« L’État est un outil, très puissant, qui peut se mettre au service du meilleur comme du pire, selon la personnalité de ceux qui sont aux manettes. C’est à nous tous de nous assurer qu’il ne tombe pas entre de mauvaises mains. »
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L’étatisme est la croyance que l’État peut tout, sur tous les fronts en même temps. Mais c’est surtout la croyance que l’État est par nature tourné vers l’intérêt général. En sciences économiques, c’est le fameux « planificateur omniscient, omnipotent et bienveillant » : il sait tout, il peut tout et il ne veut que notre bien. C’est la figure paternelle : l’État est le parent devançant les besoins de ses enfants avant même qu’ils aient pu s’exprimer et fournissant une solution à tous les problèmes possibles et imaginables.
Mais l’étatisme est dépassé aussitôt que l’on remarque que l’État est un agent économique comme un autre pour qui la recherche d’information a un coût. C’est la critique classique du libéralisme économique, dont la référence est Friedrich Hayek : les individus sont nécessairement mieux informés que l’État central pour prendre leurs décisions économiques. Il est donc logique que le choix final, d’acheter ou non par exemple, incombe à l’individu. Si l’État n’est pas omniscient, il ne peut pas anticiper les problèmes à inscrire à l’agenda politique.
Par ailleurs, sa bienveillance peut être remise en cause par les intérêts privés du personnel qui compose l’appareil étatique. La critique la plus radicale de ce point de vue est celle de Karl Marx : les institutions étatiques seraient trustées par la classe bourgeoise donc l’État défendrait les intérêts capitalistes de la bourgeoisie au détriment des intérêts de la classe laborieuse.
Si l’État n’est pas omniscient, ni systématiquement bienveillant, reste son caractère omnipotent. Les États du monde l’ont montré dans le passé, un État peut être très puissant : il n’y a qu’à voir les dictatures et les totalitarismes ayant prospéré au XXe siècle. Même aujourd’hui, les États des pays occidentaux s’avèrent être des lions assoupis : s’ils ne font pas l’usage de la force pour imposer leur volonté, cela ne signifie pas qu’ils n’aient pas les moyens de le faire, et qu’ils hésitent beaucoup à y recourir aussitôt que les événements prennent de court la pensée conservatrice et conformiste de leurs dirigeants. Par ailleurs, certains aspects de nos vies sont contrôlés dans les moindres détails. Pensons à nos attitudes sur la route : aucun de nos gestes n’est improvisé, tous sont dictés par le code de la route. Pour les questions économiques, les États occidentaux ont fait le choix de se retirer, mais ils peuvent faire le choix inverse, les institutions sont là, les outils sont prêts, les savoir-faire sont bien présents.
En somme, l’État est un outil, très puissant, qui peut se mettre au service du meilleur comme du pire, selon la personnalité de ceux qui sont aux manettes. C’est à nous tous de nous assurer qu’il ne tombe pas entre de mauvaises mains.
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