Vincent Burnand-Galpin : Énergie, sécurité, guerre : le nouveau paradigme ESG ?

 

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🎙️ J’ai eu le plaisir de participer au La Course de Mathilde Raymond. L’occasion de revenir sur quelques idées fortes défendues dans mon livre « Comment sauver le genre humain » écrit avec Paul Jorion 👇

🔎 1. La grande confusion de l’approche ESG
L’affaire du CAC 40 ESG et des entreprises d’armement tour à tour exclues puis réintégrées dans l’indice illustre l’erreur initiale de penser l’ESG comme une approche morale, où la finance distribuerait bons et mauvais points. Mais ce n’est pas à elle de décider du bien commun — sinon, c’est la démocratie qui recule devant la ploutocratie. Il revient à la démocratie de définir les finalités, à l’Etat de fixer le cap. Aux marchés financiers reviennent le rôle de la bonne allocation des capitaux.
L’approche vertueuse reste celle du « best-in-class » : analyser les entreprises sur leurs impacts extra-financiers. Les entreprises, les investisseurs, n’ont pas attendu l’ESG pour intégrer les risques dans leur stratégie. Pendant longtemps, les bénéfices de la mondialisation semblaient simplement plus importants que ses risques.
Il faut donner une fonction stratégique à l’ESG. Avec le cadre européen harmonisé de reporting extra-financier, l’ESG pourrait devenir un véritable outil de pilotage, au service d’une politique industrielle et climatique ambitieuse.

🦺 2. Pas de transition sans sécurité… et pas de sécurité sans transition
Certaines ONG disent que la défense n’est ni responsable ni durable. Elle tue, détruit des écosystèmes, ruine des économies à n’en pas douter. C’est au contraire une responsabilité grave : se défendre peut être une nécessité. Il faut simplement éviter que cela devienne un va-t-en-guerre aveugle.
La sortie des énergies fossiles est une nécessité non seulement écologique, mais aussi géopolitique. Les guerres sont d’abord des luttes de puissance autour de ressources rares. Dans le conflit Ukrainien, tant que nous dépendons du gaz russe, nous restons prisonniers d’un modèle énergétique qui alimente le conflit.

🔥 3. La nécessité d’une économie de guerre climatique.
Une économie de guerre, c’est la mobilisation des ressources disponibles — argent, matériel, main-d’œuvre — au service d’un objectif commun : la victoire, maintenant le climat.
Ce n’est pas le communisme mais un interventionnisme pragmatique, où l’État crée les conditions d’un alignement des intérêts privés avec ceux de la collectivité. Pour rendre les projets stratégiques « finançables », il faut mobiliser tous les outils de l’économie mixte : planification, subventions, garanties publiques, fiscalité adaptée.
Comme hier, une usine de jouets fabriquait des boussoles, aujourd’hui, nos savoir-faire doivent être réorientés. Aujourd’hui, nous connaissons déjà la majorité des solutions à la décarbonation — l’AIE estime que 80 % des technologies nécessaires sont déjà disponibles. Le défi est de massifier leur déploiement.

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3 réponses à “Vincent Burnand-Galpin : Énergie, sécurité, guerre : le nouveau paradigme ESG ?

  1. Avatar de Régis Pasquet
    Régis Pasquet

    De fortes menaces à l’horizon :

    — Perspective d’élévation des températures au niveau mondial : + 3° C en 2 100. Peut-être plus en France
    — Consommation de 1,7 planète par l’ensemble de l’humanité.
    — Empoisonnement durable des sols, de l’air, de l’eau…

    La plupart des dirigeants politiques, économiques, financiers… sont accaparés par des combats imbéciles. Ils n’ont rien compris et ne pensent même plus.

    Alors ?

    Se tourner vers les plus jeunes et les accompagner dans la désobéissance citoyenne dernier levier pour tenir à l’écart les  » pleureuses  » du Medef et de la haute finance dont l’estomac se noue à la simple perspective d’une augmentation juste des impôts.

    1. Avatar de Hadrien
      Hadrien

      « La plupart des dirigeants politiques, économiques, financiers… sont accaparés par des combats imbéciles. Ils n’ont rien compris et ne pensent même plus.  »
      Pas seulement eux ! Derrière Trump, Le Pen, Mélenchon, Poutine & co, il y a du monde !

  2. Avatar de Chabian
    Chabian

    1/ Nous vivons dans une ploutocratie. Des « oligocrates » ont le pouvoir. Qui s’exerce par « le marché ». Ils échappent ainsi à tout contrôle de la collectivité. Mais ce système est mu par des affects émotionnels ou par la « confiance ». 2/ Le label ESG (environnement, social et de gouvernance), comme tout autre, cherche à influer sur l’apparence. 3/ Plus globalement, le système cherche à influer sur les affects de la collectivité. Il peut plaider pour « la guerre » dans son objectif de domination sur le système. Il peut appuyer sur un mouvement politique mobilisant les affects simples, primaires, fusionnels (« nation », « patrie »…) et clivants et prônant une politique autoritaire. En cas de colère sociale plus marquée, ils peuvent concéder à des procédures « démocratiques », plus décevantes en termes « d’efficacité gouvernementale ».
    Un autre système serait anti-ploutocratique, collectiviste. Démocratique ou autoritaire ? Cela se discute… Rationnellement pour les uns, mais plus souvent émotionnellement pour les autres.
    (Mathilde Raymond travaille pour « Medef international »).

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