2de allocution de M. Macron, président de la République française, le 16 mars 2020 – Retranscription

Retranscription de la 2de allocution de M. Macron, président de la République française, le 16 mars 2020. Ouvert aux commentaires.

Bonsoir, le 16 mars 2020.

Seconde allocution de M. Emmanuel Macron, Président de la République française, dans le même style présidentiel que celle d’il y a 4 jours : le même crescendo allant de considérations générales qui nous maintiennent dans la vie quotidienne telle que nous l’avons connue mais qui progresse petit à petit vers la déclaration d’un état d’urgence et même d’un état de guerre, pas contre un ennemi extérieur humain en tout cas mais une définition de plus en plus solennelle de la gravité de la situation dans laquelle nous sommes et de la gravité des mesures qui devront être prises.

M. Macron a fait la même chose que la fois dernière, c’est-à-dire qu’il a réservé à d’autres, de la même manière que lui est présidentiel, il a demandé à ses ministres d’être « ministériels » pour autant qu’ils vont nous annoncer les mesures particulières qui vont être prises. On nous parle de collaboration au niveau européen.

Il y a eu ce retour de M. Macron sur… il n’a pas utilisé l’expression d’État-providence cette fois-ci mais il a étoffé sa critique de l’ultralibéralisme. Il nous a parlé d’une société que nous pourrions ressusciter, qui ressemble bien à celle des Trente glorieuses et qui flirte avec l’esprit du Conseil national de la résistance.

Je vais terminer là-dessus : Vincent Burnand-Galpin et moi, nous avons écrit un livre qui va sortir dans les pires conditions pour un livre, c’est-à-dire avec des librairies fermées mais – et je viens de faire un petit billet là-dessus, sur le thème d’à quelque chose malheur,  est bon – cette idée que nous avions écrit un livre au message essentiellement invendable. Nous avons parlé d’état d’urgence. Nous avons parlé de situation exceptionnelle. Nous avons parlé de ce danger qui se profile de l’extinction du genre humain en attirant l’attention sur le fait qu’il est très difficile pour des êtres humains de se représenter un danger qui ne s’est jamais manifesté ou, en tout cas, pas récemment : la dernière fois, c’était donc il y a 800 000 ans. La difficulté d’appeler à une mobilisation comme nous le faisons dans ce livre et là, la malchance des librairies fermées pour les libraires et pour nous se complète et se complémente par l’illustration extraordinaire de la validité du message que nous essayons de diffuser et de communiquer dans ce livre. Là, de ce point de vue-là, nous n’aurions pas pu espérer quelque chose de mieux. Je ne parle pas simplement en termes – maintenant vous le comprenez bien – de vente de livres mais d’un message, d’un message qui va être essentiel. Ce message de la mobilisation nécessaire, de faire des choses qu’on n’a pas l’habitude de faire, de le faire dans la plus grande solidarité imaginable, là, les circonstances nous déroulent un tapis rouge pour délivrer ce message : il va devenir visible, il va devenir compréhensible à la plupart d’entre nous. Je dis « la plupart » parce qu’il y a toujours ces « amis du plaisir » dont parle Aristote qui, eux, ne sont pas mobilisables sur des notions comme l’intérêt général, le bien commun. Mais la plupart d’entre nous, nous pouvons nous mobiliser dans ces guerres : guerre contre un virus qui nous prend par surprise, guerre contre l’extinction qui nous menace en arrière-plan et qui continuera de nous menacer.

J’avais émis des doutes [lors de la première allocution]. J’ai parlé de « chat échaudé craint l’eau froide ». J’ai parlé du discours de Toulon qui n’a absolument rien produit. Ici, nous sommes déjà dans un contexte un petit peu différent puisqu’il y a répétition, il y a rappel du message qui a été dit il y a 4 jours et prolongement, extension, développement autour de ce thème.

Là, il y a de quoi nous réjouir, nous réjouir si c’est appliqué. Appel à mobilisation de notre côté, nous qui prônons ce genre de choses depuis un certain temps, à rappeler par la suite et de manière constante et permanente que ces choses ont été dites et qu’elles apparaissaient justifiées en contexte.

La guerre dont il est question n’est pas finie : il y aura encore pas mal de batailles perdues jusqu’à ce qu’on puisse l’emporter mais les choses, comment dire ? se présentent mieux aujourd’hui qu’il y a 4 jours même si l’urgence est beaucoup plus grande, même si le nombre de gens atteints est beaucoup plus grand aujourd’hui qu’il y a 4 jours. L’esprit dans lequel le combat se mène est meilleur.

Il y a eu ce pataquès du maintien du premier tour des municipales. Maintenant, le second tour est remis à plus tard, en juin – si nous allons bien – mais je n’ai pas entendu de couac ce soi, je n’ai pas entendu de contradictions flagrantes comme j’avais pu le mentionner il y a 4 jours malheureusement, pour parler de conflit intérieur, de message contradictoire. Ce n’est pas le cas ce soir. Nous allons voir !

Nous allons voir aussi comment l’armée, la police met en œuvre des mesures comme celles qu’on va leur demander de faire respecter alors que, là aussi, de ce côté-là, des dérapages ne sont pas, comment dire ? à écarter entièrement, surtout au vu d’une actualité récente.

Nous devons être vigilants. Nous devons prendre au mot ce qui nous est dit. Nous ne devons pas – et ça, je l’avais déjà dit à propos du discours de Toulon – nous ne devons pas cracher dans la soupe en disant : « Ils ne le feront certainement pas ! ». Ils ne le feront peut-être pas mais cela tient à nous dans une certaine mesure, de faire en sorte que la parole donnée soit respectée.

Voilà, je termine là-dessus : un message d’espoir, d’espoir au sein même d’un effort de guerre auquel nous devons tous participer et nous rappeler les uns les autres, et à nos dirigeants, que l’enjeu est essentiel.

Voilà, à bientôt !

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6 réponses à “2de allocution de M. Macron, président de la République française, le 16 mars 2020 – Retranscription”

  1. Avatar de Hervey

    Le diable n’est plus dans les détails.
    Aujourd’hui, la presse internationale applaudit aux décisions prises par le Président à l’Elysée, vue la gravité de la situation.
    Même l’image qui accompagne l’article du Monde est retouchée.
    On aura compris.
    Pour la critique c’est la quarantaine, le confinement.
    Trop tard et bien trop tôt.

  2. Avatar de Toulet Alexis
    Toulet Alexis

    Le magazine Quartier Général a publié ce matin un entretien où je réponds à leurs questions autour de la crise du coronavirus « La France à l’épreuve du Coronavirus : une fois les morts pleurés, il faudra tirer toutes les leçons »

    https://qg.media/2020/03/17/la-france-a-lepreuve-du-coronavirus-une-fois-les-morts-pleures-il-faudra-tirer-toutes-les-lecons/

    1. Avatar de timiota
      timiota

      Oui, j’évoque ici et là le précédent pas si vieux d’il y a 77 ans : le CNR, et ses « jours heureux », qui fut écrit à un moment où un « De profundis » aurait aussi bien pu être prononcé.

      1. Avatar de Tout me hérisse
        Tout me hérisse

        Tout à fait d’accord avec Timiota, après ce discours semblant évoquer un désir de changer les choses, il faudra non seulement initier une action qui s’inspire du CNR, mais également, de la part de la France, agir de manière dynamique pour une relance de la Charte de La Havane : https://france.attac.org/archives/IMG/pdf/Charte_de_La_Havane_1_.pdf
        Cela est impératif pour sortir du système de gestion des échanges actuel qui fait la part trop belle à la notion de profit à tout prix.
        Il faudra profiter de l’opportunité de changement espéré de couleur politique aux USA pour relancer cette charte qui a été torpillée à l’époque par le Sénat à majorité républicaine.

      2. Avatar de Toulet Alexis
        Toulet Alexis

        @ Tout me hérisse
        « Il faudra profiter de l’opportunité de changement espéré de couleur politique aux USA »

        Je ne voudrais pas paraître exagérément pessimiste, mais la probabilité d’un véritable changement politique aux Etats-Unis cette année est très faible. A ce stade, il est très improbable que Sanders puisse être désigné candidat démocrate à la présidentielle.

        Il est sans doute possible que Biden soit élu, mais d’une part sa chance est assez faible – il faudrait que les Américains se rappellent très vivement du « retard à la réaction » de Trump au début de la pandémie, alors qu’il a désormais changé de ton, sinon l’exploitation prévisible des faiblesses de Biden par le pitbull Trump risque d’être ravageuse – d’autre part si Biden est élu cela pourra certes limiter certains dégâts – ralliement à l’accord de Paris sur le climat, peut-être levée du blocus poussant l’Iran et le Golfe vers la guerre, signature d’un nouveau traité de limitation des armements stratégiques avec la Russie – et ce sera bien sûr bon à prendre…

        … Mais de là à se hisser à la hauteur de l’époque 🙁

        Non, le plus probable c’est qu’il faudra se débrouiller tous seuls comme des grands. Comme Français, ou comme Européens, comme on veut – et sans doute aux deux niveaux à la fois – mais avec au mieux un poids mort de l’autre côté de l’Atlantique, au pire un pitbull réélu et peut-être d’autant plus déchaîné.

  3. Avatar de Tout me hérisse
    Tout me hérisse

    @Toulet Alexis
    Certes, le scepticisme nous porterait à considérer la réélection de Trump comme acquise, avec toutes les conséquences négatives que cela implique. Toutefois, une surprise n’est pas à écarter, en l’occurrence l’élection de J. Biden, puisque maintenant il semble pratiquement acquis qu’il sera le candidat démocrate, ce n’est certes pas le meilleur sur le plan du programme, mais surtout il pourra présenter le flanc aux attaques du locataire actuel de la Maison Blanche..
    Un ticket Biden-Sanders, s’il pourrait être envisagé, se heurte au problème de l’âge des candidats et le fait qu’ils soient blancs, ce qui heurtera la fraction afro-américaine de la population du pays et dans une certaine mesure, la fraction latinos ; un(e) candidat(e) au poste de vice président, plus jeune et surtout issu(e) de l’une de ces fractions, serait souhaitable.
    Ce qui est effectivement souhaitable serait qu’émerge une prise de conscience forte au niveau de l’Europe avec des mesures adaptées, non seulement à l’irruption actuelle de la pandémie, mais également au futur qu’il faudra imaginer en sortant des concepts qui nous ont amenés aux catastrophes actuelles, l’équipe actuelle en est-elle capable ?
    De toute façon, rien n’est encore écrit, hormis le dernier livre de Paul Jorion et Vincent Burnand-Galpin 🙂

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