La transition (II) – Freud et le bonheur

Ce texte est un « article presslib’ » (*)

Freud a réfléchi à la question du bonheur de l’homme à la lumière de ce qu’est son psychisme : celui d’un mammifère social doté de conscience de soi et de la capacité de parler. La première constatation de Freud, c’est que l’insertion de l’espèce humaine au sein du monde naturel ne la dispose pas a priori à s’y trouver heureuse. L’homme et la femme aimeraient jouir sans entraves mais le monde qui nous est offert ne s’y prête pas : « … tout l’ordre de l’univers s’y oppose ; on serait tenté de dire qu’il n’est point entré dans le plan de la « Création » que l’homme soit « heureux » », écrit-il dans Malaise dans la civilisation (Freud [1929] 1970 : 20).

La vie de l’être humain est limitée dans le temps, sa mort est toujours brutale et souvent précédée de la déchéance. Dans L’avenir d’une illusion, Freud parlait de : « … l’énigme douloureuse de la mort, de la mort à laquelle aucun remède n’a jusqu’ici été trouvé et ne le sera sans doute jamais. Avec ces forces, ajoutait-il, la nature se dresse contre nous, sublime, cruelle, inexorable ; ainsi elle nous rappelle notre faiblesse, notre détresse, auxquelles nous espérions nous soustraire grâce au labeur de notre civilisation. C’est un des rares spectacles nobles et exaltants que les hommes puissent offrir que de les voir, en présence d’une catastrophe due aux éléments, oublier leurs dissensions, les querelles et animosités qui les divisent pour se souvenir de leur grande tâche commune : le maintien de l’humanité face aux forces supérieures de la nature » (Freud [1927] 1971 : 22).

La douleur nous prévient des dangers mais la souffrance nous tourmente sans cesse, on serait tenté de dire « pour une raison ou pour une autre » : « La souffrance nous menace de trois côtés : dans notre propre corps qui, destiné à la déchéance et à la dissolution, ne peut même se passer de ces signaux d’alarme que constituent la douleur et l’angoisse ; du côté du monde extérieur, lequel dispose de forces invisibles et inexorables pour s’acharner contre nous et nous anéantir ; la troisième menace enfin provient de nos rapports avec les autres êtres humains » (Freud [1929] 1970 : 20). Enfin, l’instinct de survie de l’espèce tel qu’il se manifeste chez l’individu par le désir de copuler éloigne dans la plupart des circonstances l’homme et la femme du comportement qui serait le plus avantageux pour eux. L’être humain cherche alors à ses tourments des diversions par l’usage des drogues, la production d’illusions collectives rassurantes comme la religion (« une déformation chimérique de la réalité » générant des « délires collectifs » [ibid. 25]) et, de façon plus positive, par la sublimation qu’autorisent l’expression artistique ou intellectuelle.

Sur le plan social, l’homme est condamné à choisir entre la jouissance la plus libre dans des conditions pénibles d’isolement, où le souci de sa sécurité doit primer sur tous les autres, et le sacrifice de sa liberté chérie pour s’assurer le niveau de sécurité qui lui évitera de vivre dans une anxiété permanente. Freud fait remarquer que l’homme le plus libre est nécessairement aussi celui dont la vie moyenne est la plus courte : « … l’homme primitif avait en fait la part belle puisqu’il ne connaissait aucune restriction à ses instincts. En revanche, sa certitude de jouir longtemps d’un tel bonheur était très minime. L’homme civilisé a fait l’échange d’une part de bonheur possible contre une part de sécurité » (ibid. 53). Dans ce cadre, et même si l’on mettait entre parenthèses les obstacles au bonheur que sont la mortalité et la douleur, le bonheur est hors d’atteinte en raison de la contradiction entre liberté et sécurité puisque, d’un côté, la jouissance qu’autorise la liberté absolue implique un manque de sécurité insupportable, tandis que de l’autre, la sécurité absolue débouche sur un intolérable manque de liberté.

Rechercher le meilleur des systèmes politiques possibles dans la perspective d’une maximisation du bonheur de l’homme est donc selon Freud une manière de poser le problème qui ne peut déboucher que sur des conclusions désespérantes. La seule position défendable est celle qu’il attribue à un « critique » dont il ne précise pas davantage l’identité mais en qui l’on reconnaît aisément Nietzsche : « Du moins puis-je écouter sans indignation ce critique qui, après avoir considéré les buts poursuivis par la tendance civilisatrice et les moyens dont elle use, se croit obligé de conclure que tous ces efforts n’en valent pas la peine, et ne sauraient aboutir qu’à un état insupportable pour l’individu » (Freud [1929] 1970 : 79).

Faisant également allusion aux questions politiques qui étaient alors d’actualité (L’avenir d’une illusion est publié en 1927, Malaise dans la civilisation, en 1929), Freud rejette l’option communiste : « Tant que la vertu ne sera pas récompensée ici-bas, écrit-il, l’éthique, j’en suis convaincu, prêchera dans le désert. Il me semble hors de doute aussi qu’un changement réel de l’attitude des hommes à l’égard de la propriété sera ici plus efficace que n’importe quel commandement éthique ; mais cette juste vue des socialistes est troublée et dépouillée de toute valeur pratique par une nouvelle méconnaissance idéaliste de la nature humaine » (ibid. 78). Il avait expliqué auparavant en quoi cette « méconnaissance idéaliste » consiste : « En abolissant la propriété privée, on retire, certes, à l’agressivité humaine et au plaisir qu’elle procure, l’un de ses instruments, et sans doute un instrument puissant, mais non pas le plus puissant » (ibid. 52) et attiré l’attention sur le fait que l’inégalité en matière de propriété en masque aujourd’hui une autre, qui ne manquerait pas de devenir pleinement visible et d’attiser les rancœurs si celles que provoquent les inégalités fondées sur la propriété devaient passer à l’arrière-plan : « Abolirait-on le droit individuel aux biens matériels, que subsisterait le privilège sexuel, d’où émane obligatoirement la plus violente jalousie ainsi que l’hostilité la plus vive entre des êtres occupant autrement le même rang » (ibid. 52).

Dans la perspective désenchantée de Freud, à quoi auraient alors servi les transitions historiques qui firent passer d’un régime politique à un autre ? Un regard embrassant l’histoire toute entière fait apparaître un mouvement tendanciel autorisant des communautés humaines de plus en plus nombreuses à vivre ensemble. Les alternatives, qui vont du communisme au fascisme, en passant par la démocratie, ne débouchent sur ce plan seul de l’augmentation de la taille des communautés, qu’à des résultats très semblables. Les transitions d’un régime à un autre, examinées « en extériorité », d’un point de vue holiste, n’auraient pas grand-chose à voir alors avec la représentation que les hommes peuvent s’en faire, en « intériorité », en termes de quête du bonheur, et s’inscriraient plus simplement dans le destin de notre espèce en tant qu’espèce colonisatrice ayant toujours tendance à envahir davantage son environnement, la technologie inventée par les hommes leur permettant de le faire de manière sans cesse plus efficace et en multipliant du coup leur nombre. Freud écrit : « Dans l’évolution culturelle […] l’agrégation des individus isolés en unité collective est de beaucoup le principal ; le propos de les rendre heureux existe certes encore, mais il est relégué à l’arrière-plan » (ibid. 75).

Pour Freud donc, le malheur est un donné de la condition humaine, et vivre de telle ou telle manière, n’est jamais qu’une question de devoir s’accommoder de tel ou tel degré de malheur particulier. Il conclut Malaise dans la civilisation par cette réflexion désabusée : « Aussi, n’ai-je pas le courage de m’ériger en prophète devant mes frères ; et je m’incline devant le reproche de n’être à même de leur apporter aucune consolation. Car c’est bien cela qu’ils désirent tous, les révolutionnaires les plus sauvages non moins passionnément que les plus braves piétistes » (ibid. 80).

Il est difficile d’objecter quoi que ce soit à cette analyse de la condition humaine par Freud, si ce n’est attirer l’attention sur le fait que le problème ne se situe peut-être pas là où lui le voit. Freud s’est laissé abuser par une formulation classique de la question : qu’il s’agit pour les hommes de situer le sens de leur vie par rapport à la quantité de bonheur à laquelle ils peuvent accéder, alors que la question pour eux est autre : c’est celle de la quantité de malheur qu’ils peuvent supporter et pas seulement dans leur vie propre mais aussi dans celle de ceux qui les entourent, les liens familiaux, l’amitié et la sympathie spontanée se chargeant d’étendre en réseau pour chacun ce qu’il considère comme l’univers de son moi-propre.

Les hommes ne se mobilisent en effet pas pour un changement de société – avec les risques que cela implique pour eux et pour ceux qui leur sont proches – en comparant leur bonheur actuel avec celui que conférerait un autre type de société dont le modèle reste toujours plus ou moins abstrait. Ils le font en raison d’une révolte : du fait du sentiment présent que la situation existant sous leur yeux et dont ils sont du fait même, l’un des composants, leur est désormais intolérable. C’est ce qui explique pourquoi il n’est pas contradictoire chez Camus d’être à la fois convaincu de l’absurdité du monde et révolté, la représentation du monde et le sentiment se situant sur des plans distincts. L’homme ou la femme révoltés passent non seulement du désespoir résigné au désespoir indigné de Kant, mais aussi, de là, à l’indignation porteuse d’espoir. Comme le note Miguel Abensour, commentateur de Saint-Just : « On n’a pas assez écouté le rire des révolutionnaires – éclat de liberté, moment de fragile bonheur et de grâce – avant que le masque du sérieux ne vienne à nouveau pétrifier leur visage et qu’ils ne basculent, peut-être, du côté des « grands de l’histoire » » (Abensour 2004 : 22).

(… à suivre)

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Abensour, Miguel, « Lire Saint-Just », in Saint-Just, Antoine-Louis, Å’uvres complètes, édition établie et présentée par Anne Kupiec et Miguel Abensour, Paris : Gallimard, 2004

Freud, Sigmund, [1927] L’avenir d’une illusion, traduit de l’allemand par Marie Bonaparte, Paris : PUF, 1971

Freud, Sigmund, [1929] Malaise dans la civilisation, traduction de Ch. et I. Odier, Revue Française de Psychanalyse, Tome XXXIV, janvier 1970, PUF : 9-80

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

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220 réponses à “La transition (II) – Freud et le bonheur”

  1. Avatar de L'enfoiré

    Depuis Freud, il y a eu de contradicteurs.
    Je cherche l’extrait de ce que j’en disais:
    « Faut-il brûler Freud? » est-il demandé dans la presse.

    Dans son livre « Le Crépuscule d’une idole », Michel Onfray, qualifié de réfractaire, voulait remettre les théories de Freud à un plus juste niveau. D’abord réconforté à la lecture de « Trois essais sur la théorie sexuelle », suite à sa propre enfance, il appuyait l’idée que la sexualité existe déjà dans l’enfance. Athéiste militant convaincu, par opposition aux salésiens qui lui donnèrent une éducation trop grillagée derrière des préceptes religieux, Onfray réhabilite désormais les matérialistes, comme Spinoza ou Nietszche, contre les idéalistes, comme Platon.

    Qualifié de taliban, manichéen par certains, il énonce que conscientiser le refoulement n’a jamais entrainé la disparition des symptômes, ni sa guérison. La thérapie analytique de la psychanalyse ne soignerait que dans la stricte limite de l’effet placebo. Le rapprochement de Freud comme un nouveau Pape, sous le modèle de l’Église catholique romaine avec sa métaphore est probablement, aussi, ce que cache la réaction allergique d’Onfray.

    Le Pr Jacques Van Rillaer, à la tête d’une fronde antifreudienne, répète, également, que Freud a menti en lançant « Les Psychanalystes, des mythologies du XXème siècle ».

  2. Avatar de Etienne
    Etienne

    Avant ce cher Sigmund, le vieux Tathagata, déjà:

    Les quatre nobles vérités
    1.La vérité de la souffrance : toute vie implique la souffrance, l’insatisfaction ;
    2.la vérité de l’origine de la souffrance : elle repose dans le désir, les attachements ;
    3.la vérité de la cessation de la souffrance : la fin de la souffrance est possible ;
    4.la vérité du chemin : le chemin menant à la fin de la souffrance est la voie médiane, qui suit le noble sentier octuple.

    Il est en tout cas évident (à mon sens) que le « changement » de société attendu – s’il doit avoir lieu – passe avant tout par un changement intérieur de chacun. A quoi bon changer l’emballage seulement?

    1. Avatar de Coeur
      Coeur

      Evidemment!

  3. Avatar de lechat
    lechat

    Autre question que je me pose. Oui, on peut relier l’appétit de liberté aux affects qu’exprime le couple de mots « bonheur-malheur » au sentiment agréable ou douloureux qu’on disposerait de la faveur des astres ou qu’on subirait douloureusement un désastre naturel. Mais la révolte n’est-elle pas avant tout l’expression d’une volonté d’émancipation, de sortir de l’autorité de tutelle exercée par le patriarche, la famille, le patron, la classe sociale, etc…Pour exprimer et faire don de ses propres capacités. Le mot « capable » est construit sur le même radicale que le verbe émancipé ( latin « capere ») mais ne parle-ton pas actuellement de supprimer l’enseignement du latin,l’étude des langues anciennes étant jugé non rentable.? Bonne journée à tous

  4. Avatar de Germanicus
    Germanicus

    Je suis médecin-psychiatre de formation, un métier que je ne pratique plus depuis assez longtemps – mes activités oscillent maintenant entre l’économie et la politique.
    Lorsque je débuté en clinique, on m’a appris une règle: soulager avant tout les patient de leurs souffrances. La guérison n’est pas toujours évidente ni durable, car chaque humain a sa propre personnalité, son passé qu’il traîne avec lui, sa constition physique et psychique, il doit faire avec et, ne l’oublions pas, il a une horloge génétique interne à gérer.
    Un système, quelqu’il soit, l’état, l’économie ou un milieu microcosmique, devrait y prêter attention: faire en sorte que le prochain de souffre pas trop de ce qui lui arrive, de le soulager de ses souffrances, en dépassant l’égoisme individuel. Des phrases comme « Liberté, Eglité…… » ne valent rien, on peut paver l’enfer de mots et d’intentions; la mise en pratique restera toujours à désirer et je dirais elle est impossible à réaliser en raison des différences des individus. Ces mots et phrases, c’est comme un crédit: on ne sait jamais s’il sera honoré. Mais on arrivera peut-être un jour à un accord universel qui aura comme principe ce que viens d’évoquer.

    1. Avatar de Michel MARTIN

      A Germanicus,
      Il y a peut-être une piste de réflexion du côté de ce qu’on sait de la classification. Quand le génie humain de la classification s’applique aux animaux, aux végétaux ou aux astres, les limites des catégories créées et les espèces qui n’entrent pas dans le cadre (les exclus de ces systèmes de classifications) ne donnent lieu qu’à des querelles d’experts. Les ornithorynques (mammifère douteux) et les lichens (mi-champignon mi-algue) continuent de vivre leur vie, pluton se moque de la perte de son statut de planète.

      Quand ce génie de la classification s’applique à la politique, alors les exclus le paient au prix fort de leur statut , parfois de leur vie, ou en souffrent dans leur chair.

    2. Avatar de juan nessy
      juan nessy

      « Liberté , égalité , fraternité  » ne forme pas système . Ce sont des repères pour répondre à nos souffrances et qui privent tous les systèmes anciens , actuels ou à venir de  » l’insupportable  » .

  5. Avatar de Karluss

    Pour la puissance d’exister, il faut lire Onfray, pour sortir de la caverne, il faut là aussi lire Onfray ; je vous en conjure, mes frères, lisez Onfray.

    1. Avatar de EOLE
      EOLE

      Michel Onfray me rappelle cet abbée de cour, plus exactement de Vilecourt : un jeu de mot ( vile cour) qui lui « sieyes » tant, et que jouait Bernard Giraudeau dans le film « Ridicule » de Patrice Lecomte.
      Très érudit mais si dramatiquement enfermé dans sa propre glorification solitaire et sa foi athée…

    2. Avatar de Piotr
      Piotr

      Il fallait bien que quelqu’un en parle…

    3. Avatar de Germanicus
      Germanicus

      La critique d’Onfray me semble démesurée. Freud, ce courageux a fait, un peu comme Einstein, une synthèse des pensées et courants intellectuels de son époque. Il était conscient et il l’a écrit à plusieurs endroits que ce sera la science, la biologie et la psychophysiologie qui dira le dernier mot. C’est dommage, car Onfray a raison de remettre en question la « religion freudienne », telle qu’elle est pratiqué aujourd’hui dans certains pays, dont la France. Je pense que Karl Jaspers, qui parlait d’un « mouvement » concernant les freudiens, avait raison. Mais j’ai l’impression que ce mouvement perd en ampleur, même aux USA.

    4. Avatar de methode
      methode

      sinon lisez c.g jung, lui à tuer le père, et le père n’était pas content du tout.

      psychorigide freud?

  6. Avatar de Jean-Luc D.
    Jean-Luc D.

    « Les hommes ne se mobilisent en effet pas pour un changement de société – avec les risques que cela implique pour eux et pour ceux qui leur sont proches – en comparant leur bonheur actuel avec celui que conférerait un autre type de société dont le modèle reste toujours plus ou moins abstrait. Ils le font en raison d’une révolte : du fait du sentiment présent que la situation existant sous leur yeux et dont ils sont du fait même, l’un des composants, leur est désormais intolérable. »

    Cela semble évident ; chacun ne peut, enfermé dans sa bulle psychique et corporelle, penser son environnement qu’à partir de son propre ressenti. Le solipsisme guette chacun d’entre nous. Cependant – et c’est là qu’intervient ma nuance – c’est la conjonction de ce sentiment vécu et partagé de « l’intolérable » avec celui de nos voisins humains qui entraîne, dans un 2ème temps, la mobilisation pour un changement de société. Ce sentiment est une condition nécessaire, mais pas suffisante pour qu’il aboutisse, par un effet de cristallisation, à une révolte ou une révolution. La mobilisation, secondaire voire simultanée au sentiment de « l’intolérable », ne sera possible et opérationnelle qu’à la condition qu’un autre monde, qu’un autre horizon, qu’un autre modèle de société soient présentés comme possible ou idéal. C’est sur la base de cet idéal, créateur d’une émotion positive qui viendra sublimer toutes les négatives induites par le refoulement et les frustrations vécues par une situation jugée intolérable et injuste, que la révolte aura plus de chance d’aboutir à un résultat concret.

    Comme l’écrit Freud dans « Psychologie collective et analyse du moi », « le phénomène le plus remarquable et, en même temps, le plus important d’une formation collective consiste dans l’exaltation et l’intensification de l’émotivité chez les individus dont elle se compose. » Cette émotivité, si on souhaite qu’elle ne dégénère pas en un mouvement uniquement destructeur et mortifère, doit nécessairement reposer sur un idéal de société. C’est la raison pour laquelle je pense que la 1ère partie de votre paragraphe mériterait une nuance pour être en parfait accord avec ce que vous écrivez (je viens juste de le relire) au début du 3ème paragraphe de votre précédent article, car si le sentiment de « l’intolérable » est causal, l’idéal sociétal est moteur. Les deux sont intimement liés et aussi mobilisateur l’un que l’autre.

    1. Avatar de Paul Jorion

      « La mobilisation, secondaire voire simultanée au sentiment de « l’intolérable », ne sera possible et opérationnelle qu’à la condition qu’un autre monde, qu’un autre horizon, qu’un autre modèle de société soient présentés comme possible ou idéal. »

      Et en 1789 ? Le retour à l’« âge des cabanes » de Jean-Jacques Rousseau ?

    2. Avatar de Jean-Luc D.
      Jean-Luc D.

      Ne pensez-vous pas que l’idée de Rousseau selon laquelle le pouvoir souverain suprême réside dans la Nation n’a pas été plus porteuse d’espoir et mobilisatrice que son âge des cabanes issu de son « Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes »?

      En outre, la réunion des Etats-Généraux et les espoirs qu’ils soulèvent au sein de la population ne correspondraient-ils pas à un projet de société, à l’esquisse d’un idéal sociétal?

    3. Avatar de juan nessy
      juan nessy

      Je reste sur l’appréciation que les deux mondes s’ignorent car , en très grande partie , ils ne rassemblent pas de façon intime les mêmes  » regroupements »de populations . Les  » courroies de transmission  » anciennes ont été laminées .

      L’indignation croit de son côté avec sa propre logique ( s’il n’y en a qu’une !) .

      La projection ( s’il n’y en a qu’une !) aussi généreuse et pragmatique que possible croit de son côté . Enfin j’espère .

      La conjonction des deux est rarissime . Elle est la trace des grands chambardements historiques .

      Selon un exemple évoqué par certains , il faut une guerre mondiale , un désastre moral et miliatire , une général hors norme entouré de quelques femmes et hommes aussi hors du commun qui conceptualisent une vision de l’avenir , pour qu’un projet nouveau se mette en route .

      La  » détonation  » ne peut venir que de l’exaspération .

      Le déroulement de l’ambition politique neuve est en soi une action lourde qui ne peut selon moi être portée que par une convergence de forces politiques existantes ou en cours de formation .Les  » clubs de penséees  » actuelles sont plus des rassemblements d’esprits  » autonomes » et égoïstes pour faire sens et intensité .

      Cette ambition aura d’autant moins de risques de ne pas se respecter elle même , qu’elle aura été affichée et débattue maintenant .

      Il faut quatre paramètres pour qu’une force existe :

      – une direction et un sens ,
      – une intensité et un point d’application .

      Les deux premiers relèvent du projet et l’espoir .

      Les deux seconds relèvent de l’indignation .

      La force utile c’est la rencontre hasardeuse du tout .

    4. Avatar de vigneron
      vigneron

      On parle d’exaspération, de désespoirs, de passivité, de révolte, de mobilisation ou d’idéaux. Mais n’oublions nous pas un paramètre fondamental qu’un aveuglement confortable nous masque quant il ne manque pas de peser sur les désirs de ceux que nous accusons légèrement de léthargie ou de docilité. La peur.
      Pas la peur de perdre pour ceux qui n’auraient rien à perdre ou la peur du chaos. La peur de la répression tout simplement. La dissuasion s’applique parfaitement, d’autant que la force se montre partout et « s’annonce » haut et fort contre les faibles. Et le siècle passé a montré aux peuples que la répression versaillaise de la Commune était une aimable plaisanterie devant sa barbarie coercitive. Et les peuples ont appris que la violence des puissants vainquait. Le plus souvent.
      Il faudra beaucoup de désespoir pour soulever ce poids de la crainte légitime. Pas seulement de l’indignation morale ou de beaux idéaux.

    5. Avatar de zébu
      zébu

      @ Jean-Luc D. :
      Euh … Vous voulez dire ‘souveraineté populaire’ concernant Rousseau ?

  7. Avatar de Médiactoeur
    Médiactoeur

    Le bonheur est fugitif ; il passe et s’échappe, nous glisse entre les doigts comme du sable : pour le conserver, il faut se résoudre à n’en rien faire si ce n’est à le regarder de peur qu’il nous échappe ! Le bonheur est un état temporaire, dont on ignore le commencement et la fin ! Partir en quête du bonheur c’est le meilleur moyen de le voir se dérober, telle la carotte pendue devant le museau de l’âne 😉 Une source miraculeuse pour les forces de ventes de nos sociétés marchandes … de bonheur ! Le citoyen a mué en consommateur qui surfe de bien en bien sur la vague du bonheur marchandisé : il y a des rêves de bonheur pour toutes les bourses … La quête de bonheur sur terre s’est substitué à la quête d’une place au paradis céleste !

  8. Avatar de Antoine
    Antoine

    « L’être humain cherche alors à ses tourments des diversions par l’usage des drogues, la production d’illusions collectives rassurantes comme la religion (« une déformation chimérique de la réalité » générant des « délires collectifs » [ibid. 25]) et, de façon plus positive, par la sublimation qu’autorisent l’expression artistique ou intellectuelle. ».

    Donc, toute prosternation, tout travail pour le beau ne seraient que des réactions face aux agressions rencontrées à cause du monde extérieur, de l’homme et de sa nature.

    Comme beaucoup de ceux qui ont écrit ci-dessus, une agression, qu’elle quelle soit, me semble constructive de plaisir, tant a contrario cette notion est le fruit de la jouissance et du plaisir.

    Et si vraiment le but était d’oublier la condition humaine, l’homme serait donc à même instinctivement d’esquiver la source de son mal. Il n’arrive qu’imparfaitement à cette fin, mais il en connaît le chemin: la drogue, le délire collectif et la sublimation…De là à voir en FREUD le prophète qu’il renie…

    Quant à la société, compromettre sa liberté au profit de plus de sécurité, cela me paraît être la reprise d’un des grands thèmes de la littérature classique, et de la religiosité qui en émane:

    De la bouche de sa mère Téthys, déesse et néréide, Achille apprit que sa vie serait soit courte et intense, soit longue, et ennuyeuse.

    Enfin, frustration sexuelle et propriété… La notion de possession me paraît étroitement lié au besoin de souiller qui sommeille en chacun de nous… Pouvoir souiller, c’est posséder, où maîtriser son environnement. Combien paraît plus familier la demeure où ses propres selles ont été déposées… La pulsion sexuelle envers son prochain est volonté d’asseoir son odeur, son corps, son sexe sur l’existence corporelle de l’autre. En d’autre termes, c’est de pouvoir le souiller. S’attaquer à la propriété privée, ce n’est donc pas se heurter par la suite au problème suscité par le désir sexuel, mais bien commencer par le traiter.

  9. Avatar de Paul Jorion

    Un jeune homme ambitieux cherchant à prouver qu’un vieil homme respecté – un des rares génies que l’humanité ait connus – est un imbécile, comment l’expliquer ? On en trouve l’explication chez Freud.

    Le jeune homme a du talent, il fera amende honorable, et on lui pardonnera. Bien sûr qu’on lui pardonnera. Bien sûr aussi qu’il fera amende honorable. Il rejoindra un jour les rangs des philosophes qui ont eu tort autrefois et qui nous expliquent à longueur de pages pourquoi ils avaient raison d’avoir tort à l’époque.

    Il y a bien sûr d’autres philosophes : ceux qu’on continue de lire longtemps après leur mort.

    1. Avatar de juan nessy
      juan nessy

      De ce point de vue , je me reconnais dans ceux qui trouvent dans la quête scientifique et la quête philosophique une qualité commune :

      Jamais abouties , elles ont quelques repères ( parfois opposés) symbolisés par le travail ( forcément incomplet ) de quelques rares esprits qui ont eu le  » mérite » de  » mettre un piton  » dans l’ascension d’un sommet .

      Le piton est fragile , il y a plusieurs « voies » possibles , pas sur que la voie continue à être possible par là …

      Mais c’est un piton .

    2. Avatar de Jean-Luc D.
      Jean-Luc D.

      Bien répondu.

      Si votre cible était Michel Onfray, je souscris totalement à votre commentaire. J’ai déjà eu l’occasion de m’exprimer à propos de son dernier livre sur d’autres sites, et je ne souhaite pas relancer la polémique. Toujours est-il que son dernier livre le disqualifie comme philosophe. Il s’y présente plus comme un Torquemada, personnage célèbre de la Grande Inquisition, que comme un philosophe clairvoyant. Ses attaques « ad hominem » sont insupportables et le discréditent, à mes yeux, de façon définitive.

      Toute son analyse est à charge, rien n’est épargné à ce pauvre Freud et aucun crédit ne lui est accordé. Tout serait faux et le produit d’un égocentrique forcené (ici, on a vraiment l’impression que c’est la charité qui se fout de la pitié). Même pas une once de commisération pour cette homme qui luttera plusieurs années contre un cancer de la mâchoire. Comment, face à un tel déséquilibre dans l’analyse, un tel déluge d’immondice (cupide, nazi,…) et un nombre incalculable de généralisations abusives, accorder un début d’intérêt à un tel ouvrage ?

      En vérité, derrière ce livre, se cache un autre enjeu à l’oeuvre aujourd’hui : une lutte entre le cognitivisme avec les thérapies cognitivo-comportementales et la psychanalyse avec les thérapies psycho-dynamiques, les 1ères allant dans le sens de la normalisation des comportements alors que le propre de la psychanalyse est de travailler sur les singularités. L’une et l’autre ont leurs intérêts, et je préfère de loin ceux qui cherchent à les concilier au travers d’une spécialité récente : la neuro-psychanalyse.

    3. Avatar de methode
      methode

      peut-être, mais certains auteurs ne sont reconnus qu’à titre posthume.

    4. Avatar de Piotr
      Piotr

      Il y a tout un courant de la psychiatrie contemporaine qui a pris largement ses distances avec la psychanalyse bien avant que M.Onfray ne ponde son livre outrancièrement noir.Je ne sais s’il faut ,s’en réjouir ou s’en désoler.

    5. Avatar de Antoine
      Antoine

      On dit aussi souvent qu’EINSTEIN, autre éléphant de la pensée du 20ème siècle, n’est que la vitrine de ce qui s’était découvert par ailleurs dans les laboratoires…

      De ce point de vue, l’Histoire retiendra EINSTEIN pour la théorie de la relativité, FREUD pour l’univers de l’inconscient, et pourquoi pas, Paul JORION pour son approche sociologique du mal capitaliste.

      Pour ma part, le vieil homme honorable dont vous faites allusion ressemble plus au petit bourgeois dont ZWEIG a dressé le portrait, et pour lequel d’ailleurs, le grand homme s’est offusqué; ayant peur de l’irrationnel, à la différence de JUNG qui lui apporta néanmoins beaucoup dans la construction de sa théorie. J’ai pour autant beaucoup de plaisir à le lire, tout comme j’ai du plaisir à vous lire.

    6. Avatar de pablo75
      pablo75

      « Un jeune homme ambitieux… » Il a 51 ans quand même…

    7. Avatar de Paul Jorion

      C’est vrai, je n’ai pas pensé à son âge mais au fait qu’il se conduise en gamin.

    8. Avatar de L'enfoiré

      Je reprends une partie de ce que j’écrivais plus haut et qui est passé au bleu:

      La thérapie analytique de la psychanalyse ne soignerait que dans la stricte limite de l’effet placebo. Le rapprochement de Freud comme un nouveau Pape, sous le modèle de l’Église catholique romaine avec sa métaphore est probablement, aussi, ce que cache la réaction allergique d’Onfray.
      Le Pr Jacques Van Rillaer, à la tête d’une fronde antifreudienne, répète, également, que Freud a menti en lançant « Les Psychanalystes, des mythologies du XXème siècle »

      Donc, cette opposition ne date pas d’aujourd’hui.

    9. Avatar de bourby
      bourby

      bonjour,

      Même si ses écrits ne sont pas la fin d’une histoire, mais son commencement, il faut effectivement reconnaître au grand Freud ses mérites; rares sont ceux qui ouvrent une voie entièrement nouvelle. Et il a mis ses idées en pratique.

      A contrario, je suis incapable d’accorder la moindre confiance aux écrits de JJ Rousseau, auteur d’un pavé sur l’éducation (l’Emile), tout en ayant abandonné l’un après l’autre ses 5 enfants (nombre à vérifier; mais un seul abandon suffirait à mon propos). Le siècle des Lumières ne manque pas d’hommes d’exception ayant joint l’acte et la parole (Voltaire, les encyclopédistes, et tant d’autres).

      Quelqu’un pourrai-t-il m’expliquer pourquoi c’est Rousseau qui revient si souvent, y compris sur ce blog ? Pour moi c’est un mystère….

    10. Avatar de SKINNER
      SKINNER

      Gamins…..les gamins ce sont ceux qui qualifient les opposant de Freud d ‘antisémites,de fachistes et partisans d’ extrème droite,leur dernier et ultime recours à leur pietre argumentatiion irrationnelle.
      Freud ne pose de problème à personne en tant que philosophe….juste en tant que philosophe car inoffensif.Le problème commence à partir du moment où l on « s archarne’ à soigner avec sa doctrine ,sa vision de « l esprit » humain où il généralise son cas personnel à l’humanité tout entière.
      Ce débat est franco francais,nous sommes au moyen âge dans le domaine des prises en charge thérapeutiques que ce soit pour les addictions,l autisme,ted,phobie,psychose etc….etc, façon saigné au moyen âge,ça en deviens ridicule…..heureusement que ce blog parle le plus souvent d « economie,de se système,de cette crise et tout ceci avec brio et pedagogie

    11. Avatar de vigneron
      vigneron

      Freud a ouvert des portes jusqu’à lui fermées. C’est sa meilleure partie. Contentons nous d’en prendre acte, de les maintenir ouvertes et de ne point trop prêter attention à ceux qui ne voudraient voir que sa pire partie (Onfray) comme à ceux qui voudraient qu’on ne la vît pas (Roudinesco). Mais la polémique était divertissante.

      J’ai pas été chez les jésuites, je m’y serais trop plu. 😉

    12. Avatar de Moi
      Moi

      @bourby: je me reconnais dans votre réaction. Les mêmes arguments m’ont longtemps fait ignorer Rousseau. Je l’ai donc découvert sur le tard et à contrecoeur. J’ai vu alors que j’avais eu tort car son oeuvre de philosophie politique est vraiment remarquable, essentielle (je ne connais pas le reste).
      L’homme Rousseau était paraît-il imbuvable mais n’empêche, il réfléchissait très bien. 🙂

    13. Avatar de methode
      methode

      @skinner

      tout à fait.

      certains critiques analysent l’hystérie ambiante sur le nécessaire déboulonnage de freud par le fait qu’il est un des piliers du système capitaliste: sa doxa déculpabilise le bourgeois concernant l’argent. freud vendait des indulgences.

      en france, en plus, non seulement nous ignorons peut-être le plus talentueux des psychanalystes en la personne de c.g jung, mais il nous faudrait déboulonner des gens comme lacan avec freud.

      je me demande où sont les gamins qui restent dans les jupes de leur maman, difficile de penser par soi-même.

    14. Avatar de Jean-Luc D.
      Jean-Luc D.

      @ Methode

      D’accord avec vous en ce qui concerne Jung.

      Par contre, à propos de votre explication sur les causes de l’hystérie ambiante, je ne partage pas votre point de vue. Au contraire, je pense que les attaques contre Freud sont imputables à une volonté de déboulonner, non pas le système capitaliste, mais ce qu’il reste, dans la pensée freudienne, de fonds contestataire tel qu’il a été développé par les freudo-marxistes (Reich, Marcuse, Fromm) ou les idéaux de Mai 68. Du reste, la plupart des critiques les plus virulentes formulées contre Onfray proviennent des élites intellectuelles de gauche pour lesquelles, à tort ou à raison, Freud garde l’image d’un libérateur, d’un symbole de la contestation contre la société de consommation. A noter que ces critiques émanent de toutes les disciplines, et pas uniquement des psychanalystes eux-mêmes.

      Je sais qu’Onfray s’en défend, mais « à l’insu de son plein gré » comme dirait l’autre, son livre apporte de l’eau au moulin de ceux qui travaillent à une normalisation des comportements. La psychanalyse – même si nous sommes d’accord pour reconnaître ses limites – a pour vertu essentielle de travailler sur les singularités ce qui a pour effet de rendre difficile, voire impossible, la mise au point d’un protocole thérapeutique qui pourrait s’appliquer à tous. Or aujourd’hui, dans une société obnubilée par la compétitivité, la rentabilité et l’efficacité jugées via des évaluations protocolisées et permanentes (chaque chose devant être évaluée comme une marchandise), la psychanalyse est le dernier rempart à abattre, puisque justement elle échappe à toute forme de protocolisation.

      L’enjeu n’est donc pas ici de combattre le système capitaliste, mais au contraire d’assurer sa pérennité en abattant les derniers remparts qui s’opposent à sa victoire totale et absolue.

    15. Avatar de Jean-Luc D.
      Jean-Luc D.

      je rajoute :

      « la psychanalyse est le dernier rempart à abattre, puisque justement elle échappe à toute forme de protocolisation et montre les limites de toute normalisation sociale des comportements. C’est un combat de la diversité contre l’uniformité. »

    16. Avatar de methode
      methode

      @Jean-luc D

      ce n’était pas tant mon point de vue que celui d’un des nombreux et opportuns analystes que j’ai pu lire sur la savante polémique.

      mais pourrait-on vous rétorquer que singulariser l’individu, à outrance, entraine son atomisation sociale, et que l’individu isolé achète au détail, donc plus cher et plus souvent; que le célibataire est un marché de rêve et en pleine forme?

      vous dites que les critiques viennent des sphères de gauche. je ne vois pas là une vraie contradiction, les gens de droite eux sont plus à l’aise avec tous ces problèmes. par contre la gauche élitiste est aujourd’hui un establishment avec tous ses conservatismes. si les valeurs de mai 68 furent un temps progressistes, et ont accompagné l’avènement d’une classe aisée aux origines populaires, à présent elles participent de la domination de cette classe sur les démocraties d’opinion. cette gauche a même d’ailleur fini par valider la supériorité de l’économie de marché… et dans la foulée abdiquer quasi toutes prétentions intellectuelles pour le matérialisme le plus cru.

      mais, lorsque l’on a des origines populaires, dominer c’est mal et ces catégories de gauche élitistes trainaient et trainent encore une certaine culpabilité. freud leurs donnait une forme d’absolution, puisque Dieu était mort… rien d’étonnant à ce que les critiques du ‘père’ freud puissent devenir si sensibles pour elles, c’est un peu comme renvoyer tout un chacun face à lui-même, si j’ose dire devant Dieu, freud n’est après-tout qu’un homme parmis les hommes.

      qu’observe-ton aujourd’hui? le retour de la sainte russie, de l’islam, du bouddhisme ect…

      peut-être bien que le bonheur du petit peuple passe par une certaine dose de conformisme, que c’est une question de dosage: trop de conformisme et c’est le danger totalitaire, pas assez et c’est l’acculturation avec tous les excès connus liés à la perte d’identité. peut-être bien que ce vieux rêve d’une haute individualité pour tous est inaccessible voire néfaste.

      cette classe de 68 va devoir ouvrir les yeux.

    17. Avatar de Jean-Luc D.
      Jean-Luc D.

      Methode

      Je ne pense pas avoir parlé de singulariser l’individu à outrance. Tout excès, dans un sens comme dans l’autre, est néfaste, et comme vous l’écrivez très justement, tout est « question de dosage ».

      Si vous êtes un lecteur de Jung, vous connaissez probablement sa théorie sur le principe d’individuation qui n’aboutit pas à un hyperindividualisme, mais bien au contraire à une prise de conscience de notre singularité, mais une singularité intégrée dans une totalité sociale. Comme il l’écrit, le processus d’individuation est la condition d’une « cohésion collective plus intensive et plus universelle». En d’autres termes, ce processus permet l’intégration des opposés, de la complexité de la nature humaine, de nos paradoxes, et donc un accès à la totalité. C’est par ce processus que nous arrivons à équilibrer un double désir, que l’on pourrait qualifier aussi de double nécessité : celui d’être soi et celui d’être avec les autres. C’est une des finalités de la cure psychanalytique, notamment jungienne.

      Or, et d’une façon très paradoxale, la société néo-libérale aboutit d’une part, par le principe de compétitivité à outrance, à un hyperindividualisme, et d’autre part, par une volonté normative des comportements de consommation, à un nivellement et une uniformisation des conduites sociales. Mais tout cela s’opère à partir de contraintes extérieures, aidées par une propagande massive, qui, tout en nous faisant croire que nous sommes des êtres singuliers (choix des caractéristiques des objets en fonction de nos goûts : taille, couleur, design, etc…), aboutit à ce que cette singularité soit uniquement extérieure à nous-mêmes et se concrétise dans une singularité d’objets marchands. On cherche à nous vendre un bonheur extérieur, matériel dont le but est de nous « enlever à nous-mêmes », nous complaire dans une « extériorité » qui nous coupe de notre « intériorité », potentiellement dangereuse pour tout système normalisateur. Cela conduit inexorablement à une perte de sens, car nous sommes aussi des êtres en quête de sens, un sens qui ne peut être trouvé que par un travail sur soi et une réflexion intériorisée. Or, la psychanalyse, via la parole libre, a aussi pour but de nous permettre de renouer avec cette intériorité perdue. En ce sens, elle représente un danger, car elle oblige à repenser par soi-même, à retrouver une réflexion confisquée par les diktats de la pensée consumériste. Elle doit donc être nécessairement combattue.

      Face à une telle dissociation entre « intériorité » et « extériorité », beaucoup se réfugient, comme vous le faites remarquer, dans la religion, et là nous retombons encore sur Jung pour lequel la psyché humaine est dans son essence : naturaliter religiosa (naturellement religieuse) (religieux entendu dans un sens très large ; non pas limité à la croyance en une divinité transcendante, mais plutôt défini comme une recherche de sens). Or, cette recherche de sens ne peut se faire que par une démarche intérieure, et non pas par la subordination à des contraintes extérieures, une démarche intérieure qui passe, selon Jung, par le processus d’individuation qui nous permet de prendre conscience de notre singularité « vraie », de notre singularité psychique, mais une singularité en harmonie avec les autres, et donc la société. Il n’est donc pas question ici de singularisation à outrance et d’atomisation sociale (pour reprendre vos termes), bien au contraire, il n’y est question que d’intégration de la singularité dans une totalité sociale.

      La psychanalyse dans son approche conceptuelle, hors de toute considération thérapeutique, est un magnifique outil de réflexion qui offre une base conceptuelle à toutes les formes de contre-pouvoirs. La puissance de cet outil est parfaitement illustrée par Freud et son « Malaise dans la civilisation » ou « L’avenir d’une illusion ». En cherchant à le tuer, ou, pour le moins, à discréditer son travail, il me paraît évident – mais je peux me tromper – que l’on souhaite abattre aussi les approches conceptuelles de la psychanalyse qui, pour les apologistes de l’ultralibéralisme, travaille trop sur une approche singulière et intérieure de l’humain.

      Quant à la réduire à un simple courant philosophique, ce qui en soi n’est pas condamnable, je ne sais pas ce qu’elle a y perdre ou à y gagner. Le débat est ouvert, mais si j’en crois Sabine Le Blanc (http://www.accordphilo.com/article-2620445.html ), les deux disciplines seraient inconciliables.

    18. Avatar de methode
      methode

      @ Jean-luc D

      une petite remarque tout de même, jung ne présente pas à ma connaissance le processus d’individuation comme un parcours de santé, c’est plutôt un chemin de croix tracé sur une ligne de crète bordée des abymes brumeux et très profonds, s’il fallait le préciser, de l’inconscient.

      beaucoup sont recalés en chemin et si mes souvenirs sont bons il a lui même notifié comme préférable une reconstitution régressive de la ‘persona’ dans certains cas. c’est dire.

      une société idéale demanderait un encadrement conséquent de tous ces processus psychiques, j’ai vraiment du mal à y croire même si c’est souhaitable. c’est un peu comme le libéralisme, sur le papier c’est vraiment très bien, dans les faits c’est une idéologie dont se servent beaucoup de salauds. à voir?

      amicalement.

  10. Avatar de Tano
    Tano

    @ Paul Jorion

    Sur Michel Onfray, je vous livre une petite fable de Florian* qui lui sied à ravir, lui étant le fils ingrat et vous, Paul Jorion, le père spirituel, bien sûr.

    Le jeune homme et le vieillard

    « De grâce, apprenez-moi comment l’on fait fortune,
    Demandait à son père un jeune ambitieux.
    – Il est, dit le vieillard, un chemin glorieux :
    C’est de se rendre utile à la cause commune,
    De prodiguer ses jours, ses veilles, ses talents,
    Au service de la patrie.
    – Oh ! trop pénible est cette vie ;
    Je veux des moyens moins brillants.
    – Il en est de plus sûrs, l’intrigue… – Elle est trop vile ;
    Sans vice et sans travail je voudrais m’enrichir.
    – Eh bien ! sois un simple imbécile,
    J’en ai vu beaucoup réussir. »

    *Jean-Pierre Claris de Florian (1755-1794) est particulièrement connu en tant que fabuliste, ses fables étant unanimement considérées comme les meilleures après celles de Jean de la Fontaine.

    Les morales de certains de ses apologues sont encore citées couramment, comme « Pour vivre heureux, vivons cachés » (Le Grillon), « Chacun son métier, les vaches seront bien gardées » (Le Vacher et le Garde-chasse) ou « L’asile le plus sûr est le sein d’une mère » (La Mère, l’Enfant et les Sarigues). Quant aux expressions « éclairer sa lanterne » ou « rira bien qui rira le dernier », elles sont tirées respectivement des fables Le Singe qui montre la lanterne magique et Les deux Paysans et le Nuage.

    Sa romance la plus connue est Plaisir d’amour avec son refrain célèbre: « Plaisir d’amour ne dure qu’un moment, chagrin d’amour dure toute la vie. »

    1. Avatar de Pierre
      Pierre

      Merci Tano,
      rendons à Jean-Pierre Claris de Florian ce qui n’est pas à ma grand mère ci-dessous citée…….

  11. Avatar de SJA
    SJA

    Freud, Nietzsche, Spinoza, … Michel Ofray pourquoi pas.

    La lecture de leurs parfaits raisonnements me font revenir à la mémoire cette pensée de Saint Paul :

    « En rond tourne les impies ».

    Au sujet de Michel Onfray, quand même, il me semble que la lecture de Pascal, sur le bonheur, est plus profitable.

  12. Avatar de Lisztfr
    Lisztfr

    J’avais un texte de J.B. Pontalis, qui commençait ainsi :

    « La psychanalyse, comme tout d’ailleurs, est inscrite dans l’histoire. Il y a eut un avant la psychanalyse, il y aura un après » (de mémoire). Si quelqu’un a une idée des références … ?

    L’on peut aussi évoquer M. Foucault qui écrit que les sciences humaines pourraient n’être qu’un pli dans l’histoire du savoir, et qu’il se refermerait donc…

    Andre Green notait que certaines analyses n’aboutissent pas, même après 18 ans, même à la 4è analyse (conférence). ll constatait également une évolution des pathologies mentales… moins de névroses, plus de cas limites.

    Ce qui était d’abord réel dans la théorie de Freud, le père réel intervenant dans la séparation mère enfant, est devenu ensuite symbolique chez Lacan… comme si l’abstraction était un refuge de la théorie de plus en plus difficile à maintenir en l’état.

    Dans la pratique, si l’on connait les réponses à l’avance pourquoi faire une analyse ? C’est le dépassement et la nouveauté qui peuvent aider.

    Et sinon je trouve dommageable le fait que à se focaliser sur soi l’on se sépare de l’humanité, c’est vraiment l’individualisme porté à l’exponentielle. Ceci est à creuser … On valorise l’individu dans la cure, narcissiquement, oui, mais l’individu est condamné par le temps et donc l’individu est une impasse… il faut voir ce qui nous transcende.

    1. Avatar de Piotr
      Piotr

      Pour ma part modestement j’ai tendance à croire que chaque époque exprime son malaise de façon différente.Libérés sexuellement que nous sommes ,l’hystérie est devenue ringarde.Vive l’anorexie,l’addiction ,la dépression,les états limites,l’hyperactivité .Il n’y a que la psychose qui soit incompressible.

    2. Avatar de Senec
      Senec

      Une psychothérapie, en général, ne cherche pas nécessairement à guérir. On ne soigne pas ici une jambe cassée. Elle ne cherche pas non plus à guérir des « fous ».
      Son but est de soigner des gens qui souffrent. Rien d’autre.
      Comment peut-on croire que la valeur d’un traitement quelconque doive se juger nécessairement à un résultat « attendu » par d’autres personnes, surtout quand il est vu par quelqu’un qui ne sait pas vraiment de quoi on parle ?

  13. Avatar de SJA
    SJA

    Correction :

    Freud, Nietzsche, Spinoza, … Michel Ofray pourquoi pas.

    La lecture de leurs parfaits raisonnements me font revenir à la mémoire cette pensée de Saint Paul :

    « En rond tournent les impies ».

    Au sujet de Michel Onfray, quand même, il me semble que la lecture de Pascal, sur le bonheur, est plus profitable.

    1. Avatar de Piotr
      Piotr

      Sauf les derviches touneurs…

  14. Avatar de EOLE
    EOLE

    J’ai l’indélicatesse de préférer Jung à Freud, sans renier l’apport de ce dernier.

    Quant à « bonheur », comme l’indique son étymologie, il entre dans le domaine du discret et non dans celui du continu et doit être employé en français précédé des articles un ou des et non le, sauf quand il est bien précisé et qualifié comme dans le bonheur d’écrire sur ce blog.
    A mon sens, on parle donc d’une abstraction qui n’en a aucun (sens). Mais ce peut être un bonheur d’écrire n’importe quoi sur n’importe quoi…

    1. Avatar de Jean-Luc D.
      Jean-Luc D.

      Je partage votre indélicatesse, mais je n’en reconnais pas moins du génie à Freud.
      Jung a l’avantage, à mes yeux, de se détacher du pansexualisme freudien. En outre, ses travaux sur les archétypes, le principe d’individuation, la quête de sens, et sur le sentiment religieux, entendu dans un sens large, ouvrent de grands espaces dans la connaissance de notre nature profonde.

    2. Avatar de Germanicus
      Germanicus

      Je suis beaucoup plus proche de CG Jung que de Freud, alors que j’ai lu Freud en allemand et que je trouvais son courage pour développer ses théories (et cela en tant que juif en Autriche) hors classe. Freud restait durant toute sa vie fasciné par son séjour à la Salpètriere, par Charcot et de ses travaux sur l’hystérie, donc fidèle à ses théories sexuelles. Freud a pendant longtemps toléré l’indépendance intellectuelle de Jung, car pour Freud, son disciple n’était pas juif, il était était allemand, bien que de nationalité suisse – ceci pour éviter que la psychanalyse risquerait de passer pour un « produit de la culture juive » (il faut se placer dans le contexte de l’époque).
      On devrait lire les passages qui concernent Freud dans « Ma vie », récits autobiographiques de Jung.

    3. Avatar de Senec
      Senec

      Un autre médecin qui a vécu à cette époque est Alfred Adler. Pour ceux qui aiment une approche plus positive et moins lugubre, c’est un bon choix. On peut même le lire en vacances !

    4. Avatar de pablo75
      pablo75

      @Germanicus

      « On devrait lire les passages qui concernent Freud dans « Ma vie », récits autobiographiques de Jung ».

      Et aussi dans le très intéressant « Jung parle. Rencontres et interviews » (Buchet-Chastel). Un exemple:

      « -Quelle sorte d’homme Freud était-il?
      -Eh bien, il était d’une nature compliquée, voyez-vous. Je l’aimais beaucoup, mais je découvri bien vite que lorsqu’il avait pensé quelque chose, il en restait là, tandis que moi, je doutais toujours, et il était impossible de discuter d’un sujet vraiment à fond. Vous savez, il n’avait pas de connaissances philosophiques notamment; j’étudias Kant, j’étais plongé dedans, et c’était totalement étranger à Freud. »
      (Interview de 1959)

      « Il était extrêmement têtu. […] Un jour il me déclara: « Nous devons faire de la théorie de l’inconscient un dogme, la rendre immuable. » « Pourquoi un dogme, demandai-je, puisque tôt ou tard la vérité finira par vaincre? » Freud expliqua: « Il nous faut une digue contre le flot de vase noire de l’occultisme ».
      (Interview de 1955)

    5. Avatar de methode
      methode

      concernant jung, son approche énergétique totale, les rapprochements faits avec les connaissances hindouistes, ses recherches en ethnologie ou sa culture philosophique grecque, allemande et même religieuse, tout en lui en font le véritable explorateur, celui qui nous a ramener une psychologie des profondeurs, lumineuse, qui nous laissent milles portent ouvertes… plutôt que fermées.

  15. Avatar de Pierre
    Pierre

    Dans la sphère économique l’affrontement « publique- privé » a toujours occupé une grande place dans le rapport de force.

    Une des caractéristiques de notre époque est, me semble-t-il, la constante érosion de la sphère de vie privée, notre « écosystème » de base, au profit de la sphère de la vie publique, nationale hier, multinationale aujourd’hui.
    La « sécurité » et son corollaire, la « prévention » vient nous imposer la « transparence »et « l’exhibitionnisme obligatoire », comme Freud est venu en son temps dans sa recherche du Moi, nous imposer son concepts d’inconscient individuel et collectif, et la psychothérapie « conseillée » en attendant qu’elle ne soit obligatoire.

    La main « invisible » d’Adam Smith me faisant les poches et celle non moins visible de Freud explorant ma braguette ne me mettent que très relativement en joie et en sécurité si je m’en réfère au « bon sens » de ma grand-mère qui m’a enseigné que « pour vivre heureux, vivons caché et loin des jaloux ».

    La pudeur est innée, elle n’est pas acquise. Ne nous voilons donc pas la face, il n’y a pas de bonheur possible dans une maison ouverte à tout les vents, fréquentée par des esprits malins plus ou moins bien intentionnés qui veulent à toutes forces « coloniser », « analyser », »collectiviser », « rationaliser », les fruits de l’expérience individuel se déroulant au sein de la sphère, qui devrait demeurer inaliénable, de la vie privée.

    « Une société sécuritaire qui abolit tout aventure personnelle à notre génome fait de l’abolition de cette société la seule aventure possible; »
    A moins que ce ne soit :
    « Une aventure personnelle qui abolit tout espoir de société sécurisée pour notre génome fait de l’abolition de cette aventure la seule société possible; »
    Je ne sais pas.
    Qualitatif ? Ou quantitatif ? Mozart ou Mathusalem?
    Pfffffffff! La qualité est sûre, la quantité l’est moins……

    1. Avatar de Piotr
      Piotr

      Apoptose de la cellule familiale .A qui la faute ?

    2. Avatar de Pierre
      Pierre

      @Piotr
      La famille Rockefeller en réclame dèjà une part de paternité dans le dernier livre de son héritier….
      Il fut un ardent défenseur et sponsor des luttes pour l’émancipation de la femme et nous explique pourquoi.
      Une piste parmi tant d’autres.

    3. Avatar de juan nessy
      juan nessy

      @ Pierre :

      je trouve votre définition du  » privé » un peu réductrice ( une maison dont les fenêtres ne sont pas pas ouvertes aux quatre vents ) mais je crois avoir compris votre prudence ( cousine de pudeur ) .

      Que ce passe-t-il par contre quand vous mettez le nez à la fenêtre ?

      Sur la nomination du public et du privé , il me semble qu’il faut se montrer plus rigoureux , car , selon moi , ce sont bel et bien des intérêts privés qui , en se glissant dans les habits de la puissance publique , occasionnent une bonne part des véroles que vous redoutez à juste titre .

      Il est étonnant que l’on s’en réfère toujous à sa grand mère ( même Chirac , qui prétendait qu’elle lui avait enseigné qu’avec un cachet d’aspirine et une bouteille d’alcool à 90° on passait partout ) , jamais à ses grands pères , et presque jamais à ses parents. Peut être bien parce que les grands mères comprennent beaucoup et pardonnent tout . On ne peut même plus poser la question à Freud …

      Ma grand mère maternelle m’a laissé :  » quand je voudrai la mort , je te l’enverrai chercher  » quand je traînais trop . Et son sourire .

      Mon grand père paternel :  » huit jours derrière une benne et tu te plaindras moins !  » ( une benne de charbon , car il était mineur ). Et son humour .

      Mon père , une forme de courage physique et de résistance aux évidences . Et son humour .

      Ma mère lutte encore pour nous et notre bonheur . Avec humour et un sourire que je lui ai toujours connu .

      La relève est dure à assumer .

      Mais ça vaut le coup .

  16. Avatar de Boson
    Boson

    Absolument !….( Onfray.Freud )…
    Ce blog est de plus en plus magnifique..Je suis coi !
    Revenir à 1789 :un peuple dans la misère et la famine . Des privilégiés intouchables .Un roi de droit divin qui ne s’incline que devant le pape et ses représentants .
    Pourquoi 1789 ? Trop de misère, d’injustice mais d’amour aussi :personne n’imagine que le roi puisse les tromper : il est mal conseillé, mal entouré, etc..
    Les cahiers de doléances sont des actes d’amour : ça ne va pas, ça ne peut plus durer , nous allons t’aider notre roi…Le roi lui a un souci :ses caisses sont vides : trop dispendieux son entourage, son cadre de vie , trop parasitaires les deux ordres …

    La fuite à Varennes a tout fait basculer :le peuple s’est rendu compte que le roi n’avait pas de parole , qu’il n’avait aucune considération pour lui , que ses seuls amis étaient les autres monarchies dont il attendait secours , qu’il n’était que duplicité , donc plus aimable.

    Les autres familles monarchiques d’Europe sentaient le danger d’une monarchie tempérée , et la papauté pensait avoir tout à perdre . La suite…

    Intermède…

  17. Avatar de ULTEC
    ULTEC

    Juste une idée simple : les humains ne se mobiliseraient-ils pas essentiellement pour écarter autant que possible le malheur, la gêne, la difficulté d’exister … en sommes, le conatus de Spinoza : se maintenir dans l’être, réduit le plus souvent au fait de se maintenir dans (ou jouir d’) une existence correspondant au plus près des représentations actives dans son groupe social d’appartenance, et auxquels ils estiment avoir droit (attendus en fonction des représentations).

  18. Avatar de pablo75
    pablo75

    Le bonheur c’est la somme de tous les malheurs qu’on n’a pas.
    (Marcel Achard)

    1. Avatar de vigneron
      vigneron

      @pablo

      Euh… Très laide citation. D’autant que, s’il n’a osé l’écrire, il a pensé manifestement très fort la fin de la phrase : « multipliée par le malheur des autres », évidemment…

    2. Avatar de pablo75
      pablo75

      @ Vigneron

      Vous connaissez mal Achard: il était trop frivole pour penser ça…

  19. Avatar de Bertrand
    Bertrand

    @Paul,
    Il y’a quelques dizaine de mois j’avais suivi sur ce blog des discussions passionnantes sur la chine et la civilisation chinoise. Ce serait un bonheur pour moi de lire sous votre plume ou grâce à l’un de vos invités une approche de « la philosophie du bonheur et du malheur » vu de côté de l’Asie. Si la Chine est appelée à devenir maitre du monde, ne peut-elle pas contribuer à l’histoire humaine en produisant une philosophie radicalement différente de la nôtre ?

    1. Avatar de Piotr
      Piotr

      Je ne suis pas pour l’importation du bonheur.

    2. Avatar de Moi
      Moi

      Pierre-Yves, au boulot! J’attends avec impatience ce texte. 😉

  20. Avatar de Piotr
    Piotr

    bonichon nom masculin
    Fam., vieilli. Petit bonnet.
    Je cherchais la définition de bonheur dans le Petit Larousse et ma souris s’est égarée.

    1. Avatar de juan nessy
      juan nessy

      Avec un peu de mauvais esprit , on pourrait dire que si la souris a révélé de beaux nichons , l’égarement n’en était pas ( encore) un .

       » Bonheur du jour , Joli(e) secrétaire … »

      Mais je vais me faire prendre par la patrouille anti-machiste !

    2. Avatar de juan nessy
      juan nessy

      Et on va me taxer de prendre le parti freudien !

  21. Avatar de quid34
    quid34

    Les instant de bonheur sont liés à une hypersensibilité positive au beau, bon et bien…et « malheureusement » une insensibilité, au moins provisoire, au laid, mal et mauvais car il faut être autocentrique pour se « dire » heureux…

    1. Avatar de Coeur
      Coeur

      Il faut être vivant, pour se dire heureux, c’est pas la même chose!

    2. Avatar de quid34
      quid34

      je dirais plutôt : « se sentir vivant », c’est à dire quand notre propre pulsation interne s’accorde aux pulsations du monde et ressentir une résonance monter, une mise en phase…une sorte d’essence humaine !

  22. Avatar de Araquirit
    Araquirit

    Désolé, ça n’a rien à voir, mais je me suis dit que je toucherais plus de monde sur un billet récent.
    La vidéo « Le système financier international : qui osera le réformer et comment ? » réclamée par tant de monde est disponible :
    http://www.jeanfrancoiskahn.com/Le-systeme-financier-international-qui-osera-le-reformer-et-comment_a197.html
    Encore désolé pour le hors sujet.

  23. Avatar de Médiactoeur
    Médiactoeur

    Le but d’une existence est-il le bonheur ou la réalisation de soi ? Celle-ci se mesure-t-elle à l’aune du bonheur éprouvé ? Nommer le bonheur peut-il nuire à ce qu’il désigne ?

  24. Avatar de scaringella
    scaringella

    Et pourtant …..
    Les analyses de Freud, comme il le dit lui-même, n’apportent pas de solution. Elles sont donc fausses.
    Freud a eu des intuitions puissantes? Soit, mais la théorie reste à faire.
    Que ses intuitions servent à réfléchir oui. Que ses théories servent de solutions, impossible, il le dit lui-même.

    1. Avatar de juan nessy
      juan nessy

       » Liberté , égalité , fraternité  » est aussi une intuition , pas un prêt à porter .

    2. Avatar de scaringella
      scaringella

      Ah non. C’est l’idéologie bourgeoise qui n’y met pas du tout la signification que véhicule la propagande.

    3. Avatar de juan nessy
      juan nessy

      Je nage un peu .

      Votre formulation n’est pas explicite pour moi .

  25. Avatar de Papimam
    Papimam

    J’ai d’abord trouvé le bonheur dans des situations très simples, modestes, sans prétentions.
    Gamin c’était dans le fait d’être libre, dans la rue, avec ses copains, copines aussi.
    Pas de vacances d’été sophistiquées et pourtant tellement heureuses comme un mois dans une ferme, libre dans la forêt à fabriquer une cabane, ramasser le bois, déambuler, les repas se résumaient à un frugal plat de patates (midi & soir), une crème caramel le dimanche.
    Quel écart avec mes petits enfants, m’enfin faut vivre avec son siècle.

    Le bonheur c’est aussi après un séjour à l’hosto, ou même une simple visite à un proche hospitalisé de se retrouver à nouveau dehors, libre, en parfaite santé. Egalement durant ou après une déprime se ressourcer dans un activité physique, se balader, écouter les chant des oiseaux, sentir la vie, rire à pleins poumons, en toute franchise et pas aux dépends des autres.

    Le bonheur c’est surtout apprécier l’essentiel de la vie et négliger le superflu, l’artificiel.

    Liberté, égalité, fraternité oui, mais pas que des mots, dans les faits, la pratique (LEFR).
    Liberté :
    Sous réserve d’être en sécurité, à l’abri des prédateurs. Libre comme l’air, comme l’oiseau dans le ciel, pas marié à son employeur, pas dépendant d’échéances financières, de son banquier, de son entourage y compris de sa famille parfois, bref pouvoir choisir à tout moment une autre voie dans le respect de ses responsabilités.
    Egalité :
    Traiter l’autre d’égal à égal, sans distinction d’aspect, de CSP, de niveau intellectuel, ….
    Pouvoir exprimer sa différence quel que soit ses origines, pouvoir valoriser ses qualités propres
    Ne pas dépendre d’une rente de situation, de privilèges, se faire chacun à la force de ses poignets, de son engagement, de son travail
    Fraternité (et solidarité et altruisme et compassion)
    Se mettre à la place de l’autre, travailler pour, avec l’autre, le considérer comme soi-même
    Dans un groupe chaque singularité est utile, il faut juste les utiliser au mieux pour l’intérêt commun.
    Ne pas se laisser pour autant prendre pour une « bonne poire » par d’éventuels parasites ou saboteurs

    La liste n’est pas exhaustive : Justice, responsabilité, droits/devoirs, travail/loisirs, …..

    1. Avatar de juan nessy
      juan nessy

      C’est vrai , mais le restant de la liste en découle ( ce que j’ai nommé ailleurs les circonstancielles et compléments ) .

      Le sujet et le verbe sont bien ces trois intuitions .

  26. Avatar de Papimam
    Papimam

    Le rire n’est pas que le propre de l’homme.
    Il parait que les rats sont capables de rire aussi et ils ne seraient pas les seuls parmi les animaux.
    Rat qui rit, arakiri, hihihi.

  27. Avatar de logique
    logique

    Vaste sujet a vrai dire, est puis c’est tellement personnel, le bonheur tout comme le malheur d’ailleurs. Disont qu’un peut de compassion et d’attention ne ferait pas de mal 🙂 🙂

    Le bonheur c’est comme l’interet plus il y en a plus ça va, ça ne veux pas non plus ça ailles toujours . ( copyrigth logique 🙂 )

  28. Avatar de saule
    saule

    Nous naissons, vivons, mourrons au sein d’une vaste horloge astronomique. Tout y est paramétré. Etant constitué de matière, nous sommes conditionné aux lois qui la conditionne dans un espace temps circonscrit. Notre grande maison sphérique.

    Poser la question du bohneur c’est poser la question du malheur, poser la question de la vie c’est poser la question de la mort. Ce qui est plaisir, nous renvoie à son absence douloureuse, à son contraire la douleur. L’ombre à la lumière. Chercher à départager les deux qui n’en font qu’un conduit à une course mortifère. Alors que faire?

    Chercher la respiration, l’entre deux, là ou les choses se font et se défont. Un agriculteur à dit « un mauvais temps est un temps qui dure trop longtemps ». Donc la vie est alternance, c’est une question de rythme et de tempo. Une alternance trop rapide annule le mouvement. Plus de temps,plus d’espace, plus de vie,le néant.

    Comprendre le mouvement, le laisser s’accomplir, se mettre en mouvement dans le mouvement, dans le tempo.

    La problématique de l’homme c’est de vouloir imposer l’éternité « immobile » et « intemporelle » de l’ »esprit » » à la finitude » mouvante et « temporelle »de la matière, ce faisant il aboutit à la destructions des paramètres qui conditionnent la matière au lieu d’utiliser les lois de la matière pour jouer avec elle en la transformant dans le respect d’une Loi entre toute. Celle de l’équilibre, celle de l’Equité, de la Justice qui constamment réajuste le désordre. Afin de mettre en forme l’informe. Par le jeu des sciences et des arts.

    La question de l’éthique ne mène nul part, le serial killer a sa propre éthique, chacun construit sa propre éthique. Alors qu’il n’y a qu’une seule équité. Tout dépend du centre que l’on se choisit afin de répartir de part et d’autre les poids et les mesures.

    La cruauté vient essentiellement des cultures et des jugements de valeurs des sociétés humaines,
    fondées,établis selon une certaine lecture du monde, des êtres et des choses. Une certaine compréhension, interprétation du monde conditionnant des réponses

    Dans mon enfance je contemplait la bibliothèque de ma mère, pleine de toutes sortes de livres, j’imaginais la bibliothèque de l’humanité toute entière. Me disant que jamais je ne pourrait tout lire.
    Jusqu’à ce que le « hasard » me fit croiser la route d’un homme qui dit une chose qui me fut salutaire.
    Il fit une association sémantique et distinctive entre , »savoir » et « pouvoir, et, »connaitre » et « naître avec ». Ce fut pour moi une illumination. Une nuance subtile entre deux façon complémentaire de comprendre.

    Pour moi lire (peu de livres, mais tout est à lire), apprendre, percevoir, consiste à me nourrir, digérer, transformer incorporer, je suis une connaissance vivante du monde vivant ,des êtres et des choses, parmi d’autres. Mais je déplore d’avoir acquis si peu de science et de savoir faire.

    Le plus grand des plaisirs, la jubilation, la réjouissance absolue viennent de la compréhension, de la convergence,de l’aboutissement dans la connivence des êtres et des choses. Trouver en soi,par l’intelligence du corps,du mental, le jeu des émotions, la réponse adaptée qui dénoue, débloque, une situation et libère le mouvement nécessaire au jeu de la vie. Partager avec d’autres cet effort dans l’ouvrage et la joie dans la réalisation de l’objectif, quelque soit l’objectif,le plus anodin soit-il C’est le Bonheur. Une vie qui a du sens.

    Le jeu de la création avec ses contrariété ,ses difficultés et ses pauses, sont pour moi une source de plaisirs répétés à tous les étages de mon être.

    La douleur devient intolérable quand par la durée elle devient souffrance, elle érode la résistance nerveuse et physique d’un corps. La souffrance morale absolue, celle qui épuise le corps en vampirisant le psychisme vient de la sottise humaine. Celle qu’engendre l’ignorance de l’Homme » de lui même. De là vient provient l’intolérable, l’insupportable, qui rajoute inutilement de la difficulté à la difficulté, du malheur au malheur.

    Dans ce cas précis, je l’avoue je pourrais tuer, sans état d’âme aucun. Sans chercher à faire souffrir, juste en éradiquant proprement ce qui, volontairement, se justifiant par mauvaise foi, génère alors qu’il y des alternatives possibles satisfaisantes pour chacun ,de la souffrance.

    L’erreur est toujours pardonnable mais l’iniquité ne l’est pas. Là est la limite de ma capacité à pardonner. Voilà pourquoi je pense que tout dépend du centre autour duquel on construit n’importe qu’elle édifice. Celui de sa pensée, soi même, une société….. Le centre choisit ,ainsi que l’objectif à atteindre déterminent ,la façon dont on va répartir les poids et les mesures de manière équitable.C’est à dire dans un souci d’équilibre. Déterminent aussi le choix des moyens et leur mise en oeuvre pour atteindre l’objectif.

    On confond la fin et les moyens en occultant le centre. Qu’est ce qui est primordial, sacré, tabou?

    Soit l’ »Homme » se sait animal, il en a honte.Se niant animal,il se veut pur esprit, de ce fait il pervertit son esprit se faisant plus bête que la bête. Voulant dominer la matière , il en détruit les formes et les structures. Ce faisant il s’annihile. Car la matière par ses lois le rejettera dans l’obscurité tourmentée de son âme.
    La matière réside dans ses lois, plus que dans ses multiples formes et structures.

    Soit l’ »Homme » se soumet à l’animal qu’il est en partit,et niant l’esprit qu’il est en partit il pervertit la matière se soumettant à une force aveugle ,il s’enlise toujours plus profondément. La matière l’absorbe. Il est poussière.Ce faisant c’est son âme qui le rejette.

    Soit l’ »Homme » se « connait animal et esprit, sans honte il apprivoise l’animal. Par son esprit lui apporte dignité, il élève l’animal et en fait un « Homme ». La matière fait l’humilité de l’esprit, l’esprit fait la dignité de la matière et l’âme l’illumine. L’ »Homme » est établit. Il peut aller.

    Ma mère dans son amour du beau et son désir de pureté était en elle même dans le monde ,comme sur une île au milieu d’un océan de gadoue. Petit à petit son espace vital semblait se réduire sous la montée de cette boue .Ne pouvant plus fuir, elle ne put que mourir. Elle idéalisait la matière du monde, la sublimait mais ne la comprenait pas, elle la craignait.

    La vie ,le monde, les êtres et les choses, mes semblables, « Nous », m’ont enseigné qu’il me fallait plonger dans cette gadoue, en faire l’expérience, la toucher, la sentir, la lire, l’entendre, la comprendre, la modeler pour la transformer selon ses lois. Pour cela faire le douloureux apprentissage de l’humilité et celui de la patience. La Patience est l’apprentissage le plus pénible, tenir son désir, maitriser ses envies, contrôler ses émotions, pour ne pas rater son objectif.

    Je fais à peine mes premiers pas. Mais tant de temps et d’énergie perdu à défaire des noeuds de vilénies.

    1. Avatar de vigneron
      vigneron

      Encore une très belle confession de saule. Merci. Elles sont rares, gratuites et précieuses.
      Vous finissez par « Mais tant de temps et d’énergie perdu à défaire des nœuds de vilénies. »
      Que vouliez ou pouviez vous donc faire d’autre que de dépenser ce qui est à dépenser, pour le retrouver et le partager avec nous.

    2. Avatar de juan nessy
      juan nessy

      Profond message d’espoir que cette confession en effet .

      Blaise Pascal ( qui perdit sa mère à l’âge de trois ans ) n’a rien écrit d’autre .

      Saule nous montre que la transmission des « trop » de nos parents n’est pas une fatalité et que le choc de l’inné avec l’acquis peut libérer et enrichir .

      On regrette juste parfois qu’ayant fait ce chemin , on ne puisse justement pas en tranmettre toute la substantifique moêlle à ses enfants ( ça marche souvent mieux de ce point de vue avec les petits enfants) .

      « L’humanité , qui devrait avoir 6000 ( au moins ) ans de sagesse , retombe en enfance à chaque génération  » .

      Proverbe chinois que ne renierait pas Logique , car , s’l sous entend le risque d’une perte pour ceux qui avaient bien progressé , il donne une chance à ceux qui étaient un peu à la traîne .

      De la relativité du bonheur et du malheur .

    3. Avatar de Lisztfr
      Lisztfr

      L’éthique est la question importante…

      Pour shématiser, on nous propose le modèle de la réalisation de soi, l’hédonisme, l’accomplissement de soi, se trouver soi-même, devenir soi-même… et gouter à tout, tout faire, tout voir et se gorger de sensations. Vive moi, le self made man qui ne doit rien personne.

      Mais un jour il faut bien constater qu’on vieilli et qu’on a poursuivi une chimère, car le moi va disparaitre, et après la fête, il reste des confettis. Sans devenir janséniste, il faut bien constater qu’il faut se tourner vers autre chose que soi, mais quoi ? Eh bien vers ce que l’humanité à fait de meilleur, et non vers la gadoue.

      Je deviens un peu hégélien… il faut croire en effet, à l’humanité (l’Esprit ?). Et au fait que l’éthique est la limite de la bonne action, on ne peu faire mieux, faute de miracles. Pour l’amour de l’humanité comme il est dit dans le don Juan. Et ce qu’il y a de meilleur est en effet une capacité à agir pour le bien commun, la raison, le progrès. L’intérêt universel.

      L’individu n’est pas une raison suffisante pour vivre, la famille est une petite tribu, mais elle reçoit de l’humanité, des valeurs, un savoir. C’est tout cela qui est une raison vitale amha.

      Comme disait Proust je crois, il est étonnant de constater que ce que nous admirons le plus chez quelqu’un ne lui appartient pas.

      L’amour, l’art, la poésie disait A. Breton qui cherchait l’or du temps. C’est vrai, mais à condition de le penser comme partage.

      Tout ce que l’on fait de bien et de grand est immédiatement récompensé par de l’argent et ainsi, le but qui est de grandir l’humanité est secondaire par rapport à la satisfaction de la gloire personnelle….

      Nous avons totalement perdu derrière un tas de chimères (individualisme, hédonisme romantisme, sexualité…) la seule chose qui dure, qui échappe au temps : le progrès, l’éthique, faute de mieux.

      Emma Bovary… etc. la tragédie de la Personne humaine… et oui c’est une tragédie, une tragédie athée, voyez bien. C’est donc que sans raccrocher l’individu à ce qui le traverse et le transcende, il n’y a pas de sens. Et le sens que Camus recommandait de chercher, et qu’il n’a pas su dire, mais accomplir, c’est tout ce qui était proscrit après la chute de toute la transcendance.

      Lorsqu’on s’est retrouvé seul avec l’individu, toute perspective était bouchée !

      Le ciel étoilé au dessus de moi, la Loi morale en moi, sauf que Kant n’a pas su faire aimer cette Loi morale. On l’aime parce qu’elle vient de loin, on n’aime pas un réseau abstrait d’ordres et de lois arbitraires. Kant et Sade, titre célèbre.

      Il faut vivre au dela de son horizon personnel. L’individu a ses droits (qu’y a t-t-il de plus agréable que l’amour…). grâce à l’internet aussi et à ce blog, chacun peut contribuer à améliorer les choses et au progrès ! Ce qui était impossible avant, matériellement. L’Esprit reprend vie grâce à l’internet… la pensée se remet en marche.

      Mais la fable des abeilles de Mandeville, est typique de cet écervellement. Vice privé, croissance, dictature économique comme seul horizon, ceci ne fait pas sens.

    4. Avatar de pablo75
      pablo75

      @ Saule

      « Souviens-toi,
      jamais une seule main n’a réussi à applaudir.
      Et tu dis que tu m’aimes,
      mais si tu aimes, c’est qu’on t’aime.
      Si tu désires le Paradis,
      c’est que le Paradis te désire.
      Tu ne me chercherais pas
      si je ne t’avais pas cherché.
      Je suis ta propre âme,
      ton propre cœur.
      Pourquoi restes-tu frappé de stupeur ?
      Ce que tu cherches, c’est toi-même,
      ton véritable être,
      et ton être le plus profond, c’est moi.
      Je suis toi puisque tu es moi.
      Si tu te souviens de moi,
      je me souviendrais de toi. »

      (Rumi. 1207-1273)

    5. Avatar de Papimam
      Papimam

      C’est avec une profonde émotion que j’ai pris connaissance de votre texte, véritable symphonie, ode, louange de tant de sensibilités que j’éprouve sans prouvoir les exprimer d’une manière aussi claire.
      Merci à vous pour votre profonde sincérité et je m’associe sans réserve aux autres commentaires.
      Réflexion faite, c’est plus qu’une symphonie, une sonate, un concerto pour contrebasse seule (un de mes instruments préférés).

  29. Avatar de le débleu
    le débleu

    « Le corps social perd tout doucement son lendemain » disait Paul Valéry à propos de la seconde moitié du XVIIIème siècle, avant la Révolution française. Pour le peuple, l’avenir s’évanouissait. St Just dans « l’Esprit de la Révolution » : « La misère et la rigueur de l’année 1788 émurent la sensibilité. Les calamités et les bienfaits unirent les coeurs; on osa se dire qu’on était malheureux, on se plaignit […] le malheur commun ligua la force commune; on osa jusqu’à la fin parce qu’on avait osé d’abord; l’effort ne fut point grand, il fut heureux; le premier éclat de la révolte renversa le despotisme. »

  30. Avatar de Jean Claude Werrebrouck

    A Gu Si Fang, Souvarine et Paul Jorion.
    Débat intéressant. C’est vrai qu’il existe une certaine ambiguïté chez Hayek. Théoricien de l’ordre spontané de société, il en est aussi le défenseur ( cf « La route de la servitude » et plus tard ce qui est le bilan de son oeuvre « Droit , Législation et Liberté »). C’est la raison pour laquelle paul Jorion réagit comme il l’a fait , avec la réaction de Gu Si Fang.
    De fait ce qu’on appelle aujourd’hui les libéraux en politique sont des reconstructeurs d’ordres sociaux, donc vilipendés par Hayek, reconstructeurs qui ne sont évidemment pas des libéraux authentiques. Il semble en effet qu’on utilise Hayek pour construire politiquement des rentes (cf la finance depuis plus de 30 années maintenant).
    Pour ma part , je pense que la pensée libérale est un formidable paradigme pour simplement expliquer le réel, mais surtout rien de plus.

    1. Avatar de Senec
      Senec

      Vous vous situez sans ambiguité, ce qui ne va pas sans me sembler très partisan, pour ne pas dire affilié.

    2. Avatar de Moi
      Moi

      « sont des reconstructeurs d’ordres sociaux, donc vilipendés par Hayek, reconstructeurs qui ne sont évidemment pas des libéraux authentiques. Il semble en effet qu’on utilise Hayek pour construire politiquement des rentes »

      M’enfin. Je rêve…
      Où ça, vilipendés? A-t-on lu le même Hayek? Celui qui dit de lui-même que son maître spirituel est Burke? Avez-vous compris ce qu’est l’ordre spontané chez Hayek? La tradition, l’ordre établi, les rentes quoi (par opposition au constructivisme: à la redistribution étatiste qui veut redistribuer les cartes de manière rationnelle). C’est un libéral conservateur et il a dit lui-même qu’il était plus conservateur que libéral.

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