Jacques Attali : réponses à Paul Jorion, à propos de « La crise, et après ? »

Voici la réponse de Jacques Attali aux questions que je lui avais posées à propos de son livre La crise, et après ? (Fayard 2008).

Cher Paul, Merci d’avoir pris le temps de me lire si bien. Vos commentaires sont, comme toujours, très profonds et très judicieux, mêlant des savoirs économiques, financiers et anthropologiques. J’ai lu aussi les passionnantes discussions que cela a suscitées sur votre blog. Je me contenterai de donner modestement mon point de vue sur les énormes questions que vous soulevez. Vous me permettrez au passage de renvoyer à certains de mes livres, non pour leur faire une quelconque publicité, mais parce que c’est par les livres que je m’exprime le plus précisément.

1. Marché et état de droit. Vous avez tout à fait raison : le marché est parfaitement capable de corrompre la démocratie. Il suffit de regarder l’exemple de la plus parfaite démocratie, ayant créé la plus parfaite absence d’état de droit : la Grande Bretagne, où la démocratie la plus ancienne du monde est au service d’un paradis fiscal et d’une place financière off shore. Cela veut dire que la démocratie ne se réduit pas à des élections libres ; elle suppose une véritable transparence, une symétrie de l’accès à l’information et des contrepoids aux pouvoirs des riches, en particulier dans les médias. Cela reste largement à penser et à construire. Par contre, je ne suis pas d’accord avec vous quand vous dites que le marché constitue « l’expression spontanée de la manière dont notre espèce réglait ses affaires à l’état sauvage : par la guerre de tous contre tous ». L’histoire du marché, que j’ai racontée dans un de mes livres, (« Histoire de la Propriété ») commence, à mon sens, par le troc ; elle continue par l’invention du marché silencieux (Cf. en particulier les travaux de Pierre Dockes) puis, bien plus tard, de la monnaie, justement pour en finir à la violence. Le marché est là pour assurer l’allocation efficace des ressources, mais pas son allocation juste, qui incombe à la démocratie. Et les victoires de la démocratie sur les dictatures démontrent qu’elles ne sont pas tout à fait désarmées face à des forces supérieures.

2. Crises et cycles. J’ai eu tort d’évoquer, même en passant , le mot de cycle, en parlant de « contre-cycle », car, comme vous le savez, je crois plus à la théorie des cœurs successifs, que j’ai élaborée dans « Une brève Histoire de l’avenir », (à partir des travaux de Fernand Braudel, mais aussi de Jean Gimpel, Michel Aglietta et Immanuel Wallerstein), qu’à celle des cycles, quels qu’ils soient. Et chaque cœur (géographique) se caractérise par une technologie dominante et un système de valeur particulier. Et ces théories devraient en effet être connues des agences de notation, pour leur servir de grille de lecture.

3. « Initiés » et accès à l’information financière. Oui, bien sûr, il n’y a pas de transparence sans remise à niveau des patrimoines. Et en particulier (et je l’ai écrit dans « la Voie Humaine ») pour ceux que je nomme les « biens essentiels » dont la propriété privée doit être remise en cause. Mais comme une telle « remise à niveau » est impensable aujourd’hui, il faut agir pour que l’accumulation du capital futur corrige celle des patrimoines antérieurs.

4. La spéculation. Votre proposition d’une « prohibition des paris sur l’évolution des prix sauf pour ceux à qui ils procurent une fonction d’assurance contre des aléas inévitables, climatiques » me semble une idée à creuser, comme le font certains participants à votre blog. On m’a cependant expliqué que même ce mécanisme peut être contourné. Enfin, je n’aime pas l’idée de ce que vous appelez « un appel du pied extra-parlementaire ». Cela ouvre à des dérives que vous condamnez autant que moi.

5. Permettez moi d’ouvrir aussi un autre débat : un monde où, comme je le souhaite, la régulation serait mondiale et parfaite, ne serait pas exempt de crises. Car il y aura toujours asymétrie d’information entre le présent et le futur. Et c’est cette asymétrie qui cause les crises. Et, à moins de souhaiter un monde répétitif, (en lui-même comme en son environnement), c’est-à-dire un monde où l’information sur l’avenir serait, par nature, parfaite, nous ne pouvons que nous résigner à gérer des crises, et nous attacher à en partager équitablement le poids. Et pour cela, penser, prévoir, et agir.

Merci d’avoir pris le temps de me lire si finement et continuez de nous faire tous réfléchir si librement et si sérieusement.

Partager :

115 réponses à “Jacques Attali : réponses à Paul Jorion, à propos de « La crise, et après ? »”

  1. Avatar de tigue
    tigue

    @2Casa

    pas joyeuse votre histoire.
    Je suis né 5 ans avant, et j’ ai connu ce que vous décrivez.
    J’ ai eu plus de chance que vous, ensuite et ai pu décrocher un bon boulot. Je n’ ai plus connu la galère depuis.
    Mais cela aurait pu être autrement.
    J’ espère que vous retrouverez l’espoir, je pense sincèrement qu ‘il y en a, mais c’est difficile a voir quand on est dans la galère.

    respectueusement.

  2. Avatar de Le fils d'Ariane
    Le fils d’Ariane

    @2casa

    Merci aussi … et j’ai plein d’exemples tels que vous autour de moi, même si moi je suis encore relativement protégé.
    Tous les lecteurs verront bien le décallage avec le post suivant d’un Abadie totalement irresponsable: de quelle démocratie nous parle t’il? Eh bien, il nous parle de celle qui permet tous les excès et l’appauvrissement relatif de la plus grande partie de la population, en même temps que du tranfert , en moins de 30 ans, de 10% de la richesse annuelle produite (la vraie, pas la sienne) de ceux qui travaillent vers ceux qui capitalisent! J’ai envie de pleurer et peut être de vomir…

  3. Avatar de 2Casa
    2Casa

    Au fait, je cherche pas à faire pleurer dans les chaumières, hein ?

    C’est de colère que je parle là. Et au finish si je me révolte c’est sans doute que j’ai encore de l’espoir.

    Enfin…

  4. Avatar de jlm

    Les commentaires autour du thème proposé par Attali semblent bien pessimistes. Pourquoi une régulation mondiale devrait-elle entraîner automatiquement l’uniformisation des cultures, l’idéal d’un seul peuple sur une même terre n’implique pas nécessairement « métropolis » ? La question de l’information dans la régulation du système ne semble pas insoluble, par exemple pour H. Laborit (de mémoire) « en plus de recevoir l’énergie suffisante, chaque sous-système, chaque petit d’homme, devrait pouvoir comprendre les principes régulateurs et partager les finalités de l’ensemble »

    Fin des années cinquante, début soixante, j’étais sorti très optimiste d’une période intense de lecture de science-fiction. Lassé du genre, pour l’essentiel, j’en ai gardé le pli, mais seulement au travers de la seule lecture assidue d’Attali… aussi, je ne peux pas m’empêcher de rire devant le pessimisme des paragraphes qui suivent.

    Le danger d’uniformisation par régulation ne surgit-il pas dès lors qu’un mode de régulation prend le pas sur les autres ? Ainsi, peut être est-il dans la nature du système que la « croissance pour la croissance », c’est à dire le cantonnement à la seule régulation par rétroaction positive laquelle, en forme du toujours plus, dégénère en système Pozzi. Seuls s’imaginent s’en sortir ceux qui touchent les premiers dividendes, et qui étant assez malin que pour comprendre la nature du système décident en tout premier de retirer discrètement leurs billes… J’ai par ailleurs le sentiment que substituer l’information à l’énergie comme support de croissance, induirait un « toujours mieux » rapidement dégénéré en un « information gap », lequel serait savamment entretenu par la réinstauration d’un mandarinat sélectionnant les intellectuellement plus conformes au service des plus forts.

    Une régulation par transformation close : fixerait la répétition de l’ordre mondial par un cycle de quotas écologiques attaché une pyramide imprescriptible de rentes de situation. Ce système n’est-il pas est à portée de main des grands propriétaires terriens ? Déjà la TV nous culpabilise par « moutards », crânement couronnés de casque Alstom, pareils à des angelots chargés de faire passer muscade aux subsides du racket éolien, les paysages et le vent sont « res nullus ». Encore l’annonce officielle de deux degrés en plus et chacun sera tenu d’être à sa place et chaque chose aura sa place.

    L’équilibre par la seule variété nécessaire, sombrerai dans la veulerie du « c’est mon choix » généralisé.

    Un équilibre composite bien tempéré est cependant possible, un monde meilleur également, mais il faut d’abord s’entendre sur la finalité du système et c’est sur cette finalité que la crise n’a pas lieu. Il y a environ trente ans déjà, Attali analysait la notion de crise, aujourd’hui encore toujours pas de sursaut; l’organisme n’arrive pas à choisir entre remède et poison… mais seulement les soins palliatifs distillés par le 20 h. Imaginons Attali embauchant Jorion (entièrement disponible aux dernières nouvelles) lesquels, en compagnie de Michel Onfray, câbleraient le réseau de l’Université Populaire Mondiale avec pour objectif de construire le « bagage universel de compréhension et de participation aux équilibres ». Ca aurait « du chien » et rendrait, je crois, pas mal d’entre-nous beaucoup plus optimistes si ces trois là, en outre, se mettaient à l’unisson dans la mise en cause de la finalité du système : qu’entre « consommer à l’occidentale ou périr », il faut choisir de « partager équitablement le poids », dès aujourd’hui !!!

  5. Avatar de tigue
    tigue

    @fils d’ Ariane

    D’ abord, je vous suggère de prendre un cachet contre les nausées.
    Ensuite, désigner un bouc émissaire (ceux qui « capitalisent »: incluez vous les mémés et les papys la dedans ?) a la vindicte de ceux qui souffrent (ceux qui bossent ? ceux qui paient des impôts ?) , quand on arrive à peine (et à 30 cerveaux au moins), a définir ce qu’ est la monnaie, c’est encore plus gerbant.
    C’est plus compliqué que ça.
    C’est plus profond que ça.
    Au concours de vomi vous ne gagnez pas forcément.

  6. Avatar de tigue
    tigue

    @jlm

    le partage équitable de tous les aspects de cette crise serait probablement un bon système de régulation.
    Ce partage voudrait que l’ on laisse les économies émergentes abuser de la monnaie dette (pour consommer), quand pour nous même, l’ accès a celle ci serait limité a l’ investissement.

  7. Avatar de ghost dog
    ghost dog

    @ceux qui sont encore humains….

    Rien qu’une question de civilisation…

    Quand on approchait la rivière
    On déposait dans les fougères
    Nos bicyclettes
    Puis on se roulait dans les champs
    Faisant naître un bouquet changeant
    De sauterelles, de papillons
    Et de rainettes

    Pierre Barouh a écrit « à bicyclette » en 1969.
    J’ai connu cet enchantement dans la campagne de mon enfance.
    Vous en voyez encore beaucoup des papillons ? Qui peut, aujourd’hui, faire naître un bouquet de sauterelles, de papillons, et de rainettes en se promenant dans les champs de sa région ?

    Le clivage philosophique et politique le plus contrasté et le plus pertinent aujourd’hui n’est pas entre gauche et droite où, unis dans la même culture impérialiste, au coude à coude autour du buffet de « la croissance » (du butin), tous sont rassemblés derrière les étendards de la guerre faite à « la nature », à notre nature. Concrètement : les nuances de plus en plus ténues censées les distinguer ne cachent pas leur mobilisation quasi unanime au service des entreprises destructrices du vivant. Dernier exemple magistral : la libéralisation de l’implantation des grandes surfaces. Cette mesure sera probablement analysée bientôt comme un acte antisocial et anti-écologique majeur pour extraire plus de profits tout en tentant de saboter la réorganisation des échanges autour du retour au local. Une sorte de déstructuration finale.

    Le réseau international des groupes de pression libéraux, les « think tanks », donne de belles illustrations de l’unité gauche-droite dans la culture impérialiste. Ainsi, du début des années 1980 à la fin des années 1990, l’un de ceux-ci, la Fondation Saint Simon, a rassemblé des « grands » patrons, des « hauts » fonctionnaires, des « grands » politiciens, des « grands » journalistes, des « grands » penseurs… Enfin, tous ces « grands » et ces « hauts » qui papillonnent entre plusieurs conglomérats de grands prédateurs – pudiquement appelés réseaux d’influence – avec autant d’aisance qu’ils passent du conseil d’administration d’une « grande » entreprise à un autre, se caressant mutuellement ici et là. Gens de « la gauche intelligente » comme de « la droite intelligente » (selon l’un des fondateurs) unis dans une communion élitiste radicalement capitaliste, constituaient « le salon chic des intellectuels anti totalitaires et des patrons sociaux, le trait d’union entre les rocardiens et le centre droit, la machine à tisser du consensus » (Libération 18 septembre 2006). Naturellement, nombre de ces gens de bien allaient briller dans l’anti-écologisme militant. « Nous étions (…) le petit nombre qui savions mieux que les autres ce qui était bon pour le pays, ce qui n’était pas complètement faux. Nous étions les plus beaux, les plus intelligents, les plus honnêtes et les détenteurs de la légitimité » avoue l’un de ceux-ci en 1986 dans la revue « Le Débat », très proche de la fondation, comme la revue « Esprit » (18).

    Là, il faut prêter attention aux coïncidences entre une fondation Saint Simon à laquelle la promotion du capitalisme ultra-destructeur doit tant et les courants politiciens et affairistes qui ont préparé et supervisé le noyautage et l’extinction du mouvement écologiste quelques années avant la création du « think tank » réactionnaire. Au-delà de la parfaite correspondance doctrinaire, il y a des personnes, des groupes, des réseaux communs. Le coup d’arrêt à l’effervescence des désirs et des idées aurait-il été comme un échauffement avant de passer à l’essentiel du programme ? Ou, plutôt, une étape indispensable… Pour pouvoir porter à son paroxysme l’exploitation des hommes et de la biosphère, il fallait d’abord étouffer la contestation la plus pertinente du système, celle qui réveillait la culture holiste soulignant l’interdépendance de toute chose et qui ouvrait sur des perspectives sympathiques. Mais tout en bernant, domestiquant et réorientant à son profit l’élan de la mobilisation. On y reviendra.

    En dépit d’une telle expérience, beaucoup de résistants ont encore du mal à réaliser à quel point les impérialistes sont prisonniers d’une spirale de délires logiques qui les plonge en pleine fausse conscience. Une démonstration entre mille autres : la décroissance écologique, sociale et culturelle de la Chine – pardon, de la diversité des écosystèmes et des peuples laminés par les impérialistes Chinois, les produits de plusieurs décennies de déstructurations et d’admiration pour le modèle du développement impérialiste. Quoique censurés, les échos du saccage, parviennent de plus en plus nombreux jusqu’à nous. Cela ne gène en rien les industriels, les financiers, leurs politiciens, leurs « intellectuels » et leurs media d’ici, qui saluent cette décroissance radicale comme une croissance admirable, une croissance qui devrait être exemplaire pour la France et l’Europe. « La Chine » n’est-elle pas devenue la « quatrième puissance économique du monde » ? Vision réduite à une pincée de critères exclusifs de tous les autres – les autres étant ceux auxquels tout être encore en empathie avec le vivant et soucieux de son devenir pense d’abord. Qu’importe la destruction des écosystèmes ravagés par les extractions de « matières premières » ou ensevelis sous le béton, l’asphalte, l’eau des méga-barrages et la pollution (près de 1 million d’hectares agricoles perdus chaque année), qu’importe les populations empoisonnées, expropriées et la destruction des communaux, qu’importe l’autonomie alimentaire, qu’importe la progression du désert, qu’importe la destruction des quartiers historiques et des jardins que l’on admirait et où il faisait bon vivre, comme sous le délirant Nicolae Ceaucescu (un ravage puissamment stimulé par l’organisation des Jeux Olympiques à Pékin), qu’importe l’épandage des clapiers de béton à perte de vue, qu’importe si le développement de l’automobile individuelle en Chine représente un péril majeur pour toute la biosphère et si son industrie est en passe de devenir le premier exportateur mondial… puisque les chiffres disent la prospérité et montrent des « perspectives de croissance » pharamineuses. Les chiffres de la vision économique impérialiste ne disant que le profit réalisé à courte vue par une infime minorité contre la plupart et l’avenir, NON, « la croissance » chinoise ne réduira pas les inégalités et n’évitera aucune crise. Tout au contraire, c’est elle qui les amplifient ! Alors que des centaines de millions de paysans et de citadins sont chassés de chez eux, et que leurs écosystèmes et leurs quartiers sont détruits, ce discours ne fait que révéler davantage l’autisme de ceux qui le tiennent et le reprennent, ou leur vertigineuse duplicité. La « croissance » chinoise n’est que le dernier monstrueux rejeton de l’horreur sociale et écologique occidentale. Elle contribue déjà lourdement à la ruine de la biosphère. Exactement comme pour les Philippines hier, les fanatiques de la déstructuration généralisée ne se lassent pas d’admirer « la réussite » de leur modèle, tandis que se précipitent les spéculateurs pour participer au nouveau Grand Bond – en arrière. Ils appellent cela « l’ouverture du marché chinois ».

    Cependant, le Comité Central du Parti Communiste chinois aurait enfin réalisé que, pour soutenir la croissance purement matérialiste qu’il a programmée pour le pays, il faudrait le sacrifice de « 4 planètes comme la Terre ». Et encore, c’est une estimation minimum qui ne comprend pas les effets d’entraînement et d’amplification de la destruction des écosystèmes et des sociétés. De ce constat, le Comité Central aurait tiré la conclusion qu’il faudrait se soucier de réorienter les activités économiques – et, peut-on leur suggérer, les choix technologiques et surtout politiques. Nous attendons avec impatience le début d’une décision.

    En attendant, des chinois exportent leurs méthodes de destruction massive chez les autres. Aucune considération écologique, sociale ou culturelle ne perturbe leur implacable expansion. Ils semblent ne même pas comprendre de quoi il s’agit. Le Tibet, totalement saccagé depuis la colonisation, donne une idée de ce qu’ils s’apprêtent à faire ailleurs. Récemment, au Gabon, une compagnie de prospection pétrolière (la Sinopec) a procédé à des centaines de tirs à la dynamite et dévasté tout sur son passage dans le parc national de Loango connu pour sa grande valeur. Autre démonstration sinistre : l’arasement des forêts primaires du Laos – jusqu’alors protégées – par les spéculateurs chinois apparemment en excellents termes avec la dictature locale. Pourquoi le sacrifice de l’un des biens communs planétaires les plus rares ? Pour faire une monoculture d’hévéas sur les terres dévastées de dizaines d’ethnies différentes. Pourquoi l’hévéa ? Surtout pour les pneumatiques de l’industrie automobile chinoise en plein essor… Un pas de géant dans le dérèglement climatique planétaire. Bien entendu, la dévastation des écosystèmes est commise dans le cadre du « plan de développement national ». Eléphants, félins, singes, oiseaux, insectes, végétaux endémiques… d’innombrables vies ont été anéanties d’un trait par des affairistes se piquant d’agronomie. Un foisonnement de vies dont chacune était unique, irremplaçable. La plaie ouverte dans les tissus les plus denses de la biosphère fragilise bien au-delà de la région. Elle aura des conséquences à long terme pour tout le monde. Sur place, l’expansion du désastre est planifiée. L’éviction définitive des autochtones au moyen de conditions drastiques de rendement imposées aux « représentants » laotiens aussi : « Pour l’instant, les locaux acceptent d’aménager les plantations car on les laisse planter du riz entre les arbres pendant deux ans. Mais quand viendra le moment de l’exploitation, ils risquent de ne pas tenir le rythme. Ils travaillent lentement, ne se préoccupent que du lendemain, ce sont des gens de qualité inférieure. Alors, on leur reprendra la terre et on fera venir de la main-d’œuvre chinoise, ça ne manque pas chez nous », M. Kuang de la société Lei Lin (rapporté par Abel Segretin dans le quotidien Libération du 22 mai 2007, également sur internet). Rappelons que, c’est dans ce contexte que l’écologiste Sompawn Khantisouk a mystérieusement disparu.

    D’ores et déjà, les paysans qui refusent de raser leurs arbres fruitiers pour faire place à l’hévéa sont dépossédés de leurs terres et chassés vers la misère. Après le Tibet, comme en Birmanie et au Cambodge, où après la Thaïlande les destructions se multiplient, l’impérialisme chinois va bon train et guigne maintenant l’Afrique où le pire est déjà engagé.

    Combien de planètes pour approvisionner « la croissance » chinoise ? Quatre (après la mort de la biosphère terrestre) ? C’est bien parti !

    Le clivage que l’on voit partout se creuser sépare les impérialistes « anti-nature » (tous styles confondus) de ceux qui comprennent encore la dynamique interrelationnelle et holistique du vivant. Ces derniers savent et mesurent dans leur sensibilité et leur chair que la culture impérialiste entraîne depuis trop longtemps dans une décroissance vertigineuse d’intelligence et de vie. Ce clivage qui traverse les sociétés et les cultures locales, souvent les personnes, est gros d’un grand « choc des civilisations » ; nullement fantasmé celui-ci. Attisé par l’explosion des pertes et des périls, il couve et enfle, mais ne s’est pas encore révélé car l’intense propagande qui nous inonde réussit à ralentir les progrès de la conscience et à affaiblir les volontés. Ainsi, tous ceux qui, de plus en plus nombreux, imaginent vers quelles horreurs conduirait la poursuite de l’aventure sous la houlette des dominants ont encore à se libérer des automatismes appris avant de pouvoir envisager la suite.

    Les impérialistes souffrent d’un scotome culturel si grand qu’ils ne se comprennent pas comme faisant partie de la nature, ni même vraiment de la société des hommes. Ils perçoivent à peine celles-ci, voire plus du tout. Au crible de leur conditionnement, le vivant est comme désincarné. La réalité première, la vie des êtres et de la biosphère, n’a plus de réalité pour eux. Claquemurés dans leurs bulles, ils ne s’inscrivent pas dans une communauté, pas dans l’humanité, pas dans la vie, dans aucune continuité de chair, d’émotions et d’évolution. Ils sont seuls au monde. Et ils écrasent les hommes dans les entreprises et les écosystèmes avec leurs habitants comme l’on marche sur une fourmi, par inadvertance. Ces prédateurs sans nécessité et sans limites sont-ils encore de ce monde ?

    Les autres, les holistes, perçoivent la communauté biologique et sociale autour d’eux. Ils ressentent ses mouvements, ses joies et ses souffrances, et éprouvent de l’empathie vis à vis d’elle. Ils se situent au sein de ses différents niveaux d’organisation. Ils en sont.

    Pourtant, certains s’entêtent à croire en la capacité du système dominant à se réformer. Et de se contorsionner pour tenter de le faire évoluer de l’intérieur… Au mieux, c’est qu’ils sous-estiment la vocation dominatrice du monstre, ou qu’ils ne comprennent pas que la domination est le problème majeur. Le problème de fond. Celui qui engendre à peu près tous les autres.

    La dégradation de la biosphère, sans oublier celle des sociétés humaines, n’est pas une sorte de dommage collatéral du fonctionnement du système. Elle est consubstantielle à la recherche de profit et à la capitalisation du pouvoir, à quelque échelle que ce soit – même aux niveaux les plus modestes. Avec un recul de deux bons siècles de destructions massives pour « le pouvoir » et le profit, qui n’a remarqué que la dégradation est indispensable à l’établissement du système et à son renforcement ? C’est pourquoi les estimations officielles comptabilisent même la mort dans l’actif, surtout la mort, et négligent d’établir le prodigieux passif de l’économie de croissance et de profits.

    « Le pouvoir du système sur les hommes augmente à mesure qu’il les éloigne de l’emprise de la nature » ont diagnostiqué Max Horkheimer et Theodor W. Adorno dans « La dialectique de la raison » (page 54 de l’édition Gallimard 1974). C’est une des raisons de l’artificialisation des conditions de vie et de la destruction des écosystèmes. C’est aussi une origine des troubles du comportement, une cause de l’affaiblissement spectaculaire des consciences et des volontés constatés dès le début. Pour la domination, l’altération de la vie et de sa compréhension sont vitales ! Cela, jusque dans la structure intime de la cellule. Après étude dans les labos scientifiques et les cabinets d’experts en manipulation politique, la spoliation peut prendre des détours déroutants. C’est bien le cas avec les hybrides stériles et les OGM qui, associés à l’interdiction de libre circulation des semences et plants traditionnels et de vente de leur récolte, apparaissent surtout comme les vecteurs d’une spoliation d’un genre nouveau de la diversité génétique et culturelle, et, par delà, de la maîtrise du bien commun. L’imposition des produits uniformisés par les industriels – toujours sous le prétexte du goût et de l’intérêt des consommateurs – au détriment de la diversité des variétés sélectionnées par les populations en fonction des écosystèmes, est une autre illustration de la fausseté du libéralisme en matière économique. Le pouvoir sur les hommes est l’une des premières raisons d’être de toutes les technologies dures.

    Il est donc assez clair que ce qui sépare les impérialistes de ceux qui n’ont pas encore oublié la planète et la vie est plus qu’un simple clivage philosophique et politique. C’est une complète rupture de civilisation, sinon d’intelligence.

    Toutes les formations façonnées par la culture impérialiste déstructurent tous les niveaux d’organisation écologiques et sociaux, plus encore pour s’imposer contre les formes spontanées d’organisation que pour produire ce qu’elles présentent comme des « valeurs » ou des « richesses ». Très exactement, la force du système réside dans sa puissance de destruction de tout ce qui assure l’autonomie des hommes, stimule leur créativité et leur aspiration à une vie détendue : les écosystèmes (les économistes parleraient de ressources et de matières premières), les modes d’organisation respectueux de la personne comme de la communauté biosphérique, et jusqu’à la capacité des personnes et des groupes à vivre ensemble. En effet, le pouvoir des dominants se nourrissant de la fragilisation et de la démission de la personne comme de la déstructuration de la communauté, l’essentiel de leur action consiste à détourner les énergies et les biens après avoir cassé les modes de vie indissociables les uns des autres qui favorisent le développement des échanges et des entraides, de la responsabilité, de l’initiative et, surtout, du sens de l’intérêt général : tout ce que construisent les communaux. C’est tout l’art de la dérégulation libérale.

    « Dans le miroir du passé », Ivan Illich note que « La valeur économique ne s’accumule qu’en raison de la dévastation préalable de la culture (…) » et des activités traditionnelles qui constituent l’art de vivre, qu’il définit comme l’art vernaculaire d’habiter (un bien commun de plus). Car la destruction matérielle ne suffit pas. Il faut aussi éteindre la moindre velléité de résistance et de révolte, mieux : réduire les hommes en machines de production de la domination et du profit. Autrement dit, la dégradation systématique de toutes les conditions favorables à l’épanouissement des personnes et des communautés, c’est à dire de tout ce que nous devons comprendre comme communaux, y compris toute la nature, est indispensable à l’existence de la domination.

    La spoliation des communaux, donc de nos moyens et raisons de vivre, est maintenant si étendue que, pour la plupart, l’impossibilité d’agir et de faire est devenue l’une des principales caractéristiques de l’existence. Impossibilité de construire et même d’échanger avec d’autres trop déstructurés, trop dispersés, trop résignés, trop prisonniers des consommations compulsives (justement pour oublier l’impuissance). Impossibilité d’échapper aux agressions des technologies dures. Impossibilité d’éviter les destructions et les maladies du profit. Impossibilité de faire entendre les mises en garde les plus évidentes tant le conformisme à l’ordre dominant a bouché l’horizon critique. Impossibilité de faire reconnaître les solutions. Impossibilité de vaincre l’étau des hiérarchies d’incompétence et de corruption qui se reproduisent tout autant dans l’opposition au système (première des incompétences, l’incapacité à s’adapter à l’économie du vivant crée les conditions favorables à l’épanouissement des corruptions, lesquelles amplifient toujours plus l’incompétence)… De tous côtés, on se heurte à des murs infranchissables si on les aborde seul. La difficulté majeure procède de la solitude parce que tout a été découragé : les solidarités, la compétence, l’initiative, la création ; fors l’égocentrisme, la cupidité et toutes les formes de la malfaisance qui triomphent sans plus se dissimuler. Celles-ci ont atteint un tel niveau d’affirmation que leurs hérauts peuvent harceler et réprimer toute forme de défense de l’intérêt général sans soulever l’indignation. Effet pervers supplémentaire, la déformation des réalités produite par la culture impérialiste est démultipliée par l’illusion d’impunité et de puissance générée par le succès de ces dépravations au sein de ce que l’on n’ose plus appeler société.

    Sous le consensus béat des élites satisfaites d’avoir tout gâché, la désorientation et la démoralisation n’ont jamais été si grandes. L’ankylose est générale. Comme écrasées par tant d’incohérence et d’adversité, beaucoup de populations sont en dépression collective et cela seul assure la paix sociale au système dominant. C’est au point que même des acteurs du système s’en aperçoivent et le déplorent parce que, ironie de l’interdépendance précisément niée par le système, la stérilisation de toute pensée non conforme et de l’intelligence collective entrave le bon fonctionnement de leurs entreprises.

    A l’inverse de la régression généralisée engendrée par la domination, si les potentiels de la personne et de la communauté n’étaient pas inhibés, si les écosystèmes n’étaient pas réduits à leur plus simple expression et empoisonnés par les effluents du développement, quel besoin aurions-nous de responsables professionnels, de décideurs, de dirigeants ? Quelle que soit la dimension de la domination, elle ne peut s’imposer qu’à des individus et des masses perdus dans un environnement dégradé et hostile, refoulés et d’autant plus dépendants d’une illusion d’abondance que celle-ci est créatrice de spoliations, de destructions irréversibles et de pénuries nouvelles. Pénuries ? Par exemple, pénurie de nature à l’état d’épanouissement de son potentiel ou approchant de ce niveau, pénurie de diversité, pénurie d’interrelations, pénurie d’empathie, absence des moyens politiques de conduire sa vie, pénurie d’honnêteté, pénurie de beauté, pénurie de paix, etc. Comme l’ennemi aux frontières, la pénurie et la frustration sont indispensables à la domination pour feindre une justification de son existence ; si indispensables qu’elle les crée en planifiant la spoliation et la destruction. Simultanément, le système entretient l’illusion que c’est en participant aux luttes de la capitalisation des biens et du pouvoir que l’on peut mieux se satisfaire, donc en accroissant la pénurie et le refoulement autour de soi. Ainsi, ce sont les efforts des frustrés pour échapper aux conséquences de la domination qui renforce celle-ci et produit toujours plus de frustrés. Il s’agit typiquement d’une dynamique à somme nulle, et même plus que nulle puisqu’il y a destruction du capital. Et ce mouvement d’une totale perversité ne cesse de prendre de l’ampleur, paradoxalement stimulé par la perspective de sa fin prochaine en raison des déstructurations planétaires qu’il multiplie. « (…) depuis trente ans, presque partout dans le monde, de puissants moyens ont été mis en œuvre pour violer l’art d’habiter des communautés locales et créer de la sorte le sentiment de plus en plus aigu que l’espace vital est rare » Ivan Illich, ibidem.

    Les alternatives au système de la domination sont nombreuses et à portée de la main ; mais, manifestement, plus à portée des volontés. La plupart ne les voient pas, ne les comprennent plus parce qu’elles sont spoliées, détournées, détruites, interdites. Nos ancêtres, qui avaient encore la force d’affirmer leurs droits, furent nombreux à combattre de génération en génération ce processus d’une totale perversité. Car ils n’ont pas défendu que leurs terres, leurs forêts, leurs « usages »… En somme, leur propriété matérielle commune. Comme les paysanneries spoliées et les peuples autochtones d’aujourd’hui, ils ont combattu aussi pour défendre leur fierté, leur culture, leurs droits, leur pouvoir de décision, la maîtrise de leur vie et les rapports de bonne intelligence avec la biosphère – les sources de la bonne vie. Toutes ces choses étant également des biens créés, organisés et protégés en commun : des communaux.

    Publié par Alain-Claude Galtié 12/06/2008

  8. Avatar de Chris
    Chris

    pour à terme « Interdire les paris sur l’évolution des prix » est-ce qu’il serait envisageable d’imposer que chaque « achat » donne lieu à « livraison », je pense que si à chaque fois qu’une personne achète 50 barils de pétrole ou 1 tonne de blé on lui livre ces 50 barils ou cette tonne de blé cela limiterait fortement la spéculation (j’imagine le trader dans son apartement qui se retrouve avec 50 barils de pétrole sur son paillasson…).

    NB : je pose cette question car je ne sais pas comment fonctionne la spéculation sur les matières première.

  9. Avatar de fab
    fab

    @ 2casa,

    Tout y est !
    Même LA solution !
    Bravo.

  10. Avatar de aetius
    aetius

    @tigue

    logique bivalente : vous avez parfaitement compris la clé et le substrat ultime sur lequel repose le problème. Car, je le dis, ce dernier n’est pas économique, n’est plus technologique, il est et a toujours été essentiellement psychologique.
    Malheureusement, à moins d’une surprise toujours possible qui donnerait un répit, il est déjà presque trop tard car le point de bascule irrémédiable est trop proche pour envisager ce changement cognitif.
    Un processus historique d’involution n’est désormais plus impossible.

  11. Avatar de Shiva
    Shiva

    Il ne faut pas avoir peur d’une disparition des cultures liée à la mise en place d’un système de gestion plus globalisé. Si on prend l’exemple de l’Europe, peut-on dire que la France est « germanisée » ou que la l’Allemagne est « francisée » ?
    l’Europe fut créée dans un contexte d’après guerre mondiale pour empêcher son retour par le rapprochement des peuples. Le résultat est presque exclusivement orienté économie, c’est malheureusement vrai, mais les guerres intra européennes que le monde a connu depuis… les Celtes ? sont-elles encore d’actualité ?

    Le monde a besoin d’un élan, d’un rapprochement des gouvernances, en un lieu qui surplombe et permette une vue large et des réponses à l’échelle des obstacles à dépasser.

    La paix sur terre pourrait être le « leitmotif » de ce rapprochement des points de vue et des actions…

  12. Avatar de Patrick Barret
    Patrick Barret

    On comprend donc que l’humanité ne soit venue à la démocratie que sur le tard (…) De toutes les conceptions politiques c’est en effet la plus éloignée de la nature, la seule qui transcende, en intention au moins, les conditions de la « société close ». Elle attribue à l’homme des droits inviolables. Ces droits, pour rester inviolés, exigent de la part de tous une fidélité inaltérable au devoir. Elle prend donc pour matière un homme idéal, respectueux des autres comme de lui-même, s’insérant dans des obligations qu’il tient pour absolues, coïncidant si bien avec cet absolu qu’on ne peut plus dire si c’est le devoir qui confère le droit ou le droit qui impose le devoir. Le citoyen ainsi défini est à la fois « législateur et sujet », pour parler comme Kant. L’ensemble des citoyens, c’est-à-dire le peuple, est donc souverain. Telle est la démocratie théorique.
    Henri Bergson, les Deux Sources de la morale et de la religion, p. 299.

    « Permettez moi d’ouvrir aussi un autre débat : un monde où, comme je le souhaite, la régulation serait mondiale et parfaite, ne serait pas exempt de crises. »

    De son côté, le planisme cherchait à « dépasser » le marxisme et affirmait la possibilité de créer entre la dictature communiste et le capitalisme libéral devenu anarchique (« le renard libre dans le poulailler libre ») un système planifié, dirigé, qui fût capable de maîtriser, par l’intelligence humaine, les crises cycliques de plus en plus graves de l’économie.
    Raymond Abellio, Ma dernière mémoire, t. II, p. 55.

    On aboutit ainsi à la dictature d’un homme, d’un parti ou d’une bureaucratie, et au bout de la route il y a l’asservissement dans un cadre que, par habitude, on continue pourtant encore d’appeler démocratique.
    André Siegfried, l’Âme des peuples, i, 2.

  13. Avatar de Jean-François
    Jean-François

    @ Loïc Abadie

    Bon. Je résume : vous affirmez donc que l’interdiction de paris sur les prix serait une atteinte au droit de propriété car empêchant l’acquisition d’un bien.

    Pouvez-vous m’éclairer ?

    Il se trouve que j’ai acheté un petit appartement en 89, en banlieue car trop cher dans Paris, parce que j’avais la chance d’avoir un avoir personnel qui m’a permis de souscrire un crédit. Les enfants se multipliant (façon de parler), j’ai revendu cet appart en 2000 avec une moins value de 20%, pour acheter une petite maison, toujours en banlieue, toujours grâce à des économies (placées sur des livrets A) et un gros crédit. La maison a été choisie, d’une part parce qu’elle rentrait dans mon budget, et d’autre part à cause des figuiers et des framboisiers qui poussent dans son jardin.

    Je n’ai AUCUNE idée de son prix actuel, et je m’en fous à un point je vous n’imaginez pas, mais je vous garantis que les figues et les framboises sont TRES bonnes, et que je suis un VRAI privilégié.

    Rétrospectivement, je me rends compte grâce à vous que je n’ai JAMAIS tenu compte du prix futur de ce que j’achetais, seulement du prix courant. Alors vous me mettez un doute : en fait, j’aurais pu acheter mon appart puis ma maison dans une dictature socialiste… donc j’ai vraiment un doute, là, tout à coup : suis-je vraiment propriétaire de ma maison ? (ou plutôt, le serai-je à la fin de mon crédit ?)

    @ tigue
    désolé de régir à contre-temps, mais il y une vie à côté de ce blog.

    Où diable avez-vous lu que je « déresponsabilise les acteurs de ce drame », et que je « feint de ne pas voir que toute la société est submergée d’ individualisme, et que c’ est de là que vient cette crise », et que enfin je « feint de croire, comme dans la chanson “qu ‘il suffirait de presque rien…” (une révolution quand même) pour que tout s’ arrange enfin » ?
    C’est justement parce que je suis persuadé que l’origine des crises économiques vient de l’idéologie de l’individualisme, synonyme de culte de l’Argent, que je ne supporte pas les « démerdards », les profiteurs, ceux qui se croient plus malins que les autres quand ils obtiennent quelques sous en plus par leur combines ou leurs affaires. Regardez ce pauvre Abadie, qui ne peut pas imaginer acheter quelque chose autrement que par la lorgnette de la plus ou moins value potentielle qu’il en tirera, c’est triste à pleurer… Ce sont ces gens là qui génèrent cette mentalité abominable qui fait que les gens finissent par faire de guerre de chacun contre tous ; ce sont ces gens là qui élisent les gangsters qui nous gouvernent et nous mènent à notre perte…

  14. Avatar de samedi
    samedi

    @ Moi,

    « en Grèce celui qui ne choisissait pas un parti politique était puni de mort ou d’exil. »

    Je crois qu’il y a une confusion :

    – les partis, « factions » étaient évidemment interdits sous les régimes démocratiques. Ce sont des éléments oligarchiques (on a découvert plus tard qu’en d’autres circonstances ils se révèlent des pépinières de totalitarismes). L’assemblée était une assemblée d’individus libres – il était inconcevable qu’un être non libre fut citoyen -, certainement pas un champ opposant des partis, des gens votant comme « on » leur avait indiqué.

    – quand la démocratie était menacée (par l’oligarchie ou par la tyrannie – le « ou » est peut-être abusif), ou en cas de guerre civile, ce qui revient au même, puisqu’il y a potentiellement suspension ou menace de suspension de la constitution, alors ne pas prendre parti (rester neutre) était puni de mort.

  15. Avatar de Jean-François
    Jean-François

    Je viens de relire l’introduction du « rapport de la commission pour la libération de la croissance française, sous la présidence de Jacques Attali ».

    extraits :

    « Ceci n’est ni un rapport, ni une étude, mais un mode d’emploi pour des réformes urgentes et fondatrices. Il n’est ni partisan, ni bipartisan : il est non partisan. »

    Ah. bien.

    « Le monde est emporté par la plus forte vague de croissance économique de l’histoire, créatrice à la fois de richesses inconnues et d’inégalités extrêmes, de progrès et de gaspillages, à un rythme inédit. L’humanité en sera globalement bénéficiaire. »

    Chut, on ne rigole pas. Sachez que la technologie nous sauvera à temps, pour le bonheur de tous (enfin… presque tous) (disons… ceux qui le méritent)(enfin… ceux qui auront les moyens).

    « De fait, certains pays de notre continent s’y préparent mieux que d’autres : l’Allemagne a modernisé la partie orientale du pays, dynamisé son marché du travail et sa formation, développé des industries nouvelles, comme les énergies renouvelables. Le Royaume-Uni s’est engagé durablement dans la réforme de son système scolaire et de son réseau de santé, et dans la valorisation de son industrie financière. »

    Allemagne, dynamisé son marché du travail… UK, engagé durablement dans la valorisation de son industrie financière… comme ça sonne bien.

    « L’Italie, le Portugal, la Grèce et plusieurs nouveaux États membres ont eux aussi mené des réformes courageuses, pour contrôler leurs dépenses publiques, moderniser leur administration, et mieux recruter leurs agents publics. L’Espagne a œuvré pour l’accès de tous à la propriété du logement, dans une économie en quasi plein-emploi. »

    Économie de quasi plein-emploi en Espagne… eh oui, ça vous en bouche un coin, hein ?

    « N’ayant pas abandonné un modèle hérité de l’après-guerre, alors efficace mais devenu inadapté, la France reste très largement une société de connivence et de privilèges. L’État réglemente toujours dans les moindres détails l’ensemble des domaines de la société civile, vidant ainsi le dialogue social de son contenu, entravant la concurrence, favorisant le corporatisme et la défiance. Alors que notre époque requiert du travail en réseau, de l’initiative et de la confiance, tout se décide encore d’en haut, tout est contrôlé dans un climat de méfiance générale. »

    Ah non ! de l’anti-sarkozisme, là ça va plus. Attali, communiste !

  16. Avatar de Paul Jorion

    Vous avez des choses à dire Monsieur 2Casa, et une fort belle plume. Alors, vous savez ce que l’humanité attend de vous…


    Jack London

  17. Avatar de ghostdog
    ghostdog

    @Jean François,

    Décidement je me réjouis tous les jours que vous n’ayez pas brisé votre clavier !!!

  18. Avatar de Alain A
    Alain A

    Gauchiste antiproductiviste en 1970, social-démocrate libéral avec Mitterrand dans les années 80, croissantiste à tout crin avec Sarkozy 7ème manière en 2007, régulationniste avec Sarkozy 8ème manière en 2008… Attali est :
    – soit une girouette qui tourne avec le vent pour rester dans le clan des élites autoproclamées ;
    – soit un très habile manipulateur qui tente d’orienter l’opinion publique dans la sens qui est le sien : convaincre qu’une globalisation planétaire est le bon plan et ce pour le plus grand profit du capital apatride qui rêve de dominer 100% et pas seulement 50% de notre bonne vieille Terre.
    Sa flagornerie vis-à-vis de Paul et même de ceux qui le démolissent sur ce blog me ferait plutôt pencher vers la 2ème hypothèse : une telle obséquiosité semble cacher une visée qui se moque des lazzis pourvu que le résultat (l’efficacité comme il dit), soit au bout du chemin. Le juste (ou la justice) ne paraît en effet guère le préoccuper.

    Je trouve plus intéressant le débat qu’il a suscité : un unification mondiale (dirigée par quele élite?) est-elle souhaitable, possible ? A mon humble avis, il n’est ni nécessaire ni bon d’avoir une Planète unifiée sous des règles communes pour qu’un respect mutuel se développe. Est-il en effet impossible de voir coexister des modes de gestion adaptés aux caractéristiques anthropologiques différentes des peuples et en plus d’apprécier cette diversité ? Pourquoi vouloir unifier si ce n’est pour réaliser des économies d’échelles dans la logique de la dominance actuelle du capitalisme anglo-saxon ?
    Le généticien que j’ai été sais que la variété est la condition de la survie d’une espèce quand les conditions changent… J’ai de plus en plus l’impression que le fait que nous atteignons les limites physiques de l’écosystème condamne les sociétés industrielles basées sur la croissance matérielle quantitative. J’espère vivre assez longtemps pour voir quelle autre civilisation sera mieux adaptée aux conditions nouvelles qui se mettent en place…

  19. Avatar de benoit
    benoit

    @ 2Casa

    @ Ghostdog

    Vos deux cris du coeur
    Ca sort des tripes.
    Ca fait vibrer les miennes.
    A l’unisson.

    Oui.
    …C’est à hurler.
    Avec vous,
    Merci.
    Benoit.

  20. Avatar de Candide
    Candide

    @ Alain A

    Je trouve plus intéressant le débat qu’il a suscité : un unification mondiale (dirigée par quele élite?) est-elle souhaitable, possible ?

    Quelques éléments de réponse…

    http://www.dedefensa.org/article-l_europe_en_attendant_13_12_2008.html

  21. Avatar de oppossum
    oppossum

    Ce n’est pas que J.A. ne soit pas sérieux, mais enfin il me fait toujours sourire !
    Pourtant Dieu sait si j’en sais moins que lui …

    Cette radicalité raisonnable maquillée d’innocence globalisante nous ferait presque oublier qu’il fût le conseiller d’un Prince de l’ambiguïté et du reniement drappé d’un perpétuel discours à triple fonds. Mais je suis très indulgent …

    Ce qui me fait sourire ce sont ces idées générales qui synthétisent toute une série d’idées déjà générales , et qu’il projette dans le futur par des extrapolations proches d’une poésie de la science fiction. Ca n’est jamais faux, ni bête, ni completement invraisemblable . Ca flotte dans un possible dégagé des nécéssités concrètes tout en paraissant être la conséquence logique d’ un présent colorié à sa guise.

    Quand il sort de quelques voeux pieux -que même mon chat est prêt à partager- , pour aborder du vrai concret, curieusement , J.A. garde une sorte de réalisme du possible et admet -il suffit de lire son charmant billet- que bien des choses ne sont en fait guère possibles , ni faisables car contournables … , ou bien même qu’elles n’éviteront pas ce qu’elles sont censées éviter : ainsi un « monde où, comme je le souhaite, la régulation serait mondiale et parfaite, ne serait pas exempt de crises » … avec ça on n’est bien avancé dans le débat …

    Quelques demi-provocations viennent souvent émailler ses propos pour titiller la curiosité de l’auditeur : ainsi la Grande Bretagne serait le lieu d’une absence totale de l’état de droit … bien entendu Jacques oublie un peu les libertés basiques individuelles -pourtant si essentielles et chèrement acquises- …. pour des généralités (pas idiotes d’ailleurs) sur la démocratie comme un ensemble de pratiques institutionnelles et sociales, et de contre-pouvoirs et pas seulement un vote (Attention toutefois c’est une vision dangereuse, menée à terme) .
    Question respect de la personne et de ses droits , je ne pense pas que la France, malgré ses déclarations formalistes prisées à l’exportation, soit un modèle d’état de droit. Et donc un peu de retenue serait de bon aloi.

    Et que dire de l’alternance de ses visions stratosphériques ou microscopiques qui l’amène à des propositions balançant brusquement d’un primat de l’Etat à un libéralisme bon tein … ce qui ne me déplairait pas si j’en sentais la cohérence . Dien sait pourtant qu’il est bien présent dans les médias pour délivrer ses analyses et prédictions multiples :

    Ainsi je le revois, lui, l’homme qui a prévu et programmé le tsunami economique, nous affirmer quelques mois après qu’un taux de croissance de 2,3,4,5 % serait possible en France , en 2008, si les forces créatrices étaient délivrées par l’adoption de ses nombreuses mesures … (Ce qui ne signifie pas que ses mesures étaient toutes ‘mauvaises’)

    Bon je me moque un peu, sans en avoir vraiment les moyens. Mais allez, ce n’est pas le pire , humainement il a l’air chouette , au fond après pas mal de digressions, il a un certain sens du possible ….

    et puis … il me fait sourire …

  22. Avatar de 2Casa
    2Casa

    @ M. Jorion

    Ben pour une première critique !

    Merci.

    (Mais Jack London, faut pas déconner non plus.)

    @ Tous

    Continuez.

  23. Avatar de Rumbo
    Rumbo

    En réponse à Paul Jorion, Jacques Attali dit:

    «  ». Marché et état de droit. Vous avez tout à fait raison : le marché est parfaitement capable de corrompre la démocratie. Il suffit de regarder l’exemple de la plus parfaite démocratie, ayant créé la plus parfaite absence d’état de droit : la Grande Bretagne, où la démocratie la plus ancienne du monde est au service d’un paradis fiscal et d’une place financière off shore. » » (….)

    Voici un extrait de ce que je disais à l’étranger il y a trois mois:

    (….)
    Mais une « piste » marquante, un « détail » historique spécifique apparaît pour peu qu’on suive attentivement le déroulement historique de l’émergence de la démocratie en Angleterre par le truchement de l’aristocratie britannique. En effet, l’Angleterre put « se payer » la démocratie grâce à la puissance et aux revenus que lui procurait encore à cette époque son immense empire colonial. L’Angleterre put donc « se payer » la démocratie parce qu’elle faisait « suer le burnous ». La France de son côté a un peu suivit le même chemin et la même attitude, mais son empire colonial n’était, au final, que le 1/3 de l’empire britannique, soit 11 millions de kms2 pour ‘Empire français, tandis que celui de l’Angleterre s’étendait alors sur 33 millions de kms2.

    Il y a dans ce fait une faille, une contradiction historique très occultée, jamais pointée que je sache, et qui souligne l’ambigüité du modèle économique et financier anglo-saxon pérénnisé dans le monde entier par son modèle de banque et de système financier, mais se déployant derrière un « paravant démocratique »…

    Le « paravent » démocratique, derrière lequel s’abrite le système financier mondial actuel, sert à imposer la globalisation, alias la mondialisation. Une démocratie dont les dirigeants américans et anglais et l’ensemble politique, économique et stratégique qui en dépend, ne font que clamer les « vertus »… Vertus démocratiques en priorité pour eux seuls bien entendu…

    Tous ces « démocrates », États-Unis en tête, ne clament-ils- pas qu’ils veulent apporter la démocratie au monde entier? Fut-ce de force? L’exemple de la guerre en Iraq, menée par les États-Unis, une de plus menée par eux, n’est-elle pas un cas d’école d’une tragédie inouïe, sans égale, cimentée par le mensonge le plus grave qui ait été proféré pour « justifier » une guerre effroyable? (dont les effets dévastateurs ne sont pas terminés à ce jour!).

    Certes, en principe, la démocratie existe à l’intérieur des pays riches, et encore! Tellement de faits et de changements indiquent le contraire! Car, dans l’état actuel des choses, la démocratie politique ne correspond à rien sans son complément obligé que devrait être – et n’est pas – la démocratie économique. Oui, la démocratie économique est inéxistante! Rien n’est moins démocratique que l’argent qui mène ce « bal »! Mais l’on s’aperçoit à présent, sans hésitation, que les relations extérieures des pays qui prétendent faire la leçon de démocratie au monde entier ne sont que pillages des matières premières et de leurs autres ressources comme la matière grise, et les ponctions financières abyssales en particulier. Les infortunés (c’est le cas de le dire!) pays sont ainsi « obligés » de se vendre en ne maîtrisant rien dans leur prix de vente! Ce pillage est accompagné de l’exigence de dettes-vampires à intérêts composés, dettes impayables, et ceci, sous couvert et sous « conditions » d’ajustements structurels. Voici encore un terme abscons signifiant l’obéissance, également sans fin, aux exigences des financiers… Ces dettes sont une vraie transfusion sanguine, vampirisation en continue de la substance vitale des pays pauvres et condamnés à rester pauvres dans ces conditions de relations avec le monde riche. C’est le monde riche qui fait les questions et les réponses!… Que signifie donc l’instauration de la démocratie sans aucun moyen de la pratiquer?…Autrement dit, que signifie encore une fois la démocratie politique sans la démocratie économique qui lui corresponde? Quel sentiment de liberté avons-nous dans une démocratie politique en ayant les poches éternellement vides??

    Quand allons-nous oser poser les vraies questions pour de vrais actes? Et surtout à l’endroit où cela fait mouche?

    La phrase de l’historien français François Furet résonne ici avec une justesse étonnante sur ce brûlant sujet de la démocratie à l’aune de la justice économique et sociale: « La démocratie dépend d’une oligarchie occulte contraire à ses principes, mais indispensable à son fonctionnement ». L’essentiel est pointé ici.

  24. Avatar de benoit
    benoit

    @ oppossum
    Quel portrait ! Cisele avec justesse et humour. Savoureux.

    @ Candide
    Ben… je fais c’qu’je peux sur les bords du Mekong !
    Mais, question destruction de l’environnement et des modes de vie traditionnels, ici nous craignons le pire avec l’avancee de la puissance chinoise (voir le post de Ghostdog, ci-dessus)
    … Est-ce la fin du beau Mekong ?

    Entre nous…, Candide…, mais ne le repete pas, hein ? 😉 , mon espoir reside en une Depression mondiale tellement forte que les projets chinois sur la region seraient stoppes net.
    Je suis realiste, je compte plus, dans l’immediat, sur la violence de la Crise que sur les bonnes consciences reunies en conclaves.
    Idem pour la diminution des gazs a effet de serre : la Crise, si elle est tres tres forte, peut-elle sauver la Terre ? Nous donner simplement un delai ?

    @ 2Casa
    Bel encouragement ! Paul n’a pas tort, loin de la.
    Tu vois ce qu’il te reste a faire… un roman casa-nier ?
    « Une voix » de garage…

    Benoit.

  25. Avatar de Tigue
    Tigue

    Clap clap clap…
    Applaudissements les mecs et mecesses !
    Alors comme ça vous auriez vraiment cru tout ce qu’ untel a dit ou écrit par le passé, quand lui même n’ y croyait pas « autant qu’ il aurait fallu ».
    Vous mettez en doute l’ ensemble de ses propositions d’ aujourd’ hui par ce motif : » il ne croit pas suffisament a ce qu’ il nous dit ».
    Quand Benoit nous parle du monde spirituel, qui est bien réel pour lui, cela ne déclenche pas une telle vollee de bois vert, pourquoi ?
    La réponse n’ est pas qu’ il vous semble plus sincère, la réponse est que, ses propos seront peu médiatisés, et sont donc bénins…Aussi, vous n’ approfondissez pas l’ analyse de l’ adhésion de Benoit a ce qu’ il dit. Vous ne posez pas la question du chemin qui l’ a amené a ses conceptions actuelles, celle de ses contradictions par rapport a l’ idéal d’ un peuple unique de terriens. Vous n’ approfondissez pas comme vous le faîtes pour Untel qui est médiatisé, et dont les propos ne sont pas bénins.
    Pourtant, il y a là, le même rapport a la vérité.
    La vérité doit être considéreé comme une sorte d’ idéal, nos conceptions sont des modèles sans cesse retravaillés auquel il ne faut jamais croire.
    Il faut inventer ou découvrir une autre logique pour rendre compte des conceptions humaines, la logique bivalente n’ est pas une lame emoussee ou trop tranchante, elle ne coupe pas l’ air.

  26. Avatar de benoit
    benoit

    Ô Marie, si tu savais…,
    Tout le mal que l’on me fait…
    Ô Marie si je pouvais,
    Dans tes bras nus me reposer…

    Les hommes sont devenus
    Fous a lier,
    Je donnerais
    Tout pour oublier…

    Ô marie, si tu savais…

    J’ai vu plus d’horreurs que de merveilles
    Et rien ne sera plus pareil.
    Demain ce sera le grand jour,
    Il faudra faire preuve de bravoure.
    La mort m’a promis sa dernière danse…

    Ô marie, si tu savais…,
    Tout le mal que l’on m’a fait…

    La Terre.

  27. Avatar de fab
    fab

    @ Ghost dog,

    Je viens de lire votre message du 15/12 à 17h50 (je précise l’heure et le jour, car en ce moment mes messages, à l’image de l’épargne bancaire, ont une fâcheuse tendance à dormir sur certains parkings…c’est la modération il paraît !) : oui je pense être un être humain, car je croise encore pas mal de ces bestioles dont vous parlez, et nombre d’autres ! Des sangliers, des renards, des lapins…Une espèce se développe plus vite semble-t-il que les autres : ces représentants, je dis ça pour les taxinomistes (terme générique à seule fin de passer la censure), ont les caractéristiques suivantes, entre autres : ils ont un télencéphale hyper développé, un pouce préhenseur, ils baissent la tête, ne sourient pas, sont toujours pressés et accomplissent un nombre de tâches quotidiennes impressionnant, passent la plus grande partie de leur vie sous terre ou pour le moins loin de la lumière du soleil, se nourrissent sans même y penser, se déplacent sans même y penser, procréent sans même y penser et meurent…sans même y penser. Je ne suis pas taxinomiste mais je parierais pour un croisement entre un grand primate et un termite ou une fourmi ou un poisson rouge déshydraté.
    Cette espèce, pour revenir à votre sujet, s’émerveille au travers de la télévision, de la beauté de la nature…Ca résume tout.
    Quant au reste de votre message, je vous avoue l’avoir lu en diagonale et donc pouvoir me tromper quant au sens général qui s’en dégage. Néanmoins, je me permets :
    Que ce soit en Chine ou ailleurs, le mal se propage. Nous n’avons laissé d’autre choix possible à personne dans le monde : PERSONNE ! Marche dans notre système ou crève ! Consomme ou on te bouffe ! Mange les saloperies qu’on a inventées ou on aggrave ta famine ! Donc, pour résumer : soit comme nous !
    Et là je voudrais préciser une chose concernant notre système : la consommation, le fait de mettre en esclavage son prochain, son « frère », etc. c’est la partie visible du « mal ». Et ce mal est-il arrivé ex nihilo ? Est-ce une génération spontanée ?
    Non, impossible me dis-je ! Et quel est le vecteur de cette propagation ? L’école ? Oh ! Sûrement pas, elle est tellement belle notre école, et elle produit tellement de belles choses notre école, il suffit de regarder autour de soi (attention, petit rappel, la nature n’a pas été produite par l’école mais l’œil avec lequel on la regarde si…) ! Vous n’y pensez pas ! Dire que l’école aurait permis à cette idéologie de consommation et d’égoïsme de se propager ce serait comme dire que les intellectuels produits par cette école sont enfermés dans leurs réflexions et donc convaincus a priori du bienfondé de leurs analyses ! Impossible ! La preuve en est que leur enseignement est prêché tout autour du monde, comme l’a été la bonne parole de notre église il y a quelque temps…

    Je résume, au moins j’en écris au plus j’ai de chances de passer la censure, mais en gros on peut dire que mis à part nous le système n’est pas bon…Mais avant de l’admettre…

    Sur ce, bonne journée à toutes et tous. Avec ce qu’il tombe ici, je pense que les rainettes vont se régaler.

  28. Avatar de Greg
    Greg

    @Tigue,

    Il me semble qu’il y a eu quelque essais de définition d’une logique tetravalente… Déjà entendu parlé ?

  29. Avatar de tigue
    tigue

    ici un peu : http://www.cafe.edu/sf/pl4c/
    Ailleurs, beaucoup plus, mais…exotique.

  30. Avatar de Greg
    Greg

    Oui plutôt ! Mais je ne suis vraiment pas suffisamment au fait de tout ça pour juger de la validité de la démarche…
    Ca vous paraît serieux ?

Contact

Contactez Paul Jorion

Commentaires récents

  1. Mauvaise passe pour le Donald : appel rejeté dans sa condamnation pour diffamation de Jean Carroll à 83 millions de…

  2. Et donc, le scénario possible, c’est une condamnation suffisamment solide pour que Donald soit inéligible, ce qui serait en mesure…

Articles récents

Catégories

Archives

Tags

Allemagne Aristote bancor BCE Bourse Brexit capitalisme centrale nucléaire de Fukushima ChatGPT Chine Confinement Coronavirus Covid-19 dette dette publique Donald Trump Emmanuel Macron Espagne Etats-Unis Europe extinction du genre humain FMI France Grèce intelligence artificielle interdiction des paris sur les fluctuations de prix Italie Japon John Maynard Keynes Karl Marx pandémie Portugal psychanalyse robotisation Royaume-Uni Russie réchauffement climatique Réfugiés spéculation Thomas Piketty Ukraine ultralibéralisme Vladimir Poutine zone euro « Le dernier qui s'en va éteint la lumière »

Meta