L’après-Covid-19… n’est pas pour demain, le 20 avril 2020 – Retranscription

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Une réponse à “L’après-Covid-19… n’est pas pour demain, le 20 avril 2020 – Retranscription”

  1. Avatar de Toulet Alexis
    Toulet Alexis

    Il y a au moins deux sens à l’expression « après-Covid 19 » :

    – D’une part le sens le plus direct possible, qui est « ce qui arrive après Covid-19 ». Et dans ce sens, naturellement l’après-Covid 19 a déjà commencé, il a commencé dès l’apparition du virus, ou dans une acception légèrement différente il commence pour chaque pays à partir du moment où le virus s’y répand. Donc, l’après-Covid 19, nous sommes déjà dedans

    – D’autre part un sens un peu moins direct, mais qui est ce que beaucoup sans doute espèrent, c’est-à-dire « le moment où on pourra enfin oublier ce fichu virus ». Le moment où on pourra recommencer notre vie d’avant. Comme si ce virus n’avait été en fait qu’une « parenthèse ». Un moment désagréable, voire même angoissant et dangereux, mais enfin il y aura bien un moment où notre bonne vie d’avant reprendra. Non ?

    Eh bien, dit comme ça… La réponse pourrait être : Non.

    Certes l’histoire de la médecine et de la biologie du dernier siècle est celle d’une conquête extraordinaire, celle d’une victoire de l’humanité sur ses pathogènes. Victoire dont on pourrait sans doute discuter quelques détails, comme le SIDA dont après tout nous sommes obligés de continuer à nous garder car on ne sait pas le guérir même après plus de trente ans de recherche – cependant on sait beaucoup mieux le soigner – ou comme Ebola ou le MERS qui sont toujours sans remède – cependant on sait les contenir si bien que les épidémies n’affectent que de tout petits groupes pas des pays sans parler du monde entier. Mais victoire qui a quand même abouti à ce que pour la première fois de l’Histoire on puisse vivre sans craindre telle ou telle épidémie effrayante comme la peste et d’autres. Du moins dans les pays les plus développés.

    Les moyens scientifiques sont aujourd’hui plus puissants qu’ils ne l’ont jamais été, il est donc permis d’être optimiste pour une victoire à court terme – un ou deux ans – sur le nouveau coronavirus.

    Oui, mais l’optimisme n’est pas obligé. On peut rappeler que cet autre coronavirus qu’est le MERS n’a toujours pas de remède ni de vaccin après dix ans. Que le Sida ne peut toujours pas être guéri, même si les traitements améliorent beaucoup le sort des malades et allongent leur survie. S’agissant d’ailleurs de concevoir Covid-19 comme une « parenthèse » à refermer, une autre parenthèse s’est ouverte dans les années 1980 lorsque a pris fin la possibilité ouverte par la contraception chimique pour les hommes et les femmes d’avoir des aventures sans utiliser de préservatif. Cette parenthèse-là, ouverte par l’épidémie de Sida, s’est-elle depuis refermée ? Non. En un sens, nous ne sommes toujours pas dans l’ « après-Sida », après plus de trente ans.

    On ne peut donc exclure que ce nouveau virus ne soit encore avec nous dans dix ans. Voire dans trente. Ce qui signifierait alors la nécessité de changer ou d’adapter certains comportements, de même que l’obligation de « se protéger » lors de toute relation sexuelle – sauf couple stable ayant déjà passé des tests – s’est imposée jusqu’à devenir une norme qui s’impose à tous.

    Et il y a encore une raison pour laquelle, peut-être, la vie pourrait ne plus jamais être « comme avant ». C’est que le coronavirus a bien d’autres conséquences encore que sanitaires, il déstabilise le monde sur les plans économique, financier, bientôt sans doute géopolitique. Et cela, bien plus fort que jamais depuis la Seconde Guerre Mondiale. Bien plus fort que lors de la crise de 2008 (1)

    Or le monde « d’avant », disons le monde de la fin 2019… était tout sauf stable. A cela de multiples raisons, et ce n’est pas des lecteurs du blog de Paul Jorion qui auront besoin qu’on les leur rappelle avec trop d’insistance !

    Disons seulement pour résumer qu’une humanité déséquilibrant par son activité économique le monde vivant dont elle dépend, qui plus est basant ses activités sur des ressources notamment énergétiques limitées et non renouvelables, sans parler de ses tensions internes fouettées notamment par l’augmentation des inégalités et de l’instabilité propre à son système financier fondamentalement malhonnête… cette humanité formait un monde tout sauf stable.

    Une chiquenaude aurait-elle suffi à déstabiliser ce monde ? Nous le saurons jamais. Car le coronavirus est bien davantage qu’une chiquenaude, et l’instabilité est là – ou plutôt elle ne fait que commencer.

    Même si nous avons beaucoup de chance, les chercheurs font des miracles et vaccin et traitement contre Covid-19 sont au point dans un an, le « monde d’avant » ne reviendra pas. Le coronavirus n’est pas une parenthèse. De même par exemple que la Belle Epoque n’a jamais repris, même après la fin de la Première Guerre Mondiale. Le « monde d’avant » n’est jamais revenu, parce que les événements l’avaient trop profondément déséquilibré. Il n’était pas possible de le reconstruire.

    Ce qui est et sera possible en revanche, c’est de reconstruire… mais un peu différemment peut-être. D’abord de faire ce qu’il faudra pour limiter les dégâts, ou du moins ce que l’on pourra – et cette phase n’est pas terminée certes, de même que les déséquilibres et les effondrements ne sont sans doute pas achevés ! Ensuite, dans un monde qui aura perdu plusieurs de ses repères, où probablement certaines choses et certaines institutions se seront effondrées… eh bien reconstruire ce qu’il faudra. Et améliorer. Ce qui prendra du temps, et beaucoup d’efforts.

    Mais cela, c’est réaliste, oui. Vouloir ramener l’ancien, vouloir « refermer la parenthèse » ? Quoi qu’on en pense, et même si on pense que le monde d’avant était idéal, ce ne sera tout simplement pas possible.

    (1) Voir par exemple :
    – La part de la population employée aux Etats-Unis https://i.ibb.co/x26nSpc/US-Employed-Population-2020-03.jpg De février à mars 2020, le taux d’emploi a chuté de 61,1% à 60%, trois fois plus vite que lors du pire mois de la crise 2008-2009
    – Le bilan de la Banque Fédérale Américaine https://i.ibb.co/6wxGQ4m/US-Federal-Bank-Assets-2020-04-20.jpg L’augmentation du bilan, c’est-à-dire le rythme de la planche à billets, dans les six semaines entre le 9 mars et le 20 avril 2020 est de 2 261 milliards de dollars, soit plus du double des 974 milliards d’augmentation du bilan dans les six semaines suivant le 15 septembre 2008 (faillite de Lehmann Brothers)

    Rien que deux exemples de cette réalité d’une crise économique qui ne fait que commencer, et qui est pourtant déjà plusieurs fois plus rapide et intense que la crise de 2008-2009.

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