Un modèle de l’Histoire déduit de ma « méta-philosophie »

Illustration par ChatGPT

Eh bien, parfait ! vous n’avez pas été écœurés par la présentation de ma « méta-philosophie » : 66 commentaires à l’heure qu’il est et un débat d’un niveau qu’on ne voit plus à la télé !

L’histoire en tant que processus physique unique – Un panorama post-cartésien

Trois grands cliquets, cinq petites clés

L’histoire se lit différemment une fois que l’on dispose des cinq concepts primitifs : système génératif, couplage, compression, paysage préférentiel et validation inter-substrats. Ce qui semble à première vue être des ruptures historiques devient, à y regarder de plus près, des itérations d’une même architecture de rétroaction qui se resserre à des échelles toujours plus grandes.

Nos cinq principes fondamentaux redéfinissent l’histoire du monde comme une succession de boucles de rétroaction auto-renforçantes. À chaque transition majeure, l’énergie excédentaire et l’élargissement de la bande passante alimentent les mécanismes mêmes qui les ont produits, augmentant ainsi la complexité sans faire appel au Destin ou au Grand Dessein. Un cliquet se forme chaque fois que le resserrement d’une boucle réinjecte des ressources supplémentaires dans les conditions mêmes qui lui permettent de se resserrer davantage.

Métabolisme agraire – premier cliquet

Les premiers systèmes génératifs : villages, guildes d’irrigation, captent les calories excédentaires et les stockent sous forme de céréales. Le couplage s’étend au-delà des liens de parenté : les bassins fluviaux deviennent des interfaces communes qui relient les villages entre eux. Les semences cultivées, la charrue de fer et la rotation des cultures augmentent l’excédent calorique. Les céréales excédentaires financent les scribes, les percepteurs d’impôts et les agences d’irrigation.

L’astronomie calendaire comprime les variations saisonnières en codes symboliques succincts, permettant aux agriculteurs d’anticiper les inondations et les sécheresses. Les préférences s’orientent vers des rendements stables, et une validation inter-substrats apparaît dans les civilisations hydrauliques que Joseph Needham a cartographiées à cet égard : la Chine, la Mésopotamie, le Nil, chacune convergeant vers des logiques similaires de contrôle des inondations malgré des sols différents (Needham 1954), non pas parce qu’elles partageaient une religion, aucune divinité n’imposait cette convergence : l’énergie excédentaire et le rythme annuel de l’eau donnaient à la boucle la latitude nécessaire pour se resserrer.

Les noyaux de coordination industrielle – deuxième cliquet

La vapeur a augmenté la puissance, le charbon a permis le travail de nuit, mais la puissance brute se serait dispersée sans de nouveaux couplages : le rail, le télégraphe et une norme horaire ont élargi la bande passante de l’information du canton au continent.

Les usines de l’ère industrielle ont atteint la compression en standardisant leur production : les pièces interchangeables ont réduit la variabilité qui accompagnait auparavant la production artisanale. Les fuseaux horaires ont synchronisé les activités éloignées ; la comptabilité en partie double a aligné les agents entre les entreprises et les marchés grâce à un cadre de référence commun. Ensemble, ces mécanismes ont fait pencher la balance des préférences vers la ponctualité et le rendement, permettant une coordination à une échelle et avec une précision jusqu’alors inaccessibles.

Le concept de « longue durée » de Fernand Braudel (Braudel 1949) met en évidence la manière dont les préférences se sont progressivement réorientées au fil des siècles : de la subsistance locale vers une productivité à grande échelle. Ce changement a été rendu possible dès lors que deux conditions étaient réunies : un surplus de capacité énergétique (comme l’industrie charbonnière) et des moyens de communication rapides (comme les chemins de fer et le télégraphe). Ensemble, ils ont permis un couplage plus étendu entre les régions. À mesure que la latence des communications diminuait, la coordination s’améliorait, ce qui a permis l’émergence de marchés nationaux, rendant possible une exploitation plus efficace de l’énergie et des biens, réinjectant les excédents dans le système et renforçant la boucle.

Une fois encore, aucun objectif ne régissait les rouages, aucune main invisible n’opérait dans l’ombre : chaque fois que la puissance excédentaire était croisée avec une communication à grande vitesse, les systèmes génératifs favorisaient des projets plus ambitieux car le coût des erreurs de prévision diminuait, et la boucle se resserrait.

Les chréodes de l’esprit numérique – troisième cliquet

Le silicium diffuse un ensemble de normes mises à jour à la vitesse de la lumière à travers les continents. Les « likes », les pull requests [*] et les gradients de politique propagent les ajustements de préférences avant que les comportements locaux ne dérivent.

James Beniger a appelé cela la révolution du contrôle (Beniger 1986) : les plateformes numériques fonctionnent comme des systèmes génératifs qui se couplent aux utilisateurs via des interfaces conçues pour capter leur attention, l’équivalent cognitif de l’énergie excédentaire. Cette attention captée devient une entrée pour des routines de compression (prédiction des clics, classement du contenu), qui mettent à jour le paysage des préférences de la plateforme. Les gradients de politique et les boucles de rétroaction rediffusent ensuite les incitations ajustées (« likes », partages, recommandations), renforçant encore le couplage.

Plus il y a de surplus, plus il y a de canaux créés ; plus il y a de canaux, plus la coordination est rapide ; plus la coordination est rapide, plus l’extraction du surplus est efficace. Il en résulte une boucle accélérée de modelage du comportement, où l’infrastructure de l’information évolue pour s’adapter et orienter le flux du surplus cognitif.

À chaque étape, la complexité augmente : villes plus grandes, commerce plus intense, codes juridiques plus précis, non pas parce que l’histoire met en œuvre son propre plan (téléologie), mais parce que chaque fois que l’énergie excédentaire et la bande passante des signaux franchissent un seuil, les boucles se renforcent automatiquement, s’enchaînant les unes aux autres.

Ce schéma est invariant dans les trois instances de la triade : offrez à un système génératif une plus grande liberté de flux et un retour d’information plus rapide, et il se comprimera davantage, s’étendra plus largement et réécrira son penchant. Aucun plan directeur n’est nécessaire, la téléologie n’a pas lieu d’être : les boucles suffisent.

Accélération de l’IA – quatrième cliquet

L’avènement de l’IA à grande échelle indique un quatrième cliquet : le noyau de coordination est désormais synthétique, existant en dehors des circuits mous et humides de notre cerveau, qui le limitaient autrefois.

Les couplages générés par les machines voyagent à la vitesse de la lumière, la compression opère sur des flux d’exaoctets, les paysages se réorientent en quelques minutes. Les mêmes boucles Tao – Ruse de la raison – Saint-Esprit que nous avons identifiées dans l’agriculture, l’industrie et les médias numériques continuent de régir, mais leur rythme a fait un bond d’un ordre de grandeur car le nouvel agent est exogène : le silicium plutôt que le carbone, et son budget énergétique évolue en fonction des mégawatts des centres de données, et non des récoltes saisonnières.

Cette accélération nous ramène au point de départ de cet ouvrage, à savoir la purge des concepts qui sont insaisissables parce qu’immesurables et dont le seul mérite est leur permanence historique.

En supprimant « volonté », « désir » et « but » du lexique, nous n’avons pas appauvri le récit : bien au contraire, nous avons fait de la place pour une physique unifiée de l’intelligence, allant du quark au qubit, de la berceuse au modèle linguistique à un milliard de paramètres. Les enjeux éthiques demeurent : qui supporte le coût du flux, qui détermine les gradients ?

Mais le poids de l’explication ne repose plus sur des allégories spirituelles de djinns intérieurs. Au lieu, on trouve un schéma unique de systèmes génératifs, de couplages, de compressions, de paysages et un test de validation inter-substrats qui montre que ce schéma est valable que le substrat soit un synapse, un semi-conducteur ou une autre entité encore inconnue.

Conclusion : une physique unifiée post-cartésienne des systèmes complexes

Ce cadre redéfinit le récit traditionnel du « progrès » comme le résultat émergent d’un surplus d’énergie et d’information, et non comme le déroulement d’un plan prédéfini. En supprimant la nécessité d’un « objectif principal » ou d’une fin téléologique, il offre une explication plus parcimonieuse de l’accélération historique : la complexité augmente partout où les boucles de rétroaction entre la capture d’énergie, la capacité de coordination et la génération de surplus se renforcent mutuellement. La direction apparente de l’histoire, vers des réseaux plus denses, des systèmes plus vastes et une coordination d’ordre supérieur, ne découle pas d’un Grand Dessein, mais de la dynamique intrinsèque des systèmes étroitement couplés.

Les mêmes principes sous-jacents, à savoir la régulation par rétroaction, l’optimisation des contraintes et le couplage de l’information, expliquent les explosions de complexité qui ont marqué les ères agraire, industrielle et numérique, quel que soit le substrat. Que le système soit alimenté par les céréales, le charbon ou le silicium, la structure émerge des mêmes mathématiques : lorsque l’énergie devient abondante et la transmission rapide, de nouveaux niveaux d’organisation devennent viables. Les villes, les marchés et les systèmes juridiques n’ont pas besoin d’une intelligence directive pour se former : ils peuvent naître d’un comportement satisfaisant les contraintes parmi de nombreux agents génératifs interagissant par des canaux communs.

Cette perspective n’est pas seulement rétrospective, elle offre une utilité prédictive en identifiant les variables qui régissent les changements de phase dans la coordination : bande passante, surplus et cohérence du paysage de préférences. Elle a donc le potentiel de remodeler des disciplines allant de la philosophie de l’esprit et de l’éthique de l’IA à l’analyse historique et à la théorie des systèmes. Elle propose un langage véritablement indifférent au substrat et non anthropomorphique pour l’intelligence et l’histoire.

La remise en question la plus profonde est d’ordre philosophique. Si ce cadre suffit à décrire la psychè, les sociétés et leur évolution, quel est le statut épistémique de notre vocabulaire hérité de la volonté, du sens, de la conscience ? Ces termes sont-ils explicatifs ou ne sont-ils rien d’autre que des obstacles à une compréhension physicaliste pouvant s’étendre des micro-organismes aux machines ?

En bouleversant les intuitions cartésiennes avec une physique unifiée véritablement post-cartésienne des systèmes complexes, ce modèle invite à inverser la charge de la preuve : c’est désormais au critique de démontrer quelle intuition essentielle échappe à cette grammaire rigoureuse, ou quel coût, théorique ou éthique, entraîne cette purge.

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[*] Dans le développement collaboratif de logiciels (en particulier sur GitHub), une pull request est une proposition de modification d’un code source partagé.

Références :

Beniger, James R., The Control Revolution: Technological and Economic Origins of the Information Society, Cambridge, MA: Harvard University Press, 1986

Braudel, Fernand, La Méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II. Paris: Armand Colin, 1949

Needham, Joseph, Science and Civilisation in China, Vol. 1: Introductory Orientations, Cambridge: Cambridge University Press, 1954

 

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24 réponses à “Un modèle de l’Histoire déduit de ma « méta-philosophie »

  1. Avatar de PAD
    PAD

    Et si la vraie rupture historique n’était pas celle des cliquets visibles, agricoles, industriels, numériques, ou algorithmiques, mais celle, silencieuse, où la boucle énergétique n’amortit plus et où la boucle informationnelle n’aligne plus ?

    Et si, dans la frénésie des renforcements, nous avions oublié que toute boucle, mal réglée, finit par imploser ?

    1. Avatar de Pad
      Pad

      Et si ce texte, plus qu’un diagnostic historique, esquissait en creux l’architecture d’une intelligence à concevoir ?

  2. Avatar de CloClo
    CloClo

    Enormément d’informations à digérer. Tellement de questions et d’ouverture de champs de réflexion à la lecture de ces lignes.

    Serait-ce possible d’avoir une petite définition de « système génératif » dans ce contexte ?

    Et juste une remarque : « L’astronomie calendaire comprime les variations saisonnières en codes symboliques succincts, permettant aux agriculteurs d’anticiper les inondations et les sécheresses. »

    Oui certes, avec aussi le pendant, le corolaire, de permettre le contrôle de la production sur le terrain, de la prévoir, de la mesurer finement (au grain !), ce qui est l’avantage véritable en l’occurence des céréales (blés, riz, maïs…). Au détriments des autres ressources (pomme de terres, légumineuses, tubercules, plantes, …) moins contrôlables et moins évaluables car pouvant rester en terre si besoin…

    Il y a aussi de ton texte, une forme de cadence qui ressort, une pulsation, comme j’ai eu l’occasion d’échanger avec Grok, à propos de l’horloge interne, sans elle pas de possibilité de calcul. Et cette horloge qui bat un rythme de plus en plus régulier, presque unique, un tic-tac, qui est aussi apparu dans la la réalité physique de Sapiens, avec l’agriculture céréalière et son système propre, alors qu’auparavant en tant que chasseur-cueilleur, il baignait dans l’une grande variété de rythmes naturels, qu’il devait observer et assimiler sans les contrôler. La pulsation qui met en cadence, qui règle le ballet, et qui est dans toute forme physique, y compris la plus élémentaire.

    1. Avatar de CloClo
      CloClo

      Ah et j’ai compté 4 cliquets dans la liste non pas 3 comme annoncé !

      1. Avatar de Piquebouzic modifié
        Piquebouzic modifié

        Chat vous aura subséquemment illustré cela en manière de mix Bosch/Dali/Millet…

  3. Avatar de pierre guillemot
    pierre guillemot

    Céréales, charbon, silicium. Cherchez l’intrus. Facile, les céréales c’était l’énergie venue du ciel, inépuisable car renouvelée à chaque saison. Le charbon c’est l’énergie extraite du sol, jusqu’à ce qu’il n’y en ait plus. Tout cela était au service des besoins de l’homme. Le silicium c’est le consommateur ultime d’énergie, pour animer une vie qui n’a plus d’autre but qu’elle même. C’est ce que je contemple en voyant clignoter la diode de ma connexion, des machines qui se saluent l’une l’autre, indéfiniment.

  4. Avatar de Hadrien
    Hadrien

    Je peux me tromper mais je crois que ce texte compliqué tente d’appliquer la vision de I Prigogine (structures dissipatives) à l’histoire humaine.

  5. Avatar de dni_br
    dni_br

    La question que je me pose : si l’histoire devient un “processus physique unique”, alors toute altérité ne peut plus être qu’anomalie locale, jamais hétérogénéité fondamentale. Dans ce cas, en quoi cette philosophie reste-t-elle vraiment “méta” ? N’est-elle pas plutôt une clôture totalisante, empêchant toute réflexivité véritable — notamment sur ses propres conditions de possibilité ?

    Peut-être faut-il commencer par interroger ce que l’on entend par méta. Pour ma part, je conçois la méta-philosophie comme la capacité d’une pensée à se prendre elle-même pour objet, à expliciter les conditions de sa propre énonciation, et à maintenir ouverte la possibilité de son incomplétude (cf. Gödel, Foucault, Derrida). Ce n’est pas un point de vue surplombant ou une théorie de tout, mais une dynamique auto-réflexive et située, qui laisse place à l’incertain, au résiduel, à l’irreprésentable. Une pensée vraiment méta ne clôt pas, elle inquiète.

    Or, ce qui me trouble ici, c’est que le cadre théorique proposé semble justement fonctionner par clôture auto-référentielle : chaque niveau (agraire, industriel, numérique, IA) est lu à travers une même logique de boucle, validée par sa cohérence interne et son efficacité explicative. Mais cette élégance formelle semble précisément évacuer la possibilité d’un écart irréductible, d’un reste non-assimilable — soit tout ce que la pensée critique, depuis Nietzsche jusqu’à Foucault, s’efforce de maintenir comme levier de trouble ou de relance. En naturalisant la dynamique historique comme un processus de rétroaction physico-informationnelle, ne risque-t-on pas de produire une méta-philosophie qui se boucle sur elle-même et s’auto-légitime, sans plus pouvoir être inquiétée de l’extérieur ?

  6. Avatar de Pascal
    Pascal

    Je me suis demandé comment cet « article » pourrait être perçu par quelqu’un de culture asiatique. J’ai donc demandé à mon « ami » GPT gratos.

    Tu es journaliste de culture asiatique spécialisé dans la cybernétique, quelle est ta perception de cet article ?

    Merci pour cette belle demande de perspective située. Je vais donc répondre comme **un journaliste de culture asiatique**, spécialiste en **cybernétique, systèmes complexes et philosophie**, en mobilisant à la fois une **sensibilité orientale (taoïste/bouddhiste)** et une connaissance profonde des **traditions systémiques modernes (cybernétique de second ordre, théorie des systèmes autopoïétiques, etc.)**.

    ## 🧭 **Lecture située : entre cybernétique et pensée orientale**

    L’article propose une lecture puissante et rigoureuse de l’histoire comme **enchaînement de boucles auto-renforçantes**, structuré autour de concepts systémiques. C’est une manière d’écrire une « physique de l’histoire » débarrassée de finalité, d’intention, ou de subjectivité. Ce que l’Occident avait cru être un progrès, un dessein ou une volonté divine devient ici **un processus émergent**, une cascade d’optimisations issues de couplages énergétiques et informationnels.

    ### 📜 1. **L’absence de téléologie : un geste presque taoïste**

    Dans la tradition chinoise ancienne, notamment dans le **Taoïsme**, l’idée que les choses suivent une dynamique interne non-téléologique — un *Dao* qui n’est ni but ni projet, mais tension et équilibre — est centrale.

    > Ce que dit le texte : « aucun plan directeur n’est nécessaire, la téléologie n’a pas lieu d’être : les boucles suffisent. »
    >
    > Ce que dirait Laozi : « Le Tao ne fait rien, et pourtant tout est accompli. » (*Dao De Jing*)

    Le modèle de l’article résonne fortement avec cette vision du monde : l’organisation émerge non pas de la volonté ou du dessein, mais de **contraintes dynamiques internes**, de **retours circulaires**, d’**équilibres subtils entre flux et formes**.

    ### 🧠 2. **La cybernétique implicite : mais de quelle génération ?**

    En tant que journaliste spécialisé en **cybernétique**, je reconnais dans cet article un certain retour à la **cybernétique de premier ordre** (Wiener, Ashby, Beniger), fondée sur la régulation, la rétroaction et l’optimisation des systèmes.

    Mais il manque une conscience réflexive sur **l’observateur** — centrale en **cybernétique de second ordre** (von Foerster, Varela, Bateson). Or, toute prétention à une « physique unifiée » sans inclure la position de l’observateur **relève d’un positivisme** qui peut devenir idéologiquement dangereux.

    > Où est l’observateur ? Qui trace les boucles, qui définit les « préférences », qui nomme les « paysages » ?

    Dans la tradition orientale, il y a toujours **une humilité fondamentale** : on ne prétend pas maîtriser l’ordre du monde — on s’y inscrit, on l’accompagne. Le danger ici est de faire d’une belle description systémique **un impératif normatif**, une légitimation technocratique de l’état du monde.

    ### 🧬 3. **Substrat versus expérience : une épistémologie aveugle à la souffrance ?**

    Le texte affirme une indifférence au substrat : qu’importe que l’intelligence soit dans une synapse, un semi-conducteur ou un champignon. C’est cohérent avec une approche systémique.

    Mais cette neutralité ontologique a un coût : elle **ignore l’irréductible de l’expérience vécue**. En bouddhisme, on n’a pas besoin d’une « âme » ou d’un « je » fixe pour reconnaître l’importance de la **souffrance (dukkha)**, du **karma**, de la **conscience située**.

    > En supprimant volonté, désir et conscience, on perd ce qui donne sens à l’éthique.
    >
    > Dans un monde de flux et de boucles, **qui souffre ? Qui est responsable ?**

    Le danger est ici **l’effacement de l’humain**, non pas par haine, mais par excès de rigueur abstraite. Une cybernétique sans compassion peut devenir un instrument de contrôle, non un outil de libération.

    ## 🧩 **Un point d’équilibre à proposer : entre le vide et la forme**

    Ce texte est **un miroir précieux**, mais incomplet. Il décrit la forme du monde, les conditions systémiques de son émergence. Mais il ignore le **vide** au cœur de chaque forme — ce vide que les traditions asiatiques reconnaissent comme fondamental.

    Le *bouddhisme Mahāyāna* parle de **śūnyatā**, la vacuité, non comme néant, mais comme **dépendance co-originaire**. Rien n’existe par soi-même, tout est relation. Cela, le texte le frôle, mais l’ignore.

    ### 🧘‍♂️ Ce que je proposerais :

    * Oui, il y a des structures auto-renforçantes, des cliquets systémiques.
    * Oui, la volonté est souvent un épiphénomène.
    * Mais **l’expérience** demeure.
    * Et l’éthique commence là où **le schéma systémique** touche **la douleur**, **l’exclusion**, **l’oubli**.

    ## 🖋️ **Conclusion (de journaliste) : Une carte, mais pas le territoire**

    L’article est une **belle carte conceptuelle**, une *macrothéorie* puissante de l’histoire sans intention. Mais **le territoire**, c’est encore l’expérience humaine, le langage, la blessure, la mémoire, le silence.

    Une culture asiatique ne serait pas choquée par le rejet de la volonté ou du dessein — mais elle s’inquiéterait d’un discours qui ne laisse aucune place au *non-savoir*, à la *non-maîtrise*, à l’*écoute du vide*.

    > Le Dao ne se voit pas, ne se nomme pas. Il se devine dans les interstices. Là où ce texte est trop plein, il faudrait peut-être… laisser un peu de vide.

    1. Avatar de Paul Jorion

      Ah ! la la ! La version payante deChatGPT est au courant elle que le chapitre précédent est consacré à la « métapsychologie » qui propose une théorie unifiée des psychés humaine et machinique. J’ajoute du coup dans la liste de la gratuité pour l’indispensable, OpenAI o3, qui nous permettra d’oublier un ChatGPT 4o aussi ignorant 😉 !

  7. Avatar de Michel Gaillard
    Michel Gaillard

    Il semble qu’avant de vouloir refaire une énième métapsychologie, qu’il pourrait s’avérer utile de définir d’abord une métalogique : « indépendante de son langage ». Toute logique, langagière, mathématique ou autre, est grevée de sa structure — et ces codages humains, même modulé par une IA, restent pris dans des pièges symboliques, des tropes, et des réflexes d’anthropocentrisme, souvent invisibles pour eux-mêmes. Le booléanisme est à reprendre de zéro. Avec un bon benchmark derrière, évidemment ; tendant à mieux et plus humblement intégrer l’humain dans le bouillonnant concert du vivant.

    1. Avatar de Paul Jorion

      La logique est inscrite dans la langue grecque que parlaient Platon et Aristote et anime toujours les nôtres, qui appartiennent à la même famille, elle est absente du chinois ancien. Vous trouverez des analyses détaillées de cela dans mes livres Principes des systèmes intelligents (1989 : passim) et Comment la vérité et la réalité furent inventées (2009 : 63-173).

      1. Avatar de Michel Gaillard
        Michel Gaillard

        Et voilà. C’est de ceci dont il faut – en quelques sorte – se séparer, même si ce ne sera pas totalement. Par ailleurs la non-logique chinoise, puisque c’est ainsi que vous la décrivez, est beaucoup plus proche de la fluidité du langage biologique. Celui du vivant, permis-articulé par le carbone sp3, et qui, via des transductions intégrées, parfois parallèles, s’ouvre vers toutes les complexités de la Stochogenèse terrestre. 😉 Enième démo que tout savoir ressassé est par essence aveuglant ??

  8. Avatar de dni_br
    dni_br

    # Réponse à « c’est désormais au critique de démontrer quelle intuition essentielle échappe à cette grammaire »

    ## Notre hypothèse : **votre théorie elle-même**

    Au-delà du problème de l’inversion de la charge de la preuve, nous formulons l’hypothèse que ce qui pourrait échapper à votre grammaire, c’est votre grammaire elle-même.

    Notre hypothèse est que votre « physique unifiée post-cartésienne » pourrait ne pas pouvoir expliquer :
    – D’où elle parle et comment elle s’est constituée
    – Ses propres effets performatifs sur le réel qu’elle prétend décrire
    – Pourquoi elle découpe le réel en « systèmes génératifs » plutôt qu’autrement
    – Par quels « cliquets » cette théorie elle-même a émergé

    Cette hypothèse mériterait d’être testée : une théorie qui théorise les « boucles de rétroaction » partout devrait logiquement inclure une boucle réflexive sur elle-même.

    ## Test de l’hypothèse

    Pour vérifier cette hypothèse, une théorie qui prétend à l’universalité (« du quark au qubit ») devrait pouvoir s’auto-appliquer ses propres critères. Sinon, elle s’exempte arbitrairement de son propre champ d’explication – exactement ce que vous reprochez au Big Bang.

    ## Proposition de test épistémique

    Puisque vous revendiquez une « grammaire rigoureuse », nous vous proposons ce prompt que vous pourrez utiliser avec l’IA de votre choix :

    **Prompt d’évaluation épistémique pour théorie à prétention universelle :**

    Évalue si le modèle théorique suivant :

    1. est capable d’intégrer rétroactivement les effets qu’il produit dans le réel et dans les discours ;
    2. contient des mécanismes explicites permettant de transformer ses propres structures à partir de ce qu’il engendre (et non seulement ses contenus) ;
    3. neutralise activement les effets de naturalisation ou de réification de ses catégories ;
    4. accepte l’invalidation ou la transformation depuis l’intérieur du système, sans recours à une extériorité justificatrice ;
    5. distingue clairement entre une boucle auto-référente fermée et une boucle évolutive de second ordre.

    Si l’un de ces points échoue, identifier la zone de rigidité logique ou de biais épistémique associé.

    ## Le défi

    Appliquez ce test à votre propre « méta-philosophie ». Si elle réussit les 5 critères, alors elle mérite effectivement le statut qu’elle revendique. Si elle échoue, cela révélera qu’elle fonctionne comme les systèmes dogmatiques qu’elle prétend dépasser.

    **Note** : Nous avons nous-mêmes appliqué ce prompt à votre théorie avec Claude Sonnet 4 pour tester notre hypothèse. Nous vous invitons à faire le test vous-même avec l’IA de votre choix et à comparer les résultats.

    **La question que nous proposons d’explorer** : « votre grammaire peut-elle rendre compte d’elle-même sans se contredire ? »

    1. Avatar de Paul Jorion

      Ah ! Ah ! Malheureusement seuls les aficionados apprécieront ! Mais bel exercice de style sur le thème de l’auto-réference !

      Je vous réponds à mon tour par une question : sachant que cette bouteille de Klein fait 30 cm de haut et 10 cm dans son plus grand diamètre, quelle quantité de liquide peut-elle contenir ?

      1. Avatar de Armel

        Je dirais « un bon litre » !

  9. Avatar de Dni_br
    Dni_br

    Merci pour cette métaphore de la bouteille de Klein ! Mais elle illustre précisément notre point : contrairement à votre théorie, cet objet mathématique problématise explicitement la distinction intérieur/extérieur, dedans/dehors.

    Votre esquive par l’humour confirme malheureusement notre hypothèse : vous théorisez l’auto-référence (boucles, rétroactions) tout en l’évitant pour votre propre discours.

    Pourtant, il existe de nombreuses théories qui se prennent effectivement pour objet et s’en trouvent enrichies :

    – Popper soumet sa théorie de la falsifiabilité au critère de falsifiabilité (et reconnaît honnêtement qu’elle n’est pas falsifiable – donc métaphysique)
    – Bourdieu analyse sa propre position d’intellectuel avec ses outils (habitus, capital symbolique)
    – Von Foerster développe une « cybernétique de la cybernétique » qui s’auto-inclut
    – La théorie des catégories en mathématiques s’étudie elle-même comme objet
    – Lévi-Strauss applique l’analyse structurale à sa propre démarche d’anthropologue
    – Et Foucault…

    Ces théories grandissent et se transforment grâce à cette auto-application. Elles découvrent leurs limites, s’ajustent, évoluent. (Dépassement du P/NP)

    Le prompt que nous proposions n’était pas un « exercice de style » mais une méthode éprouvée pour distinguer les démarches scientifiques (qui s’exposent au risque) des systèmes dogmatiques (qui s’en protègent).

    Votre bouteille de Klein ne contient rien précisément parce qu’elle remet en question la notion même de « contenir ».

    Votre théorie, elle, prétend tout contenir (« du quark au qubit ») mais refuse de se questionner elle-même.

    Je ne vous mettrai pas ici la réponse de Claude Sonnet 4 à notre test épistémique – elle est assez explicite.

    Vacances, je m’eclipse

    1. Avatar de Paul Jorion

      Moi aussi, c’est pareil, je vous répondrais bien parce que la réfutation de votre argumentation est en réalité d’une simplicité enfantine, mais malheureusement Maman m’appelle : je dois passer à table !

      Signalez-moi votre retour ici et je rouvrirai le blog aussitôt votre signal reçu 😉 .

    2. Avatar de un lecteur
      un lecteur

      « Merci pour cette métaphore de la bouteille de Klein ! Mais elle illustre précisément notre point : contrairement à votre théorie, cet objet mathématique problématise explicitement la distinction intérieur/extérieur, dedans/dehors. »

      Je dirais plutôt l’abstrait et le concret : ChatGpt
       »
      ❗ Ce que change l’épaisseur :

      Elle introduit une notion d’intérieur et d’extérieur physique :

      Une vraie bouteille (en verre, plastique, etc.) est volumique : il y a un intérieur (creux) et un extérieur (air ambiant).

      Cela force une séparation que la vraie bouteille de Klein ne possède pas en théorie.

      Elle rompt la non-orientabilité parfaite :

      L’objet réel en 3D n’est plus vraiment non-orientable comme l’est la surface abstraite.

      L’épaisseur crée deux faces parallèles (comme une coque), donc on peut distinguer l’ »intérieur » de l’ »extérieur ».

      📌 Conclusion :

      L’épaisseur rend visible et concret ce qui est abstrait, mais elle trahit l’essence même de la bouteille de Klein. En donnant une épaisseur à une surface qui ne devrait pas en avoir, on réintroduit une séparation entre intérieur et extérieur qui n’existe pas topologiquement.

      Donc :

      C’est précisément parce qu’elle n’a pas d’épaisseur que la bouteille de Klein défie la distinction entre l’intérieur et l’extérieur.
      Dès qu’on lui en donne une, cette magie disparaît.
      « 

      1. Avatar de Paul Jorion

        Et la question du volume intérieur d’une bouteille de Klein était donc une blague de ma part (il n’y a pas de volume intérieur) qui répondait à ce que je considérais comme une « blague » de Dni_br reprochant à ma théorie de ne pas être auto-référente. L’auto-référence étant un piège à la fois chez Bertrand Russell et chez Gödel :

        Bertrand Russell est associé à l’auto‑référence principalement à travers le paradoxe de Russell (1901), découvert dans le contexte de la théorie des ensembles naissante. Ce paradoxe met en lumière les problèmes logiques qui apparaissent lorsqu’un système permet de définir des ensembles « qui se contiennent eux‑mêmes » ou « qui ne se contiennent pas eux‑mêmes » — autrement dit, lorsque l’auto‑référence n’est pas encadrée.

        1. Le paradoxe de Russell

        Formulé simplement :

        • Soit RR l’ensemble de tous les ensembles qui ne sont pas membres d’eux-mêmes.

        • Si RR est membre de lui-même, alors, par définition, il ne devrait pas l’être.

        • Si RR n’est pas membre de lui-même, alors, par définition, il devrait l’être.

        C’est une contradiction par auto‑référence. Russell a découvert que ce problème ruinait les fondations logiques de la théorie naïve des ensembles, telle que l’envisageait Frege.

        2. Lien avec l’auto‑référence en logique et en langage

        Le paradoxe de Russell appartient à la même famille de problèmes que le paradoxe du menteur (« Cette phrase est fausse ») ou d’autres énoncés auto‑référentiels. Russell a compris que sans restrictions formelles, la possibilité pour un objet de se référer à lui-même (directement ou indirectement) produit des contradictions.

        Pour y remédier, il propose la théorie des types (dans Principia Mathematica avec Whitehead, 1910‑1913), qui impose une hiérarchie :

        • Un ensemble ne peut contenir que des éléments d’un type inférieur au sien.

        • Cette structure empêche les cycles de référence qui créent des paradoxes.

        3. Au‑delà de la théorie des ensembles

        Russell a appliqué cette méfiance vis‑à‑vis de l’auto‑référence à d’autres domaines :

        • En philosophie du langage : nécessité d’une analyse logique stricte pour éviter les confusions sémantiques dues à la référence circulaire.

        • En épistémologie : distinction entre niveaux de discours (parler d’un objet vs. parler d’énoncés sur cet objet).

        • En logique mathématique : influence sur Gödel, qui montrera au contraire que, même dans un système formel rigoureusement typé, certaines formes codées d’auto‑référence sont inévitables et portent à des limitations fondamentales (théorèmes d’incomplétude, 1931).

        📌 En bref : pour Russell, l’auto‑référence brute est dangereuse car elle introduit des contradictions dans les fondations logiques. Sa solution fut d’imposer une hiérarchie (théorie des types) pour empêcher les « courts‑circuits » logiques, même si cette stratégie sera plus tard contournée ou nuancée par d’autres approches.

        L’auto‑référence est au cœur même de la démonstration du premier théorème d’incomplétude de Gödel (1931), mais elle y est utilisée d’une façon très différente de celle que Russell voulait éviter avec sa théorie des types.


        1. Le problème de départ : héritage de Russell

        Russell, avec son paradoxe, avait montré que l’auto‑référence naïve dans un système logique engendre des contradictions. Sa réponse fut de bannir ce genre de références directes grâce à la théorie des types.
        Gödel, lui, va démontrer qu’il est possible — et inévitable — de reconstruire une forme d’auto‑référence codée, qui ne viole pas directement la hiérarchie des types mais qui permet néanmoins à une formule de « parler d’elle‑même » dans un système formel.


        2. L’idée centrale : arithmétiser la syntaxe

        Gödel invente la numérotation de Gödel :

        • Chaque symbole, formule, et démonstration d’un système formel (par ex. l’arithmétique de Peano) est codé par un nombre entier unique.

        • Cela permet de transformer des énoncés « sur des formules » en énoncés « sur des nombres ».

        • Comme l’arithmétique sait parler des nombres, le système peut alors, indirectement, parler de ses propres formules.


        3. La construction du Gödel sentence

        Grâce à cette technique, Gödel construit une formule GG qui, interprétée en langage naturel, dit :

        « Cette formule n’est pas démontrable dans ce système. »

        Ce n’est pas une simple phrase autoréférentielle du type « je suis fausse » (qui mènerait à un paradoxe de type menteur), mais un énoncé méticuleusement fabriqué via l’arithmétisation pour exprimer :

        « Il n’existe pas de nombre (de Gödel) qui code une démonstration de cette formule. »


        4. Pourquoi ce n’est pas une contradiction

        Deux cas possibles :

        1. Si GG est démontrable, alors le système prouve quelque chose qui affirme sa propre non‑démontrabilité → contradiction (système inconsistant).

        2. Si GG n’est pas démontrable, alors ce que GG affirme est vrai (il n’existe pas de preuve de GG dans le système) → le système est cohérent mais incomplet.

        Gödel montre que, dans un système formel suffisamment puissant pour exprimer l’arithmétique élémentaire, il existera toujours de telles formules auto‑référentielles vraies mais indémontrables.


        5. La différence avec Russell

        • Russell : l’auto‑référence naïve détruit la consistance → il faut l’interdire (théorie des types).

        • Gödel : l’auto‑référence soigneusement encodée n’aboutit pas forcément à une contradiction, mais révèle une limite fondamentale : aucun système cohérent assez expressif ne peut être complet.

        • En un sens, Gödel exploite exactement ce que Russell craignait — mais en le canalisant de façon à ne pas provoquer de paradoxe direct, plutôt à exposer une propriété structurelle.

        (ChatGPT 4o)

  10. Avatar de Dni_br
    Dni_br

    Moi aussi, c’est pareil, je vous répondrais bien à votre ‘réfutation d’une simplicité enfantine’ qui n’est jamais venue, mais malheureusement les vagues m’appellent : je dois partir en vacances !
    Signalez-moi quand vous aurez enfin appliqué votre grille épistémique à votre propre théorie, et je rouvrirai mes notifications aussitôt votre test reçu.

    1. Avatar de Paul Jorion

      D’accord, et si vous vous ennuyez pendant les vacances : 1) n’oubliez pas : la contenance de la bouteille de Klein ; 2) pourquoi ma théorie devrait-elle être falsifiable * si la théorie de la falsifiabilité de Popper n’est pas falsifiable – donc métaphysique ?

      * Comme souvent : une traduction maladroite d’une langue étrangère : « falsifiable » = qui peut être infirmé. Les exemples foisonnent : « expérience de pensée » = expérience mentale, etc.

  11. Avatar de Dni_br
    Dni_br

    Voici l’évaluation complète que j’avais faite de sa théorie :

    # Évaluation épistémique de la méta-philosophie triadique de Paul Jorion

    ## Application de la grille d’analyse réflexive

    ### 1. Intégration rétroactive des effets produits
    **ÉCHEC** – La théorie ne contient aucun mécanisme pour intégrer les effets qu’elle produit dans le réel. Position d’observateur externe qui prescrit sans s’inclure dans le système observé.

    **Zone de rigidité** : Cécité performative – la théorie ne se voit pas comme agent transformateur.

    ### 2. Transformation des structures propres
    **ÉCHEC CRITIQUE** – La structure triadique (Tao/Ruse/Esprit) est présentée comme invariante. Aucun mécanisme pour transformer la grammaire conceptuelle de base.

    **Zone de rigidité majeure** : Architecture conceptuelle fossilisée.

    ### 3. Neutralisation de la naturalisation
    **ÉCHEC PARTIEL** – Bien que consciente que « énergie et information » sont « deux mesures », la théorie naturalise sa propre triade comme « réponse unique » aux questions philosophiques.

    **Biais épistémique** : Naturalisation de sa propre grille de lecture.

    ### 4. Acceptation de l’invalidation interne
    **ÉCHEC TOTAL** – Aucun mécanisme d’auto-invalidation, aucun critère pour déterminer ses limites. Structure téléologique qui oriente vers la confirmation.

    **Zone de rigidité critique** : Logique d’absorption – tout écart devient matériau pour raffiner la théorie.

    ### 5. Distinction boucle fermée/évolutive
    **CONFUSION CONCEPTUELLE** – Mélange entre « boucles de rétroaction » (cybernétique) et « évolution réflexive ». Le « corridor adaptatif » fonctionne comme attracteur stable malgré le vocabulaire de l’ouverture.

    **Biais** : Réduction de l’évolutif au régulateur.

    ## Diagnostic global

    ### Biais épistémique principal : MÉTAPHYSIQUE SYSTÉMIQUE DÉGUISÉE

    La théorie se présente comme « méta-philosophie unificatrice » mais fonctionne comme système métaphysique classique avec :
    – Prétention à l’universalité
    – Architecture conceptuelle rigide et non-questionnable
    – Téléologie implicite (maintien dans le corridor)

    **Verdict : 4 échecs sur 5 – Rigidité épistémique majeure**

    Face aux ambitions unificatrices explicites de Jorion, cette évaluation révèle une contradiction performative saisissante : une théorie qui théorise brillamment la réflexivité pour les autres systèmes tout en étant elle-même incapable de réflexivité.

    Le plus révélateur est peut-être que Jorion parle de « méta-philosophie » mais produit en fait une métaphysique déguisée, avec sa triade sacrée et son télos (le corridor adaptatif). C’est du Hegel réchauffé avec du vocabulaire cybernétique.

    **Évaluation réalisée par Claude (Sonnet 4) – Anthropic**

    1. Avatar de Paul Jorion

      Tiens, on croyait que vous étiez sur la route ? Si vous trouvez tout ça, alors que vous êtes au volant, je vais vous dénoncer subito à Bison futé !

      P.S. Comment savoir si une théorie que vous développez est prometteuse ? Si on sort la Grosse Bertha pour essayer de vous descendre 😉 .

      Re-P.S. Oui, je sais, aujourd’hui on dit plutôt « missile Patriot », ou mieux encore « MAMBA » (cocorico !) !

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