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Rappel : acceptation ; frugalité ; eugénisme et exterminisme.
IV. Le progrès l’emportera
Quatrième option : IV. accroître la capacité de charge de l’environnement de l’espèce humaine par l’innovation technologique. C’est là désormais une façon traditionnelle de procéder pour les humains : chacune des révolutions vertes, le développement et l’expansion rapide de l’aquaculture, ont permis d’augmenter la capacité de charge de notre espèce. La fuite en avant a toutefois basculé en cause perdue, la dévastation progressant maintenant plus vite que l’expansion.
Nos exhortations à la réduction de l’émission de gaz de serre ne parvenant pas à décoller du statut de vœu pieux, le changement climatique est en passe d’atteindre des proportions cataclysmiques ; la pollution de l’air croît sans cesse ; notre fringale d’objets en plastique engendre une pollution omniprésente, que ce soit au niveau macro- (sacs et emballages) où elle est en principe réversible ou au niveau micro- (débris minuscules) où elle nous empoisonne et est plus que probablement impossible à juguler ; les perturbateurs endocriniens, les herbicides et les pesticides ruinent notre capacité reproductive et entraînent des malformations chez les fœtus ; les cycles naturels de l’azote et du phosphore sont désormais sérieusement compromis et en voie de dégradation irréversible. Une politique de survie de l’espèce ne pourra pourtant pas faire l’économie d’une mobilisation de l’ensemble de nos capacités technologiques dans sa tentative d’inversion de ces tendances létales.
De ce point de vue particulier, en raison de ses racines anti-modernistes heideggériennes, le posthumanisme est biaisé défavorablement à l’encontre de la technologie. Le surhumanisme nietzschéen, centré sur la personne, semble agnostique à ce sujet. Le transhumanisme est bien sûr très favorablement disposé envers le progrès technologique pour tout ce qui touche à l’ « enhancement », l’« amélioration » ou « augmentation » humaine par des techniques de manipulation génétique, par le recours à des prothèses et par le biais du projet moins clairement défini, et en tout cas hors de portée dans un avenir prévisible, de dématérialisation de soi. (Notons que le mot anglais enhancement vient du français enhaussement que nous avons malheureusement perdu mais qu’il nous est loisible de ressusciter). S’il devait se faire que le transhumanisme prône des vues anti-technologiques dans certains domaines précis, ce serait donc en désaccord flagrant par rapport à sa vision globale du monde.
Dans un objectif de survie de l’espèce, la technique pourrait nous permettre le cas échéant de modifier notre constitution génétique pour que nous nous adaptions à un environnement de plus en plus dégradé. La possibilité en existant théoriquement, des choix devront être faits, des décisions devront être prises.
Notre époque est malheureusement devenue allergique aux prohibitions et nous sommes tout particulièrement mal équipés aujourd’hui pour prévenir ce type de dérive. Les pétitions sont ignorées par les gouvernements. Les manifestations sont réprimées avec une violence disproportionnée, en recourant de plus en plus souvent à des armes de guerre. Le boycott a souvent été interdit à la suite du lobbying des firmes ou par opportunisme géopolitique à l’égard d’états aux politiques pourtant en contravention avec les accords internationaux.
Des comités d’éthique sont mis en place en quelques rares instances, leurs vues n’ayant cependant le plus souvent que valeur consultative. Pour la plupart des produits que la technologie met au point, l’unique facteur qui décidera s’ils se diffusent ou non dans la population, sera le fait qu’ils trouvent preneur, qu’ils se vendent. Quant aux objets potentiellement les plus dangereux, ils sont bien entendu le plus souvent conçus comme armement, avec la bénédiction du ministère de la Défense, dont la philosophie est toujours la même : « Si notre nation ne s’en équipe pas, les autres le feront de toute manière ». Même si l’intention première n’est pas d’inspiration offensive mais défensive. Étant fondée quoi qu’il en soit sur des supputations quant aux intentions de l’étranger, cette politique débouche inéluctablement sur une course aux armements. À moins qu’il n’existe dans ce domaine un dispositif hors du commun d’interdictions (le nucléaire par exemple), une fois l’appareil, l’instrument, disponible dans le domaine militaire, il se diffusera inexorablement, et se retrouvera à moyen terme également entre les mains du public.
(à suivre…)
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