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L’État ne peut pas devancer les aspirations de ses citoyens : il a toujours un temps de retard car la machine est lourde. Il ne répond à leurs demandes seulement s’il a bien entendu le message. L’État est comme un vieil homme guetté par la surdité. Cela fait des décennies qu’il a ses petites habitudes. Il a ses automatismes, ses manières de faire, ses mêmes recettes pour répondre aux problèmes qu’on lui soumet. C’est comme apprendre à ses parents ou ses grands-parents à se servir d’un ordinateur… Rien ne sert de lui donner le manuel d’utilisation de plusieurs centaines de pages : il faut lui montrer, il faut lui répéter clairement plusieurs fois avant qu’il puisse enfin s’en servir. Nous sommes aujourd’hui dans la même situation : les appareils étatiques ne peuvent pas comprendre d’eux-mêmes la portée des innombrables rapports produits par la communauté scientifique. Seuls les cris des manifestants dans la rue peuvent parvenir à ses oreilles.
C’est bien ce qu’ont compris récemment les mouvements écologistes. Seulement 4 ans après Les veilleurs du ciel, Jean-François Julliard, change de ton et publie On ne joue plus ! en 2019 au sous-titre évocateur « manuel d’action climatique et de désobéissance civile ». Il ne s’agit plus d’espérer que les initiatives locales suffisent à mener la transition écologique, il s’agit de redoubler la pression du citoyen sur les gouvernements pour les obliger à agir :
« Les engagements de chacun doivent désormais être pensés en termes d’intérêt général. Il est temps de doubler nos écogestes individuels d’engagements collectifs plus radicaux. Les dépôts de plaintes, les grèves, le boycott, la désobéissance civile sont les prochaines étapes à franchir pour que le mouvement climatique l’emporte sur les dérèglements de nos milieux et conditions de vie.
Ces actes ont en commun de rechercher l’impact le plus fort sur les structures en place. Qu’il s’agisse de remettre en cause le modèle économique néolibéral et ses excès, ou la mollesse de la réponse politique face aux exigences des industriels et des lobbies. À travers un niveau d’engagement plus audacieux, plus risqué et plus impliquant, l’idée est de contraindre les États à faire mieux. »
(On ne joue plus !, Jean-François Julliard, Le Seuil 2019)
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