place, c’est devenu notre civilisation, ce qui en fin de compte nous importe.

    ==============

    Je me souviens vaguement d’une débat chez Taddei sur ce sujet, le PIB bonheur etc ?

    1. Avatar de vigneron
      vigneron

      @Paul Jorion

      Vous dites chez Taddéi: « Mon grand-père n’avait aucune raison d’être optimiste, et pourtant il l’était. »

      Vous dites aussi ailleurs: « Les bourses n’ont aucune raison d’être optimistes, et pourtant elles le sont. »

      Paradoxe de l’optimisme de cette « espèce humaine qui est comme ça, voilà. »

      L’optimiste accepte son malheur dans une sorte de bonheur inconditionnel (Guatemala/Floride) et aspire néanmoins au progrès.

      Espérance ou Volonté de Vivre inconditionnée et inconsciente?

    2. Avatar de L'enfoiré

      Paul,
      J’ai bien aimé votre représentation de cette
      Le bonheur est fait de très peu de choses.
      Sur une même journée, on peut se retrouver optimiste et pessimiste en fonction d’un événement, d’une confrontation avec ses proches ou ses éloignés.
      Comme je vous avais laisser deviner ce sur quoi j’allais écrire aujourd’hui, je vous le dois: une confrontation entre le virtuel et le réel.
      Curieux d’en être sorti par ces chansons.
      Au milieu des deux, il y a les symboles, les fantasmes qui rassurent ou enfoncent…
      Entre le virtuel et le réel, on a voulu y voir une rupture.
      Non seulement, ceux qui en parlent, ne savent pas où elle se situe mais en plus, la faille entre les deux était souvent très ténue.
      🙂

    3. Avatar de L'enfoiré

      J’ai bien aimé votre représentation de cette idée du bonheur….
      Un morceau de phrase est restée sur mon clavier… 🙂

  21. Avatar de zébu
    zébu

    « Article premier – Le but de la société est le bonheur commun »
    Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen … de 1793.

    A mon sens, une des ‘bifurcations’ que vous recherchez est celle-ci : la conception des droits naturels y est différente de celle de 1789. Et le contrat social aussi, sur lequel repose la constitution de 1793, jamais appliquée (suspendue par la terreur) et définitivement abrogée avec le 10 de thermidor.

    On y observe notamment cette référence au bonheur commun. Mais aussi des références très différentes :
    – « l’égalité, la liberté, la sécurité, la propriété » (dans cet ordre là),
    – une conception de l’égalité en droit mais aussi en nature (« Tous les hommes sont égaux par la nature et devant la loi »),
    – le droit à l’insurrection (la résistance à l’oppression est citée par la déclaration de 1789 mais se différencie du droit à l’insurrection),
    – la souveraineté populaire > souveraineté nationale,
    – le droit de pétition,
    – la liberté de se réunir (en ‘société populaire’),
    – le secours publique (octroi de travail ou moyens d’exister pour ceux qui ne peuvent pas travailler)
    – « l’instruction est le besoin de tous », elle doit être accessible à tous les citoyens ;
    – le droit pour tout citoyen d’exercer tous les métiers, afin d’éviter les corporatismes (« Nul genre de travail, de culture, de commerce ne peut-être interdit à l’industrie des citoyens »),
    – la liberté d’exercice de culte (qui n’est pas explicitement citée en 1789).

    La quasi totalité de ces dispositions disparaîtront avec la déclaration de 1795.
    On mesure mieux ce que la République actuelle doit à 1793 plutôt qu’à 1789 :
    – laïcité, avec la liberté de culte ;
    – la sécurité sociale (avec le secours public) ;
    – l’instruction libre et obligatoire (l’obligation interviendra plus tard mais elle découle logiquement du ‘besoin de tous’) ;
    – le droit de pétition, très imparfaitement reconnu par le référendum d’initiative populaire, très récent ;
    – la souveraineté populaire, partiellement, avec les référendums ;
    – l’accès de tous à tous les métiers ;
    – le droit d’association.
    Mais on mesure aussi la différence entre aujourd’hui et 1793, notamment par la conception de l’égalité (par nature, et pas uniquement en droit) et sa primauté sur la liberté, le bonheur commun étant le premier objectif.
    Enfin, bien que la propriété soit consacrée comme un droit, elle y apparaît en dernier rang, derrière la sécurité. Ce droit de propriété sera défini par Napoléon dans le Code Civil, où la propriété privée est absolue, exclusive, perpétuelle mais peut être limitée par la loi.

    A l’inverse, un élément très intéressant, quasi oublié mais qui pourrait ‘servir’ pour la redéfinition du contrat social : le domaine public (‘res communis’).
    Ce domaine était exclu de toute propriété privée et définissait aussi par le Code Civil ce qui concernait les mines, les forêts, la pêche, etc.
    Actuellement, la notion de ‘domaine public’ est défini dans le Code Civil par l’article 714 :
     » Il est des choses qui n’appartiennent à personne et dont l’usage est commun à tous.
    Des lois de police règlent la manière d’en jouir. »

    1. Avatar de Paul Jorion

      Note ancienne :

      Exacerbée par la crise sociale, la famine et le chômage, exaltée par la répression et la persécution menées contre les militants sectionnaires à la suite des journées de germinal an III, une foule de femmes et d’hommes envahit la salle de la Convention le 1er prairial an III (20 mai 1795) et réclame « du pain et la Constitution de 1793 » jamais appliquée. Quelques députés de la « Crête », la minorité montagnarde, appuient et organisent les revendications des insurgés. Mais Boissy d’Anglas alors président de la Convention résiste passivement aux injonctions et refuse de signer les décrets que les députés montagnards lui présentent. Finalement, la Convention est délivrée dans la nuit par la garde nationale, et les insurgés se retirent sur des promesses qui ne seront jamais tenues. Quelques jours plus tard la répression judiciaire se met en place, et six des députés montagnards ayant participé à l’insurrection sont condamnés à mort. Ces derniers se poignardent au sortir du tribunal : Romme, Goujon et Duquesnoy tombent morts, Bourbotte, Duroy et Soubrany seront achevés par la guillotine. Ce sont les « martyrs de prairial » ici représentés par Ronot presque un siècle plus tard.

      Auteur : Pascal DUPUY

    2. Avatar de vigneron
      vigneron

      Alors que la Liberté par nature de l’Homme est, depuis Locke, gravée dans le marbre du droit de propriété et des sociétés fondée ou refondée sur lui, personne, hormis les eugénistes (ceux là à l’intérieur du système libéral-lockien), aucune théorie politique n’ose, excepté dans le strict domaine religieux, poser ce postulat préalable de l’Égalité de nature.
      On se contente de l’Égalité de Droit, y compris chez les marxistes ou les anarchistes de tout poil, les premiers se réfugiant eux aussi derrière une égalité produite par un Droit, et donc issue d’une société ou d’un modèle de société préexistants, les seconds se contentant d’invoquer une Dignité partagée.

      La révolution française était allée réellement très loin dans les principes.

    3. Avatar de JeanNimes
      JeanNimes

      Attention au sens d’ »égalité de nature » :

      Les textes de l’époque renvoient au fait que les êtres humains appartiennent à la même espèce et qu’ils doivent ainsi être traités comme égaux (pas de sous-hommes, d’esclaves, etc.) en droits et en dignité.

      Cela ne signifie certainement pas que leurs caractéristiques physiques ou intellectuelles ou morales… soient identiques. Cela va sans dire, mais mieux en le disant. Le libéralisme (néo ou non) est trop friand de failles à exploiter dans ce domaine, en particulier en s’appuyant sur la notion de « nature humaine » .

    4. Avatar de zébu
      zébu

      @ Vigneron :
      C’est rien de le dire … Allez par exemple consulter les conceptions de la citoyenneté et vous serez surpris d’apprendre que des citoyens de nationalité étrangère avaità une certaine période, sans l’avoir requise, obtenus la nationalité française, uniquement parce qu’ils résidaient sur le sol français et déclaraient y vivre.
      Une conception de la citoyenneté, primant sur celle de la nationalité. Si je vous dis que nos conceptions actuelles sont l’exact opposé, cela ne vous étonnera pas …

      @ M. Jorion :
      J’ai aussi oublié le mandat impératif, inscrit dans la constitution de l’an 1. En plein dans le contrat social rousseauiste donc sur la souveraineté populaire et l’intérêt général …
      « A quel signe dois-tu donc reconnaître désormais l’excellence d’une constitution?…Celle qui tout entière repose sur l’égalité de fait est la seule qui puisse te convenir et satisfaire à tous tes voeux.
      Les chartes aristocratiques de 1791 et de 1795 rivaient tes fers au lieu de les briser. Celle de 1793 était un grand pas de fait vers l’égalité réelle ; on n’en avait pas encore approché de si près ; mais elle ne touchaient pas encore le but et n’abordait point le bonheur commun, dont pourtant elle consacrait solennellement le grand principe. »
      Manifeste des égaux, 1796.
      http://kropot.free.fr/Marechal-manifeste.htm
      ‘Gracus’ Babeuf pris ce nom des Gracques. Retour aux sources …

      Reste que ce ‘premier communisme’ selon Marx et Engels mettait sous le boisseau l’autre source de droit naturel, la liberté individuelle. On sait ce qu’il advint par la suite des utopies, réelles ou non, de ‘l’égalitarisme’.

      Le chemin est donc étroit. Mais certaines choses peuvent s’imaginer :
      – véritable droit d’initiative à référendum populaire (actuellement, l’initiative revient aux députés, sur la base d’une pétition d’1/10ème du corps électoral) ;
      – séparation des pouvoirs accrus ;
      – révocabilité des représentants et des lois;
      – introduction d’une part de mandat impératif dans la représentation ou sur certains sujets ;
      – tirage au sort d’une partie des représentants ou pour des fonctions spécifiques ;
      – reprise, extension et intégration dans les droits naturels de la définition de ‘res communis’ pour les biens et les savoirs communs ;
      – précision de la définition de la nature de la propriété, en y adjoignant en droit naturel la propriété publique (appartenant à l’Etat) et la propriété ‘commune’ (relevant du patrimoine humain et naturel) ;
      – définition de l’égalité en nature, ouvrant la voie à la définition et la mise en place d’un revenu universel ;
      – etc.

      1793, oui …
      Mais sans la terreur, est-ce possible (mutatis mutandis) ?

    5. Avatar de vigneron
      vigneron

      C’est bien ce que je veux dire en prétendant que le radicalisme égalitaire n’était jamais allé aussi loin que le libéralisme égalitaire, naturellement défini et au secours de la propriété naturelle. Et que face à ce monstre conceptuel de liberté naturelle, matrice de l’idole valeur et marchandise, la possibilité d’une « triangulation » amenant l’émergence d’une fraternité en souffrance autre que le care ou la « common decency » ou société décente d’Orwell, rend sans doute nécessaire d’aller aussi loin dans la radicalité théorique égalitaire fondée naturellement (et non pas identitaire au sens d’identique bien sûr).

      Le libéralisme, y compris avec Tocqueville, cherche à faire croire que l’on est allé très loin dans l’égalitarisme, toujours insatisfaisant (paradoxe de Tocqueville). C’est un mensonge. Infiniment et universellement partagé. Non seulement dans la pratique sociale et politique, ce que l’application des idéaux égalitaires partage avec l’application de ceux du libéralisme, mais surtout dans la théorie politique et philosophique. La pente libérale est plus prononcée que l’égalitaire. Je maintiens.

    6. Avatar de Paul Jorion

      La Constitution de 1793 ne fut pas mise en application… avec ou sans Terreur.

    7. Avatar de zébu
      zébu

      @ M. Jorion :
      Vous avez raison : la constitution et les droits naturels définis dans la déclaration de 1793 n’ont pas été appliqués car suspendus face aux évènements internes et externes, qui précédèrent la mise en place du Comité de Salut Public. De même, quand la Terreur cessa, la constitution de l’an 1 ne fut pas mis en oeuvre, comme ce qui avait été convenu au préalable mais une autre convention créa une autre constitution, bien différente (1795).
      Reste que la convention montagnarde, qui créa cette constitution, est aussi en lien avec un environnement interne et externe très spécifique, pour lequel il n’est pas interdit de penser qu’il influença les rapports de force politiques et les définition des concepts utilisés pour fonder la constitution de 1793 …
      Le mot ‘Terreur’ (avec un grand ‘T’) n’a donc pas lieu d’être utilisé avec cette constitution, cela créé un amalgame, avec des situations antérieures (septembre 1792) ou postérieures à sa conception.

      @ Vigneron :
      La tyrannie de la majorité et le despotisme démocratique définis par Tocqueville sont produits selon lui par le conformisme des opinions et la mise à l’écart des citoyens des débats démocratiques par l’Etat. Pour autant, la fabrique du consentement de Chomsky montre bien ceci n’est pas ‘naturel’ et que ce n’est pas une déviance de la démocratie mais bien une résultante de processus mis en place consciemment, dans un but bien précis. La figure de Tocqueville comme parangon de la liberté dans le système démocratique est présentée comme indépassable par leurs thuriféraires, à dessein : hors la limitation de l’égalité (qui conduit ‘naturellement’ à l’égalitarisme et donc à la limitation de la liberté, donc au despotisme et à l’arbitraire) est indépassable.
      Sauf que le raisonnement de Tocqueville n’intègre absolument pas dans son analyse la pauvreté et l’exclusion, y compris ‘radicale’ (au sens d’esclavage, de ségrégation ou d’extermination), à l’encontre des classes sociales américaines urbaines pauvres, des noirs et surtout des tribus amérindiennes. Là dessus, étrangement, Tocqueville, la figure totémique du libéralisme politique, ne dit rien, ou presque. Point de vue ethnocentrique donc, qui plus est de sa position socialement déterminée.

    8. Avatar de zébu
      zébu

      @ Paul Jorion :
      Sur la constitution de 1793, Saint Just a déclaré le 10 octobre 1793, jour de déclaration du gouvernement révolutionnaire (jusqu’à la paix) et de la non application de la constitution : « dans les circonstances où se trouve la République, la Constitution ne peut être établie ; on l’immolerait par elle-même, elle deviendrait la garantie des attentats contre la liberté parce qu’elle manquerait de la violence nécessaire pour les réprimer ».

  22. Avatar de Thucydide
    Thucydide

    Ah, ce thème inépuisable de Liberté – Égalité – Fraternité…
    2+1=1 en quelque sorte
    Pour peu que chacun y mette du sien.

    Et c’est sans doute là que le bât blesse : « que chacun y mette du sien » relève à ce stade de la pure utopie, tant que n’aura pas été sérieusement analysé cette réalité basique confirmée par plusieurs siècle d’Histoire et que je vous livre :
    De même que l’interprétation statistique est la forme la plus élaborée du mensonge, le pouvoir politique est la forme la plus élaborée du parasitisme social.

    S’attaquer à l’antinomie atavique entre Liberté et Égalité ne saurait donc se contenter de mettre en œuvre la Fraternité, dans un monde ou il est impensable qu’une société puisse vivre et se développer sans pouvoir.
    Il faudrait d’abord régler son compte au pouvoir politique en redonnant ses lettres de noblesse à l’anarchie qui sous-entend plus la concertation et l’empathie que le désordre.

    Tant qu’il sera aisé de s’installer dans le luxe sans aucun effort ni aucune compétence autre que le faux-semblant, il y aura toujours trop de demandeurs de pouvoir politique pour garantir la moindre Fraternité que ce soit.

    Ce n’est pas ici une opinion, c’est un constat et j’espère que nous aurons l’occasion d’ouvrir notre champ de réflexion sur cet aspect aussi délicat que crucial.

    1. Avatar de juan nessy
      juan nessy

      Ouvrons le champs !

      Fermez le ban !…

  23. Avatar de VB
    VB

    Bonjour,

    Le bonheur et le malheur sont-ils susceptibles d’être mis en équation ? Il me semble que si les excès de l’un ou de l’autre de ces états sont évidents, les strates intermédiaires sont pour le moins difficile à évaluer à une seule aune, tant la part de subjectivité est grande.
    De même, il me semble difficile aujourd’hui de prévoir une grande théorie prompte à permettre le bonheur.
    Une grande théorie qui fonderait ou refondrait l’organisation sociale est possible mais « gare à ne pas faire le bonheur des gens malgré eux » (c’est un peu ce que je reproche à la théorie de Zébu). En son temps, Karl Marx, a-t-il une seule seconde envisagée que sa théorie permettrait le stalinisme ? Je ne pense pas ; un pas plus loin : si cela avait été le cas, Marx aurait-il quand même persévéré ? Je n’ai pas la réponse, mais la question me semble devoir être posée et surtout gardée à l’esprit pour l’avenir.
    Ce scepticisme irréductible m’incline à penser qu’au delà d’une grande théorie sur « le monde de la connaissance » ou autre, peut-être vaudrait-il mieux, plus modestement, se contenter d’une nouvelle façon d’organiser la vie en société, je veux dire par là la vie en commun, en prenant soin d’organiser des contrepouvoirs (ceux là même évoqués par monsieur Jorion), sachant évidemment que pour que les choses soient viables (cad l’organisation sociale soit viable), il faut toujours une légère prééminence d’un ou plusieurs pouvoirs, mais cette prééminence doit être limitée de façon à rester dans un cadre acceptable.
    Au fait, il me semble que dans la période de transition que nous vivons, nous ne pourrions faire mieux que de rester modeste sur la société de demain, en ajournant justement à « demain » les contours philosophiques du « nouveau monde » (cad de la nouvelle société), le temps que la phase transitoire ait montré le chemin de l’avenir (il me semble d’ailleurs que cette méthode correspond au chemin que nous montre François Leclerc au fil de ses textes).
    Je pense que nous éviterons les dérives dogmatiques à ce seul prix. Mais peut-être que je fais erreur ; il est vrai que j’ai, à l’esprit, beaucoup plus de questions que de réponses.

    Cordialement

    1. Avatar de Betov

      Peut-être est-il concevable de faire le malheur des très riches malgré eux en ne leur permettant de n’être que riches. Tant que cela n’est pas fait, le bonheur, le bonheur tranquille, c’est la vulgarité détestable du pas encore vraiment bourgeois.

    2. Avatar de Pierre
      Pierre

      Betov vous combattez le méga bonheur pervers-narcissique du « robinson-bourgeois » qui rêve secrètement d’une retraite genre bunker climatisé gardé par une armée privée dans une îles quelconque d’un paradis fiscal, où il pourra vivre entre les siens le reste de son âge tout en jouissant notamment du prestige des déracinés et de la lecture des « billets de vendredi » de Paul Jorion reconverti pour l’occasion en « bon sauvage de la pensée exotique » ?

      « Autrefois, y’avait des gens qui ont dit faisons des villes, ce sera plus simple à plusieurs pour enterrer nos frayeurs, ce sera plus facile à beaucoup de chasser tout c’qu’est pas nous, hordes de loups, saltimbanques, filous….. » F Berranger.

      Attention Betov, vous-êtes pas du quartier, ni à la bonne heure…….!!!!

      Dans ma « cité de la joie », on ne « fait » pas le malheur, on a le simple bonheur de l’être, de le connaître et de tenter modestement de l’apprivoiser.
      Si le désir de progrès régresse, la maladie progresse…..
      Aime toi, le ciel t’aidera! Tu ne peux donner que ce que tu es et que ce que tu as.

    3. Avatar de laurence
      laurence

      @ VB,

      « Au fait, il me semble que dans la période de transition que nous vivons, nous ne pourrions faire mieux que de rester modeste sur la société de demain, en ajournant justement à « demain » les contours philosophiques du « nouveau monde » (cad de la nouvelle société), le temps que la phase transitoire ait montré le chemin de l’avenir (il me semble d’ailleurs que cette méthode correspond au chemin que nous montre François Leclerc au fil de ses textes). »

      Je partage tout à fait cette façon d’envisager le cours des évènements.

      (Sauf peut-être en ce qui concerne les contre-pouvoirs qui, pour moi, doivent -d’une manière ou d’une autre- atteindre leur objectif : la fin de la concentration des richesses ds les mains de qlq uns).

      Ps : je ne vois pas non plus pourquoi la devise de la République Française doit servir de base à une réflexion sur les priorités du Monde de demain.
      Les mots : « Respect », « Education », « Harmonie » sont , je crois, très importants voire essentiels.

    4. Avatar de L'enfoiré

      Pierre,
      Aide toi…. cela m’a rappelé quelque chose. Il y a longtemps.
      😉

    5. Avatar de VB
      VB

      @ Betov,

      « Peut-être est-il concevable de faire le malheur des très riches malgré eux en ne leur permettant de n’être que riches. »
      =>
      Peut-être que ce faisant, nous œuvrerions pour leur bonheur, allez savoir…

    6. Avatar de VB
      VB

      @ Laurence,

      1) « (Sauf peut-être en ce qui concerne les contre-pouvoirs qui, pour moi, doivent -d’une manière ou d’une autre- atteindre leur objectif : la fin de la concentration des richesses ds les mains de qlq uns). »
      =>
      Oui, certainement.

      2) Ps : je ne vois pas non plus pourquoi la devise de la République Française doit servir de base à une réflexion sur les priorités du Monde de demain. Les mots : « Respect », « Education », « Harmonie » sont , je crois, très importants voire essentiels. »
      =>
      Il se peut en effet que nous ayons fait le tour de « liberté, égalité, fraternité » ; l’important étant de garder à l’esprit la nécessité absolue d’organiser des contrepouvoirs. La moralité (ou l’éthique selon les préférences des uns et des autres) devrait quoiqu’il en soit reprendre la place qu’elle n’aurait jamais dû perdre.

  24. Avatar de Bruno

    Le problème? « Liberté, Egalité, Fraternité » est la devise de la République Française, certes. Mais si l’on s’apesentit sur le terme de République (« res publica », en latin, c’est à dire: les affaires publiques), on se rend compte qu’il s’agit d’un terme « générique », puisque toute nation, tout Etat, de quelque nature qu’il soit, ne peut faire l’économie des « affaires publiques ». Nos révolutionnaires voyait l’Egalité, sur un plan juriddique (et non « matériel »). Et c’est très certainement le plus difficile à formaliser -le quotidien nous le démontre très régulièrement, ne serait-ce que pour une seule raison: cette égalité en droit ne peut être que théorique, les moyens de défense -pas seulement pécuniaires-, ne pouvant être égaux. La question n’est donc, à mon avis, pas prête d’être résolue… D’autant plus quand il y a « consanguinité » entre affaires publiques et affaires privées. La solution, si elle existe? Très franchement, je suis incapable de la donner, même dans « le meilleur des mondes », de séparation des pouvoirs, tel que l’a définit Montesquieux.

    1. Avatar de Piotr
      Piotr

      Asked if another economic contraction, a so-called « double-dip », was possible, Mr Greenspan said: « It is possible if home prices go down. ???

  25. Avatar de François TERRIN
    François TERRIN

    Bonjour à tous,

    « Quand on pense à la transition d’un type de société vers un autre, on peut le faire de deux manières différentes : on peut soit envisager le phénomène « à vol d’oiseau », de manière globale, holiste : en extériorité, soit du point de vue d’un acteur de la transition, quelqu’un qui la fait ou qui est emporté par elle : en intériorité. Ces deux points de vue sont très différents. »

    Pour ceux que ça intéresse et qui ne l’auraient pas déjà lu, je vous signale la disponibilité intégrale en téléchargement du livre de Jean Louis LEMOIGNE, le « fondateur » de la Systémique :

    « La Théorie du Système Général – Théorie de la Modélisation »

    sur le site http://www.mcxapc.org (Modélisation de la CompleXité – Association pour la Pensée Complexe).

    Il suffit de cliquer sur le lien suivant pour télécharger gratuitement un .pdf de 5 Mo : http://www.mcxapc.org/inserts/ouvrages/0609tsgtm.pdf

    C’est un ouvrage fondateur de référence sur la Systémique, au style scientifique raide et difficile à lire tant le texte est truffé de notes de bas de page qui freinent et hachent la lecture. Mais bon, ces références scientifiques et historiques permettent d’avoir aussi un large panorama documenté sur l’émergence de ces concepts. !

    C’est donc à destination de ceux qui veulent encore se remuer les méninges et n’ont pas peur d’entrer dans des considérations épistémiques, notamment à propos du fameux « Discours de la Méthode » de notre cher Decartes, qui est le socle des principes d’intelligence (et d’aveuglement …) de notre méthode scientifique.

    1. Avatar de juan nessy
      juan nessy

      Je n’ai pas tout lu car je pense que liberté -égalité- fraternité est plus utile à la société que cette somme ( qui pousse à en piquer un ) où j’ai pourtant relever une mention intéressante :

       » passage d’une systémique molle à une systémique douce : douce et ferme  »

      Cette contibution au débat qui m’oppose à certains sur la différence entre le doux et le mou , m’a récompensé de l’effort un peu violent qu’il m’a fallu faire pour me remuer les méninges au risque de les carboniser et anesthésier .

  26. Avatar de anonyme
    anonyme

    Depuis le début, les hommes considèrent par peur de la mort, que le progrés c’est l’accumulation : protéger les cultures des aléas climatiques , se préserver du pillage des autres tribus. C’est inscit dans nos gènes. Aujourd’hui, nous prenons vaguement conscience que ce progrés nous précipite vers notre propre fin. Nous avons développé toutes les techniques qui nous permettent de vivre sereinement sans craindre le lendemain. Il devient urgent d’arrêter, parceque là, on est en train d’attaquer l’os. Alors plutôt que de redéfinir « l’algorithme d’un monde parfait », il s’agirait de redéfinir la notion de progrés dans le but de nous réconcilier avec nous même, avec notre voisin, avec notre environnement. Ca devient une question de vie ou de mort pour l’humanité toute entière.

    1. Avatar de juan nessy
      juan nessy

      l’humanité ( en tous cas moi , ce qui fait déjà beaucoup moins de monde ) n’a pas peur de mourir ( on n’imagine pas la mort ) , elle a peur de souffrir .

    2. Avatar de vigneron
      vigneron

      @juan
      Pourquoi devrions nous craindre la mort puisqu’elle est tout notre passé à la microscopique exception près de notre existence. Et tout notre avenir avec le même improbable interlude souffrant ou ennuyeux comme disait l’autre. Et pourtant, cette peur de la mort, en tout cas cette exception spécifique de l’angoisse nous définit bien. Je ne vous rappelerai pas Pascal et tant d’autres..
      J’ai bien peur que cette caractéristique humaine ne soit pas optionnelle durant notre court stage dans cette usine à vivant qui nous forme et nous déforme mais n’embauche pas en CDI en fin de formation… 🙂

    3. Avatar de sylba
      sylba

      « Inscrit dans nos gènes » ?
      C’est en effet un discours dominant voulant justifier les conduites d’accaparement et d’accumulation sans limite, avec les oppressions qui les accompagnent.
      Ce n’est pas ce qui ressort de travaux tels ceux de Elman Service, de Marshall Sahlins (Âge de pierre, âge d’abondance. L’Économie des sociétés primitives), de Pierre Clastres (La société contre l’État).
      La question qui me taraude depuis plusieurs années est : comment être « acteur de la transition », à la fois la faisant et emporté par elle, en se servant même de l’exacerbation et de la décomposition que nous vivons pour dégager nos esprits et nos vies de ce qui contribue à leur dévoiement ? Comment redonner cours à des aspirations étouffées par les cultures de l’avoir à travers les tensions et déchirements accentuées par l’appréhension et les effets de la raréfaction des ressources ?
      Pour mieux y parvenir, peut-être faudrait-il commencer par chercher à se dégager d’une de nos caractéristiques, largement induite par nos langues indo-européennes : penser à coup de grands substantifs figeant et segmentant indûment la pensée, l’entravant lorsqu’il lui faut appréhender la dynamique de situations comme celle dans laquelle nous entrons ?
      Des penseurs s’y essayent (je pense entre autres à Edgar Maurin) ; un mouvement se dessine pour reconnaître l’apport d’autres modes d’exploration et d’ajustement au monde que ce qui s’est fait dans nos cadres mentaux estimés à tort universels. Est-il possible d’explorer aussi ces voies dans ce blog ?
      Et pour commencer, peut-on s’attaquer autrement qu’en parlant de « la propriété » à repenser aux liens que nous entretenons avec nos ressources (matérielles, relationnelles…) et à leur incidence sur notre image de soi, notre rôle social et nombre de nos conceptions ?

    4. Avatar de juan nessy
      juan nessy

      @ Vigneron :

      Je persiste et signe . Buvez une bouteille à ma santé  » (sinon mon immortalité ) et vous parviendrez je crois , à mieux partager avec moi cette conviction que l’on n’a pas peur ( sentiment conscient ) de …quelque chose dont on ne peut avoir complètement conscience .

      « La mort ,comme le soleil , ne peut se regarder en face. »

      C’est d’ailleurs pourquoi la nature , bonne mère , nous a dotés de l’instinct de survie , activité réflexe qui nous donne une chance sans avoir besoin de réfléchir .

    5. Avatar de vigneron
      vigneron

      @juan nessy

      L’angoisse de mort, diffuse ou submergeante, refoulée ou sublimée, un sentiment conscient?

    6. Avatar de juan nessy
      juan nessy

      Ce qui me parait confus sinon sublimé , c’est votre question .

      J’ai écrit que la mort ne pouvait être consciente .

      C’est la vie qui est la conscience et réciproquement .

      Revoir là dessus le Cogito de René Descartes , qui comme Freud est l’un des « pitons  » de cette cordée que j’évoque ailleurs , sur une des voies qui conduit …plus haut .

  27. Avatar de juan nessy
    juan nessy

    Affaire grave et sérieuse .

    Affaire essentielle .

    J’attends donc la suite annoncée avec espoir et un peu de peur , surtout quand je lis certains commentaires qui me navrent .

    Je ne serai jamais d’un projet qui n’ambitionne pas ces trois clés primaires et universelles d’une même serrure : la vie en commun au sein d’un monde physique reconnu et respecté .

    1. Avatar de Piotr
      Piotr

      C’est indéfectible …

    2. Avatar de juan nessy
      juan nessy

      @Piotr :

      Oui .

      C’est le sujet et le verbe .

      Compléments et circonstancielles bienvenues .

  28. Avatar de Bertrand
    Bertrand

    La professionnalisation de la vie politique rend-elle possible un vrai sentiment de compassion envers le « malheur des gens » dans les classes dirigeantes ?

  29. Avatar de Karluss
    Karluss

    c’est un peu comme de la géomètrie variable, sans être de l’algèbre ; il faut construire les agencements qui nous conviennent au sein et avec ces 3 forces constitutionnelles élémentaires.

    1. Avatar de Boson 2 Higgs
      Boson 2 Higgs

      Oui, c’est aussi simple que la Super Symétrie en Physique Quantique.
      C’est ce que l’on veut évaluer qui conditionne ce que l’on évalue (onde ou corpuscule), de même que l’observateur influe sur le système (je simplifie à outrance).
      C’est une analogie qui me plaît bien: la démocratie permet à la population de s’exprimer, mais cette expression est évaluée à l’aune des politique et des phynanciers qui modifient eux-même le système.
      Mais j’y pense, les politiques ne sont pas extérieurs au système, donc ils l’observent de l’intérieur. Ils ne sont donc pas observateurs impartials, mais impliqués.
      Loupé, il faut donc trouver un observateur impartial, hors du système, mais dont l’observation va influer ledit système.
      Ah… Il reste donc à le trouver, ou à l’inventer…

    2. Avatar de Karluss

      en attendant, on peut toujours se consoler avec les ombres … et relire le Zarathoustra !

  30. Avatar de Pierre
    Pierre

    Lorsque qu’un dieu unique fit l’homme à son image et le douât des trois principes, d’empathie, de charité et de pardon, gravés conjointement au fronton de son église sous le vocable unique d’ »Amour », il découvrit bientôt les difficultés qui résultent du fait de vouloir les appliquer simultanément et avec la même force.

    Liberté amoureuse? Egalité amoureuse? Fraternité amoureuse?
    Et si nous questionnions notre noyau dur au sortir de nos récentes expériences de partouzes citoyennes?
    Nous constaterions que si dieu est éternel, nos amours ne le sont généralement pas, et que c’est la mort qui les sépare et les réunit dans un même mouvement.

    Voilà pourquoi nous « fuyons » peut-être « le bonheur de peur qu’il ne se sauve ».

    Un homme « libre » sait qu’il ne sert à rien d’atteindre des sommets, s’il n’est pas foutu d’en redescendre en respectant l’intégrité des âmes dont il a la charge.
    En toute « égalité » et en toute « Fraternité », il va sans dire.
    Le seul « Bonheur » acceptable est de cet ordre là.
    Faire son devoir.

    Faire son devoir c’est prévoir.
    Cela se calcule peut-être, si l’on croit savoir faire, car cela implique la projection et l’adhésion à une notion de « dette universelle »…..
    Voilà qui n’est pas sans intérêts pour certain!

    Combien moi devoir et à quel taux?

    Voilà donc un an que l’âme de Théodore bénéficie du « droit du sol » et du « droit à la dette » de la Sarkozy…..
    Portons nous-en tous aujourd’hui garant, au regard inquiétant de l’actualité, il va en avoir besoin.
    Bonne anniversaire, et tout l’Amour des siens à votre petit Homme!

    1. Avatar de L'enfoiré

      Pierre,

      Je sens que la religion ne vous est pas étrangère. Mais analysons.
      L’empathie, la charité, le pardon, la volonté de l’homme préserver la nature et les êtres vivants qui vivent sue la planète, le dieu à son image sont gravés conjointement au fronton de son anthropomorphisme.
      Liberté amoureuse? Egalité amoureuse? Fraternité amoureuse?
      C’est du vent. C’est même tellement théorique que cela se passe réellement que rarement, chez les héros, comme on dit. Nous sommes tous différents. Nous sommes tous des êtres vivants que l’évolution est en train de tester pour trouver ce qui est le plus viable pour perdurer l’espèce.
      Voilà pourquoi nous « fuyons » peut-être « le bonheur de peur qu’il ne se sauve ».
      Peut-être.
      La nature n’a pas d’autres buts.
      Faire son devoir.
      Quel devoir? Procréer?
      Faire sa vie c’est prévoir. Ca oui.
      La notion de « dette universelle »
      Dette envers qui? La nature? Elle s’en fout.

      du « droit du sol » et du « droit à la dette » de la Sarkozy…..

      Je vais vous transposer cela « à la Belge ».
      Nous avons les Flamands qui jouent avec le droit du sol. Les Francophones avec le droit des gens.
      Fameux dilemme qui dure depuis très longtemps. 🙂

    2. Avatar de Pierre
      Pierre

      Nous sommes potentiellement tous des « héros ». …. Ou des « anti-héros ».
      La surréaliste série documentaire Belge « Strip-tease » est là pour le prouver.
      Aucun des participants n’a trouvé à redire sur le traitement médiatique de sa prestation exhibitionniste au sein du zoo humain.
      Il n’y a donc pas que le vent du nord pour souffler sur la Belgique.
      Certes, les amours de Brel furent déçues mais sa liberté et sa fraternité de coeur nous ont découvert des vents communs…..

    3. Avatar de vigneron
      vigneron

      @L’enfoiré

      Nous sommes tous des êtres vivants que l’évolution est en train de tester pour trouver ce qui est le plus viable pour perdurer l’espèce.
      Voilà pourquoi nous « fuyons » peut-être « le bonheur de peur qu’il ne se sauve ».
      Peut-être.
      La nature n’a pas d’autres buts.

      Vous lui avez sondé la rate et les reins à la « nature »? Moi, ce qui m’évoque un finalisme naturel, ça me crispe légèrement.

    4. Avatar de L'enfoiré

      Cher Pierre,
      Le surréalisme vous le découvrirez en dehors de l’émission Strip-tease (une des seule qui a cassé la glace de nos frontières). Nous avons une culture qui a les mêmes racines que vous mais nous avons évolué autrement dans notre histoire.
      Je viens d’écrire ce que je considère être le patriotisme.
      Brel, mon maitre à penser, n’a jamais compris les femmes. Il en a eu peur. Souvent, ses interviews intimistes le prouvent.
      Bonne journée

    5. Avatar de L'enfoiré

      Vigneron,

      « Vous lui avez sondé la rate et les reins à la « nature »? Moi, ce qui m’évoque un finalisme naturel, ça me crispe légèrement. »
      Un peu, oui.(la preuve) Que cela vous crispe, c’est peut-être normal, mais c’est ainsi.
      S’il y a un dieu, il n’a pas tête humaine.

      Bonne journée

    6. Avatar de vigneron
      vigneron

      @l’enfoiré

      Alors quelle tendance de finalisme :

      – lamarckisme?

      – créationnisme?

      – dessein intelligent?

      – teilhardien?

      – enfoirisme?

      Bonne journée.

    7. Avatar de L'enfoiré

      Vigneron,

      N’avez-vous pas l’impression de tout mélanger? Les melting pots, je connais.
      Mais parce que vous m’avez fait sourire, je m’en vais le cœur plus léger.

      Bonne soirée

  31. Avatar de Betov

    « Tous les assassins voient l’avenir en rose, ça fait partie du métier »

    L.F.Céline.

    1. Avatar de juan nessy
      juan nessy

      Il est vrai que les victimes leur facilitent beaucoup le métier en voyant la vie en noir .

    2. Avatar de iGor milhit

      Mais tous ceux qui voient l’avenir en rose sont-ils des assassins? 🙂

    3. Avatar de taotaquin
      taotaquin

       » Je ne peux m’empêcher de mettre en doute qu’il existe d’autres véritables réalisations de nos profonds tempéraments que la guerre et la maladie, ces deux infinis du cauchemar. » (Louis-Ferdinand Céline)

      Le paradoxe fondamental de l’espèce humaine est probablement admirablement et cruellement contenu dans cette phrase…

      Il suffit d’ouvrir un livre d’histoire pour en avoir la confirmation… éclatante.

      « Le besoin de tendresse, d’affection, de chaleur humaine, d’amour n’a d’égal que le besoin contraire. » (Kostas Axelos, déjà cité, qui m’a fait sourire et frémir à la fois quand je l’ai découvert)

      En conscientisant chacun sur la part de destruction qui vit en lui, peut-être avancerons-nous alors dans une direction plus ou moins… éclairée…

    4. Avatar de Moi
      Moi

      Grande vérité. En général, les victimes ont une vision plus pessimiste de l’avenir. Allez savoir pourquoi.

    5. Avatar de vigneron
      vigneron

      Ah, voilà pourquoi elle me dit qu’elle voit la vie en rose dans mes bras! 🙂
      Sérieusement les mecs, vous voulez refaire le dialogue d’a bout de souffle avec le salaud heureux et le con malheureux?
      Autrement, Céline, dans les premières pages du Voyage, dit quelque chose comme « on est puceau de l’horreur comme on l’est de l’amour. »
      Sauf que, si j’ai bien compris, il aurait préféré garder ce premier pucelage le plus longtemps possible…

    6. Avatar de juan nessy
      juan nessy

      @Moi :

      Le sado – masochisme n’est pas une notion récente .

      J’espère que ceux qui fréquentent ce blog n’aspirent à être ni sadique, ni masochiste .

    7. Avatar de vigneron
      vigneron

      @juan

      Vous en connaissez beaucoup vous, des qui « aspirent » au sadisme ou au masochisme? C’est le genre d’arguments juste bons pour un procureur de cour d’assise.

    8. Avatar de juan nessy
      juan nessy

      @ Vigneron :

      Je ne connais en fait que très peu de sadiques ou masochistes pur jus .

      Pour les impurs , à défaut « d’aspirer » , c’est souvent ( toujours ?) une façon de  » combler un vide » .

      Je vous concède la pesanteur , qui alimente les vases communicants , à la dépression artificielle de l’aspirateur .

  32. Avatar de methode
    methode

    la France n’est pas une terre de grande Liberté, il suffit d’observer les barbelés dans les campagnes comme les restrictions sur la Liberté d’expression dans les médias ou les mesures envahissantes de santé publique et de sécurité en tous genres: la société ‘zéro mort’…

    la Liberté suppose l’éducation, pour que sa mise en oeuvre intélligente et optimisée puisse amener petit à petit les individus à faire preuvre de parcimonie et même de sobriété après en avoir mesurer par eux même l’étendue des avantages et des inconvénients. à mon sens c’est cela un projet émancipateur, la vertu émancipatrice de la Liberté.

    hors d’un tel cadre, les mesures déresponsabilisantes, donc infantilisantes, prennent une tournure répressive. sans vision d’avenir. contre-productive. anti-sociale.

    certes, je pense faire partie de la fraction minoritaire de ceux qui ne seront jamais en accord avec aucun système et doivent donc ‘faire avec’.

    1. Avatar de juan nessy
      juan nessy

      Hélas , la fraction n’est pas minoritaire ….

      ça me rappelle la réflexion qu’en tant que fonctionnaire  » itinérant « , j’ai toujours reçu des élus ou notables locaux que l’on rencontre lors des premières prises de contacts :

       » vous êtes très intelligent , on a certes besoin de vous mais attention , ici on n’est pas comme ailleurs  »

      Ce à quoi j’avais pris coutume de répondre : » vous avez certainement raison , mais c’est en me disant ce que vous me dîtes que vous me prouvez le contraire . »

      Les plus  » pas comme les autres  » , se demandent encore ce que j’ai bien pu vouloir dire .

      Mais la majorité de ces élus , qui sont des hommes fins et responsables , après une petite grimace , trinquaient en général leur verre au mien , en annonçant : « je crois qu’on va s’entendre ! … »Et de fait ça turbinait dans le même sens , j’espère le bon .

      Ce qui prouve qu’il est aussi utile de tenir le coup à l’apéro que d’avoir des raisonnements intelligents .

    2. Avatar de methode
      methode

      mh, juan, je ne bois généralement pas d’alcool, et sûrement pas avec n’importe qui. votre anecdote est tout à fait représentative d’un certain mode de ‘gestion’ et d’un climat collusif pour moi délètère. c’est le problème quand on a toujours raison, que ce soit contre les premiers concernés ou la majorité exprimée.

      http://www.centpapiers.com/les-maires-de-la-creuse-votent-des-actions-rompant-avec-l%E2%80%99etat/20207

      j’aurais préféré vous lire disserter sur la vertu émancipatrice de la Liberté, première des trois valeurs dans l’ordre républicain.

    3. Avatar de fujisan

      Un parcours politique à partir de C. Castoriadis – Interview de Alexandre

      Comment te définis-tu, politiquement ?

      Politiquement, je me définirais de manière provocatrice comme « castoriadien », si on peut utiliser ce terme…

      […]

      C’est quoi, alors, l’autonomie ?

      Le projet d’autonomie ne s’inscrit pas dans cet ordre naturel, tout au contraire : l’autonomie est un projet humain, qui vise à ce que à chaque niveau, on puisse se donner nos propres lois. Cette démarche exige de la spontanéité, évidemment, mais qui ait une dimension de création , ce qui n’est pas évident, et aussi l’examen de ce qui surgit, et donc l’information, la confrontation, la délibération, la décision et la discipline… Il s’agit de décider de nos propres valeurs, principes, lois, personnelles et collectives, sans en chercher d’autres fondements que nous-mêmes, sans garant ultime, que ce soit la Raison ou la Nature – c’est d’ailleurs en ça que le grand retour des lois de la Nature par le biais de l’écologie est très menaçant. Ce n’est donc pas du tout de l’auto-organisation. Il ne s’agit pas de se plier à ce qui émerge parce que c’est spontané (ou prétendument, comme les modes, justement), que c’est le fruit d’interactions multiples et incontrôlées. Ce que je dis là est très concret, très politique : l’auto-organisation des quartiers populaires, comme on dit, est-elle la meilleure organisation qui soit ? Entre les caïds, les gamins sur lesquels plus personne n’a prise, les ’’barbus’’ et la solitude, c’est pas vraiment ce qu’on appelle le paradis… Je prend cet exemple parce qu’il y a un fantasme sur les jeunes des cités : à la fac de St Denis que je fréquente, par exemple lors d’occupations ou de réunions, les jeunes des cités font partie des premiers emmerdeurs, au même titre que les mandarins encanaillés ou que les bureaucrates encartés, et bien avant les flics ou les vigiles, qui recrutent évidemment parmi eux. Là encore, c’est très politique : la manif des lycéens en 2005 a été interrompue par les ’’racailles’’, et certaines manifs du CPE en ont subi les violents contrecoups. On peut se plaindre du cloisonnement entre genre, entre classes sociales, classes d’âges, du communautarisme qui montent effectivement très dangereusement, mais le laissez-faire appelle le retour de la force comme les nuées précèdent l’orage : une autre face du même… Une figure de ça, c’est l’arrivée au pouvoir de Sarkozy peu après les émeutes. À mon avis, ce résultat a quand même été pensé, dans les années 80, de manière machiavélique. Le discours gauchiste d’alors se fondait, se confondait avec le tsunami pseudo-libéral. Tout ça fait que le summum de l’ambiguïté est atteint par le terme d’autonomie…

    4. Avatar de juan nessy
      juan nessy

      @méthode :

      Curieux que vous n’ayez retenu que l’apéro ( je vous rassure , ce n’est pas là que se prennent les décisions ) dans l’anecdote , qui voulait simplement souligner que ceux qui disent aspirer au bien commun commencent étrangement par mettre leur « spécificité  » ( leur autonomie ?) en condition première .

      La liberté n’est pas la première des valeurs de l’ordre républicain .

      La République c’est les trois , unes et indivisibles . C’est pour ça que c’est encore embryonnaire et fragile .

      L’émancipation ne vient pas de la liberté . Elle vient de la République .

    5. Avatar de methode
      methode

      vaste programme! j’apprécie les références, le soucis de rigueur intellectuelle, les propos sur le gauchisme, le libéralisme et l’autonomie comme remise en question permanente. merci. nous sommes de plus en plus nombreux à voir les choses ainsi.

      C’est fondamental de comprendre cela : l’autonomie n’est pas l’auto-organisation, du moins tel qu’on entend ce terme de manière générale. L’auto-organisation a été l’un des ’’dada’’ des années 70, ça a été aussi le mien : la question de l’auto-organisation des particules, des molécules, des cellules, des organismes, des populations, des écosytèmes, de l’univers, etc. On a cru que c’était le concept transdisciplinaire qui permettait de relier l’ordre naturel à un projet politique, à l’auto-gestion qui était, rappelons-le quand même, dans le programme du PS à cette époque… Il suffisait alors d’une pichenette pour que tout bascule et que le discours libéral occupe le devant de la scène. Et oui : on est passé en un clin d’œil de l’auto-gestion à l’auto-régulation du marché. On ne s’en est toujours pas remis, même si les choses sont peut-être en train de changer un peu avec la crise financière et économique. C’est cela, au fond, le ’’galimatias’’ libéral-libertaire : « laissez les choses s’auto-organiser », « moins d’Etat », « vive les TAZ », « autonomie des quartiers », « dérégulation du marché », « ne survivent que les plus aptes », etc. Les gauchistes sont tombés en plein dedans, et ils sont toujours au fond… Tu parles d’une déroute ! Le discours contestataire est au fond le même que celui du sommet de l’oligarchie

  33. Avatar de Rhubarbes
    Rhubarbes

    Puisqu’on parle de la ‘Transition’ aujourd’hui, je vous recommande à tous la lecture de « la grande transition’ (« la France dans le monde qui vient ») de Pierre Veltz au seuil, parut début 2008, < c'est un livre qui posait déjà à l'époque un certain nombre de question sur la validité notre modèle, mais surtout y apportait des réponses sur la manière dont, en France, en Europe et dans le monde, les territoires pourrait évoluer pour générer de l'attractivité économique.

  34. Avatar de zébu
    zébu

    M. Jorion, j’ai une question concernant la constitution pour l’économie. C’est une question idiote mais ayant récemment accepté cette condition, je vous la pose donc :
    Au regard d’une redéfinition souhaitable et possible (je l’espère) des droits naturels et du contrat social, une constitution pour l’économie est-elle envisageable et pertinente ?
    Certes, je vous cite :
    « La finance est, comme je l’ai dit, contrainte par un lacis de réglementations. Mais celles–ci ne forment pas conjointement une « constitution », il s’agit plutôt d’un glacis, d’un système d’endiguement, d’une combinaison de garde–fous, contre une finance prédisposée à l’excès et au débordement. Dans un processus infini de réglementation et de déréglementation, nous révisons sans cesse ces textes pour prévenir leurs effets négatifs inaperçus à l’origine, voire pour contrer ceux–là qui font profession d’en découvrir les failles afin de les détourner. La raison en est simple : contrairement au cas du politique, notre économie et notre finance ne disposent pas d’un système inventé par nous, il s’agit au contraire d’une survivance de la manière dont fonctionne la nature livrée à elle–même, dans la concurrence de tous avec tous, réglée seulement par les rapports de force et débouchant sur l’élimination du plus faible par le plus fort. »
    http://www.pauljorion.com/blog/?p=165

    Mais si cette survivance de la nature du tous contre tous (vision hobbesienne ou rousseauiste ?) devient elle-même redéfinit, l’économie a-t-elle besoin d’une constitution si le contrat social renové en a une ?
    Si l’état de ‘nature’ de la propriété (sous-entendue) (re)devient définie comme étant limitée et/ou multiple, l’économie et la finance ne deviennent-ils pas eux aussi redéfinis ?
    On peut citer l’article 18 de la Déclaration des droits de l’Homme de 1793 qui énonce l’inaliénabilité de la personne (« Tout homme peut engager ses services, son temps ; mais il ne peut se vendre ni être vendu ; sa personne n’est pas une propriété aliénable. La loi ne reconnaît point de domesticité ; il ne peut exister qu’un engagement de soins et de reconnaissance, entre l’homme qui travaille et celui qui l’emploie. ») et considérer que le temps appartient à la personne, comme élément constitutif. Dès lors, réaliser un prêt à intérêt amortissable devient aliénant et donc interdit, car l’intérêt ainsi calculé aliène le temps de la personne et cette personne même.
    Quel nécessité alors de prôner l’interdiction, par un droit positif, modifiable (même constitutionnellement), inférieur au droit naturel ainsi défini des prêts à intérêts amortissables ?
    [C’est d’ailleurs une conception qui rejoint la conception ‘orthodoxe’ du catholicisme envers le prêt à intérêt : seul Dieu possède le temps. Il suffirait d’ajouter à la religion la conception des droits naturels ainsi définis].

    Au final, définir une constitution pour l’économie, est-ce primordial au regard d’une redéfinition des droits naturels et du contrat social ? N’est-ce pas faire ‘trop d’honneur’ et focaliser par trop sur cet objet, ‘au détriment’ de l’objet principal que seraient les droits naturels et le contrat social ?
    Ou est-ce que vous concevez cette constitution pour l’économie comme un levier pour redéfinir l’objet final ?

    Merci pour vos réponses.

    1. Avatar de zébu
      zébu

      « Si l’état de ‘nature’ de la propriété (sous-entendue … PRIVEE) ».

    2. Avatar de juan nessy
      juan nessy

      Et oui !

      les droits  » naturels  » qui ne le sont pas tant que ça , et le contrat social , ça s’appelle une …. Constitution tout court .

      Je me suis déjà répandu pour exprimer qu’à mon sens , une constitution économique ne peut être qu’à  » l’aval » de LA Constitution .

      Jack Lang que j’ai souvent vilependé ici , semble à nouveau émerger (cf . ce matin sur France Inter ) . Je crains bien qu’une nouvellle fois , on ne se prépare à voler au peuple de France la pleine responsabilité de la rédaction des modifications à apporter à notre Constitution .

    3. Avatar de VB
      VB

      Cher Zebu cornu,

      Il y a « les droits naturels », qui sont du positivisme juridique appliqué et, « le droit naturel » ; je crois que le cours des choses nous montre aujourd’hui de façon évidente les limites du positivisme juridique et qu’il est temps de passer au jusnaturalisme, éventuellement rénové.
      Quelques échanges anciens me revenant en tête, il serait peut-être intéressant d’avoir l’avis d’Antoine Y sur cette question du jusnaturalisme.

      Cordialement,

    4. Avatar de zébu
      zébu

      @ VB :
      Les droits naturels tels qu’évoqués sont ceux désignés par les différentes déclarations des droits de l’Homme et du Citoyen, ainsi que ceux cités dans la déclaration d’indépendance des Etats-Unis. Rien à voir donc avec le positivisme juridique (c’est même l’inverse, si on on accepte l’idée que les droits naturels sont la source du jusnaturalisme, opposé au positivisme juridique).
      Le droit naturel est le jusnaturalisme, tandis que la philosophie politique du contrat social se fonde sur les droits naturels.
      Vous mélangez, encore une fois.

    5. Avatar de VB
      VB

      @ Zebu,

      1) « c’est même l’inverse, si on on accepte l’idée que les droits naturels sont la source du jusnaturalisme, opposé au positivisme juridique ».
      =>
      Justement, cette idée est de vous seul, et elle n’est pas acceptable en soi

      2) « Vous mélangez, encore une fois. »
      =>
      Ou ne serait-ce pas plutôt vous qui n’acceptez pas la contradiction ? Votre théorie mise en application, on arrive tout droit en plein positivisme : plier la réalité à votre conception générale, sans s’occuper plus avant de ce que pensent, vivent les autres. Mais vous ne l’admettrez jamais, cela je l’ai compris, pas de confusion possible : vous êtes sûr de détenir la vérité universelle.

      Sur le fond, je me réserve de détailler, plus tard, mes idées.

    6. Avatar de zébu
      zébu

      @ VB :
      Concernant le positivisme, une simple citation de wikipedia suffit concernant le positivisme de Comte et le contrat social :
      « Auguste Comte leur reproche de raisonner à partir de la supposition abstraite et métaphysique d’un contrat social primitif comme le fait notamment Jean-Jacques Rousseau et de raisonner à partir des droits individuels communs à tous les hommes, aboutissant aux idées de liberté et de souveraineté du peuple. »
      http://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_des_trois_%C3%A9tats#Description_des_trois_.C3.A9tats_selon_Comte
      Après, très franchement, je peux plus rien pour vous …
      Mais si votre unique quête est de me voir avouer que j’ai tort, rassurez-vous, je vais vous enlever une épine du pied : j’ai tort.

    7. Avatar de VB
      VB

      @ Zebu,

      1) « Concernant le positivisme, une simple citation de wikipedia suffit concernant le positivisme de Comte et le contrat social :
      « Auguste Comte leur reproche de raisonner à partir de la supposition abstraite et métaphysique d’un contrat social primitif comme le fait notamment Jean-Jacques Rousseau et de raisonner à partir des droits individuels communs à tous les hommes, aboutissant aux idées de liberté et de souveraineté du peuple. »
      =>
      Votre citation ne résout aucunement le problème soulevé, à savoir que votre assertion selon laquelle « « c’est même l’inverse, si on on accepte l’idée que les droits naturels sont la source du jusnaturalisme, opposé au positivisme juridique » » est fausse.
      Le contraire pourrait être soutenu : le jusnaturalisme pourrait être considéré, par certains, comme la source des droits naturels. Mais, personnellement je conteste cette assertion. Il y a un hiatus entre les droits naturels que vous évoquez et le jusnaturalisme.

      2) « Après, très franchement, je peux plus rien pour vous … »
      =>
      Je ne vous demande absolument pas de pouvoir quelque chose pour moi, simplement d’être un peu plus ouvert.

      3) » Mais si votre unique quête est de me voir avouer que j’ai tort, rassurez-vous, je vais vous enlever une épine du pied : j’ai tort. »
      =>
      Vous me jugez à l’aune de vos propres réactions ; ne croyez pas que vous ayez à m’enlever une épine du pied, mais sincèrement, je ne peux pas faire autrement que de réagir lorsque je lis ou entends des choses (en particulier des théories) qui me semblent douteuses.

      Maintenant, il reste intéressant que les gens, dont vous faites partie, aient des idées, l’essentiel étant de ne pas rester braqué dessus et d’accepter d’évoluer, de voir ses idées évoluer.

      Vous avez maintenant le fond de ma pensée sur la forme ; quant au fond, je continue à penser qu’il faudrait creuser la question du jusnaturalisme afin de se repositionner d’une façon générale quant aux fondamentaux de notre civilisation. Y a-t-il, dans l’assemblée, des gens ayant eu l’occasion d’étudier ou d’approcher les thèses, antérieures aux Lumières, et qui sont à l’origine de la doctrine jusnaturaliste ? Antoine Y peut-être ?

      Merci de votre attention (pas toujours cordiale malheureusement mais ce n’est pas si grave, l’essentiel étant d’échanger)

    8. Avatar de VB
      VB

      Petites précisions supplémentaires : les doctrines qui me semblent avoir un intérêt sont celles, pour les plus connues, de Socrate, Platon, Aristote, Marc Aurèle, Cicéron et Saint Thomas d’Aquin…
      Mais je pense qu’il doit exister d’autres auteurs, en particulier au Moyen-Age, dont j’ignore tout.

      Il me semblerait intéressant de commenter l’évolution de ces doctrines avec celles des Lumières, je pense qu’il y aurait plus d’une surprise et que peut-être nous trouverions une des fameuses bifurcations.

  35. Avatar de iGor milhit

    Je crois avoir déjà cité ce texte sur ce blog. Il y est question de bonheur et de socialisme. Qu’on remplace socialisme par ce qu’on veut.

    […] je suggère que le véritable objectif du socialisme n’est pas le bonheur. Le bonheur, jusqu’ici, a été une conséquence et, pour autant que nous le sachions, il en sera peut-être toujours ainsi. Le véritable objectif du socialisme est la fraternité humaine. C’est ce que tout le monde pense plus ou moins, bien que ce ne soit pas souvent dit, ou en tout cas pas suffisamment fort. Si les hommes s’épuisent dans des luttes politiques déchirantes, se font tuer dans des guerres civiles ou torturer dans les prisons secrètes de la Gestapo, ce n’est pas afin de mettre en place un paradis avec chauffage central, air conditionné et éclairage a giorno mais parce qu’ils veulent un monde dans lequel les hommes s’aiment les uns les autres au lieu de s’escroquer et de se tuer les uns les autres. Et ils veulent ce monde comme une première étape. Où ils iront ensuite est bien moins certain et les tentatives de prédire leur avenir en détail ne font que brouiller la question. »

    Orwell, Georges, Les socialistes peuvent-ils être heureux? in, Orwell, Georges, Écrits politiques (1928 – 1949), Banc d’essais, Marseille, Agone, 2009, pp. 234 – 236

    1. Avatar de Pierre
      Pierre

      Extrait de « 1984 » de George Orwell (1945)

      « Nous ne cherchons pas le pouvoir en vue de nos propres fins, mais pour le bien de la majorité tel que nous le définissons. Les hommes, ces créatures frêles et lâches, ne peuvent endurer la liberté ni faire face à la vérité. Ils doivent être dirigés par ceux qui sont plus forts qu’eux. L’espèce humaine a le choix entre la liberté et le bonheur, or le bonheur vaut mieux. »

      « Le bien des autres ne nous intéresse pas, nous ne recherchons que le pouvoir, le pur pouvoir. Les nazis et les communistes se rapprochent beaucoup de nous par leurs méthodes, mais ils n’eurent jamais le courage de reconnaître leurs propres motifs. Ils prétendaient s’être emparés du pouvoir pour une période limitée; passé le point critique, il y aurait un paradis où les hommes seraient libres et égaux. Nous ne sommes pas ainsi, nous savons que jamais personne ne s’empare du pouvoir avec l’intention d’y renoncer. On n’établit pas une dictature pour sauvegarder une révolution. On fait une révolution pour établir une dictature. La persécution a pour objet la persécution. La torture a pour objet la torture. Le pouvoir a pour objet le pouvoir.

      L’esclavage c’est la liberté. Seul, libre, l’être humain est toujours vaincu. Mais s’il renonce à son identité, s’il se soumet entièrement et totalement, il se fond dans le pouvoir collectif, il est alors tout-puissant et immortel.

      Ce pouvoir est aussi le pouvoir sur d’autres êtres humains, sur les corps mais surtout sur les esprits. Le pouvoir sur la matière n’est pas important, notre maîtrise de la matière est déjà absolue. Ce qui importe c’est de commander à l’esprit. La réalité est à l’intérieur du crâne… Le réel pouvoir, le pouvoir pour lequel nous devons lutter jour et nuit, est le pouvoir non sur les choses, mais sur les hommes. Comment assure-t-on le pouvoir sur un autre? En le faisant souffrir. L’obéissance ne suffit pas. Comment, s’il ne souffre pas, peut-on être certain qu’il obéit, non à sa volonté, mais à la nôtre? »

    2. Avatar de Marlowe
      Marlowe

      Nous sommes d’accord.

    3. Avatar de bravecounass
      bravecounass

      Pas entièrement.

      Je vous renvoie au 1ères pages de l’ »éloge de la fuite », d’Henri Laborit.

  36. Avatar de Piotr
    Piotr

    Liberté, Égalité, Fraternité est la devise de la République française et d’Haïti.
    Devise belge;L’union fait la force.
    Devise de la Corée du Nord : « Un pays puissant et prospère ».

    Devisons gaiement!

    1. Avatar de juan nessy
      juan nessy

      Celles et ceux qui ne voient dans ces trois mots qu’une devise , n’ont besoin que de devise .

      Sur ce blog très critique vis à vis de l’argent ( et des devises donc ) , ça fait au moins deux raisons de ne pas faire desdits trois mots le sujet paresseux de jeux de mots sans lendemains , alors qu’ils sont jeu de clés .

    2. Avatar de Piotr
      Piotr

      Les mots n’ont de sens que celui qu’on veut bien leur prêter.Jouer avec eux, fut ce paresseusement est une forme de lucidité.
      Un peu pontifiant mais bon,je ne détiens pas le record.

  37. Avatar de lechat
    lechat

    Merci à Zébu de nous rappeler la déclaration de 1793 par rapport à celle de 1791, et de rappeler ainsi que Robespierre et se amis sont les précurseurs de notre morale laïque républicaine
    Le reproche a été fait à Paul Jorion de se contenter de vouloir remoraliser le capitalisme financier. Ce qui serait déjà énorme dans un premier temps ! Et (je ne sais ce qu’il en pensera) je fais le lien entre sa lucidité et celle de Robespierre s’attaquant dans un long discours à ce matérialisme des physiocrates libéraux ou philosophes anticléricaux ( ses ennemis à l’intérieur même du mouvement révolutionnaire ) que désigne (selon moi) le terme d’athéisme qu’il emploie ici :
    « Je n’ai pas besoin d’observer qu’il ne s’agit pas ici de faire le procès à aucune opinion philosophique en particulier, ni de contester que tel philosophe peut être vertueux, quelles que soient ses opinions, & même en dépit d’elles, par la force d’un naturel heureux ou d’une raison supérieure. Il s’agit de considérer seulement l’athéisme comme national, & lié à un système de conspiration contre la République. »
    « Eh ! que vous importe à vous, législateurs, les hypothèses diverses par lesquelles certains philosophes expliquent les phénomènes de la nature ? Vous pouvez abandonner tous ces objets à leurs disputes éternelles : ce n’est ni comme métaphysiciens, ni comme théologiens, que vous devez les envisager. Aux yeux du législateur, tout ce qui est utile au monde & bon dans la pratique, est la vérité ».
    Extrait de
    http://membres.multimania.fr/discours/morale.htm
    Pour Rousseau l’homme occidental, en se socialisant, s’est dénaturé ( terme à entendre positivement ).Pour Robespierre les lois républicaines données au peuple par les conventionnels ( cette avant-garde dans un espace européen alors hostile) doivent sauvegarder l’éthique héritée d’avant selon le temps. Afin de ne pas risquer une dénaturation négative, voire une désocialisation ? Que connaît le capitalisme aujourd’hui ?

  38. Avatar de liervol
    liervol

    Ce texte d’Italo Calvino
    est extrait du recueil de nouvelles
    « La grande Bonace des Antilles »
    traduction de Jean Paul Manganaro
    (Edition Points)

    Il était un pays où il n’y avait que des voleurs. La nuit, tous les habitants sortaient avec des pinces-monseigneur et des lanternes sourdes pour aller cambrioler la maison d’un voisin. Ils rentraient chez eux à l’aube, chargés, et trouvaient leur maison dévalisée.
    Ainsi, tous vivaient dans la concorde et sans dommage, puisque l’un volait l’autre, et celui-ci un autre, et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’on arrive au dernier qui volait le premier. Le commerce, dans ce pays, ne se pratiquait que sous forme d’embrouille tant de la part de celui qui vendait que de la part que celui qui achetait. Le gouvernement était une association de malfaiteurs vivant au détriment de ses sujets, et les sujets, de leur côté, avaient pour seul souci de frauder le gouvernement. Ainsi, la vie suivait son cours sans obstacles, et il n’y avait ni riches ni pauvres.
    Or, on ne sait comment, il arriva que dans ce pays on trouva pourtant un homme honnête. La nuit, au lieu de sortir avec un sac et une lanterne, il restait chez lui à fumer et à lire des romans.
    Les voleurs arrivaient et s’ils voyaient la lumière allumée ne montaient pas.
    Cela dura quelque temps, puis il fallut lui expliquer que s’il voulait vivre sans rien faire, ce n’était pas une raison pour ne pas laisser agir les autres. Chaque nuit qu’il passait chez lui, c’était une famille qui ne mangeait pas le lendemain.
    L’homme honnête ne pouvait rien opposer à ces raisonnements. Il se mit, lui aussi, à sortir le soir et à revenir à l’aube, mais il n’était pas question de voler. Il était honnête, il n’y avait rien à faire. Il allait jusqu’au pont et restait à regarder l’eau couler. Il revenait chez lui et trouvait sa maison dévalisée.
    En moins d’une semaine, l’homme honnête se retrouva sans un sou, sans rien à manger, la maison vide. Et jusque-là, il n’y avait rien de trop grave, car c’était de sa faute ; le malheur était que, de cette manière d’agir, naissait un grand bouleversement. Car il se faisait tout voler, mais pendant ce temps il ne volait rien à personne ; il y avait donc toujours quelqu’un qui, rentrant chez lui à l’aube, trouvait sa maison intacte : la maison qu’il aurait dû, lui, dévaliser.
    Le fait est que, au bout de peu de temps, ceux qui n’étaient plus cambriolés devinrent plus riches que les autres et ne voulurent plus voler. Et d’autre part, ceux qui venaient pour voler dans la maison du l’homme honnête la trouvaient toujours vide ; ainsi devenaient-ils pauvres.
    Pendant ce temps, ceux qui étaient devenus riches prirent l’habitude, eux aussi, d’aller la nuit sur le pont, pour regarder l’eau couler. Cela augmenta la confusion, car il y en eut beaucoup d’autres qui devinrent riches et beaucoup d’autres qui devinrent pauvres.
    Or les riches comprirent qu’en allant la nuit sur le pont ils deviendraient pauvres en peu de temps. Et ils pensèrent : « Payons des pauvres qui iront voler à notre compte. » On rédigea les contrats, on établit les salaires, les commissions : naturellement, c’étaient toujours des voleurs, et ils cherchaient à se tromper mutuellement. Mais, comme à l’accoutumée, les riches devenaient de plus en plus riches et les pauvres toujours plus pauvres.
    Il y avait des riches si riches qu’ils n’avaient plus besoin de voler ni de faire voler pour continuer à être riches. Mais s’ils s’arrêtaient de voler ils devenaient pauvres parce que les pauvres les dévalisaient. Alors ils payèrent les plus pauvres parmi les pauvres pour protéger leurs biens des autres pauvres, et ils instituèrent ainsi la police, et construisirent les prisons.
    De cette manière, peu d’années après l’arrivée de l’homme honnête, on ne parlait plus de voler ou d’être volé, mais seulement de riches ou de pauvres ; et pourtant ils restaient toujours tous des voleurs.
    D’honnête homme il n’y avait eu que celui-là, et il était vite mort, de faim.

  39. Avatar de Paul Stieglitz
    Paul Stieglitz

    REVOLUTIONS ?
    Pressée de divorcer d’un affreux mari, ma tante Simone préférait sa pénible situation aux affres de l’inconnu.
    Merci à Paul Jorion de rappeler qu’envisager un bouleversement depuis son fauteuil n’est pas la même chose que le subir dans sa chair.
    Merci à François de rappeler que les crises ont une dynamique dont les effets ne sont pas toujours prévus. Quel acteur des Etats Généraux aurait prévu Thermidor ?
    Chercher, trouver, manier le levier qui fait basculer le cours de l’histoire au moindre coût, voila la tâche des « hommes de bonne volonté » qui ont appris que cette histoire obéit aussi à des forces qui nous échappent, non ?

    1. Avatar de Jus de Pomme
      Jus de Pomme

      Le calcul du bonheur et du malheur = calcul de l’utilité marginale bonheur et du malheur ?

  40. Avatar de lechat
    lechat

    Au risque d’etre long, je donne la suite;
    « La Nature a mis dans l’homme le sentiment du plaisir & de la douleur qui le force à fuir les objets physiques qui lui sont nuisibles, & à chercher ceux qui lui conviennent. Le chef-d’oeuvre de la société serait de créer en lui pour les choses morales, un instinct rapide qui, sans le secours tardif du raisonnement, le portât à faire le bien & à éviter le mal ; car la raison particulière de chaque homme, égarée par ses passions, n’est souvent qu’un sophiste qui plaide leur cause, & l’autorité de l’homme peut toujours être attaquée par l’amour-propre de l’homme. »

    « Vous vous garderez bien de briser le lien sacré qui les unit (unit les hommes) à l’auteur de leur être. Il suffit même que cette opinion ait régné chez un peuple, pour qu’il soit dangereux de la détruire. Car les motifs des devoirs & les bases de la moralité s’étant nécessairement liés à cette idée, l’effacer, c’est démoraliser le peuple. Il résulte du même principe qu’on ne doit jamais attaquer un culte établi qu’avec prudence & avec une certaine délicatesse, de peur qu’un changement subit & violent ne paraisse une atteinte portée à la morale, & une dispense de la probité même. Au reste, celui qui peut remplacer la Divinité dans le système de la vie sociale est à mes yeux un prodige de génie ; celui qui, sans l’avoir remplacée, ne songe qu’à la bannir de l’esprit des hommes, me paraît un prodige de stupidité ou de perversité. » ( Robespierre)

  41. Avatar de Senec
    Senec

    « L’Union fait la force » est, en quelque sorte, une réponse théorique, bien qu’il s’agisse encore d’un voeu pieux ! Ce concept ajoute cependant quelque chose comme la force donnée par la solidarité.
    Le but à atteindre ne serait-il d’avoir constitué des garde-fous assez efficaces pour canaliser suffisamment les pulsions par trop égoïstes égoïstes qui pourraient être déclarées « inciviques », càd non souhaitables pour le bien commun. Une belle bataille de juristes en perspective ! N’est-ce pas là le noeud du problème : arriver à définir de manière souple, mais claire les limites de la liberté de nuire aux autres, ce qui manque assurément dans certains domaines actuels, caractérisés par le pouvoir financier énorme de certains, qu’on peut voir dans des entreprises de spéculation capables de déstabiliser des pays ou des parties du monde. On voit nettement, a posteriori, à qui a profité l’instauration de cette « révolution » ! Si vous voulez aller encore plus loin, le fait qu’il ne soit pas accepté par ces nuisibles que l’on fasse intervenir des concepts comme la moralité est, pour moi, une preuve supplémentaire de cette manipulation. Un problème évident à « arranger » !

  42. Avatar de dissy
    dissy

    Visiblement rien ne change …..les aveugles et sourds continuent à la méthode coué….il faut dire que les plans de rigueur européens sont surtout à ce jour restés des effets d’annonces…par exemple la forte hausse de la TVA en Angleterre n’interviendra qu’au 1er janvier 2011..idem en Grèce et en Espagne je ne suis pas certain que le citoyen ‘moyen’ constate deja la moindre diminution concrète de son pouvoir d’achat (à ce jour)..ceci dit cela ne saurait tarder….2011 devrait logiquement être bien sombre…car la on sera dans le ‘concret’…à ma connaissance ce sont les Irlandais qui s’y sont mis les premiers (à la rigueur) qui casquent le plus en terme de chômage et de déflation réelle(pour le moment)

    http://www.lemonde.fr/depeches/2010/08/02/paris-et-les-marches-europeens-cloturent-en-forte-hausse_3208_38_43097290.html

    Avec les élections midterms en vue dans trois mois, Obama fera TOUT pour monter WS à 12.000 pts d’ici la …greenspan a d’ailleurs suggéré hier de le faire….tous aux abris ensuite en novembre …

    Certainly today started with a very strong risk appetite, and the ISM release will help carry the momentum with PMI/ISM giving the markets an excuse to shrug disappointing GDP data. It also feels like there is a buildingconsensus that going into the fall elections markets will have a strong bid. It makes sense to expect all sorts of stimulus, stimulus promises, and information spin, given that a populist approach where major equity indices are the benchmark of success for politicians has been the mantra for Western democracies over the past 30 years. Basically monetary expansion and propping of financial assets has been the response to the shocks of the 70s after the end of the fight against inflation, and please keep in mind when thinking about this issue that creditexpansion and monetary expansion are very different from rates policy, though both have been used to achieve the same goals over the past few decades. In that sense comments by Mr. Greenspan that a rally in equities would be more beneficial to the economy than anything else is very revealing, if not incriminating in my opinion…

    http://www.zerohedge.com/article/guest-post-global-macro-update

  43. Avatar de dissy
    dissy

    Tiens en mai on nous disait (me Lagarde entre autres comme toujours dans toutes les mauvaises déclarations): l’euro faible (vers 1.18/1.20)serait un bonheur pour stimuler les exportations européennes…et bien ce fut court ….que vont ils dire à présent que l’Euro remonte à 1.32 (surtout suite à la faiblesse du dollar)?Et plus inquiétant comme le dollar baisse le pétrole monte et dépasse les 82 dollars..on s’approche tout doucement des 100 dollars..je doute que cela soit bon pour une ‘reprise’ économique?

  44. Avatar de Marlowe
    Marlowe

    En vrac,

    « Le bonheur est un mensonge dont la recherche cause toutes les calamités de la vie » Flaubert.

    Le bonheur n’est pas la somme de bienfaits.
    La vie n’a pas pour but le bonheur.
    Le malheur est la somme des préjudices subis.
    La vie est souvent vécue au quotidien, comme une longue suite pénible de malheurs, dont l’un des principaux est d’être né au moment où la civilisation s’écroule.

    La société ne doit pas avoir pour but le bonheur des citoyens bien que la société de la marchandise mesure le bonheur qu’elle prétend apporter à la somme des marchandises qu’elle vend, y compris avec le crédit qui pour beaucoup de consommateurs coincide avec le malheur.

    La liberté, dans un régime politique et économique où la propriété privée est tout, se résume à la liberté d’exploiter.
    Liberté rîme avec collectivité, sinon, c’est une grande catastrophe.
    L’égalité est un leurre : les hommes, et les femmes, ne sont pas égaux.
    La seule revendication qu’une société plus humaine doit avoir, c’est une égalité des droits et des devoirs en société.
    La fraternité, « lien existant entre les hommes comme membres de la famille humaine » (dictionnaire le Grand Robert) est certainement le terme le plus adapté à la vie en société.

    Partout, l’intérêt commun doit s’opposer à l’intérêt particulier.
    Le sens commun, la « common decency » telle que définie par Orwell comme une « morale populaire » est à même de conduire la reconstruction, à condition d’abattre le fondement de l’exploitation de l’homme par l’homme dans la production des marchandises.

    Pour alimenter ces réflexions : « l’empire du moindre mal » de J.C. Michéa (Editions Climats)

    marlowe@orange.fr

    1. Avatar de juan nessy
      juan nessy

      Trois mots simples et jsutes valent plus que toutes les exégèses faites sur leurs déclinaisons .

      Ils restent des diamants purs d’une exigeance plus colossale que la prétention de ceux qui veulent les réduire et les enfermer .

  45. Avatar de babypouf
    babypouf

    Bonjour,

    en cours de transition et avant de toucher le fond, comment ne plus être égaux, libre et fraternel tous ensemble comme des moutons dans le naufrage et contre l’iceberg des puissances financiéres ?

    1. Avatar de juan nessy
      juan nessy

      Ce refus du seul canot de sauvetage qui en soit un , est étrange .

  46. Avatar de octobre
    octobre

    Liberté, oui.
    Égalité, pas beaucoup.
    Fraternité, pas du tout.

    Paul Gauguin

    1. Avatar de octobre
      octobre

      Etre intelligent et ne pas être un sot cela fait encore 2.
      Etre orgueilleux et être vaniteux. Encore une autre différence.
      J’ai connu la misère extrême. C’est à dire avoir faim avoir froid et tout ce qui s’en suit. Ce n’est rien, ou presque rien, on s’y habitue et avec de la volonté on finit par en rire. Mais ce qui est terrible dans la misère c’est l’empêchement au travail, au développement des facultés intellectuelles. A Paris surtout, comme dans les grandes villes, la course à la monnaie vous prend les 3/4 de votre temps, la moitié de votre énergie. Il est vrai que par contre la souffrance vous aiguise le génie il n’en faut pas trop cependant sinon elle vous tue.
      Avec beaucoup d’orgueil j’ai fini par avoir beaucoup d’énergie et j’ai voulu vouloir !
      L’orgueil est-il une faute et faut-il le développer. Je crois que oui. C’est encore la meilleur chose pour lutter contre la bête humaine qui est en nous.

      P. Gauguin / Cahier pour Aline. Tahiti, 1893

      Profil de Paul Gauguin en noir, par Odilon Redon – 1903 :

      http://irea.files.wordpress.com/2009/09/1903-paul-gauguin.jpg

  47. Avatar de Génissel Samuel
    Génissel Samuel

    La révolution Française a permis de détruire le droit du sang, bleu, c’est contre ce droit qu’on a eût besoin de déclarer liberté égalité et par l’euphorie du moment fraternité, on est pas en Inde, il n’y a pas de caste, peut-on avancer avec ces valeurs qui réagissent à un peuple n’étant qu’un sous fils de pharaon ou doit en trouver de nouvelles qui nous permettent d’être les fils de ces révolutionnaires?

    1. Avatar de vigneron
      vigneron

      De nouvelles, peut-être. Mais, avant de chercher de nouvelles terres à prendre, ne tenterez-vous pas d’abord de redresser, d’amender, de drainer,de fertiliser, de revivifier vos anciennes parcelles épuisées ou en friches?

      Quant aux castes, pas si sûr qu’elles aient disparu; pas sûr du tout.

    2. Avatar de Génissel Samuel
      Génissel Samuel

      je ne suis pas à l’aise avec les absolus, la liberté, l’égalité.
      A trop vouloir partir, d’une révolte, comme si on imaginait ce que devait être le fantasme d’un roi pour le peuple, la culpabilité de prendre à une église des biens et de demander le baptême ou l’extrême onction le lendemain, c’est bien aussi de mettre en avant le contexte, pour préciser ces valeurs républicaine,qui devait inscrire dans le marbre des absolus aussi fort que la foi la crainte du représentant de dieu.
      L’injustice existe toujours certes, mais par le pouvoir et l’argent, faut-il les mêmes mots que pour le droit divin?

    3. Avatar de Génissel Samuel
      Génissel Samuel

      Il en est de même pour le bonheur (qui est un absolu), la richesse le pouvoir, face à la mort l’amour…
      L’objectif d’une république est en réalité pus pragmatique, l’équité, permettre l’épanouissement et la fraternité me semble plus accessible à une société.
      Les hommes naissent libre et égo en droit et après il ce dermerde (je sais plus qui la dit), si ils ont un boulot, un toit et peuvent accéder au savoir, une justice, etc.. c’est déjà pas mal.
      Les absolus sont ils encore nécessaire à la république ou à une réflexion et une foi personnel?

  48. Avatar de Boukovski
    Boukovski

    Fonder les règles d’une nouvelle société sur la somme des ressentis individuels, que l’on chercherait en quelque sorte à nourrir par toujours plus de satisfactions, conduit immanquablement à une impasse et à des tragédies. Le malheur, quand il est vrai, est visible et évident croit-on. La faim, le froid, la maladie… Est-il si limpide cependant ? Dans des systèmes fondés sur la satisfaction sans fin, narcissique et immédiate, de compulsions futiles, de vraies souffrances peuvent apparaître : le manque de sens, la solitude, la perte du sentiment de soi. Ce malheur-là est si répandu qu’on finit par ne plus le voir. Est-il moins légitime que le malheur de celui qui dors dans un duvet, enveloppé dans une couverture de survie, dans le bois de Vincennes en février ? Cette manière d’envisager la question de l’équilibre du malheur et du bonheur a des inconvénients. D’abord elle part du principe que l’individu est un acteur (un « agent économique » ?), une sorte de dieu, capable de créer son univers, seul maître de son malheur et de son bonheur. N’est-ce pas une illusion caractéristique des sociétés individualistes?. Ensuite, elle pose comme préalable, en opposant les deux termes, que c’est en fuyant la souffrance que l’on s’approche du bonheur.

  49. Avatar de Marlowe
    Marlowe

    à Pierre,

    Votre extrait de 1984,

    Merci de m’indiquer le N° de page par rapport à l’édition.

    Cordialement.

  50. Avatar de Germanicus
    Germanicus

    Les mouvements/régimes totalitaires (comme le totalitarisme de la finance) se forment et se maintiennent grâce à ceux qui en tirent profit.
    C’était le cas (à titre d’exemple) du regime nazi. Ce système était une machine à créer des emplois, d’offices et d’honneurs (la chasse aux concitoyens juifs avait libéré un nombre considérable d’emplois et d’entreprises au profit des allemands non-juifs), pour l’industrie allemande la nouvelle politique hitlérienne était un véritable eldorado, le régime s’empressait à adopter des mesures innovatrices en terme social pour contenter le peuple. C’est justement l’un des problèmes majeurs qui font hibituellement obstruction a un renversement de la tendance. Comment procéder à un « management du changement » si un grand nombre d’individus et groupes sociaux profitent du régime et ne veulent pas de changement (sauf en leur faveur bien sûr)? Je pense qu’il ne faut négliger ce genre de problèmes pratiques.

  51. Avatar de Papimam
    Papimam

    Un article de fond que je viens de lire avec quelque peu de retard : « Le retour de l’Etat régulateur » dans le Monde du 6 juillet de la plume de Philippe Aghion, économiste, spécialiste de l’innovation, docteur en éco à l’université Harvard.
    3 thèmes sont développés très en détail.
    « Pour assurer une croissance forte et durable et permettre à la France de maintenir sa place dans l’économie mondialisée, un Etat moderne, doit, selon nous, remplir au moins trois fonctions essentielles : 1) celle de régulateur et de garant des contre-pouvoirs démocratiques, pour prévenir de nouvelles crises, pour limiter l’impact négatif des récessions sur les citoyens et les entreprises, et pour réduire la corruption ;
    2) celle de redistributeur et de garant du contrat social, pour créer des bases sociales solides permettant la maîtrise des déficits publics ;
    3) celle d’investisseur dans l’innovation, la formation et le savoir ».
    En évidence « Un Etat moderne, c’est tout d’abord un Etat qui garantit l’existence de contre-pouvoirs démocratiques »
    L’article n’est accessible qu’aux abonnés à ce jour.
    Quelle que soit notre opinion au sujet de la croissance, j’ai trouvé que cet article comportait bien des éclairages pertinents.

  52. Avatar de Coeur
    Coeur

    Liberté: liberté d’être qui l’on est, dans la pureté de soi, l’acceptation de soi, de corps et d’esprit, respect de soi!
    Egalité: laisser les autres être eux-mêmes, libres de corps et d’esprit, tel qu’on le vit pour soi-même!
    Fraternité: bienveillance à l’égard de soi et des autres; participation au bien-être en « donnant » le meilleur de soi, pour le bonheur de tous!

  53. Avatar de Coeur
    Coeur

    Le bonheur c’est d’être, et de s’en rendre compte!

    1. Avatar de juan nessy
      juan nessy

      Le bonheur en + , c’est en fait le « cogito ergo sum » de Descartes .

  54. Avatar de Coeur
    Coeur

    N’étant pas très érudite en philo, je suis allé lire l’idée que Descartes exprimait par ces mots « cogito ergo sum »; oui je trouve cela très juste et très beau! Et c’est une base très sûre sur laquelle s’appuyer pour participer à cette transition,  » nous le ferons nous-même », car tout être peut dire: cogito ergo sum », et donc savoir que son existence est réelle, et qu’il peut lui donner un sens, indépendamment de qui ou quoi que ce soit, et qu’il ne tient qu’a lui de la « façonner », en se servant de son »je pense », en choisissant consciemment ce qu’il veut, en alliant ses actes à ses pensées. »La foi sans les travaux, reste morte »; liberté, égalité, fraternité, je le ferait moi-même!

    1. Avatar de vigneron
      vigneron

      Ce qui a amené Descartes à dire que « l’Homme est comme maître et possesseur de la nature » et que « Nous pouvons nier la vérité, si nous avons en vue d’affirmer par là notre liberté »…

      Magnifique et terrible Descartes, qui nous ouvre les portes de la Vérité : celles du danger et du mensonge créateur. De la vie quoi.

    2. Avatar de juan nessy
      juan nessy

      Doucement les basses !

      Descartes n’a pas tout dit , même si son intuition traduite en language , a été une fenêtre ouverte .

      Et il y a bien d’autres pitons où s’accrocher .

      Raison de plus pour n’en mépriser aucun .

      Raison de plus pour en chercher encore d’autres .

    3. Avatar de juan nessy
      juan nessy

      Ceci étant , on a encore à apprendre de l’opposition entre le héros cornélien (  » je suis maître de moi comme de l’univers « ) et le héros ( héroïne en l’occurence ) racinien ( « je me livre en aveugle au destin qui m’emporte  » ).

      Descartes et Corneille étaient presque de la même génération .

    4. Avatar de vigneron
      vigneron

      @juan

      A un moment faut partir en grimpe libre. En tout cas quitter les vias ferrata… Le pauvre Descartes ne pouvait pas simplement aller plus loin et annoncer avant Nietzsche que Dieu était mort, qu’il n’y a eu (et qu’il n’y aura) qu’un seul chrétien et qu’il est mort sur la croix. Qu’il n’est qu’un seul Dieu, l’homme lui même, et qu’un seul univers, le sien. Que la seule limite de l’homme était son imaginaire, l’infini.

      Et cessez de faire comme si vous ne me compreniez qu’au premier degré, ça m’indispose. 😉

    5. Avatar de juan nessy
      juan nessy

      @ Vigneron :

      En fait , je ne vous comprends qu’à partir du degré 13,5 !

    6. Avatar de Coeur
      Coeur

      Vigneron

      « Que la seule limite de l’homme était son imaginaire, l’infini » ?
      Y’a comme quelquechose qui colle pas; limite et infini!

    7. Avatar de methode
      methode

      @ juan nessy

      @ Vigneron :

      En fait , je ne vous comprends qu’à partir du degré 13,5 !

      décidément, c’est récurrent.

    8. Avatar de juan nessy
      juan nessy

      @ Méthode :

      Non , c’est de l’humour .

      Ou du vin .

      Ou les deux .

      Mais Vigneron m’a compris , car entre ivrognes on n’a pas de secrets .

      A la vôtre !

    9. Avatar de vigneron
      vigneron

      @Coeur

      C’est normal que ça colle pas. Sinon ce serait trop facile, pas intéressant, pas humain, pas rigolo, et je déteste quand ça colle, « pègue » aux doigts!

    10. Avatar de vigneron
      vigneron

      @méthode

      c’est plus de l’ivrognerie de bon aloi, c’est de l’alcoolisme mondain! 😉

  55. Avatar de André
    André

    Trois commentaires :

    1) Les deux perspectives, « en extériorité » et « en intériorité » ne sont pas exclusives l’une de l’autre , elles sont toute deux nécessaires. Pour « aspire(r) à créer un monde nouveau, en vue d’une libération », il faut savoir d’où l’on vient et où l’on en est. Ce que savait le mouvement ouvrier à sa naissance et pendant longtemps (les ouvriers anglais, par exemple, avec leur salaire de misère, achetaient des livres pour s’instruire et des bougies pour les lire la nuit) Peut-on en dire autant des « masses populaires » d’aujourd’hui ?

    2) Je ne suis pas du tout convaincu que « le malheur a lui la limpidité du cristal », contrairement au « bonheur (qui) est une notion en réalité très floue ». Bonheur et malheur sont des significations imaginaires sociales (magma inextricable de représentations, d’affects et de désirs) qui diffèrent de société à société et, au sein de chaque société, de groupe à groupe et d’individu à individu. Ce qui fait le bonheur de l’un(e) fait le malheur de l’autre et inversement. De plus, l’histoire (d’une société, d’un groupe ou d’un individu) n’arrête pas d’altérer ces significations. Ce qui montre bien que bonheur et malheur ne sont pas des états mais des processus en perpétuelle évolution ; pour un individu ce processus prend fin à sa mort et c’est seulement à ce moment-là que l’on peut « jauger » s’il a été plus ou moins heureux ou plus ou moins malheureux (Hérodote déjà (Histoires, Livre I, 30 à 33 : dialogue entre Solon et Crésus) le savait bien).

    Donc, la casuistique des malheurs est tout aussi « compliquée » … et « ennuyeuse » que la casuistique des bonheurs. La casuistique des malheurs, aussi, n’est que l’inverse symétrique de la casuistique des bonheurs : on ne sort donc pas des mêmes monde et mode de pensée.

    Ce qui m’amène à poser la question suivante : Quelle est la fin de la politique ? Le bonheur ou la liberté ? Cette question est aussi vieille que la querelle des Anciens et Modernes ! A chacun de juger et de choisir, à ses risques et périls. Pour ma part, le choix est fait depuis longtemps : la liberté.

    3) « Liberté, égalité, fraternité »

    En tant que droits POLITIQUES , la liberté et l’égalité n’existent toujours pas. Elles s’impliquent d’ailleurs réciproquement : « la liberté implique l’égalité effective – et réciproquement. Comment donc pouvez-vous être libre si les autres ont plus de pouvoir que vous ? Puisqu’il y a nécessairement pouvoir dans la société, ceux qui ne participent pas à ce pouvoir sur un pied d’égalité sont sous la domination de ceux qui y participent et l’exercent, ne sont donc pas libres» (Castoriadis).
    Et la fraternité ? Dans la Déclaration des droits et devoirs du citoyen, elle est définie comme suit « Ne faites pas à autrui ce que vous ne voudriez pas qu’on vous fît ; faites constamment aux autres le bien que vous voudriez en recevoir ».
    Selon Paul Thibaut, « Autant la liberté et l’égalité peuvent être perçues comme des droits, autant la fraternité est une obligation de chacun vis-à-vis d’autrui. C’est donc un mot d’ordre moral. ». Cette observation me fait penser à Aristote qui disait que la politique est « architectonique », c’est-à-dire à la préséance sur l’éthique.
    Ce qui m’amène à poser cette autre question : Le jour où la liberté et l’égalité, en tant que droits politiques, seront acquis effectivement, y aura-t-il encore sens à maintenir « fraternité » sur le fronton des édifices publics … du moins dans le domaine du et de la politique ?

  56. Avatar de juan nessy
    juan nessy

    La honte ! : langage .

    Et m… à la reine d’Angleterre !

  57. Avatar de Plouf!
    Plouf!

    Peut-être que l’altruisme par voie de conséquence de la prise de conscience mondiale des limites auxquelles nous sommes confrontés, s’imposera comme vertu politique.

    1. Avatar de vigneron
      vigneron

      Nécessité fait loi (ou vertu)? Le comble de l’ironie et du cynisme bas pour le coup…

  58. Avatar de Charles A.
    Charles A.

    Fort à propos:

    Communiqué commun de dizaines d’organisations, syndicats et partis :
    « Face à la xénophobie et à la politique du pilori : liberté, égalité, fraternité ! »

    http://www.npa2009.org/content/communique-commun-face-la-xenophobie-et-la-politique-du-pilori-liberte-egalite-fraternite

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