#JeSuisFurieux, par Manuel Guérin

Illustration par ChatGPT

« Je suis furieux ! » — ce cri, poussé par Paul, devrait résonner comme un signal d’alarme dans les couloirs du pouvoir. Car il ne s’agit pas d’un simple coup de colère, mais d’un constat : le temps des avertissements est passé.

On a déjà entendu « Indignez-vous ! » ; on a vu naître Nuit Debout. Ces appels à la l’action n’ont pas été entendus. La jacquerie des Gilets Jaunes a été éteinte dans la violence, sans que les problèmes de fond soient réglés.

Et pourtant, le personnel politique, faute de réflexion approfondie, d’imagination, de compétence, d’intelligence — ou par pure servilité — s’accroche à ses vieilles recettes du moins-disant : fiscal, social, environnemental, intellectuel. Comme si l’effondrement bioclimatique n’était pas déjà en cours. Comme si la pollution des sols, des nappes phréatiques, de l’air, de la mer et des rivières et de la nourriture n’était qu’un petit désagrément. Comme si la disparition imminente du travail, remplacé par des machines plus fortes, plus rapides, plus précises, plus adroites, plus intelligentes et plus empathiques que nous, relevait encore de la science-fiction.

Alors pourquoi prendre plus au sérieux ce « Je suis furieux ! » que les appels précédents ?

Parce que cette fois, les signes objectifs de l’effondrement sont là. Joseph Tainter, historien des civilisations, a identifié un symptôme majeur précédant les effondrements : la baisse de la population. Or, dans la plupart des pays développés, le taux de fécondité est passé sous le seuil de renouvellement (2,1 enfants par femme). En France, on se rassure en évoquant un solde migratoire positif, mais la réalité est implacable : la population déjà en place décroît (ou va décroître), et la dynamique démographique s’inverse.

Ce déclin n’est pas anodin : il marque le moment où une société perd confiance en son avenir, où l’élan vital se brise. L’histoire montre que ce point de bascule précède souvent les ruptures politiques, économiques et sociales les plus brutales.

Nous ne sommes plus dans l’alerte préventive. Nous sommes entrés dans la phase active de l’effondrement.

Et si rien ne change, ce cri — « Je suis furieux ! » — pourrait bien être le dernier avant le silence.

#JeSuisFurieux

Partager :

Une réponse à “#JeSuisFurieux, par Manuel Guérin”

  1. Avatar de Rafio
    Rafio

    Je suis dubitatif.
    Chaque fois que je lis ce genre de propos sur un blog francophone, je me demande toujours si un blogueur indien ou chinois pourrait écrire ça sur un blog indien ou chinois sans passer pour un clown, un illuminé ou un incurable dépressif.
    Prenons le réchauffement climatique vu de Chine par exemple. Alors oui la Chine est le pays qui émet le plus de gaz à effet de serre, et la consommation d’énergie d’origine fossile par tête de pipe suit une courbe de croissance absolument ahurissante (charbon essentiellement), signe d’un développement économique lui-même absolument ahurissant. Mais la Chine a planifié la stabilisation de ses émissions de gaz à effet de serre pour 2030, et la neutralité carbone de son économie pour 2060. Alors vous jetez un œil sur la part des énergies décarbonées dans la consommation d’énergie du pays et vous voyez une courbe de croissance… absolument ahurissante (oui, encore). Pour l’heure la Chine tient la trajectoire prévue. Je répète pour les distraits qui ne se rendent pas bien compte de ce que cela signifie : pour l’heure la Chine tient la trajectoire prévue. Ils tentent là-bas une grande première, un développement économique qui leur permettrait de rattraper les standards occidentaux (pour 1.4 milliards d’habitants…) et EN MÊME TEMPS (enfin non, pas tout à fait, avec 15/20 ans de décalage tout de même) une transition énergétique d’une ambition démesurée. Je ne sais pas si la Chine réussira son pari. Je sais par contre que la Chine connaîtra des succès et des échecs, et que ces succès et ces échecs inspireront des pays et des continents qui ambitionneront d’emprunter la même trajectoire. Autrement dit, si chez nous on prie pour un « moment Pearl Harbor » et on débat sur les bienfaits/méfaits de la clim’, cela n’a pas grande importance. C’est là-bas que l’avenir, et l’Histoire, sont en train de s’écrire. Je sais ça fait bizarre, on n’a pas l’habitude. Mais va falloir s’y faire.

    (Et si monsieur Jorion peut se vanter d’avoir vendu quelques exemplaires de ses œuvres dans l’Empire du Milieu, et par là d’y avoir exercé une quelconque influence, même minime, alors il n’a aucune raison véritable d’être furieux, puisque c’est là que tout se jouera.)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

Contact

Contactez Paul Jorion

Commentaires récents

  1. @Paul Jorion oui peut être mais avec l’arrivée prochaine de la Singularité (selon Dave Shapiro) est ce que les définitions…

  2. Où placer ce si beau descriptif des lieux où va se dérouler un ‘tournoi d’échecs’.. Ici..?? https://www.rtbf.be/article/trump-et-poutine-en-alaska-sur-la-terre-qu-un-jour-l-amerique-acheta-a-la-russie-pour-une-bouchee-de-caviar-11585973

Articles récents

Catégories

Archives

Tags

Allemagne Aristote BCE Bourse Brexit capitalisme ChatGPT Chine Coronavirus Covid-19 dette dette publique Donald Trump Emmanuel Macron Espagne Etats-Unis Europe extinction du genre humain FMI France Grands Modèles de Langage Grèce intelligence artificielle interdiction des paris sur les fluctuations de prix Italie Japon Joe Biden John Maynard Keynes Karl Marx LLM pandémie Portugal psychanalyse robotisation Royaume-Uni Russie réchauffement climatique Réfugiés Singularité spéculation Thomas Piketty Ukraine Vladimir Poutine zone euro « Le dernier qui s'en va éteint la lumière »

Meta