Si vous n’êtes pas encore découragé, attendez de voir la suite…

Ce texte est un « article presslib’ » (*)

Dans un commentaire, Strategix écrit ceci :

Lorsque l’on veut réorganiser le monde et redistribuer les cartes, certains résistent, les exaltés défendent leurs idées et la violence en résulte. La réalisation de projets de réforme en profondeur, sans l’adhésion des forces de pouvoir, implique la violence. Le recours à cette dernière est exclu, et les chances de réussites sont donc infimes.

J’ai lu ça tout à l’heure, au moment où j’achevais la lecture d’un article du Wall Street Journal d’aujourd’hui qui expliquait qu’en raison de la chute du prix du brut, consécutive à la crise,

…au cours des trois derniers mois, les actions de compagnies dédiées aux énergies renouvelables ont perdu 45 % de leur valeur, chiffre à comparer aux 23 % subis durant la même période par l’ensemble des sociétés composants l’indice Dow Jones.

Et ce « catch 22 », ce genre de situations où on perd à tous les coups, m’a rappelé un article lu dans BusinessWeek il y a une semaine ou deux. Le magazine partage mon sentiment que juste derrière les lobbys de la finance, le principal responsable de la crise des subprimes, ce sont les régulateurs des marchés financiers qui, sur instructions venues d’en haut, ont relâché, sinon carrément abandonné, la surveillance dont ils étaient chargés. BusinessWeek est donc allé interroger les autorités des marchés qui leur ont répondu (je paraphrase) : « Ah, mais qu’est-ce que vous croyez ! On n’a pas arrêté de nous reprocher notre laissez-faire durant toute cette période. On nous a même traînés sans relâche devant les tribunaux : nous avons toujours eu gain de cause. Toujours ! » Qu’est-ce que vous alliez imaginer : la justice agissait également sur instructions venues d’en haut !

La seule bonne nouvelle de la journée, c’est qu’un employeur s’intéresse à moi. Hé ! pour la première fois depuis un an. Il s’agit d’un de ces établissements financiers dont je vous raconte les aventures dans mes billets. Rien n’est fait mais il existe un rai de lumière : l’espoir de recevoir un jour à nouveau… une fiche de paie ! Bien sûr, ce serait vivre à l’hôtel cinq jours par semaine. Et onze heures d’avion par weekend. J’ai déjà vécu ça : aucune relation n’y résiste, et quand on a une famille, c’est sa mort certaine. Ce serait aussi, en ce qui vous concerne – et moi aussi, la fin du blog.

Vous vous souvenez du sous-titre des articles qui m’ont mis du baume au cœur ces jours derniers ? Alexis Lacroix : Nul n’est prophète sur sa planète. Ils ont prêché dans le désert pendant des années. Ils dénonçaient le capitalisme dévoyé. Qui les a entendus ? dans Marianne du 4 octobre et Vincent Remy, Crise financière : la loi du silence, Imprévisible, le krach ? Depuis des années, des économistes s’alarmaient des dérives du système bancaire. Sans écho. Pourquoi ? dans Télérama du 9 octobre. Oui : et rien n’a changé !

Allez, ça ira mieux demain. Ah non, peut–être pas demain : demain, c’est le mardi 21 octobre.

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

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38 réponses à “Si vous n’êtes pas encore découragé, attendez de voir la suite…”

  1. Avatar de Rumbo
    Rumbo

    Les propos de Pierre Yves D. me font transmettre, ci-dessous, ce passage pris dans l’intervention que j’ai faite, début septembre dernier, dans le cadre du Crédit Socal (ou Argent social) à faire connaître.
    (….) que voit-on? Qu’entend-t-on actuellement? Les riches sont très inquiets pour leur avoir. Ils s’angoissent, et finissent par nous angoisser, à penser qu’ils seraient sur le point de perdre leurs biens, en particulier les actionnaires de nombreuses banques et propriétaires d’un capital financier en pleine débacle tellement les pratiques malsaines s’y sont développées depuis si longtemps. Les actionnaires voient depuis plus d’un ans leurs actifs fondre comme neige au soleil… Ils nous inquiètent par leur inquiétude. Ils se rendent enfin compte que le vers et les poisons sont dans leurs fruits!… Mais la pauvreté, toujours omniprésente et maintenant s’accantuant n’est-elle pas davantage inquiétante? Surtout depuis les dernières générations de l’ère industrielle où le sens de la vie semble avoir beaucoup diminué?

    Quoiqu’il en soit, statistiquement, les riches, quelque soit l’époque et les lieux, iraient toujours très bien pour l’essentiel? Nous ne sommes nullement contre la richesse saine personnelle et collective, mais les riches, quelqu’ils soient, sembleraient toujours « sortis de l’histoire ». Statistiquement, ils vont très bien, même en pleine crise. Mais rappelons-nous bien que richesse ne rime pas forcément avec sagesse. Devons nous toujours nous interroger sans cesse au sujet des riches? Pas vraiment.

    Mais c’est une évidence terrible, ce sont les pauvres, non pas les pauvres des siècles passés, mais les pauvres bien contemporains, majoritaires en ce monde, qui doivent susciter toutes nos interrogations et toutes nos inquiétudes et nos actions! Les pauvres ne vivent-ils pas en situation permanente de crise? Crises à répétition, crises aggravées de l’angoisse du lendemain, crises des dettes impayables, crises des expulsions et des saisies sans nombre, crises d’exploitations innombrables, d’humiliations insupportables, de violence, de dégradations physiques et morales sans nombre, crises d’être obligés de s’expatrier dans des conditions innommables de dangers et de spoliation, de mort (par noyade notamment) et tant d’autres cas similaires inimaginables, pour venir mandier une vie « digne » au sein même du système qui les vole et les maintient dans la pauvreté et le désespoir extrêmes.

    Donc les pauvres de la planète (en restant volontairement « optimiste » on peut dire qu’ils sont un peu plus d’un habitant sur deux de la planète) vivent en état de crise économique, sociale et familiale dépassée et permanente. Toutes raisons et causes historiques les mieux comprises possible, « La Crise », les crises, sont leur état de vie « normale », de vie « banale » et de mort « banale ». Pour eux, qu’il y ait une crise financière se déclenchant à partir des pays riches n’est seulement que la conséquence, certes, encore une fois aggravante de leur sort, dû à un système faux, mensonger et prédateur. Pour les pauvres, c’est là une triste banalité de plus. Pour eux, rien de « spectaculaire ».

    La phrase que je vous ai lu de l’Indien très pauvre du Chili qui, durant les années 60, répond à un guerillero marxiste qui l’exortait à la lutte des classes: « Si nous nous en prenons aux riches, qui nous fera la charité? », recelle donc toutes les principales contradictions de la condition humaine! J’avais perçu ici le nœud des principales contradicions: la pauvreté généralisée, la richesse qui n’est pas à sa palce, et la lutte des classes s’interposant brouillant ainsi durablement et calamiteusement toutes les cartes, tandis que le système financier et bancaire lui, reste intouché… Les marxistes, comme les libéraux, sont passé à côté de la question financière. Les marxistes, se fourvoyant et tant de monde avec eux, l’ont confondu avec les plus values des moyens de productions agricoles et industriels allant dans la poches des propriétaires de ces moyens de production et non aux travailleurs créant par leur travail cette plus value. Le CRÉDIT-SOCIAL (ou ARGENT-SOCIAL) répond concrètement, point par point, à toutes ces impasses dont un système financier mondial « veille » à ce que nous ne sortions surtout pas…

    Mais c’est bien le Crédit Social et tout ce qui va avec et lui correspond, qui nous apporte la preuve qu’il peut en être tout autrement. Je le répète, et vous le savez bien, que l’enjeu du Crédit Social, notamment dans les pays pauvres, est un enjeu d’une portée immense et déterminante. Car toute amélioration ainsi créée, toute richesse ainsi crée, sera, et est dors et déjà la démonstration, mieux que des promesses incertaines et de longs discours, de l’exemple à suivre. L’exemple devrait « se suivre » lui-même à travers le monde. Tandis que c’est le maillon politique qui est le plus risqué car il contient la trahion possible tapie dans l’ombre. (….)

    Voici des exemples historiques très concrets. Aller sur ce lien:

    http://wiki.societal.org/tiki-index.php?pages=ChangerDeParadigme

    descendre à – 3 – Le miracle monétaire de SCHWANENKIRCHEN

    et – 4 – Le miracle monétaire de WÔRGL

    à noter à – 2 – La monnaie « fondante » ou monnaie « franche » (Silvio Geisell)

  2. Avatar de Madinina
    Madinina

    Pour rebondir sur le dernier paragraphe, j’espère juste (même si, au fond de moi, j’ai l’intime conviction inverse) que l’on aura pas à se lamenter, dans lun proche avenir, de ne pas avoir écouté ceux qui prédisent une autre crise depuis longtemps; une crise autrement plus violente, destructrice et destructurante que l’actuelle : la crise climatique !

  3. Avatar de Dimezzano
    Dimezzano

    Paul,

    Je sens en vous, à travers les lignes de ce message (« si vous n’êtes pas encore découragé, attendez la suite »), un immense découragement …. Ce découragement m’inquiète beaucoup.
    Je vous en prie Paul, n’abandonnez pas, ne nous abandonnez pas. Reprenons tous courage ensemble.
    Courage !
    Trés respectueusement :

    DiM.

  4. Avatar de Benoit
    Benoit

    … et quoi, ce banquier, il est aussi desespere que ca ? Il souhaite se faire harakiri en appelant Zorro a la rescousse ?
    😉

  5. Avatar de Strategix
    Strategix

    @ Paul,

    J’oubliais la partie encourageante de mon mail. Pour le général et le particulier.

    Pour le général:

    Le pire n’est jamais certain.
    Les forces en faveur du mouvement existent, mais la violence de leur ressentiment doit être canalisée.

    1- Avant, les pauvres, les colonisés, les opprimés ne contemplaient pas la richesse tous les soirs sur un écran. Ils ignoraient que certains possédaient tout tandis qu’eux ramaient pour rien ;

    2- Tout est une question de préparation : Devant une belle préparation, la chance saît de quelle côté elle doit se ranger ;

    3- Un papier, un stylo, un laptop, ça donne la Littérature, ça donne un pouvoir ;

    4- Les doiminants doivent composer pour se maintenir, un espace de négociation existe donc.

    Pour le particulier :

    Il faut changer le paradigme des élites, particulièrement celui des leader d’opinions. Vous, et votre blog, êtes une pièce maîtresse de ce dispositif. Il n’est pas illusoire d’espérer que le doute va germer, que leurs yeux se décilleront. Ce préalable est nécessaire. En effet, le champ de bataille est médiatique, les bons et les méchants changent de camps lorsque l’on change de chaîne. C’est donc leurs a priori qu’il faut changer. Paul, vous pouvez être leur professeur.

    Pour les alter, il existe plusieurs logiques : soit ils tentent de porter au pouvoir les défenseurs d’une utopie, soit ils se contentent de faire pression sur les dirigeants selon le schéma traditionnel de la lutte des classes, soit ils s’efforcent de concilier l’idéal utopique avec les contraintes du réel puis de convaincre de la pertinence de ce nouvel objectif.

    Vous êtes évidemment à la tête de cette troisième voie. Pour alimenter le débat et donner, in fine, des outils aux dirigeants pour qu’ils puissent appliquer cette maxime de Richelieu « La politique est l’art de rendre possible ce qui est nécessaire ». Il faut donc les convaincre de ce qui est nécessaire.

    Autant le dérèglement climatique apparaît lointain et ethéré, autant l’absence de pérénité d’un développement exponentiel est imparable et parlera à tous (même à moi qui n’ait retenu du Siècle des Lumières que le cours des producteurs d’électricité). Je pense que cette dernière voie est la bonne et vous la défendez brillament Paul. Autant la planète pourra se remettre des défaillances bancaires, autant Gaïa ne se remettrait pas de la votre. Le destin vous a choisi Paul (Atréïdes).

    On peut aborder la vie de deux manières différentes. Soit on souhaite changer le monde, soit on souhaite vivre en harmonie avec le monde. Une chose est certaine, il est plus facile d’expérimenter le bonheur en se satisfaisant du monde tel qu’il est qu’en étant en lutte permanente en cherchant à changer le monde.

    Le choix entre ces deux façons d’aborder la vie est essentiel et complexe. Pour ma part, il me semble que le choix entre ces deux options, qui n’est pas si exclusif qu’il peut y paraître, dépend de la période de la vie et de la possibilité dans laquelle on se trouve pour changer le monde. Il est évident que si l’on est ministre, CEO, écrivain ou éditorialiste ce serait gâcher une chance que de ne pas tenter de changer le monde si l’on en éprouve le besoin. En revanche, bien des personnes, manifestement pas en état de changer le monde auront tout intérêt, pour s’éviter bien des désillusions, à choisir la voie de la vie en harmonie avec le monde. De même que cette façon d’aborder le monde diffère selon son potentiel à changer le monde, elle doit également différer selon l’âge. Il est bien normal que les jeunes, pour lesquels toutes les perspectives sont encore ouvertes, s’investissent davantage dans les mouvements contestataires, si ce n’est révolutionnaire.

  6. Avatar de sounion
    sounion

    Paul,
    Vous êtes bien parti pour « sauver le monde ». Ne vous arrêtez pas en chemin. ;-))

  7. Avatar de vladimir
    vladimir

    En attendant les resultats de mardi:

    L’Oligarchie mondiale est aussi divisée,elle a perdu le controle de la crise systemique, depuis la faillitte Lehmann, elle court a boucher les fuites,son anticipation se resume uniquement a regler la vitesse de la planche a billets :

    Le grain de sable du retrait des depots des banques :

    Et si la planche à billets commençait à prendre de la vitesse ?

    Par : Siméon Brutskus

    ………A croire les chiffres, la demande de billets a augmenté de mi-septembre à mi-octobre d’un peu plus de € 29 milliards, l’augmentation étant due aux développements les plus récents sur les deux dernières semaines. Ceci représente une hausse de 4,3%. Mais peut-être s’agit-il là d’un effet saisonnier, à observer tous les ans à la même période ? Les données écartent une telle hypothèse. Les billets n’ont augmenté que de € 3 milliards à la même période de l’année dernière (soit une hausse de 0,49%), et de € 5 milliards en 2006 (soit 0,86%).

    Il est à conclure que durant les deux dernières semaines les banques ont véritablement fait face à une fuite de liquidités fort importante, manifestement causée par des retraits de dépôts.

    Il est difficile de spéculer sur la persistance du mouvement, qu’il faudra donc continuer à suivre régulièrement dans les circonstances présentes.

    Deux choses sont néanmoins sûres. D’une part, la BCE estime que les banques devront faire face à des facteurs de liquidité autonomes (c.à.d. distincts de la constitution de réserves obligatoires) toujours croissants.

    En effet, pour la période du 13 au 21 octobre la BCE anticipe une hausse de ces facteurs de quelques € 55 milliards par rapport à la période précédente.

    D’autre part, les injections récentes de liquidité sont devenues tellement considérables que l’on est tenté de ne pas voir grand-chose dans ces quelques € 29 milliards de billets en plus. Il se peut qu’il en soit autrement…

    http://www.24hgold.com/actualite-or-argent-Et-si-la-planche-à-billets-commençait-à-prendre-de-la-vitesse-.aspx?langue=fr&articleid=330988

    L’ISLANDE en faillite:

    les commerçants discounts se sont vu obligés de regler cash leurs commandes les grossistes ne faisant plus credit ni reglements a 30;60 ou 90 jours.
    Les magasins de fait se vident, les prix explosent, les banques ne font plus d’avance.

    Le meme phenomene de penurie organisée a commençé aux USA…

    Les citoyens de la RFA, familiarisés avec l’histoire de la crise de 1923/33, preparent massivement les stocks de nourriture et produits de base par crainte de penurie et d’inflation….

    L’Europe ,La France,sera t elle mieux preparée que la Russie des années 90, cette etude comparative USA/URSSS peut l’aider a faire le point :

    What If US Collapses? Soviet Collapse Lessons Every American Needs To Know

    http://madconomist.com/what-if-us-collapses-soviet-collapse-lessons-every-american-needs-to-know

    Nous ne savons rien des villages de toile US, comme des futurs villages de toile en gestation en Islande, Irlande, Royaume Uni ; Espagne….

    Le gouvernement islandais étudie le recours au FMI

    Le gouvernement islandais s’est réuni dimanche pour décider de l’opportunité ou non de demander une aide financière au Fonds monétaire international (FMI). L’issue de la réunion devrait être connue au cours de la journée de lundi…….

    20 octobre 2008 01:39

    http://www.romandie.com/infos/ats/display2.asp?page=20081020013933211721948157000_brf002.xml

  8. Avatar de Candide
    Candide

    Le moment est peut-être venu de retrousser nos manches et d’accentuer au grand jour ce mouvement d’espoir qui est né ici et sur d’autres blogs, avant que le monde politique et financier actuel ne règle la crise à sa manière et que ne se referme ainsi la fenêtre d’opportunité que j’évoquais il y a quelques jours (une éternité en ces temps troublés).

    « Sortez de la mine, descendez des collines, camarades… »

    Et à propos de mine, rallions-nous tous pour soutenir notre ami « Joe le Porion » !! 😉

  9. Avatar de thomas

    Je cours faire un paypal pour que vous puissiez continuer à faire vos courses sans pointer nulle part !

  10. Avatar de karluss  hervé
    karluss hervé

    retourner dans l’antre du diable ??
    mais, êtes-vous en « quasi faillite » ?
    tellement de cordes à votre arc, mais votre oeuvre est bien réelle, alors bonne chance et bon courage.

    tiens, on est le 21 ……..

  11. Avatar de Lantique
    Lantique

    La seule bonne nouvelle de la journée, c’est qu’un employeur s’intéresse à moi. Hé ! pour la première fois depuis un an. Il s’agit d’un de ces établissements financiers dont je vous raconte les aventures dans mes billets. Rien n’est fait mais il existe un rai de lumière : l’espoir de recevoir un jour à nouveau… une fiche de paie ! Bien sûr, ce serait vivre à l’hôtel cinq jours par semaine. Et onze heures d’avion par weekend. J’ai déjà vécu ça : aucune relation n’y résiste, et quand on a une famille, c’est sa mort certaine. Ce serait aussi, en ce qui vous concerne – et moi aussi, la fin du blog.

    Hé ! Cet employeur n’agirait-il pas sur instructions venant d’en haut ? Ah, la théorie du complot, je dois m’en méfier…

  12. Avatar de A-J Holbecq

    Qui peut m’expliquer pourquoi 10000 saisies immobilières ont lieu par jour aux USA (Bloomberg) et que souvent les maisons sont immédiatement démolies, alors que la « logique » (?) voudrait que les banques et les établissements prêteurs acceptent de négocier des mensualités équivalentes à un loyer raisonnable, en attendant des jours meilleurs…

  13. Avatar de Candide
    Candide

    Je m’étais aussi posé la question au début de la crise, mais il me semble que ce bon sens va tout simplement à l’encontre de la logique du système financier actuel : détruire donne du travail immédiat, et génère la perspective d’un travail de reconstruction futur, ce qui est bon pour un certain nombre d’acteurs économiques. Et peu importe les conséquences intermédiaires sur l’environnement et les êtres humains.

  14. Avatar de thomas

    Et puis avoir des personnes peu solvables dans une maison fait baisser le standing, la cote de tout le quartier. C’est très US, on est in ou out, dans une maison à 200 000 $ ou sous la tente…..

  15. Avatar de pascal b
    pascal b

    première connexion pour moi, quelle lumière ici, merci – je comprend la mélancolie des « habitués » à ton changement de vie éventuel mais n’est-ce pas de la basique résistance au changement, et en te sommant de ne pas « vendre ton âme » ne cherchent ils pas en fait à garder ce petit confort d’avoir un si bel espace de plaisir à leur disposition (ton blog qui pourrai disaraître)
    les plus du changement seraient un nouveau point d’observation / enrichissement / reflexion, et puis ce n’est pas forcément un aller sans retour – d’autre part, ne fais tu pas une sorte d’ »amalgame à titre perso » en couplant ce nouveau choix professionnel avec une rupture familliale et la fin du blog – l’un n’empêche pas forcément les autres, tu pourrais en tout cas continuer un « blog à petite vitesse » – sur la partie familliale, je précise que je ne connais absolument rien de ta vie ni ne suis un proche d’aucune personne te connaissant de près ou de loin, mais en pur feeling, à la lecture, je ressens comme une annonce subliminale…
    sinon, concernant le pognon qui tourne, je me disait – sur la base des rudiments de macro économie que l’on m’inculquât – que vue de loin, on allait augmenter de manière importante la masse monétaire en circulation, au niveau global, sous différentes formes : garanties, engagements, planche à billets, et que la valeur des assets, des économies régionales, des trucs qui représentent une valeur à caractère tangible pour les humains que nous sommes, en si peu de temps c’est quasi stable , d’où un décalage très important et une règulation de cet écart par, forcément, de l’inflation. inflation que je vois bien s’installer sur la durée (10 ans ) de manière « sourde – larvée » avec des prix de matières premières qui s’installent sur des courbes montantes, des gens qui s’attachent à posseder du tangible et pas du papier, qui se méfient un peu plus de l’argent. comme un peu pendant ces années où ceux qui avaient emprunté pour acheter leur logement finissait par le payer en monnaie de singe tellement yavait eu de dévaluation dans le temps.
    bref (un peu d’idéalisme) nous accèderions à un stade ou l’argent serait vu par les gens comme un moyen, un outil à utiliser au mieux certes, mais pas un fin en soi.
    ça me rapelle une phrase d’un copain tunisien – un peu de philosophie africaine/orientale : nous avions prévu un trip de vacances entre amis et l’un d’entre eux, un français vivant en suisse, fit faux bon – le tunisien mécontent lui reprochât alors:
    à force de vivre en suisse, il est devenu comme ces financiers qui croient que c’est le pognon qui fait tourner la terre.
    puis on a passer nos vacances à ressasser que :
    la vraie richesse c’est le temps

    à bientot

  16. Avatar de Benoit
    Benoit

    … HOMMAGE … HOMMAGE … HOMMAGE … HOMMAGE … HOMMAGE … HOMMAGE … HOMMAGE …

    Nous les hommes et les femmes de ce siecle qui lisons la presse et regardons la television, ressemblons plus, face a ce pave que la realite nous lance au visage, a des autruches mettant la tete dans le sable qu’a des etres desireux de comprendre et de prendre nos responsabilites. La peur, collectivement, nous fait travestir la realite. Ce que nous demandons avant tout au specialiste, c’est d’etre rassures :  » – Ah bon, ce n’est que ca ! Ouf, ca va passer… Merci monsieur le specialiste… »

    Nous preferons le deni au courage.

    Puis vient le moment ou la realite nous rattrape, ou nous ne pouvons plus lui echapper, le moment ou elle entre chez nous, la mal-venue, la mal-vetue, comme une intruse, sans avoir ete invitee. C’est alors que nous recherchons un coupable a designer a notre colere, a notre vertu outragee – et la vertu… si elle est outragee, c’est bien qu’elle existait…, non ?

    Nous recherchons avec une rage croissante qui n’a d’egale qu’une certaine volupte, un homme ou un groupe d’hommes qui puisse jouer le role de bouc-emissaire(s) de nos petites demissions quotidiennes passees, presentes et futures, et qui puisse surtout faire oublier notre propre aveuglement, notre participation semi-consciente, et pas toujours tres glorieuse, a la « faute » collective que nous feignons seulement de decouvrir.

    Alors nous nous offrons une bonne indignation, comme on se prend une bonne douche apres avoir passe deux heures dans la cave a charbon, une indignation tonitruante, une de celles qui nous lavent aux yeux de tous, de tout soupcon quant a une eventuelle participation a tout ce pataques, une indignation qui a l’immense avantage de nous absoudre instantanement, de nous honorer d’une virginite soudaine, et qui, enfin et surtout, nous eloigne surement de toute interrogation sur nous-meme.

    Cette interrogation courageuse parce que non manicheenne, Paul Jorion nous y invite tout au long de ces mois, de ces pages, de ses livres. Avec patience, obstination, pedagogie, avec gentillesse, simplicite et humour aussi, nous en sommes tous temoins. Car pour lui, avant tout, il s’agit de comprendre. Comprendre ce qui nous a mene jusque la, oui, mais certainement pas avec l’intention de clouer quelqu’un au pilori, nous dit Paul, meme si certains sont plus responsables que d’autres, evidemment, mais la question centrale n’est pas la.

    S’il s’agissait seulement de faire un sacrifice aux dieux pour apaiser leur couroux, pourquoi avoir realise tout ce travail ? Ce gigantesque travail que Paul mene depuis plusieurs annees…

    Non, comprendre simplement pour que nous… changions. Oui, chacun d’entre nous. Changions notre regard d’abord, c’est indispensable, puis ensuite tentions de changer notre organisation collective :
    « – Et maintenant, que faisons-nous ensemble pour eviter ces naufrages ?  »

    Benoit, des rives du Mekong.

  17. Avatar de Pierre-Yves D.
    Pierre-Yves D.

    @ stratégix et à tous,

    je ne voudrais pas contredire, beaucoup de choses que vous dites me paraissent fondamentales, notamment l’idée qu’il faille changer le paradigme des élites. Et en effet, à cet égard, le blog de Paul Jorion joue un rôle irremplaçable dont on ne peut que difficilement mesurer l’ampleur. Les statistiques de fréquentation du blog ne peuvent rendre comptet de tous court-circuits dans les schémas mentaux formatés par des habitudes acquises dans nos milieux familiaux et nos cercles d’amis, nos cursus, et nos habitus socio-pofessionnels.

    Je voudrais juste essayer de montrer que l’idée d’utopie n’est pas mauvaise en soi, ceci d’ailleurs pour aller dans votre sens, qui est de composer avec les forces en présence pour atteindre un certain objectif. Bref, il s’agit de montrer que les utopies sont nécessaires.

    AInsi, je ne suis pas certain qu’il faille opposer les élites et ceux qui sont porteurs d’une utopie.
    Tout d’abord il faudrait savoir ce que l’on entend par « utopie ». S’il s’agit de celles du vingtième siècle, j’en suis bien d’accord, elles ne sont plus pratiquables ni souhaitables. L’idée bolchévique d’imposer par le haut un modèle économique et social fondé sur les principes d’un matérialisme soi disant scientifique et porté par une élite autoproclamée, assurant une dictature du prolétariat, est assurément à mettre à la poubelle de l’Histoire. Trop de sang a été versé au nom de cette utopie révolutionnaire.

    Par contre, s’il faut entendre par utopie un modèle économique et social qui tournerait résolument le dos au modèle de la croissance exponentielle, je dis OUI, il faut tout faire pour que cette utopie devienne réalité.
    L’utopie n’est pas le contraire du possible. Il y a seulement que l’idée de quitter notre monde pour en connaître un nouveau, plus viable, équitable, désirable même, nous paraît utopique tant notre monde contemporain nos paraît pesant, figé dans ses dogmes et surtout ses habitudes. Pourtant notre monde actuel, avant de devenir une réalité fut d’abord pensé en ses origines comme une utopie. Il est le résultat de la confluence d’idées fortes, celles de la Renaissance, de la Réforme, des Lumières. L’humain en se constituantmaître de ce monde dans le mouvement qui le détachait de l’ordre divin, crut pouvoir s’affranchir de toutes les limites. De grandes réalisations furent accomplies. Des peuples se libérèrent du joug de l’absolutisme et la science fut un allié irremplaçable pour parvenir à ce résultat. Mais s’affranchir de toute limite c’est s’exposer au monde de l’hubris, de la démesure. Après cinq siècles de développement ininterrompu, et une accélération brutale au vingtième siècle, les sociétés humaines, l’espèce humaine, sont menacées dans leurs existences mêmes. La tendance, celle que montrent les éloquentes courbes subitement aspirées vers le haut, doit d’urgence être inversée. Il ne s’agit donc pas de petits réaménagements à la marge. Ce sont les bases mêmes de la civilisation matérielle qui doivent être repensées, reconstruites.

    Beaucoup d’éléments existent déjà. Ces dernières années, et même déjà depuis deux ou trois décennies, des chercheurs, des responsables, des praticiens, des citoyens de bonne volonté, ont pensé des alternatives, qu’à moins sens il ne faut pas hésiter à nommer utopies. Certains n’ont pas une image très nette ni même de modèle de l’image globale du grand puzzle, mais ont entre leurs mains un de ses éléments ou même quelques uns. D’autres ont une vision d’ensemble très théorique mais ne s’intéresent guère aux détails. D’autres encore n’ont aucun élément sciemment pensée ne main, et n’ont pas non plus d’idée préconçue de ce à quoi pourrait ressembler un autre monde, mais ces derniers, ont l’esprit ouvert, ils sûrement beaucoup de générosité à offrir. Bref, je pense que chacun, élites ou pas, a un rôle à jouer. Rôles qui ne sont pas donnés d’avance je précise. Car le monde de demain ne sera pas tout à fait l’image du puzzle que l’on s’était projetée sur l’écran de nos rêves.

    Evidemment les idées qui vont constituer le nouveau paradigme sont essentielles pour la suite des évènements. Moi-même en fréquentant ce site je n’imaginais pas à quel point des hommes et des femmes très savants en leurs domaines, en particulier l’économie, la banque, réfléchissaient depuis déjà de nombreuses années, plus ou moins en marge de leurs activités professionnelles. Je pense évidement à Stratégix, Holbecq, Rumbo, Bayard, Chouard, et bien d’autres encore, qu’ils me pardonnent si je les oublie, je cite de mémoire. Aujourd’hui s’ils se retrouvent ici, sur ce blog, ce n’est évidemment pas un hasard. D’autres les rejoignent. Bref, le mouvement ne peut que croître et se multiplier. Et il y a d’autres blogs ailleurs, d’autres initiatives qui vont dans le même sens. Tout cela crée un synergie. Vous avez raison Stratégix la bataille des idées et leur transmission, leur confrontation plurielle, est essentielle.

    Pour conclure, je dirais que personne ne peut se targuer de pouvoir prédire comment se concrétisera l’utopie. L’utopie est la part de l’imaginaire nécessaire à la venue d’un nouveau monde. Le nouveau monde ne sera peut-être pas exactement conforme à ce que nous imaginons, mais cet imaginaire aura eu sa part active dans le processus qui conduit à abandonner l’ancien pour co-nnaître le nouveau.
    Je pense donc qu’il ne faut pas opposer élites dépositaires d’un savoir très technique ou disposants de grandes connaissances, et peuple ingnorant, juste bon à suivre les premiers révolutionnaires mûs par un ressentiment destructeur. Le ressentiment, l’ignorance sont, ce me semble, également partagés par les uns et les autres. Et nous mêmes, à un moment ou un autre, pouvons en être. Y compris les militants de partis dits révolutionnaires ont un rôle à jouer. D’ailleurs pour la plupart d’entre eux beaucoup des idées nouvelles que nous partageons ici ne leur sont pas étrangères. Ce sont plus nos alliés que nos ennemis. Ce sont eux aussi qu’il faut convaincre, auprès desquels il faut faire valoir les idées sur le crédit, la monnaie, l’économie. Ils sont un maillon de la chaîne humaine porteuse d’avenir tout aussi important que celui des élites. Les militants, par leur force de conviction, véhiculent les idées dans la société, dans la rue, dans les journaux, et aussi sur les blogs.

    Le capitalisme de marché a été une formidable utopie pour ceux qui voyaient en elle la domestication des passions humaines, à une époque où les hommes se faisaient la guerre pour des questions religieuses ou territoriales. Ce qu’au XVIII sicèle on appelait la commercial sociéty. Celle-ci a vécu, la main invisible nous renvoie son poing dans la figure. il faut maintenant la dépasser aller vers quelque chose d’autre. Le politique doit dépasser la démocratie parlementaire. L’économie doit reconstruire ses bases sur autre chose que le capital et le tout marché comme fins en soi. La science doit retrouver son rôle émancipateur et ne plus être la meilleur alliée du capital.

    C’est vraiment pas le moment de nous décourager. Le chantier est immense et c’est aussi cela le bohneur que de participer à une aventure difficile mais nécessire, vitale, pour nos esprits et l’humanité.

  18. Avatar de pascal b
    pascal b

    bien sûr que ce n’est pas le moment de se décourager, on a la chance de pouvoir être spectateur de notre propre histoire tellement l’époque est dense en changement rapides, on a vécu la chute du mur de berlin et la fin du bloc soviétique, on va vivre la fin du tout pétrole – c’est exaltant, cette exaltation doit nous donner la pêche necessaire à surmonter tout les découragement
    agheu

  19. Avatar de Candide
    Candide

    @ PYD

    « La main invisible nous renvoie son poing dans la figure. » Ça j’adore. Bravo ! Et je partage entièrement le reste de l’analyse.

  20. Avatar de thomas

    En même temps, il y a quelque chose de vertigineux dans tout cela, qui arrete la discussion toujours au même point.

    Parmis toutes ces belles exponentielles qui vont necessairement redescendre plus ou moins doucement, il y a celles qui représentent les conditions qui nous ont permis de naitre, de rester en vie, d’être plus ou moins instruits, d’avoir plus ou moins de temps à consacrer à la reflexion…..ces conditions ne seront plus.
    Et si il est un exercice difficile, c’est d’imaginer les règles de ce nouveau monde, de remettre en cause les conditions de notre propre existence, car notre « viande » même est faite de l’ancien, Catherine le dit très bien ces jours ci.
    Du coup, le témoignage et le regard de générations passées, qui ont quatre vingt dix ans aujourd’hui, est tout à fait précieux à mon avis, car pour certains, ils ont vécu un peu, d’une certaine façon, de ce que vivront nos enfants.

  21. Avatar de Quentin
    Quentin

    Paul,

    Prends ton stylo, ton baluchon et ton saucisson,

    Et de ta vigie poursuit ce travail d’éclaireur.

    L’époque nous ouvre un faisceau de possible,

    L’effet de retraoaction va s’inverser

    La file des contestataires exploser

    La révolte est de nouveau désirable

    Paul, tu ne peux pas, au milieu du gué, te fourvoyer,

    Tu ne peux, désormais, échapper à ce rôle d’ambassadeur

    Sarcophage de nos espérances, ce boulot

    La vente de tes bouquins va être boostée

    L’argent va affluer, et tu seras, in fine,

    Un porte-drapeau comblé

    Paul, en Bourdieusien, je nous rappelle ce qui devrait être notre slogan :

    « Si le monde social m’est supportable, c’est que je peux me revolter ». P.Bourdieu

    Amities

    Quentin

  22. Avatar de Julien Alexandre
    Julien Alexandre

    @ tous :

    Le propos de Strategix n’est peut-être pas encourageant, mais il émane du bon sens, de la logique et du pragmatisme. Les ficelles sont tellement grosses, se dit-on, qu’ils vont bien finir par comprendre, qu’ils ne pourront pas faire autrement que changer, adopter un système plus juste, plus équilibré, qui profite à tous, qui prenne en compte « l’apport de richesse du soleil », qui valorise l’individu comme composante d’un groupe social plutôt que de le définir par son individualité, etc.

    Et pourtant, rien ne change, et pour rajouter du pessimisme au pessimisme, rien ne changera tant que… (au choix l’économie se sera totalement effondrée, le climat sera totalement déréglé, les équilibres géopolitiques remis en cause, la guerre, les guerres…)

    Pointer l’hostilité des « élites » à toute forme de changement, quelque soit la nature des individus que l’on regroupe derrière ce vocable, est presque une lapalissade. Mais ils ne sont pas les seuls, la plupart des gens ne souhaitent pas ou ne savent pas comment anticiper le changement, quelque soit la forme qu’il revêt : la peur de l’inconnu.
    Certains considèrent alors avec bienveillance les théories du « complot », parce qu’elles offrent une réponse simple à des problèmes complexes : les « élites » ont créé la crise pour prendre le contrôle du monde.

    A titre personnel, je ne penche jamais de ce côté de la ligne. Au mot complot, j’ai toujours substitué la notion de « convergence d’intérêts ». Les intérêts des élites actuelles convergent-elles vers le statu-quo maquillé, édulcoré? Bien sûr que oui! C’est dans leur intérêt. Permettez-moi ce raccourci sémantique : ils ne veulent pas prendre le contrôle du monde : ils souhaitent juste le garder.

    Ce qui est particulièrement palpable (notamment sur ce blog), c’est le sentiment qui est né de la crise : un sentiment d’espoir. On a entrevu, et certains commentateurs en particulier grâce à la qualité de leurs modèles alternatifs ou de leurs idées, la possibilité d’un renversement de paradigme. Nous étions au cœur de la crise (nous y sommes toujours bien sûr, mais la lassitude pointe déjà le bout de son nez) et il paraissait inconcevable qu’elle ne débouche pas rapidement sur l’ébauche de nouveaux types de société, ou tout du moins de modes de fonctionnement. J’ai partagé et partage toujours cet espoir, pas par naïveté mais par nécessité : cette évolution est porteuse de valeurs.

    Malheureusement, la maxime selon laquelle la plus grande qualité du modèle actuel, c’est sa capacité d’adaptation se vérifie chaque jour un peu plus. Il y a quelques semaines, sur ce blog, j’évoquais l’inéluctable « nationalisation » des systèmes financiers. Chaque jour depuis a apporté son lot de confirmations. De là sont nés de nouveaux espoirs : le retour de l’État, on fixe des règles, on moralise, etc. Puis la douche froide (nous sommes encore dessous et les gouttes d’eau ruissellent) : des plans austères, mal ficelés, obscurs, flous. En fait de nationalisation, on assiste aujourd’hui à la dernière et la plus importante des privatisations : celle de l’État! Je ne rentre pas dans les détails techniques, mais quand on voit comment sont implémentés les « plans d’urgence » en Europe et aux États-Unis, cela laisse peu de place à toute autre interprétation. Et encore moins de place à l’espoir.

    Aujourd’hui, Paul, par précaution certainement, annonce sur ce blog qu’il entrevois une possibilité de « regagner le monde des vivants » (c’est comme ça que mon papa caractérisait le monde du travail pendant ses quelques années passées au chômage). Et déjà s’élèvent les voix qui l’appellent à la raison : « Paul, ne nous laissez pas seul dans le noir » (ne vous offensez pas de la caricature, je serais aussi dans le noir sans Paul à bien des niveaux). Je comprends ça, mais pour autant je ne partage pas ce sentiment. Je suis content pour Paul, et lui souhaite que le deal se concrétise. Même si cela signifie l’arrêt de ce blog sous la forme que nous connaissons. Cela ne voudra certainement pas dire la fin des analyses de Paul. Nous les retrouverons vraisemblablement sous d’autres formes. D’ailleurs, à tous ceux qui souhaitent aller plus loin, je ne peux que recommander chaudement de vous procurer les ouvrages de Paul. Faites en des best-sellers, il n’aura plus besoin de travailler 🙂

    Je ne crois pas à l’homme providentiel. Je crois à la prise de conscience collective. Cela, chacun à sa modeste mesure, nous pouvons y participer.

    Les bonnes idées triomphent toujours… C’est à cela qu’on reconnait qu’elles étaient bonnes !

  23. Avatar de albert
    albert

    @ Rumbo

    La seule vraie crise qui nous menace, c’est la crise démographique;

    La crise démographique, c’est 3 milliards de mendiants et demandeurs d’asile supplémentaires d’ici 20 ans.

    C’est la dessus que tous les regards devrait etre fixés.

  24. Avatar de Benoit
    Benoit

    Je crois simplement que Paul nous a enumere les raisons pour lesquelles il ne pouvait que decliner l’offre qui lui etait faite.
    Si Fayard « markette » bien son livre « LA CRISE » qui sort dans 2 semaines (le livre tombe pile poil au bon moment) et que les libraires jouent le jeu, Paul devrait enfin toucher les dividendes de son travail, sous la forme de droits d’auteur…
    Les articles de presse sont remuneres, enfin j’espere… Tes prestations televisuelles le sont-elles aussi, Paul ?
    Tout ca, c’est peut-etre le bout du tunnel !
    Merci pour ton travail, Paul.

  25. Avatar de dimezzano
    dimezzano

    Voici le mail que je me propose d’envoyer à tous mes contacts (>680 sur mon carnet d’adresse) pour faite connaitre le livre de Paul :

    Connaissez vous Paul Jorion ?

    C’est « LE » spécialiste de « LA CRISE » du capitalisme qui nous secoue tous actuellement !

    C’est lui qui a prévu et prévenu tous ceux qui le lisaient, plus d’un an avant tous les autres !

    « ARTE, mercredi 22 octobre à 21 heures
    Publié par Paul Jorion dans Economie, Monde financier, Subprime
    Chronique d’un nouveau désordre mondial
    (France, 2008, 52mn)
    ARTE F
    Producteur: Capa Tv
    J’ai accordé un entretien de 90 minutes aux réalisateurs de ce film. Ce qu’il restera de ce que j’ai dit, je n’en sais rien bien entendu. Vous me raconterez ! »

    « Mediapart, vendredi 17 octobre
    Publié par Paul Jorion dans Economie, Monde financier, Subprime
    Un article très intéressant de Ludovic Lamant, dont le titre est éloquent : Crise : la grande faillite des économistes.
    Vous lirez la suite mais en voici les deux premiers paragraphes :
    Nous sommes en janvier 2007. Non sans mal, l’anthropologue Paul Jorion vient de trouver un éditeur pour publier un essai intitulé Vers la crise du capitalisme américain? (La Découverte, 2007). Sa thèse est explosive, presque trop énorme pour être prise au sérieux : le capitalisme financier aux Etats-Unis est sur le point d’imploser, victime de ses pratiques spéculatives. Mais cette crise, prévient-il, n’éclatera pas en Bourse. Elle surgira depuis le cœur des marchés immobiliers. A l’appui, une description pointilleuse de ce que Jorion nomme alors le « secteur sous-prime du prêt hypothécaire », le fameux « subprime » qui fera la Une des journaux quelques mois plus tard.
    En somme, l’un des seuls livres, en langue française, à avoir anticipé la crise des crédits immobiliers aux Etats-Unis a été rédigé par un… non-économiste. »

    « Canal Argent, mardi 14 octobre
    Publié par Paul Jorion dans Economie, Monde financier, Subprime
    On peut m’entendre sur Canal Argent de la Chaîne de télévision canadienne TVA.
    Je suis présenté, comme très souvent, comme Professeur à l’Université de Californie. Quand on me demande quelle est mon affiliation ou mon emploi, je réponds « sans » mais on me signifie alors fermement que c’est inadmissible : en tant qu’autorité, il faut bien que je sois « de quelque part » ! Alors je mentionne mon statut de « Visiting Scholar » à UCLA, le fait qu’on ait eu l’amabilité de m’autoriser à utiliser la bibliothèque et… ils en font ce qu’ils veulent ! »

    « Friday Market Monitor (AM 580 CFRA), vendredi 17 à 14 heures (heure de New York)
    Publié par Paul Jorion dans Economie, Monde financier, Subprime
    Je suis l’invité de Walter Traversy sur cette radio de Toronto consacrée exclusivement à l’information, de 14 h à 14:30 h. Ce sera en anglais bien sûr.
    Le podcast est disponible ici. Je parle dans la seconde partie de l’émission : de 14:05 à 14:30 h … juste après la météo, mais on parle de moi longuement tout au début »

    CONNAISSEZ VOUS SON DERNIER OUVRAGE ?

    « La crise. Des subprimes au séisme financier planétaire
    Publié par Paul Jorion dans Constitution pour l’économie, Economie, Matières premières, Monde financier, Subprime
    En librairie le 3 novembre. »

  26. Avatar de bankster

    L’imminente et subite chute économique a été prévu par de nombreuses sources bien avant Paul Jorion. (qui incluait également les explications sur la création monétaire et ses conséquences)
    Ce qui n’enlève rien a la qualité de ses publications, la pertinence de ses analyses et la liberté d’expression qui règne ici, en cela, total respect !

  27. Avatar de Alain A
    Alain A

    Une fois de plus, Pierre-Yves D nous transmet un message fait à la fois de modération et de radicalisme dans l’espoir, de tolérance et de passion pour le bien public collectif: c’est un rehausseur de moral (pas un rehausseur de crédit).
    S’il est vrai qu’une intelligence collective se bâtit ici et ailleurs, il est quand même nécessaire de savoir qu’aucun privilégié n’abandonne ses privilèges s’il n’y est contraint. Je ne parle pas ici de contrainte par la force mais la contrainte démocratique aussi sera bien difficile à mettre sur pied. Le système (comme disent certains ici) à beaucoup de pouvoirs et notamment celui sur les médias qui est essentiel pour garder le contrôle sur les masses qui ne passent pas leur journée à fréquenter des blogs économiques hétérodoxes.
    A cet égard, la lecture d’articles récemment parus le site des Echos indique la direction de la contre-attaque : de mauvais esprits (nous quoi…) feraient un mauvais procès au pauvre capitalisme. Lisez http://commentaires.lesechos.fr/commentaires.php?id=4786168#last et http://commentaires.lesechos.fr/.php?id=300302190#last et vous verrez qu’évidemment nous sommes assimilés à de méchants staliniens prêts aux pires mensonges pour mener la société en enfer alors que c’est… l’Etat la cause de tout. Si les banquiers ont commis des exactions, c’est parce que la police (d’Etat) les a laissé faire et pis même, parce que l’Etat les a incités à prêter de l’argent à la populace pour qu’elle devienne propriétaire. Sur ce dernier point, nos contempteurs n’ont pas tout à fait tort : aux Etats-Unis et dans d’autres pays plus ou moins suiveurs, l’Etat a été le loyal serviteur du capital et a compensé les pertes de salaires par des crédits à la consommation insensés. Mais cela prouve surtout qu’il n’y a pas le capital d’un côté et l’Etat de l’autre mais une société capitaliste où l’Etat est au service du capital (les plans successifs en sont la preuve éclatante). Mais les néolibéraux n’ont pas construit une société « avec marché » mais bien une société « de marché ». La société leur appartient et ils vont encore nous le prouver…
    Mais comme le dit PYD, ce n’est pas parce que le chantier est immesne qu’il faut nous décourager.

  28. Avatar de catherine
    catherine

    Le paradigme des élites, qui ne sont élites que parce qu’on accepte qu’elles le soient, qu’ont-elles de si précieux, de si rares, c’est un réservoir d’esprits étroits, coincés dans leur certitude et leur bienfondé, rares sont ceux qui interrogent et refusent cet encensement puéril qui tient à la propriété d’un titre , il y en a qui doute heureusement j’en connais mais c’est pas la majorité, c’est ce qu’ils disent et ce qu’ils font qui fait d’eux des élites, d’ailleurs cette terminologie d’élite est en soi insultante pour tous les autres qui sont dès lors reconnus comme étant non-élite, des subalternes, ânerie que d’accepter ça.

    Le prêt-à-penser des élites n’aura pas le temps d’être explosé d’ailleurs, car il est trop tard.

    L’étau s’est re-serré, les moyens de changer, ils existaient, mais il suffit d’observer, tout se concentre, les derniers bastions qui nous protégeaient faiblement tombent un à un, j’apprends ce matin, que les directeurs d’hôpitaux vont pouvoir être de vrais gestionnaires issus du privé qui raisonneront en terme de rentabilité et non en terme humain.Et ça passe, les syndicats accompagnent, donnent un semblant de sursaut, mais c’est le sursaut du mourant hélas!

    Je n’aime guère les syndicalistes même si paradoxalement, je reconnais certaines qualités intellectuelles et humaines à certains, et aussi du dévouement, mais c’est leur axe de réflexion qui me semble tordu, ils réfléchissent en aval, alors qu’il me semble que c’est en amont qu’il faut appréhender les problèmes.

    Trop tard, donc, disais-je, car toutes les structures, tous les liens sociaux sont désormais mis en place pour écraser l’individu ou le groupe d’individus qui oserait contrevenir à ce nouvel ordre, les relais sont présents encadrés par une loi d’exception qui n’a d’exception que le nom puisqu’elle s’étend de manière générale et non exceptionnelle, l’exception devient le quotidien, le langage perverti encore une fois ( la paix, c’est la guerre vous vous souvenez!) il n’y a plus qu’une étincelle pour que se déploie son efficacité froide et glacée.

    L’humain n’est plus une variable dont on tient compte, c’est au contraire un poids dès lors qu’il sort du sillon( sortir du sillon, c’est la définition du délire, amusant, non!) sortir du sillon , une posture dont il faudra se débarrasser pour ne pas gangréner l’ordre et de multiplier les façons de tuer la vie…y’en a toute une panoplie en magasin! une mort hygiénisée.

    C’est une lutte pour la vie contre la mort, mais le tissu social est métastasé de partout,mortifié, nécrosé, et il ne reste que l’énergie du désespoir, la seule , la dernière qui puisse encore nous sauver, et ce n’est pas sûr,loin s’en faut vu l’étendue des dégâts.

    Une lutte pour la vie contre la mort qui fait appel à ce que nous portons en nous de plus instinctuel, de plus basique, de plus archaïque, mais même ça, ça semble étouffé, en fait les gens n’ont même plus besoin de lutter, car ils sont déjà morts symboliquement.

    Les propositions de Rumbo, dont je loue l’intelligence , la pertinence et le courage me semblaient les plus prometteuses mais le temps qu’elles soient mises sur pied, la domination de ce nouvel ordre s’étendra partout et elle ne saura ( cette domination abusive) souffrir qu’on fasse entendre une autre voix que la sienne.

    ça me désole de tenir ce genre de propos alarmistes, ça tue l’espoir mais parfois le désespoir contient plus de ferments moteurs, alors c’est pourquoi je me permets de l’envoyer, en désespoir de cause…ne m’en voulez pas, j’espère juste susciter une ultime pulsion de vie!

  29. Avatar de Pierre-Yves D.
    Pierre-Yves D.

    @ Catherine,

    Comme d’habitude je suis touché par votre message, on sent bien que chez vous chaque mot, chaque phrase, contient son pesant de réalité vécue et analysée dans toutes ses dimensions. Vous n’êtes pas alarmiste mais tout simplement lucide.

    J’ai utilisé moi-même le terme élite, mais je vois bien que vous avez raison. Le choix des mots a son importance et façonne la réalité. L’intelligence, et surtout l’intelligence de situation, surtout de celles qui nous feront sortir de l’ornière, n’est pas l’apanage d’un groupe social particulier. Peu de gens à de hauts niveaux de responsabilité osent clamer leur désaccord et prennent le risque d’être « remerciés » pour faire valoir leurs idées. Mais ces hommes et femmes existent. Ce qui mutile les ardeurs c’est aussi la peur. L’urgence est donc de casser cette peur afin que de plus en plus de personnes osent défier les autorités aveugles.

    Je ne sais si vous êtes française, belge, suisse ou canadienne, mais il est bien évident que ce dont vous parlez est, peu ou prou, la triste réalité un peu partout. Oui le désespoir, qui m’habite aussi parfois, n’est pas forcément une force négative. C’est une énergie encore contenue prête à se libérer oui qui pousse à l’action. Je n’ai pas dit à la violence pour ceux qui auraient mal interprété. Et le désespoir abat toutes les inhibitions, justement de celles qui nous empêchent de dire NON, quand trop c’est trop, que derrière le langage poli de la raison technicienne — ici la gestion d’un hopital — se cachent l’oppression et l’inhumanité, le tout corseté par des lois sécuritaires ad hoc. Je suis à 1OO % d’accord avec vous, sur le terrain, à chaque minute, presque chaque seconde, nous faisons des choix. Celui d’obéir servilement, de composer ou de dire NON. Bref pour dire OUI au nouveau monde il faut d’abord refuser l’ancien.

  30. Avatar de Benoit
    Benoit

    @ Catherine

    ESPOIR ET DESESPOIR

    Il est difficile de nager a contre-courant, et quand le courant est trop puissant, on risque parfois de s’y noyer.
    En tout cas, souvent, d’y laisser sa joie de vivre, son gout de vivre, son sourire…

    Vous le savez Catherine, car je l’ai deja exprime sur ce blog – j’ai d’ailleurs echange avec vous sur ce sujet – c’est le desespoir de ne pouvoir acceder a un autre rapport humain, ici et maintenant, dans notre beau pays de France, qui m’a, de guerre lasse, amene a choisir d’aller vivre dans une autre Culture, situee si loin de mes racines.

    Une Culture ou la relation entre humains est centrale (enfin !), est choyee, est pensee, est enseignee (2500 ans de tradition bouddhiste). Vivre au milieu d’un Peuple pour qui l’attention a l’autre (autant qu’a soi) est la premiere des valeurs. C’est delicieux. C’est l’oasis apres la traversee du desert.

    J’ai bien fait de le faire : j’ai, je crois, tout simplement « sauver ma peau ».

    Ma force de travail, de creation, s’en est trouvee decuplee. Je me remercie chaque jour d’y avoir pense, et d’avoir fait le Grand Saut, malgre la pression sociale, familiale (en France) qui tentait de m’en dissuader (violence des mots et menaces).

    Avez-vous pense vous-meme a un saut qualitatif ? Je veux dire, avez-vous pense a rejoindre une structure de soins alternatifs, ou a en creer une vous-meme avec d’autres qui pensent comme vous, une structure a l’interieur de laquelle vous pourriez vivre enfin les valeurs qui vous animent profondement ? C’est peut-etre une voie…
    C’est juste une question, Catherine. Je ne me permets pas de vous dire ce que vous devriez faire, je n’ai pas de conseils a vous donner. Chacun fait comme il peut, moi comme un autre. Et votre domaine professionnel m’est inconnu.

    C’est juste une question.

    Courage… 😉

    Benoit.

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