L’implosion des États-Unis, le 7 janvier 2020 – Retranscription

Retranscription de L’implosion des États-Unis, le 7 janvier 2020. Ouvert aux commentaires.

Bonjour, nous sommes le mardi 7 janvier 2020 et ma vidéo d’aujourd’hui s’intitulera : « L’implosion des États-Unis ».

Vous vous souvenez peut-être, si vous êtes né avant ça, de la fin de l’Union soviétique. Il y avait eu la chute du mur de Berlin. Toute la zone d’influence qu’on appelait « l’URSS et ses pays satellites » étaient en train de changer de régime dans la violence ou la violence toute relative, ça dépend des pays. Et l’Union soviétique devait tomber aussi. Quand on a analysé les raisons, il y avait plusieurs raisons : la course à la conquête de l’espace dans laquelle les Américains avaient mis des sommes considérables après le camouflet du premier satellite artificiel lancé par l’URSS, la pesanteur bureaucratique, l’absence de liberté individuelle dans le « bloc de l’Est » comme on l’appelait et on était convaincu, à cette époque-là, que l’Occident, « le Monde libre » entre guillemets comme on disait par opposition… nous parlions du « Monde libre », nous parlions de « l’URSS et ses satellites ». Nous ne parlions pas de nous-mêmes comme « les États-Unis et leurs satellites ». Nous avions vaincu, nous avions gagné contre ce que Ronald Reagan avait appelé « L’empire du mal ».

Et donc, c’est assez ironique que bien des années plus tard : 30 ans plus tard, on pourrait dire que l’Union soviétique est en train de gagner. Ce n’est plus l’Union soviétique : c’est la Russie, mais la Russie est en train de l’emporter, en particulier dans sa guerre contre les États-Unis. Les États-Unis sont entrés dans un processus d’implosion.

L’implosion, c’est qu’il y a un président à la tête du pays et qu’une partie du pays ne l’écoute plus. La Chambre des députés, l’Assemblée nationale des États-Unis a voté la destitution de ce président. Il vient de prendre une mesure extrêmement grave qui équivaut à un acte de guerre contre l’Iran en assassinant, en faisant assassiner un général de plus haut rang, mais ça ne suit plus aux États-Unis.

L’Assemblée nationale irakienne a demandé, a voté le retrait des troupes américaines. Et pendant que le commandant des troupes sur place dit : « Nous nous apprêtons à aller dans ce sens », au même moment, à Washington, on dit : « Non, non, il n’en est pas question » du côté du ministère des Affaires étrangères de M. Pompeo qui, lui, est un affidé de M. Trump. Il fait partie de son petit groupe rapproché avec M. William Barr, le ministre de la Justice, M. Rick Perry, le ministre de l’Énergie. Une petite bande organisée autour de M. Giuliani qui est l’avocat de M. Trump.

Pendant ce temps-là, le chef de l’OTAN prend ses distances. Le général à la tête des troupes de l’OTAN prend ses distances par rapport à l’attitude des États-Unis comme l’avait déjà fait la France vis-à-vis de l’assassinat du général Soleimani. Le Royaume-Uni s’est opposé hier à une proposition, enfin une menace de M. Trump de détruire des monuments culturels en Iran. C’est bien entendu, au regard du droit international, c’est considéré comme un crime de guerre. Le ministère des Affaires étrangères du Royaume-Uni a marqué sa désapprobation en disant qu’il ne suivrait pas dans ce genre de pratique mais M. Trump n’en est plus là : un crime de guerre, ça ne le fait pas reculer. C’est lui qui a gracié d’ailleurs récemment un Navy Seal, troupe des commandos marins, un bonhomme qui avait été dénoncé par ses camarades comme étant un fou dangereux, responsable de crimes contre l’humanité, responsable de l’assassinat de prisonniers et qui se présentait devant des cadavres comme étant des trophées. M. Trump l’a non seulement gracié mais il le parade déjà dans son Mar-a-Lago, dans un de ses hôtels et il laisse entendre que ce serait une personne importante dans son équipe en vue de sa réélection. M. Trump avait consterné il y a quelques temps aussi les gens autour de lui quand on lui montrait une opération de drones qui avait été filmée et que, à un moment donné, on lui dit : « On laisse la personne sortir de la maison pour ne pas tuer sa famille en même temps » et M. Trump avait dit : « Mais pourquoi donc ? ». Il laissait entendre qu’il s’agit de vermine de toute manière.

Qu’est-ce qui aura précipité la chute des États-Unis ? D’abord, c’est évidemment son recul comme une puissance mondiale. Elle reste la première puissance militaire si l’on veut, encore que, maintenant, la Russie et la Chine probablement ont des armes plus puissantes que les États-Unis mais, paradoxalement, c’est le fait de ne s’être jamais remise en réalité de sa guerre civile dans les années 1860 autour de la question de la fin de l’esclavage [Guerre de Sécession]. Le Nord, l’Union, a gagné contre les Confédérés mais aussitôt, des gestes ont été faits en faveur de la minorité blanche et tout s’est poursuivi pratiquement de la même manière jusque dans les années 1960. Et, ensuite, ce ne sont encore que des changements « cosmétiques » comme on dit, de surface, qui sont intervenus. La division existe toujours dans la population et se sont adjoints au rang des parias non pas les Amérindiens des États-Unis, il n’y en a pratiquement plus, mais les Amérindiens qui sont venus d’Amérique centrale : du Mexique, du Guatemala, du Nicaragua, de Honduras, qui sont venus s’ajouter à la population amérindienne qui se trouvait localement.

La Russie a bien joué en plaçant tous ses pions aux côtés de M. Trump dans la campagne présidentielle. Elle continue de le faire. C’était la personne qui allait faire imploser le pays autour de cette question du racisme sous-jacent dont on cachait l’existence en surface, qui demeurait en profondeur, et M. Trump est la personne qui le fait venir en surface.

Il y a une photo qui circule de M. Donald Trump Junior portant une sorte de kalachnikov – ça doit être un modèle américain – qui est décoré de Mme Hillary Clinton derrière des barreaux et aussi d’un écusson qui est celui des Croisés. Voilà : M. Trump et son fils… Le grand-père, membre du Ku Klux Klan ou, en tout cas, sympathisant, le père, M. Trump, un suprémaciste blanc et son fils, Donald Junior, comme quelqu’un qui revendique l’esprit des croisades : des Chrétiens contre les Musulmans.

J’allais dire : « On est bien barrés ! ». Non, on n’est pas bien barrés : on est au sein de l’implosion. Le pays est entièrement divisé. Il y a une paralysie au niveau de l’impeachment. Il y a une paralysie de fait qui est en train de s’installer dans l’administration du fait du partage entre les représentants de l’administration appartenant à un camp ou un autre. La diplomatie américaine a des équipes officielles et des équipes parallèles dirigées par M. Giuliani.

Je ne crois pas exagérer en disant que le pays est en totale implosion et son implosion, bien entendu, a des effets sur l’extérieur. Les États-Unis risquent là d’être… ils sont toujours la première puissance ou la seconde sur le plan militaire. Ils risquent de provoquer une conflagration généralisée. Leurs alliés, au sein de l’OTAN, mais aussi les pays individuels, sont en train de les lâcher petit à petit. Nous avons, en arrière-plan, une menace générale sur l’humanité dont on voit tous les jours en Australie les manifestations absolument spectaculaires mais nous avons aussi, en train de nous rattraper, nos vieux conflits dans un monde déboussolé, surarmé et où toute étincelle peut provoquer une déflagration absolument totale.

Désolé de vous dire ce genre de choses à l’entrée, au début d’une nouvelle année mais voilà, c’est le rôle que je me suis donné d’analyste lucide de la situation.

Voilà, allez, à bientôt !

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  1.  » Il faut mettre un frein à l’immobilisme. » R. Barre. Un précurseur! 😊

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