Danger ! Les eaux montent, par Gérard Legrand

Illustration du texte par ChatGPT (sans instructions)

La société dans laquelle se trouvait l’Allemagne après la première guerre mondiale (et d’ailleurs l’ensemble du monde dit « occidental »), me paraît très différente de celle dans laquelle nous vivons aujourd’hui, et notamment en ce qui concerne les moyens de diffusion.

En effet, le pouvoir politique disposait à cette époque pour diffuser l’information (et sa propagande), des journaux (imprimerie), de la radio (le nombre de postes de radio a été grandement multiplié après la première guerre mondiale), la télévision naissante ne pouvant être considérée à ce moment comme un vecteur d’information.

Les diffuseurs de nouvelles étaient en nombre relativement réduit, souvent sous contrôle du pouvoir en place et le lectorat ou l’auditoire ne s’adressait en très grande partie qu’au pays concerné, ici, l’Allemagne, même si les nazis ont procédé durant toutes ces années à un véritable « matraquage » par voie de presse d’affiches, tracts etc… Le « matraquage » n’était d’ailleurs pas seulement de papier mais également bien réel (combats de rue). En outre l’invention du microphone a permis également de s’adresser à un auditoire gigantesque (cf. Nuremberg 1938).

Aujourd’hui les moyens de diffusion sont innombrables, instantanés et mondiaux. Chaque détenteur d’un smartphone peut, où qu’il se trouve dans le monde, et à chaque instant, lancer des nouvelles, vraies ou fausses, envoyer des photos ou des films, truqués ou non, donner son avis sur tout et sur rien, insulter le monde entier, et toucher instantanément un nombre considérable de personnes.

Nos systèmes politiques « occidentaux » (États-Unis, Angleterre, France) ont été imaginés et mis en œuvre par des sociétés qui ne connaissaient que la plume, l’imprimerie (journaux, libelles, livres, etc.), et plus tard la radio.

Les tentatives faites à ce jour pour réguler ces flux « d’informations » se heurtent à des empires financiers très puissants, soutenus par des partis politiques qui comptent précisément sur l’absence totale de contrôle sur les contenus pour asseoir leur domination.

Dans ces conditions ces systèmes que l’on pourrait qualifier « d’anciens » ne sont plus adaptés à ces nouvelles formes de communication, et à ce jour, il est bien difficile d’entrevoir un début de solution, si l’on persiste à considérer que la liberté de penser (y compris la laïcité à la française), de circuler et de s’associer, de consentir à l’impôt voté par des représentants librement élus, etc. reste des valeurs sur lesquelles nous restons très attachés.

Faute de maîtriser ces nouveaux moyens, le pouvoir politique « navigue à vue » et semble vouloir emboîter le pas aux acteurs des « réseaux sociaux » pour diffuser ses propres informations, se mettant par là même au niveau de tout détenteur d’un smartphone et perdant de ce fait toute autorité et toute crédibilité aux yeux des citoyens.

Par ailleurs, l’incapacité de la classe politique à offrir une vision cohérente et claire du monde tel qu’il est, permet à certains hommes ou femmes politiques des positions extrêmes totalement déconnectées de la réalité et qui sont diffusées de façon continue.

Le déclassement de la France (ancienne puissance impériale) dans quasiment tous les domaines est très vivement ressenti par les habitants de ce pays. Ce sentiment joint à une profonde défiance (hélas justifiée !) envers le personnel politique, vu comme incompétent, corrompu, et essentiellement attaché aux avantages matériels que leur procure leur qualité « d’élus », provoque une très grave crise, notamment morale (il ne faut pas craindre d’employer le mot) dont pour l’instant l’issue reste incertaine, mais dangereuse pour les valeurs évoquées plus haut.

La comparaison de la période actuelle avec celle étudiée par Johann Chapoutot entre 1919 et 1933, ne paraît donc pas totalement pertinente, ne serait-ce que par ce que la configuration mondiale a complètement changé et que les moyens techniques de communication ont considérablement modifié les rapports entre les gouvernants et les gouvernés.

Toutefois reste actuel le « déni de démocratie » pour utiliser une expression à la mode, en d’autres termes, ici, le fait que le président de la république, usant du pouvoir que lui donne la constitution a nommé à 2 reprises un gouvernement dont les membres sont issus de minorités parlementaires voulant ignorer les groupes politiques majoritaires.

À cela, il faut ajouter la perspective de l’élection présidentielle qui doit se dérouler en mai 2027 et qui fausse encore plus le « jeu » parlementaire dans la mesure où les candidats potentiels se déterminent non en fonction de l’intérêt national (oh le grand mot !) mais en fonction de ce qu’ils estiment être leurs meilleures chances de gagner face à leurs concurrents.

Le système politique paraît donc bloqué, crise aggravée par la grande médiocrité de la classe politique dans son ensemble, même si l’on fait abstraction des « conflits d’intérêt » (bel euphémisme) qui concernent beaucoup d‘entre eux.

Le risque est donc que surgisse un « sauveur » qui promette – sans intention bien entendu de tenir ses promesses, et dérive vers ce qu’il est convenu d’appeler un « régime autoritaire ».

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15 réponses à “Danger ! Les eaux montent, par Gérard Legrand”

  1. Avatar de Garorock
    Garorock

    Le risque est peut être que celui ou celle qui promettra un régime autoritaire sera reconnu comme un « sauveur » potentiel ?
    😊
    Que faire?
    Attendre le « destructeur » ou construire une autre potentialité?

    1. Avatar de Jean-Yves
      Jean-Yves

      Bukovski  » Find what you love and let it to kill you! »

    2. Avatar de Emmanuel
      Emmanuel

      Ben, c’est deja le principe du FN. Et tant qu’en face il n’y a pas une alternative credible et non compromise, le boulevard est ouvert. On a Trump (merci Paul de nous avoir si bien informe), meme en se bouchant les oreilles et en fermant les yeux, chaque jour on y a droit, et plus c’est gros, plus ca passe…

  2. Avatar de Rafio
    Rafio

    Il n’y a pas de transcendance en politique. Pas de principe sacré. Quoique l’on dise d’un principe, il est abandonné lorsqu’il cesse d’être utile à la communauté politique qui l’a d’abord promu. Cela se fait parfois -ou plutôt « souvent »- dans la douleur. Voire dans la guerre civile. Mais c’est inéluctable.
    Lorsqu’un système politique est bloqué, le surgissement d’un sauveur n’est pas « un risque » : c’est une logique. Et c’est la dérive autoritaire qui va débloquer le système. Cela ne présume en rien de la qualité du « sauveur », et de l’ampleur de la dérive. Vous pouvez avoir un type raisonnable (De Gaulle) ou un bouffon (Trump), une dérive encadrée (constitution de la Vème République approuvée par referendum) ou le couronnement d’un empereur (Napoléon Ier 1804). Qu’il débloque ou non, le sauveur débloque. Les classes dominantes (et parmi elles la classe dirigeante) n’ont aucun intérêt à faire advenir une autre potentialité. Bien au contraire.

  3. Avatar de Thomas jeanson
    Thomas jeanson

    La première différence pour moi, entre 1930 et maintenant, c’est la disparition des ceintures maraîchères autour des grandes villes, remplacées par des Kiloutou ou des Decathlon bref… des « Zones d’activités » qui seront pas d’un grand secours en cas de rupture des chaînes d’approvisionnement.

    Encore, si la France était un pays extracteur de pétrole, mais non : 99% de notre sang économique est importé.

    Nous sommes techniquement des nains économiques, fragiles, avec une très grande gueule. Ce n’est pas une situation d’avenir.

    Pour revenir au sujet du billet, l’extrême droite, c’est un symptôme du niveau de corruption, et pas la cause.

    Depuis 50 ans le front national pèse sur les institutions comme de l’eau sur un barrage.

    Qu’il y avait il alors, ( quand la digue tenait ) qu’il n’y a plus ?

    – la mémoire vivante du fascisme

    – pas d’internationale libertarienne

    1. Avatar de Rafio
      Rafio

      Une représentation politique des classes populaires (partis + syndicats) et une prise en compte (plus ou moins enthousiaste) de certains de leurs intérêts.

    2. Avatar de Garorock
      Garorock

      « Qu’il y avait il alors, ( quand la digue tenait ) qu’il n’y a plus ? »
      Mais les bienfaits du capitalisme, camarade, et l’insouciante croyance qu’ils monteraient jusqu’au ciel!
      Le bonobo superieur occidental porteur d’assurance-vie et d’éconocroques en tous genres ne se réjouit pas qu’il y ait plus de pauvres mais se passe la rate au court bouillon parce qu’il est moins riche et qu’il ne peut plus s’offrir les mêmes yaourts que Monica.
      Tu files 1000 balles de plus par mois à tous les électeurs de la SARL de Montretout et ils vont voter Mélenchon!
      Ce commentaire n’épuise pas le sujet. Of course.
      😎

  4. Avatar de Chabian
    Chabian

    Penser la société et la communication au XIXe peut apporter aussi un éclairage utile. En Belgique, l’expansion du travail industriel modifie fortement la composition des populations des zones où les charbonnages, les fabriques de fer, les verreries, les ressources textiles (laine) appellent des travailleurs. Les opinions traditionnelles, entretenues par le curé ou le pasteur, sont moins pesantes que dans le rural. Les conditions de travail (12h par jour, de 8 ans à l’incapacité physique finale, avec une interruption temporaire pour les femmes durant la fécondité et le suivi des petits enfants) et de vie (famine, surpopulation dans des logements trop rares, hygiène faible, épidémies, accidents de travail, morts précoces…) sont déplorables. Comment ces masses s’informent-elles, prennent progressivement conscience de leur groupe et de son « rapport de force »?
    Très longtemps la classe dominante, seule à voter et à « parler politique », presque seule à lire et écrire, ne regarde qu’avec mépris et aveuglément cette importante population, incriminant ses « vices » (débauche, alcoolisme, brutalité…), considérés comme naturels, y compris par les médecins (généralement consultés comme experts du social). On pense surveillance et répression armée. Les gazettes sont bourgeoises. Les images documentaires (dessins, gravures) sont rares… Les quelques socialistes sont des bourgeois utopistes, qui cherchent à éveiller le peuple. Les quelques ouvriers évolués (sachant lire et s’informer) sont souvent anarchistes ; d’autres sont marxistes, et se soucient davantage d’organisation (long terme versus court terme).
    En 1868, la 1ère internationale (AIT) qui compte de nombreuses sections locales assez précaires, tient 150 réunions publiques en six mois dans les deux territoires industriels du Hainaut (Borinage et Pays Noir). Et en 1869, 520 réunions sur un territoire sans doute plus large. Ceci fait suite aux émeutes de la faim au Moulin de Marchienne (mars 1867) et à la fusillade du Charbonnage de l’Épine à Montigny-sur-Sambre (février 1868). On voit que la communication orale est le premier support d’une « propagande » de l’époque, et qu’il va le rester longtemps (la gazette « Le peuple » est lancée en 1885, avec la création du Parti socialiste (POB). Mais celui-ci ne va gagner en influence qu’avec les réformes électorales de 1895 et 1908 et 1918…).
    Et pourtant la masse ouvrière a déjà des formes d’organisation « autonome », « endogène ». On voit des émeutes de la faim depuis le début du siècle, s’attaquer à des fermes, à des moulins. Ensuite la pratique du « cortège ouvrier » qui, partant d’une grève locale, va de charbonnage en charbonnage et d’usine en usine et « force » à l’arrêt de travail, se remarque dès avant 1867. Ces cortèges émeutiers et violents ne sont arrêtés que par les fusillades armées, après « sommation ». Et encore… il faut parfois plusieurs jours, plusieurs cortèges, plusieurs fusillades, pour que la défaite ouvrière s’impose. Et soit confirmée : les arrestations immédiates amènent ensuite à des procès et condamnations. Il faudra une révolte étendue à tout le sillon industriel, de Liège à Tournai, en 1886, pour que des progrès dans les conditions de vie ouvrière soient envisagés. Et pour que les réformes électorales (vers un Suffrage Universel) soient avancées comme solution au problème social.
    Ce qui a constitué un biais pour les historiens du socialisme, voulant tout lier à l’histoire des « partis ». Car la classe ouvrière a continué à s’organiser pour gagner des « conquêtes », des acquis qui modifient les conditions de travail. Des « caisses » ont été constituées, des revendications ont été pensées, des négociations gagnées pas à pas. Une « sécurité sociale » s’est ainsi constituée durant la 1ère moitié du XXe siècle. Et très vite, les patrons et les dirigeants (déjà Bismarck…) en ont vu l’intérêt politique et s’y sont associés.
    Deux autres éléments interviennent aussi dans la formation de la conscience ouvrière. Longtemps, des modalités de « corporations » ont persisté dans les villes, parmi les artisans, en tant qu’organisations de « métiers ». Avec plus ou moins de hiérarchie, de malthusianisme, et de formes revendicatives ou syndicales, elles n’ont pas été ouvertes à une lutte de masses populaires venues du rural. Par ailleurs, un mouvement coopératif, porté par des bourgeois progressistes, a proposé aux populations l’exemple d’organisations de productions collectives (boulangerie, brasserie) favorisant l’autonomie ouvrière (alors que le « truck system » liait et endettait les ouvriers au patron, qui amputait d’avance le salaire). Ces deux éléments ont une profonde influence sur la formation de l’opinion ouvrière et la constitution de syndicats. (Les Chevaliers du Travail et l’Union Verrière vont maintenir une vision corporative et quasi-aristocratique du progrès social ; les Corporations vont offrir une structure solide et des finances à une approche « social-démocrate » et réformiste jusqu’au sortir du premier conflit mondial. Quand apparaitront l’option communiste et l’option fasciste.
    Cette période d’immédiate après-guerre est marquée par une profonde frustration, d’un côté dans les masses des travailleurs (qui s’organisaient déjà localement en « conseils » ou soviets, et propagaient des mutineries), d’autre part dans les États ayant subi la défaite, notamment chez les militaires. Des formes de violence émeutière vont surgir et être exacerbées avec opportunisme. Mais la communication sera encore principalement orale, notamment dans les brasseries (lieu de la tentative de putsch d’Hitler en 1923), dans les usines et sur les places publiques (images de Lénine prenant la parole). Et la figure du « Leader » est sans doute importante et liée à ce contexte de destructuration et frustration.
    Les technologies de la radio et du micro surviennent plus tard et sont favorables à la « culture de masse », qui est d’abord une politique de propagande de partis et de leaders dominants, l’instauration d’un récit dominant pouvant fabriquer une opinion rassembleuse et « populiste ».

    1. Avatar de Chabian
      Chabian

      Après la référence aux Chevaliers du Travail, il faut lire « Coopératives » au lieu de Corporations. Sorry.

    2. Avatar de Garorock
      Garorock

       » destructuration et frustration  »
      Orson Welles avait fait croire à la radio que les martiens avaient débarqué.
      Certains libertaires sont devenus individualistes.
      Il faut du nouveau.
      Des soviets 2.0 upgradés.
      Des bonnes croquettes en open-source.
      Des boycotts audacieux.
      Des sabotages utiles.
      Lucie Castets.
      Etc…
      On a tout ce qu’il faut sous la main. Il faut juste un peu d’imagination pour mettre le bidule en marche. L’intendance suivra!
      ( boycott d’émoticon)

  5. Avatar de Hervey

    De plus, elles montent réellement, descendent dans les caves, détruisent les toitures, renversent les arbres et menacent de faire exploser le prix de la reconstruction de l’habitat, refuge essentiel pour la sécurité de chacun.

    La nuit du 25 juin 2025 devrait laisser des traces qu’aucun politique ne pourra bénéficier.
    Cette guerre déclenchée contre l’humanité est un énorme boomerang que nous renvoie la nature.
    La guerre frappe un peu partout, sans distinction, améliorant chaque année ses armes de destructions massives.

    https://www.youtube.com/shorts/WksX5Xo_BHw

    En réponse, nos politiques agissent … jugeant dans l’urgence, d’augmenter les budgets militaires …

    Voix Off : « Terminus, tout le monde descend ! »

  6. Avatar de alvin
    alvin

    Le point commun entre les années trente et aujourd’hui se situe au niveau de la cause principale de la montée de l’extrême droite, à savoir la trahison de la social-démocratie concernant les valeurs fondamentales de la gauche.
    L’exemple récent est l’élection de Trump, le Parti Démocrate n’ayant été qu’un accompagnateur du système néolibéral capitaliste en laissant sur le bord de la route les classes populaires défavorisées.
    Et quand la gauche trahit ses valeurs, l’extrême droite est toujours en embuscade pour récupérer les mécontents et trouver des boucs émissaires, les judéo-bolchéviques dans les années trente et les islamo-gauchistes aujourd’hui .
    Quand au fameux »sauveur », il faudrait d’abord savoir qui il faut sauver, les nantis ou les autres, car ce n’est pas du tout le même programme.

  7. Avatar de pierre guillemot
    pierre guillemot

    Avez-vous rencontré (dans le monde numérique ou le monde réel) Jianwei Xun, scientifique et philosophe qui travaille à HongKong ? Je sors de la lecture de son premier ouvrage publié en langue occidentale « Hypnocratie, Trump, Musk et la fabrique du réel ». Bizarrement, l’édition française (2025) est traduite de l’italien (2024). Et son contenu me paraît très pertinent, après la lecture de l’essai de Gérard Legrand.

    Citation de la fin du cinquième chapitre « Une brève généalogie de l’hypnocratie ».
    « L’avènement de la technologie numérique dans les années 1990 a marqué le début de la transition vers le régime hypnocratique actuel. Les premières communautés en ligne, les jeux vidéo, la réalité virtuelle, toutes ces technologies ont commencé à redéfinir radicalement la relation entre la conscience, la perception et la réalité. Mais c’est surtout le développement des réseaux sociaux au début des années 2000 qui a marqué une rupture décisive. Pour la première fois, il devient possible non seulement d’influencer, mais aussi de surveiller et de moduler les états de conscience de milliards de personnes en temps réel. »

    Une autre citation :
    « Prenons le phénomène des rassemblements Maga (Make America Great Again). Lorsque Trump fait l’une de ses déclarations manifestement fausses, il ne se contente pas de mentir à la foule : il orchestre un rituel collectif au cours duquel les personnes présentes participent activement à la construction d’une réalité alternative. Les cris, les chants, les gestes de la masse ne sont pas des réactions : ce sont des éléments constitutifs du champ hypnotique. La foule entre dans un état altéré qui rétroagit ensuite sur le leader, le poussant plus profondément dans sa propre transe. Trump commence souvent ses discours de manière relativement contenue, mais l’énergie de la foule l’entraîne progressivement dans des états de plus en plus altérés. Ses fameuses digressions et ses répétitions obsessionnelles ne sont pas simplement des défauts d’élocution, mais les symptômes d’un état de transe mutuellement alimenté. »

    Ceux qui pensent déjà que ce livre est peut-être digne d’être lu le trouveront dans le commerce, l’édition numérique vaut 10 euros (moins 1 centime), chercher 2487699159 . (ou gratuit sur les bons sites de partage). Méfiance cependant : le premier chapitre décrit une expérience socio-psychologique menée à Berlin par des universitaires allemands. Or le résultat des moteurs de recherche sur le mot clef « Die digitale Dämmerzustand » (« L’État crépusculaire numérique ») ne renvoit qu’à l’ouvrage ou ses commentaires. Si bien que l’hypothèse selon laquelle il s’agirait d’une mystification n’est pas sans fondement.

    1. Avatar de Garorock
      Garorock

      Pierrot
      Il me semble bien que l’on a déja parlé ici de ce bouquin écrit en grande partie par l’I.A.
      Mais vous deviez être occupé à pêcher la sardine sur le Nil pour vous consoler des eaux peu poisonneuses du yang tsé kiang… Sur votre voilier. Le nombril en éventail.
      Oiseuse oisiveté?
      😎

  8. Avatar de ilicitano
    ilicitano

    Les anciens modes de communication : Les pigeons

    Henri Legrand

    M. Henri Legrand, professeur à l’Ecole primaire supérieure de Bapaume, évacué à Bruay depuis le 17 octobre 1916, professeur intérimaire à l’Ecole primaire supérieure de Valenciennes.
    Il enseignait comme maitre d’école Bruay-Thiers , cité minière.

    Exécuté par l’armée allemande le 23/02/1918 pour espionnage.

    Le 30 mars 1917, à dix heures et demie du matin, un aéroplane français vint survoler le territoire de la commune de Vicq, et lâcha six pigeons attachés par des corsets à un petit parachute et un sachet contenant des instructions.
    Le tout fut ramassé par M. Achille Coupin, électricien à la Compagnie des Mines d’Anzin, demeurant à Bruay-sur-Escaut, et fut déposé par lui chez M. Henri Legrand, professeur à l’Ecole primaire supérieure de Bapaume, évacué à Bruay depuis le 17 octobre 1916, professeur intérimaire à l’Ecole primaire supérieure de Valenciennes.
    Tous deux se rendirent chez M. Mathieu Hélard, maire de Bruay-sur-Escaut, et lui demandèrent si, par sa situation, il pouvait fournir les renseignements désirés.
    Des démarches furent immédiatement tentées par lui auprès des personnes dignes de confiance, notamment M. le docteur Tauchon, maire de Valenciennes.

    Dans la nuit du 30 mars, MM. Legrand, Coupin et Hélard résumèrent de concert les renseignements recueillis.
    La transcription fut faite à la main en six exemplaires, dont quatre copiés par Henri Legrand, et deux par Mme Henri Legrand.

    Les pigeons furent relâchés le 1er avril, à cinq heures du matin. Le document confié aux pigeons se terminait par ces mots :

    « La population de notre région endure vaillamment les souffrances de toute nature. Elle est très calme, très confiante, et escompte une délivrance prochaine.
    Il serait encourageant pour tous si vous pouviez de temps à autre amener par la voie des airs vos journaux intitulés La Voix du Pays qui relateraient l’exacte vérité sur notre situation militaire. Vivent notre chère France et ses alliés. »

    Dans le Nord, l’armée française en déroute se retranche derrière l’Escaut tandis que les Allemands bombardent Arras et s’emparent de Cambrai.

    Et en forme de signature, ce fut certes une imprudence : Brigadier retraité
    pour authentiquer sa missive, Henri Legrand avait signé sa condamnation à mort.

    Le texte :

    Du 24 au 27 mars sont passés à Valenciennes par routes venant de la direction de Cambrai 50 000 soldats (Infanterie, Artillerie) se dirigeant vers Mons et Tournai avec canons de tous calibres: 77, 80, 120, obusiers de 24 et nombreux mortiers.

    Sur la ligne venant du Cambrésis, du 22 au 25, il est passé de nombreux trains se dirigeant vers Mons, matériel et soldats.
    Pendant ces mêmes dates, nuit et jour, il est passé venant de Valenciennes se dirigeant sur Saint-Amand, 105 trains (Infanterie, Artillerie, munitions, voitures de ravitaillement, matériel du génie, 92 canons de 77 et 8 gros canons d’artillerie lourde).
    Il y a actuellement dans la ville d’Anzin un dépôt de 600 chevaux, 2 colonnes de boulangerie avec fours en maçonnerie, 12 colonnes formant 250 autos venant du front de la Somme.

    En outre : 5° et 6° Compagnies du 127° d’Infanterie, 2° et 3° Compagnies du 93° d’Infanterie, 2 Compagnies du 86° d’Infanterie, une école d’artillerie, de T.S.F. et de téléphone, 1 compagnie du 261° pionniers, 2 batteries d’artillerie lourde, 2 colonnes de munitions.

    Cette ville est prévenue de préparer des logements pour un Etat-Major général très important. Le 86° régiment du Génie d’Hambourg est réparti entre Bruay, Beuvrages, et Aubry.

    Beuvrages a en outre une section de mitrailleuses et un dépôt de chevaux.
    Bruay a 3 batteries du 45° Régiment d’Artillerie légère (de 77 mm.),
    Petite Forêt, Denain et Hérin ont de l’Infanterie (sections de mitrailleuses) et autres troupes.
    A Fresnes et à Condé, les 132° et 134° Régiments d’Infanterie et autres régiments sont en voie de reformation. Ils exécutent chaque jour des exercices à la grenade.
    A Flesquières, près de Cambrai, il est établi une forte ligne de tranchées. Derrière cette ligne le terrain est libre jusqu’à Valenciennes.
    Un dépôt de munitions se trouve aux forges de Denain, au Bessemer.

    A Anzin, l’établissement de l’Escaut-et-Meuse fait la réparation des canons. A Valenciennes de nombreuses réunions d’officiers supérieurs au nombre de 100 dont 30 Généraux (Allemands, Autrichiens, Turcs, Bulgares) se tiennent au nouveau Musée et prennent leurs repas à l’Hôtel du Commerce. Chaque matin ils vont en auto à Vendegies-sur-Ecaillon, Monchaux, Somain-sur-Ecaillon, où de grands exercices d’Artillerie ont lieu.
    Valenciennes est occupée par de nombreuses ambulances établies dans les grandes maisons de la ville.
    Nous avons la sensation que nos ennemis veulent parer ou préparer une offensive importante vers l’extrême ouest, côté Nord.
    Toutes les troupes en repos sont en général mal nourries.
    La population de notre région endure vaillamment les souffrances de toutes natures. Elle est calme, confiante et escompte une délivrance prochaine. Il serait encourageant pour tous si vous pouviez de temps à autre nous semer par la voie des airs vos journaux intitulés « La Voix du Pays » qui relateraient l’exacte vérité sur notre situation militaire.

    *******
    La rue Henri Legrand est une rue de la cité minière de Thiers

    https://escapadebruaysienne.fr/07-hommage_aux_resistants/

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